Harry * I need my brother

Les choses ne pouvaient pas être pire pour Lullaby. Elle avait choisit Severus et Harry ne le lui pardonnait pas, il ne le lui pardonnerait jamais. Elle était non seulement resté deux ans avec le sorcier, depuis la dispute qu'elle avait eut dans la bibliothèque avec le gryffondor, mais pire encore, elle allait épouser Severus. Le serpentard lui avait demandé sa main et la jeune femme avait accepté. Avec joie, d'ailleurs. Même si elle savait qu'elle devait partir de cette époque pour retrouver la sienne. Même si elle essayait de gagner du temps pour que le mariage n'ait pas lieux, parce qu'elle ne savait pas comment se sortir de cette situation et qu'elle avait l'impression qu'ils piétinaient dans la semoule pour retrouver leur époque. Que devaient ils faire, diable, pour retrouver leur époque et dans quel état la retrouveraient-ils ? La jeune femme n'avait pas de réponse à ces interrogations. Elle cherchait, elle essayait de comprendre comment le sort jeté par Hermione fonctionnait, en vain. Et pourtant coincé dans le passé, beaucoup des leurs commençaient à devenir fous, à ne plus supporter la situation. Elle savait que Lisa Weasley, par exemple, craquait de plus en plus souvent alors qu'elle voulait revoir ses parents. Et pour sa part l'approche de sa propre naissance la déstabilisait. Elle ne savait seulement pas quoi faire pour rentrer et redoutait qu'ils n'aient rien changés, que Severus soit mort....

Malgré ses recherches, ses préoccupations et ses tentatives pour repousser le mariage, elle avait rapidement prévenu Harry de celui-ci. Parce qu'elle savait qu'il devait l'apprendre de sa bouche et sûrement pas de la part de quelqu'un d'autre. Naturellement les choses ne s'étaient pas bien passées, comme elle s'y attendait. Elle lui avait dit par soucis d'honnêteté, parce qu'il l'aurait forcément su. Mais le sorcier l'avait mal prit et lui avait brisé le cœur comme elle n'aurait jamais pensé possible qu'on le lui brise. Et elle ne savait plus que faire depuis, se sentant engloutie sous les problèmes. Elle aimait Severus, follement. Mais Harry était son frère. Et elle ne pouvait pas supporter qu'il lui en veuille. C'était une chose de vivre dans l'ombre, alors qu'Harry n'avait pas conscience de son existence. S'en était une autre de savoir qu'il faisait comme si elle n'existait pas. Car ils ne se parlaient plus, depuis lors. Mais aujourd'hui, Bee voulait le voir. Elle voulait essayer d'arranger les choses, de recoller les morceaux. La vie les avait trop séparée elle-même pour qu'ils le fassent à leur tour, volontairement. C'est ce qui la conduisit au département des métiers de la défense pendant la pause ce jour-là, profitant que les lieux soient déserts pour espérer discuter avec son frère. Il était justement là, au loin, finissant son cours. Elle avance vers lui, timidement, les joues rougissantes et balbutie quelques mots.

«- Ha... Harry... On... On pourrait.... Je pourrais te parler ?»

Elle était à peu près certaine qu'il allait l'envoyer sur les roses mais elle savait que c'était à elle de faire le premier pas si elle voulait espérer sauver leur relation fraternelle. Elle avait besoin de lui dans sa vie, ne le savait-il pas ? Elle devait prendre sur elle pour espérer améliorer leurs rapports, quitte à en prendre plein la face. Le retrouver était comme vital.

@Harry J. Potter

Le ton de son frère est cassant, peu engageant et Lullaby sent bien qu'elle n'aura aucune concession, qu'il ne compte pas lui faire de cadeau et que si elle veut pouvoir parler avec lui elle va devoir s'imposer, elle va devoir jouer des coudes. Il faut qu'elle lui parle pourtant, car la demoiselle n'a pas envie de voir leur lien se rompre. Elle a besoin de lui, il a besoin d'elle, ils sont jumeaux, ça compte forcément, ça veut forcément dire quelque chose, ils ne peuvent pas tout simplement cesser de se parler. Lullaby s'y refuse, et elle songe que leurs parents ne seraient pas ravis s'ils découvraient que leurs enfants n'ont plus aucun rapport l'un avec l'autre, que la discussion entre eux est morte.

Harry parle du mariage, disant que si la demoiselle vient parler de ça, ce n'est pas la peine et qu'il ne viendra pas. Elle accuse le coup. Elle sait qu'il désapprouve, elle sait qu'il détester Severus. Mais c'est l'homme qu'elle a choisit, le seul homme dont elle a un jour été amoureuse, ne peut-il pas voir, pas comprendre que cet homme qu'il déteste est bon avec elle, doux, qu'elle l'aime, qu'il lui permet de s'épanouir, de vibrer ? Ne peut-il pas voir que la belle est heureuse avec lui, qu'il est heureux avec elle et finalement, n'est-ce pas quelque chose de bien, de bon, dans un temps de guerre ?

«- Je ne suis pas venue te parler du mariage.» répond simplement la jeune femme.

Non, elle sait que le sujet est épineux et ne veut pas l'aborder parce qu'elle sait que ce serait dangereux pour leur relation, relation qu'elle veut réparer. Lullaby a besoin de son frère, envie d'avoir une vraie relation avec lui, cette relation normale d'un frère et d'une sœur, que la vie ne leur a pas permis de développer normalement. Elle le fixe, elle l'admire. Son frère. L'élu. Le héros du monde sorcier, qui a déjà traversé tant d'épreuves et que bien d'autres attendent encore. Lui qui n'a pas eut l'existence facile. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'est pas horriblement fière de son frère.

«- J'espérais que nous pourrions passer un moment ensemble...» finit-elle par dire.

Autant se jeter à l'eau. La jeune femme ne peut pas rester devant lui les bras ballant à attendre que leur relation se répare d'elle-même, toute seule. Non, il faut que l'un d'eux fasse le premier pas et c'est ce qu'elle fait. Elle fait un pas vers son frère, pour réparer leur relation saccagée. Même si elle ne sait pas trop comment ils peuvent faire. Parce que, quoique frère et sœurs, ils ne se connaissent pas tant que ça.

«- Je pensais qu'on... pourrait aller voler...»

Elle a le vertige, il le sait. Mais elle veut bien faire un effort pour lui partager sa passion, si ça peut améliorer leurs rapports.

Les mots de son frère sont froids. Il n'en prononce que trois, quand elle dit ne pas venir pour parler du mariage et il ne lui facilite pas la tâche, loin de là, décidé probablement à faire payer à la demoiselle le fait que son cœur se soit éprit de Severus Rogue, un homme qu'il déteste. Bee le comprend bien. Elle n'a pas choisit. Elle sait dans quel merdier sans nom elle se trouve, avec cette incapacité à se sentir heureuse. Parce qu'elle ne peut avoir l'un et l'autre en même temps semble-t-il, alors qu'ils sont tout deux nécessaires à son équilibre. Severus est son tiers. L'homme qu'elle aime. Mais Harry est son jumeau. Un second tiers de la personne qu'elle est, en fin de compte, quoi qu'il en doute, quoi qu'il en pense, quoi qu'il en dise. Alors elle reste auprès de lui et s'efforce de faire un pas dans sa direction malgré tout. Même s'il se montre passablement réfractaire.

«- Arrête Harry... c'est... c'est pas juste ce que tu dis...»

C'est lui qui lui mettait un ultimatum, lui qui ne voulait pas faire partie de sa vie si Severus en était aussi. Lui qui avait préféré l'engueuler que de dire ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait réellement, cette peur qu'il avait pour elle que ça se passe mal. Parce que c'était un risque, en effet, à trop jouer avec le temps, avec les événements. Parce qu'elle crèverait probablement si à leur retour en 1998, Severus était tout de même mort. Il n'avait pas dit cela. Si ses actes les séparaient, les non-dit du sorcier n'arrangeaient rien à l'affaire et crier, s'énerver, semblait être le seul moyen de communication de ce dernier.

«- Je sais les bases... Et parce que toi tu aime ça...»

Elle décollerait, elle avait eut à le faire pour ses cours de vol, en France. Mais elle aurait la boule au ventre, le trouillomètre à zéro. Comme Hermione, parait-il. Mais pour son frère elle est prête à prendre ce risque. Elle n'avait pas hérité du côté casse-cou de leur cher paternel mais pour Harry, elle pouvait bien se défaire du calme Lilytien qui était le sien, au moins quelques heures.

«- Je... Je ne savais pas que tu ne volais plus... Plus le même... comment ça ?»

Elle s'interroge, Bee, elle s'inquiète. Parce que s'il la repousse, il est quand-même son frère, son jumeau. Et que dans le tourbillons de la vie, elle est passée à côté du fait qu'il a arrêté de monter sur un balais, arrêté de jouer au quidditch. Elle culpabilise, de ne pas s'en être aperçu. Elle aurait dut le savoir. Mais non. Une légère rougeur apparaît sur ses joues.

«- Je t'ai dis, je veux passer du temps avec toi. Et je sais que tu aime... enfin aimait bien en tout cas, jouer au quidditch...»

Pourquoi les Potter sont-ils de pareille tête de mule, sans arrêt ? Pourquoi faut-il toujours que les hommes de cette famille rendent tout aussi compliqué ? Pourquoi faudrait-il qu'elle fasse un choix ? Ne peut-elle pas aimer les deux, avoir les deux dans sa vie ? Ce n'est pas parce qu'elle est avec Severus qu'elle cautionne ce que ce dernier a fait à Harry, après tout. C'est pas parce qu'elle est avec Severus qu'elle est comme une récompense aux conneries qu'elle a faites. James en a fait aussi, des conneries. Et Lily est bien sortie avec lui malgré tout, non ? Ce qui ne veut pas dire qu'elle cautionne ce que son mari a put faire aux autres étudiants par le passé. Mais l'amour est une chose pour le moins compliquée. Qui ne s'explique pas. Bee baisse la tête, en poussant un soupir. Décidément, se rabibocher avec son frère allait être difficile et elle n'était pas certaine qu'il accepte les choses. Elle en mourrait d'envie, pourtant. De partager une vrai relation avec lui. S'ils arrivent à changer l'histoire, ce sera peut-être différent ? Parce qu'ils auront grandit ensemble, si leurs parents ne meurent pas ?

«- Je voulais seulement te faire plaisir... essayer...»

Non clairement, sur un balais elle ne serait pas à l'aise. Mais pour lui, elle pouvait accepter de se faire violence et se montrer courageuse, elle pouvait accepter de faire cet effort de monter sur un balais avec lui pour profiter un peu de l'air sur leurs visages. Sauf que voilà... la demoiselle découvre que son frère n'apprécie plus le fait de voler comme autrefois. Elle découvre aussi qu'il ne veut pas devenir Auror. Qu'il est un peu perdu dans sa vie, en sommes. Parce qu'on attend trop de lui. Et que ce n'est pas une vie. N'est-ce pas des propos qu'elle lui a dit il y a longtemps déjà, à la bibliothèque de Poudlard, quand il avait découvert qu'elle sortait avec Severus ? Si. Si elle l'avait déjà dit en ce temps là. Elle avait parlé de tout ça avec lui.

«- Je comprends....»

Et c'est normal que son frère craque, c'est normal qu'il n'en puisse plus de tout ça, de cette pression qu'il a sur ses épaules. Elle voudrait pouvoir l'aider, être en mesure de faire quelque chose. Mais que pourrait-elle faire ? Ce poids qu'il a sur les épaules, Bee ne peut pas vraiment l'apaiser, elle ne voit pas de solutions.

«- C'est ton droit de en pas vouloir être Auror... Et c'est normal de vouloir vivre pour toi ! Tu es un humain Harry. Je te l'avais dis ce jour-là... Tu es libre de mener ta propre barque et de ne pas faire forcément, à la lettre près, tout ce que tout le monde attend de toi.... Tu voudrais faire quoi, du coup ?»

Bee le connaît trop peu malheureusement. Elle voudrait le connaître davantage, comme Hermione le connaît. Mais il refuse. Parce qu'elle est avec Severus. Ils n'ont pas vraiment eut le temps, de se découvrir. Quand elle est arrivée, il chassait déjà les horcruxes avec Dumbledore. Puis il est parti de Poudlard, sans rien lui dire. Quand il est revenu, ils se sont retrouvés ici. Et il lui a rapidement fait la gueule à cause de Severus.

«- On... on pourrait aller boire quelque chose ? En ville ou... à la cafétéria, comme tu préfère ? On a jamais vraiment eut le temps d'apprendre à se connaître et... Je pense qu'on le mériterait, pourtant...»

Lui cacher sa relation ? La demoiselle tique, car ce n’est pas exactement ce qu’elle a fait. Elle allait le lui dire, c’était prévu, elle ne savait seulement pas comment elle pouvait s’y prendre pour le lui annoncer. Parce que ce n’était pas une tâche facile et qu’elle aurait voulu y mettre les formes, mais que son histoire avait démarré sans prévenir, sans crier gare, au détour d’un cours, la prenant au dépourvu, sans qu’elle n’ait vraiment put en parler à son frère. Sans qu’elle n’ait put le préparer à ses sentiments pour Severus. Et ça avait été un peu la catastrophe pour essayer de le lui dire. D’autres l’avaient devancé alors, comme elle était allée au bal de la saint-valentin en compagnie du sorcier en vert et argent.

Les mots du sorcier ne manquent pas de la blesser, lui coupant la chique comme il l’accuse, encore, de ne penser qu’à elle, affirmant au passage qu’elle ne peut pas en avoir quelque chose à faire de lui, sous prétexte qu’elle est en couple avec Severus. Triste position dans laquelle la jeune femme se trouve coincée, alors, perdue entre un frère et son amour. Elle ne sait plus quoi dire, baissant simplement les bras, alors que ses yeux se noient de larmes. Elle se retient, elle se contient, la bleu et bronze, tant bien que mal, comme elle peut. Mais elle n’en mène pas large. Ce n’est pas possible que son frère ne comprenne pas qu’elle n’y peut rien, qu’elle les aime tout deux, que son amour pour Severus ne remet pas en question celui qu’elle lui porte. Mais il ne veut pas entendre cela, l’élu, persuadé que le monde est contre lui, persuadé qu’elle fait cela pour l’agacer.

Elle prend sur elle, essayant de renouer le dialogue, questionnant son frère sur ses projets, alors que l’homme dit être fatigué. La sorcière peut comprendre son désir de vivre pour lui-même. Mais il explose, encore, d’une colère sourde, face à laquelle la demoiselle se sent on ne peut plus démunie, face à laquelle elle n’a pas l’impression de pouvoir faire face. Il le faut pourtant, alors que son frère va mal. Elle a envie d’être là pour lui. Il a beau refuser de lui parler, s’agacer des choix qu’elle fait, il n’en reste pas moins que le sorcier est son jumeau, qu’elle se doit d’être là pour lui, malgré tout.

«- Tu crois que j’ai envie de parler de ta mort ? Tu crois que ce n’était pas suffisamment traumatisant comme ça de te voir reposer dans les bras d’Hagrid comme si tu l’étais vraiment ? Tu crois que j’ai envie de me souvenir de ça et de cette déchirure que ça fait dans le cœur, quand tu sens que c’est trop tard et que tu n’as pas put dire tout ce que tu avais à dire ? Si je n’en parle jamais, c’est parce que j’essaie de l’oublie. Et je me doute que non, tu ne l’as pas fait pour une dévorante envie de mourir mais bien parce que c’était…» elle grimace. «La chose à faire, celle que l’on attendait de toi.»

Non, elle n’a jamais reparlé de cet épisode avec lui, jamais. Parce que c’est tabou. Parce que c’est traumatisant. Parce qu’elle n’a pas sentie qu’il soit nécessaire de remuer le couteau dans la plaie. Mais ce n’est pas le plus important. Parce qu’il aurait trouvé une oreille attentive si lui était venue la voie, lui manifestant son besoin d’en parler. Ce qui n’était pas arrivé. Parce qu’il ne la considérait pas comme sa sœur, lui. Et il le lui fait savoir de nouveau. Ces mots sont comme des pierres qui frappent le cœur de la serdaigle. Parce qu’elle l’a toujours connu, elle. Depuis sa plus tendre enfance, elle a grandit avec l’espoir de rencontrer un jour ce frère anglais, grandissant si loin d’elle, dans l’ignorance de son existence.

«- On ne se connaît pas parce qu’on a été deux pions dans un échiquier ! Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas l’être pour autant ! On a pas la même éducation, et alors ? T’as pas non plus reçu la même que Ron et Hermione et ça ne semble pas poser de problèmes ! Tu parles de nos opinions comme si tu connaissais tout de moi, comme si je connaissais tout de toi… Mais la vérité, c’est que t’en sais rien, de qui je suis, de mes opinions… Parce qu’on a jamais vraiment put parler…»

Il ne la connaît pas Harry dans le fond, ne connait pas toutes les facettes de sa personnalité. Il s’attarde seulement sur ses choix vis-à-vis de Severus, la trouvant égoïste et irréfléchie. Elle a le cœur sur la main Bee et cette capacité, comme sa mère, à voir le meilleur chez les autres, à vouloir les aider.

«- On ne peut braver la mort sans en porter physiquement les marques Harry. Ce n’est pas toi qui est mort. C’est l’horcruxe en toi qui l’est. C’est la part de Voldemort vivant en toi qui a été tué. Personne ne ressuscite Harry, pas même les sorciers. Et pas même la pierre de Résurrection. Parce que tu serai un spectre aux contours flous, si la pierre t’avait ramené…»

Elle sait oui. Elle sait pour les horcruxes, elle sait pour les reliques. Parce que sans le souvenir du professeur Slughorn, sans son utilité potentielle pour le faire parler, Dumbledore ne l’aurait pas ramené en Angleterre. Il a parlé, le vieux sorcier. Pensant qu’elle pourrait aider Harry après sa mort. En vain, parce que la vie les avait séparés.

«- On pourrait en parler à Dumbledore… Peut-être… qu’il suffirait de t’oublietter ? Pour chasser le souvenir de ta descente dans la forêt ?»

Besoin de parler de sa mort, besoin d'évoquer le sujet. Lullaby devient livide, parce que ce n'est pas un sujet plaisant, pas un sujet agréable. Elle préférerait ne pas avoir à s'en souvenir, ne pas avoir à discuter de cela et de tout ce qu'elle a put ressentir sur ce moment-là, parce que c'est difficile, douloureux, délicat. Que pour elle, ce retour d'Harry à Poudlard dans les bras du garde chasse a été absolument horrible. Comme pour Ginny. Pour Ron. Pour Hermione. Mais c'est probablement son rôle de sœur que de l'écouter parler de tout ça, de tout ce que lui a put ressentir. Et il aurait put lui en parler. Mais il n'est pas venu vers elle lui non plus. Il ne le fait jamais dans le fond, sauf pour l'engueuler. Toutes les tentatives de passer un peu de temps ensemble pour nouer leur lien, c'est elle qui les a décidé, consciente que lui avait bien d'autres choses en tête, bien d'autres choses à penser.

Elle ne sait pas quoi dire face à tout ça Lullaby. Alors elle ne dit rien. Elle se contente d'envelopper Harry dans ses bras en soutient, lui prêtant son épaule et ses oreilles s'il le veut. Ils sont frères et sœurs après tout. Même s'il la repousse, même s'il ne veut pas d'elle, même s'il pense qu'elle a merdé sur toute la ligne, la jeune rêveuse est là pour lui. Et elle le serre fort contre elle. Juste pour montrer qu'elle est là. Juste pour essayer de le réconforter. D'éloigner ses démons même si c'est compliqué. Elle l'a fait pour d'autres, Lullaby. Elle peut peut-être réussir pour lui aussi. Elle l'espère en tout cas. Mais Harry reste remonté contre elle, l'attaquant clairement sur ces années de silence, alors qu'il souligne qu'ils n'ont pas eut la même éducation et que la demoiselle se défend en remarquant que c'est la même chose entre Hermione et lui, entre Ron et lui. Mais il lui en veut, Harry. Il lui en veut d'être non pas celle qui a survécut, mais celle qui a bien vécut. Comme si elle y était pour quelque chose.

«- Je n'avais pas le droit Harry ! J'ai voulu, plusieurs fois ! J'ai dis que je voulais aller à Poudlard, que je voulais quitter la France, mais ce n'était jamais possible. Mes parents me disaient d'attendre. Dumbledore me disait que je pourrai bientôt mais pas tout de suite. Je suis resté dans mon coin parce que c'est ce qu'on m'a demandé de faire. Comme toi. J'ai fais ce qu'on attendait de moi. J'ai pas demandé à ce que ma vie soit plus belle, j'ai pas demandé à mieux m'en sortir et je suis désolé, je suis désolée que nos vies aient étés à ce point aussi différent, désolée de ne pas avoir eut le droit d'être là pour toi...»

Mais elle n'enfreint pas les règles Lullaby. Pas comme lui. Elle est comme leur mère, pas comme leur père, beaucoup moins tête brûlée, beaucoup moins prompte à faire fie des règlements. Alors que lui en a enfreint quelques uns au cours de sa scolarité. Ils sont différents c'est vrai. Comme James et Lily dans le fond. C'est bien la preuve que malgré tout, ils peuvent évoluer ensemble, en frère et sœurs, en jumeaux. Ils sont différents c'est vrai mais liés, dans un même temps.

«- Je n'avais pas le droit de t'envoyer de lettres, pas le droit de te voir, pas le droit de te rencontrer, pas le droit d'essayer de rentrer en contact avec toi. Le droit de rien, en sommes. Il m'avait dit que c'était très important. Que voulais-tu que je fasse ? J'étais qu'une adolescente et je pensais qu'ils avaient raison, que s'ils me disaient ça c'était pour une bonne raison. T'es bien placée pour savoir qu'ils nous manipulent un peu comme ils veulent, c'est ce qu'ils ont pas arrêté de faire avec toi !»

Parce que Dumbledore a caché bien des choses à Harry, que c'est pas juste un brave type à lunette et qui sourit, non, loin de là. Il calcule Dumbledore, il manipule. Comme on joue une partie d'échecs. Ils avaient été des pions, l'un comme l'autre, pour en venir à bout des forces du mal. Il se préoccupe pas des dégâts lui, juste du but final. Il en avait fait beaucoup, du mal, des dégâts, cachant à Harry qu'il devait mourir, l'aidant dans sa quête sans jamais se montrer très clair.

Une partie de lui qui est morte. Une partie de Voldemort. Une partie en lui depuis des années. Lullaby déglutit comme Harry considère cette part comme étant la sienne. C'est vrai qu'il a grandit, évolué, avec, pendant des années après tout. Que ça fait parti de lui, c'est vrai. Mais c'est difficile de l'accepter, difficile de le prendre en compte et Lullaby tente de l'aider comme elle peut, de le rassurer tant bien que mal. Mais ce n'est pas très concluant, parce que son frère lui en veut, lui en veut vraiment, du plus profond de son être et pour trop de choses.

«- Et tu sais comment on peut t'aider à ça ? Une idée ?»

Il l'engueule Harry, il dit des choses horribles, vraiment horribles pour sa sœur. Ça dégueule de partout, par vagues et tout ce qu'il dit ne fait que blesser Lullaby un peu plus.Il s'en fou lui, il s'en fou certainement, du mal qu'il lui fait. Après tout elle n'est sa sœur que par le sang et il l'a dit, il n'est pas obligé de l'aimer. Pas obligé de la voir comme sa jumelle ou d'avoir le moindre rapport fraternel avec elle. Il ne le veut pas Harry, parce que c'est trop tard. Parce que Lullaby suit les règles, qu'elle ressemble à leur mère, qu'elle ne prend pas de risques. Parce que la sorcière ne lui a pas écrit, n'est pas venu vers lui alors que son existence lui était connue. Non elle n'a pas bougé, elle a fait ce que l'on attendait d'elle comme Harry fait ce que l'on attend e lui. Elle était une adolescente, qui avait cru que les adultes savaient ce qu'ils faisaient, qu'ils le faisaient pour une bonne raison. Sans cela pourquoi l'auraient-ils tenus éloignés de son frère ? Mais ça, Harry ne l'envisage pas. Il ne se rend pas compte qu'il retourne contre elle des conseils qu'elle donne à un adulte, comme si elle avait put les appliquer quand elle était encore une adolescente. Bee a apprit les choses au fur et à mesure que le temps passait, comme lui. Alors oui, pendant des années, la rouquine a cru que le plus grand sorcier de sa génération avait de bonnes raisons de la tenir éloignée de son frère. Il était doué lui, il savait mieux qu'une enfant. Sûrement.

Agir en Potter. Ça la ferait presque ricaner si elle n'avait pas si mal. Parce que dans le fond, c'est exactement ce que fait la demoiselle, non ? Elle se comporte comme leur mère, comme Lily. Elle lui ressemble comme lui ressemble à James, sans être dénue, pourtant, de l'impulsivité de ce dernier. Parce que comme son père, il lui arrive de faire des choix discutables. Agir en Potter. Leur grand-père a inventé une potion capillaire. Leur père a joué au parfait dictateur détestable et leur mère est cette femme douce et aimante, studieuse. En fin de compte, agir en Potter, cela a-t-il réellement un sens ? Il est bien des manières d'être un Potter de toute évidence. Mais la jeune femme garde ses réflexions pour elle. Parce qu'Harry ne connaît pas plus leurs parents qu'elle. Qu'ils se les sont imaginés, avant de les rencontrer. Ça a altéré leur jugement à tout les deux, alors qu'ils se sont construits sans.

«- Tu sais qu'au fond, maman aurait fait la même chose. Tu sais qu'elle aurais attendu...»

Et elle se contente de ça. Après tout son frère a bien vu Lily depuis qu'ils sont de retour dans le passé, alors le survivant sait bien comment est leur mère, quel genre de femme se cache sous la crinière rousse de Lily. Une femme certes prêtes à tout pour défendre les siens. Qui n'a pas peur de s'engager dans l'ordre. Mais qui respecte les règlements Qui respecte les ordres. Qui n'en fait pas qu'à sa tête parce qu'elle a décidé que ce devait être ainsi et pas autrement. Ça c'est l'attitude de leur paternel.

«- Peut-être que... Peut-être que Dumbledore saurait... lui... Tu as essayé d'aborder le sujet avec lui ?»

Dumbledore. Encore. Toujours lui. A croire qu'il a infiltré toutes les strates du monde, celui-ci. Mais Bee ne voit personne d'autre, face à la détresse de son frère et se sent démunie pour aider ce dernier. Elle voudrait, pourtant, lui offrir un peu d'apaisement. Mais elle manipule seulement les rêves, Lullaby. C'est là tout son pouvoir.

Elle est trop douce Lullaby, trop à suivre les règles. Elle n'a pas le caractère fort et courageux de son frère, elle est plus réfléchie. Elle prend le temps d’analyser les choses tout simplement. Le temps de les comprendre. Comme sa mère avant elle, Lullaby a quelques dons sociaux. A voir ce qu'il y a de bons chez les autres, à croire qu'ils peuvent changer. Si Harry est le portrait de James, Lullaby est celui de leur mère sans nul doute, alors qu'elle en a la réserve et la douceur, l'esprit et son ouverture dans un même temps. Il gronde néanmoins Harry, quand Lullaby ose faire la remarque de cette ressemblance. Il n'y a rien que la jeune femme dise qui ne soit pas accueillit avec colère de la part du jeune homme qui lui reproche de n'avoir pas réfléchi, d'avoir cru en Dumbledore. Comme lui. Mais c'est plus mal chez elle, parce qu'elle est une aiglonne. Ainsi son frère raisonne.

«- Être une aiglonne ne veut pas dire que je sais tout, loin de là ! Les serdaigles travaillent, ils sont curieux, ils sont imaginatifs et se plongent dans la recherche de la connaissance, c'est très différent la recherche de connaissance et le fait de tout savoir. Dumbledore est un homme plus âgé, très intelligent, sûrement choixpeauflou avec ma maison. Il a l'esprit vif, il est vu pour être un des hommes les plus puissants qui n'aient jamais existé, comment crois-tu que j'aurais put, du haut de mes quatorze, quinze ans, remettre en doute la parole d'un homme tel que lui ? Tu ne l'as pas fais, je ne l'ai pas fais, Hermione ne l'a pas fait. C'est bien là le problème, c'est que tout le monde lui a fait confiance. Tout le monde. Remus, les Weasley, nous. Tous. Peu importe les maisons ! Il passait pour être un sage, avant que la gazette du sorcier ne nous le présente comme un pauvre vieux fou sénile.»

Et personne ne remet alors en doute la parole d'une personne comme cela. Tous sont tombés dans le panneau. Elle ne sait pas tout Lullaby, elle aspire à en savoir le plus possible, mais la connaissance reste infinie. C'est ce qu'il y a de fascinant en elle. Parce qu'il semble qu'elle soit inépuisable. Qu'on ne puisse jamais atteindre le bout de toute cette connaissance. L'humain ne serait pas prêt pour un tel savoir. Pas prêt pour découvrir tout les secrets du monde ainsi. Il le détruirait. Car l'homme n'est que destruction.

«- Je t'écoute.» souffle-t-elle face à la colère de son frère. «Mais je ne sais qui pourrait avoir de solution, de réponses, à ton mal. Je n'ai jamais rien lu de semblable.»

Et encore moins rencontré de jeune homme dans la situation de son frère. Elle doit bien admettre qu'aussi intelligente soit-elle, sur ce point elle n'est pas d'une grande aide pour son frère. Car tout ceci les dépasse totalement. Alors elle ne voit que Dumbledore pour aider, un peu. L'idée ne plaisant pas à son frère, évidemment. Alors elle réfléchie Bee, alors que son frère lui écorche le cœur encore et encore comme il évoque son envie de mourir, qu'il aurait préféré être mort. C'est insupportable de l'entendre parler ainsi.

«- Il doit y avoir quelque chose qui manque dans la prophétie... Un élément, à côté duquel... enfin, qui n'aura pas été prit en compte, dont personne n'aura relevé l'importance.» suggère Lullaby. Parce que Voldemort et Harry sont liés. Mais que la prophétie disait qu'aucun ne pouvait vivre tant que l'autre survit. Voldemort mort, il ne devait plus en être question... Et les yeux de la jeune femme s'écarquillent. «Aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit. La part de Voldemort en toi a été détruite quand il vous a tué... Mais... dans cette époque il est toujours vivant. Alors la prophétie te lit peut-être toujours à lui comme si... comme s'il n'était pas mort. Peut-être... Peut-être que tu va mal parce que la part de lui en toi t'aidait à supporter votre lien. Et qu'elle n'existe plus. Peut-être que... tout ça, c'est lié au fait qu'on soit ici...» Qu'Harry irait mieux s'il avait put vivre normalement sa vie par la suite, dans un monde où son alter égo n'existait plus. Alors qu'il y a une faille, ici. «Ce qui ne t'aide pas spécialement tant que... l'on ne peut pas régler son compte....»