Harry * Restaurant bondé

Les jours passent et se ressemblent à l’université au goût d’Aurora, alors que la jeune femme termine aujourd’hui une matinée complète de cours théoriques. Au bout du rouleau moralement, la jeune femme qui n’a pas put vraiment dormir la semaine dernière rentre rapidement chercher sa fille chez l’étudiante qui, n’ayant pas de cours, la lui a gardé ce matin. La remerciant et lui donnant quatre sous, la jeune femme rentre ensuite chez elles pour donner le sein à son bébé en toute intimité, préférant ne pas le faire à l’université, consciente que certains n’ont pas envie de voir cela et que ce geste n’y a pas sa place.

L’enfant dans sa poussette, la demoiselle quitte le bâtiment de la diamond house un peu après afin de rejoindre le restaurant universitaire situé au rez-de-chaussée de la bâtisse. A peine entre-t-elle qu’elle se rend compte que les lieux sont bondés. Soupirant, elle cherche une place désespérément alors qu’autours d’elle c’est un vrai brouhaha. Avisant une table presque libre, sur laquelle seul un étudiant a prit place, qu'elle ne connait pas, la demoiselle avance vers lui, place la poussette à côté d’elle, et court acheter son plateau, en ne cessant de regarder la poussette pour surveiller son enfant. Elle revient rapidement, pose son assiette et réajuste la couverture sur le petit corps d’Erica. Enfin, elle regarde la personne assit à la table où elle vient de s’installer.

«- Bonjour, pardon, il n’y avait pas de places ailleurs mais je ne vais pas t’embêter longtemps. Je mange rapidement et je vais aller la promener dehors.» lui fait savoir la jeune femme avant de mordre dans son déjeuner. Elle ne rouvre la bouche qu’un peu après, une fois sa bouchée disparue. «T'es étudiant ici ou tu es un Poudlard en visite pour la journée ?» interroge finalement la blondinette pour rompre le silence, bien qu'elle essaie de se dépêcher de manger pour ne pas l'ennuyer longtemps, consciente qu'Erica pourrait pleurer d'un moment à l'autre.

La jeune femme cherche une table libre, en vain. Son regard se pose sur un étudiant, seul et elle rejoint alors ce dernier en installant la poussette à ses côtés, assurant qu'elle ne restera pas longtemps et qu'elle ira bientôt promener la, petite. Si la blonde se montre si prompte à le rassurer c'est qu'elle a conscience que tout le monde n'apprécie pas forcément de dormir à côté d'un bébé qui peut se mettre à hurler et pleurer d'un moment à l'autre. Les gens n'aiment pas toujours la voir approcher de leur table quand il n'y a plus de places, craignant que l'enfant ne vienne perturber la quiétude de leur repas. L'homme cependant cherche à la rassurer et fait une remarque sur les lieux bondés avant de s'intéresser au bébé, questionnant la jeune mère.

«- Oui c'est affolant à croire que tout le monde s'est passé le mot et la cafétéria est peut-être vide si ça se trouve !» remarque-t-elle «Elle va avoir deux ans au mois de juin. Ce n'est plus un bébé tant que ça...»

Elle a le cœur un peut lourd, car son bébé grandit bien trop vite à son goût et elle voudrait arrêter le temps, cesser la course de celui-ci. Son bébé était déjà une grande fille qui savait dire les mots les plus simples, sourire, se dresser sur ses petites jambes quand sa mère la laissait faire... une enfant qui irait bientôt au jardin d'enfant pendant que sa mère achèverait ses études, le cœur lourd d'avoir laissé son enfant loin d'elle pendant si longtemps chaque jours.

«- Les hommes font toujours un peu plus jeune que leur âge réel, ou souvent.» fait remarquer la demoiselle «Et parfois certains élèves de Poudlard semble plus mature, plus mûrs. Alors on ne sait plus bien. Tu étudie en quoi ?»

Naturellement elle n'a pas conscience de l'incongruité de cette question, du destin de son interlocuteur, alors que ce dernier se trouve être l'élu d'une prophétie dont elle n'a pas connaissance, naturellement. La jeune femme ne peut donc pas savoir comme la réponse à cette question est, pour d'autres, une évidence.

«- Oui elle sait se tenir quand il y a du monde, si elle n'est pas trop fatigué mais tout les étudiants n'apprécient pas toujours de voir un bébé parmi eux et trouvent toujours à y redire. Parfois elle ne dit rien et tous agissent comme si c'était une bombe à retardement. Il lui arrive de pleurer... mais quand-même ! On dit bonjour au monsieur Erica ?»
«-Bonzour mon'ieuh !»

La cafétéria était même très certainement vide, Aurora en aurait mit sa main à couper et finalement ils auraient été plus tranquille là-bas. Elle aurait peut-être même eut la possibilité de libérer Erica pour laisser le bébé gambader tandis qu'elle l'aurait surveillé. Mais non. Mauvaise estimation pour la jolie blonde, elle avait choisit le pire des deux endroits aujourd'hui. Et l'homme qu'elle avait rejoint, qu'elle ne connaissait pas, semblait être de son avis en soulignant le fait qu'à la cafétéria, ils devaient se demander où était passé le monde. A vrai dire Aurora songeait même qu'ils devaient se féliciter de leur bon choix dans un même temps et profiter d'une tranquillité sur laquelle elle n'aurait pas craché, au lieu d'embêter un jeune étudiant qui avait peut-être bien d'autres choses à penser ce midi que de s'occuper d'un bébé et d'être peut-être perturbé par lui.

«- Oui c'est déjà presque une petite fille, rendez-moi mon bébé !» remarque la maman à la question du jeune ancien rouge et or. «Oui ça passe très très vite, dans pas si longtemps que ça au final je devrais la laisser le jour pour aller dans une petite école pour enfants, lui apprendre la sociabilité.»

Aurora songeait vraiment à envoyer sa fille dans une école moldue pour que cette dernière grandisse parmi eux et apprenne de fait à les tolérer. De plus, se sociabiliser en voyant d'autres enfants ne pourrait lui faire que du bien, même si plusieurs étudiantes étaient aujourd'hui mère. A croire que la guerre pousse à l'amour. Et aux enfants par extension même si le moment n'est pas le plus propice. Tous faisaient des enfants, par envie, par peur, par accident. Toutes les raisons d'en avoir n'étaient pas bonnes. Mais ils étaient là.

«- J'ai peut-être un peu trop l'habitude de voir des étudiants de Poudlard par ici et je ne suis pas très physionomiste pour reconnaître les personnes qui sont toujours à l'université. Je connais le département des jeux et sports magique à moitié seulement et tout les ans c'est la mère galère pour intégrer les nouveaux arrivants et me souvenir d'eux.» remarque la jeune femme.

Quand l'homme dit être étudiant pour devenir Auror parce que défendre le monde contre les forces du mal fait parti de son histoire, elle hausse un sourcil intrigué. Parce qu'elle ne comprend pas en quoi ça le serait, ce que ce jeune garçon a put subir pour en arriver là. La jeune femme, après tout, ne le connaît pas, elle ne connaît pas son histoire et ne peut pas comprendre ce ton qu'il emploi pour parler de ça. Elle ne peut pas comprendre ce qui l'amène dans cette voix. Et elle ne sait pas vraiment si elle doit poser la question à son interlocuteur.

«- Oh ça peut mordre.» elle rit. «C'est déjà arrivé quand certains jouent à mettre un doigt devant sa bouche, Remus Lupin s'en souvient parfaitement, le pauvre.»

Elle sourit en voyant comme l'homme se comporte avec sa fille, comme il se montre amical et compréhensif. C'est rare, pour elle, de croiser un tel comportement. Elle n'est vraiment pas habituée. Mais c'est agréable de voir que l'on est pas considéré comme une pestiférée parce qu'on a fait un enfant jeune.

«- Harry est mieux que monsieur, mais elle a un peu de mal avec le r encore.» annonce la maman. Et effectivement son bébé gratifie le sorcier d'un 'Bonzour 'Ha''y !''. Mieux que rien. «J'avoue, surtout que de plus en plus d'étudiantes sont maman ou sur le point de le devenir. J'imagine que c'est la période qui veut ça.... même si faire des enfants dans un tel contexte n'est pas le mieux.»

Elle a un petit sourire, sans réaliser à quel point les mots de son interlocuteur sont dangereux, alors que cette petite fille dont il parle, cette petite fille qu'il regarde, est une de ses camarades, qui voyage justement dans le passé et fréquente alors sa maman en espérant sauver cette dernière de quelques destins peu enviables alors que la jeune mère est malade, condamnée probablement à ce que sa pathologie se déclare prochainement. Elle ne sait pas comme, alors qu'il parle de remonter dans le temps impossible, cette enfant qui les regarde avec ses grands yeux bleus est justement en train de le remonter, le temps. Et elle adresse un sourire à Harry.

«- Malheureusement oui ! Il faudrait trouver une potion pour ralentir la croissance de ces petites personnes et apaiser la douleur des mamans à les voir grandir !»

La jeune femme hoche la tête alors que ce garçon est plein de bon sens et de propos pour le moins juste quand il fait remarquer que pour la maman peu importe le choix d'école qu'elle a choisit pour son enfant, les choses ne seront pas faciles pour elle. Et c'est un fait, peu importe le choix qu'elle aurait fait, elle serait tout de même triste et inquiète le jour de la rentrée. La blonde esquisse un sourire.

«- Oui en effet. Je pense l'envoyer dans une école moldue pour qu'elle se sociabilise d'une part mais aussi qu'elle les connaisse, les côtoie et apprenne la tolérance et le respect de l'autre, de la différence.» répond la jeune femme en posant son regard d'azur sur son interlocuteur. Elle trouvait cela important et son enfant ne devait pas manquer de ces qualités de tolérance. Elle espérait donc motiver cela en envoyant sa fille à l'école avec de petits moldus.

Elle rit, elle rit à la remarque de son  interlocuteur sur le fait qu'elle parvienne si difficilement à reconnaître les visages, alors que l'ancienne bleu et bronze n'est tout simplement pas très physionomiste. C'est un fait, on ne peut pas être bon en tout. La jeune femme a parfois même du mal avec les nouveaux collègues du département des employés ministériels, voire même avec les équipes aux jeux et sports magique, sur place. Ce n'est pas de sa faute, elle a peut-être trop de chose à penser ou un esprit qui déraille, qui montre les premiers signes de sa faiblesse.  

«- Je n'ai simplement pas une bonne mémoire, j'imagine que ça arrive.» elle rit.

L'homme est amusant alors qu'il joue avec la petite et la blonde le met en garde comme l'enfant mord, parlant de Remus au passage qui avait faillit y laisser un doigt et cet homme l'amuse à faire remarquer que le doigt étant toujours présent, finalement le traumatisme n'avait pas forcément été si terrible et l'homme avait put s'en remettre. Certes. Ce constat ne manque pas de l'amuser.

«- J'imagine qu'il s'en est remis oui, mais il n'en menait pas large.» souligne-t-elle encore amusée par ce souvenir.

Remus en avait rit, lui aussi, alors que la fillette n'avait probablement pas mordu bien fort. Ou les doigts de Remus étaient moins sensibles que ne l'avait été le buste de la pauvre mère allaitante qui avait, bien des fois, souffert d'être pincée entre les gencives de son bébé, torturée par cette mâchoire vive.

«- Certes... Mais il n'est jamais rassurant de voir que ses enfants vont évoluer dans un monde en guerre, dans un monde où ils pourraient périr d'avoir été au mauvais endroit au mauvais moment... Même si on ne doit pas s'empêcher de vivre.» souffle-t-elle alors avant de caresser la joue de sa fille. «La plupart des garçons ici fuient les bébés à l'idée qu'une mère célibataire ne leur saute dessus avec des responsabilités....» souligne-t-elle. «Qu'est-ce qui te rend si calme et différent ?»

Et Aurora n'y voyait que du feu. Alors qu'on parle de voyage dans le temps t que sa fille est concernée. Mais comment imaginer une chose pareille, même dans un monde magique, au détour d'une conversation en apparence si simple ? Après tout, tout les parents, les mamans surtout, rêvent de pouvoir remonter le temps ou le ralentir pour que leurs enfants restent de petits bébés. Après tout, ils s'accordent tous, toujours, à dire que leurs rejetons grandissent trop vite et ils le regrettent toujours, si bien que ce n'est finalement pour la jeune femme qu'une conversation lambda agrémentée d'une plaisanterie sans aucun sens divinatoire que ce soit, alors même que son enfant, une jolie jeune femme, est assise quelques tables plus loin, observant Harry et sa mère du coin de l'oeil, sans se manifester.

«- Ils ne se rendraient peut-être pas compte... et quand ils iraient à l'école, enfin, c'est eux même qui demanderaient à pouvoir redevenir des bébés.» fait remarquer la jolie blonde amusée.

Après tout les enfants n'aiment souvent pas l'école et beaucoup de ceux qui sont impatients de s'y rendre finissent par le regretter. Tous, évidement, ne détestent pas foncièrement le cadre scolaire, mais les enfants ont souvent le désir d'être libre. Hors l'école est un cadre trop strict, certainement et non adapté au développement individuel de chacun, alors que l'école est finalement de l'éducation de masse, qui n'est pas très douée pour le cas par cas, si bien qu'il est difficile de pouvoir intéresser tout les enfants à ce qu'on leur fait faire.

«- Je partage cet avis et je pense que ce ne sont pas les enfants, les responsables de leur mauvaise évolution mais la vie, les parents, les aléas aussi, malheureusement parfois. J'imagine que certaines situations, certaines traumatismes, poussent à adopter certains comportements plus ou moins responsables et respectables mais la vie est ainsi faite et nous devons faire avec. L'homme est imparfait de nature de toute façon et je doute que nous aurions put éviter cette situation aussi facilement. Il faudrait savoir, au cas par cas, ce qui a rendu tout le monde fou... Certains sont avec d'autres enfants et devraient être sociabilisés, ça ne les empêche pourtant pas de mal évoluer parfois, de mal se comporter avec les autres enfants, le problème est là en soit, je pense. Il y a quelque chose dans la nature humaine, aussi, qui joue probablement dans la balance.»

Après tout la situation est si dramatique aujourd'hui et a prit tant d'ampleur que la blonde parfois se demande s'il y aurait vraiment un moyen, un moyen manqué, d'éviter tout cela. Peut-être. Et en même temps l'homme est si compliqué à comprendre que si le problème n'était pas venu de là, il serait venu d'ailleurs.

«- Oui j'imagine que pour un homme ce ne doit pas être facile à encaisser.» elle rit. Mais rapidement la conversation revient sur le fait d'avoir des enfants et sur le temps de guerre qu'ils connaissent actuellement. «Il est vrai qu'on ne peut prévoir, jamais, de quoi l'avenir sera fait. J'aurais peut-être la chance, la surprise, de découvrir bientôt la fin de cette guerre et que ma fille grandisse dans un monde en paix, alors qu'à sa naissance je me suis désolée de lui offrir un monde pareil. Nous verrons bien. Qui vivra verras.»

Elle a un petit rire comme l'homme râle après les hommes, quand lui-même en est un, parce qu'il apprend que ces derniers se montrent frileux à approcher une demoiselle mère, de peur de recevoir quelques responsabilités.

«- Oui ils ne sont pourtant pas si effrayants que ça et ce n'est pas comme si une mère cherchait forcément un père de substitution même si, on s'entend, on cherche quelqu'un qui se comportera bien avec lui, évidement et qui l'acceptera parce que c'est tout de même un élément à prendre en compte dans la vie de tout les jours... mais on ne cherche personne à qui mettre une écharpe de super papa en deux rendez-vous !»

«- Je ne sais pas si c'est la meilleure partie de nos vies, je pense que toutes les périodes ont leur lot de bonnes choses. Être un bébé est sûrement très agréable, il est certain que je ne m'en souviens pas, alors je ne fais que supposer. On ne va pas à l'école, on passe sa journée à dormir, manger, s'amuser et c'est vrai que ça semble vraiment idyllique comme ça, avec nos parents qui nous dorlotent... mais je ne sais pas... disons qu'être maman est aussi quelque chose de vraiment fantastique et même si on a des tracas comme tout le monde à côté de ça... Je pense que c'est aussi un «meilleur moment d'une vie» et je suis reconnaissante à merlin de m'avoir offert ce cadeau, même si ce n'est pas tout les jours facile mais aucune situation ne l'est après tout.»

Discuter des enfants semble être un sujet qui les inspire et si c'est naturel chez Aurora parce qu'elle est mère aussi, elle doit avouer que cela lui fait très étrange de discuter de ces choses là avec un homme de l'âge de son interlocuteur. Ce dernier ne manque pas de la surprendre par la maturité dont il fait preuve et qui ressort parfaitement, du fait de son assurance. Une seconde, elle songe aussi que Remus est mature, mais cette maturité s'estompe un peu sous la timidité du maraudeur qui, de fait, n'ose pas toujours s'exprimer ou aller au bout de sa pensée.

Ils sont d'accord, cela semble naturel, sur le fait que les enfants sont innocents par nature, mais que l'homme est mauvais pour sa part, perfide. Il y a quelque chose qui fait que l'on s'entache avec le temps. Les enfants qui naissent blanc comme des oies gagnent en caractère, en défauts au fil des ans, à mesure qu'ils grandissent, pour devenir des adultes absolument imparfaits et si les moldus croient pour leurs part à quelques saints, des personnes qui seraient exemptent de tout mal, Aurora est pour sa part loin de le croire, alors qu'elle distingue une part de sombre en chaque humain. Peut-être est-ce le contexte actuel qui ne l'aide pas à avoir une pensée plus positive, malheureusement.

«- Oh j'imagine bien oui.»

Même si Remus ne donne pas l'impression d'être l'homme le plus fier qui soit, avec sa grande timidité, ses rougissements, ses difficultés à s'exprimer. Mais il est vrai que ça avait put lui mettre un coup, d'être mis au tapis, en quelques sortes, par un nourrisson haut comme trois pommes, pas plus.

«- C'est certain, mais le temps de paix fait courir moins de risques. Il y a moins de facteurs. En temps de guerre, ces facteurs de mortalités habituelles persistent et d'autres s'y ajoutent. C'est naturel de souhaiter que son enfant grandisse sans tracas...»

Et plus qu'un monde sans tracas on veut leur offrir une vie stable, qui fait peur aux hommes apparemment, comme elle le confit à son interlocuteur. Et là encore il se montre très mature, très compréhensif, très juste dans son propos. Elle lui adresse un sourire.

«- Ils sont malheureusement encore un peu nombreux à fuir leurs responsabilités ou à faire des conneries au moment de devenir père... Ma fille ne connaîtra jamais le sien, il me l'a clairement annoncé...»

L'homme qui parle ne semble pas avoir eut une belle évolution, une belle vie, depuis son enfance et elle note ce qui ressemble à de la peine, de la tristesse, dans sa voix. Elle comprend rapidement que la famille unie ne l'est plus aujourd'hui et même, que les parents sont probablement morts. Mais comme il le dit, ce type de douleurs peut disparaître avec le temps, en emplissant sa vie de nouveaux bonheur. Cela ne chasse pas le mal, cela n’apaise pas vraiment les cœurs. Mais la vie avance, évolue, et si l'on suit l'ordre naturel des choses, alors en fin de compte on retrouve un équilibre. Car la vie est faîtes de ça. De peines et de joies, même si ce n'est pas facile à accepter, dans les moments les plus sombres de son existence.

«- Je suis navrée pour tes parents, ta famille...»

Elle est honnête et elle note aussi qu'il dit qu'il avait une sœur. N'en a -t-il plus aujourd'hui ? Elle n'ose pas poser de questions à ce sujet, considérant que l'homme ne la connaît pas assez pour tant parler de lui et puis, pour être honnête, elle ne veut pas l'incommoder, lui faire penser à de mauvaises choses, le forcer à ressasser de vils souvenirs. Mais il n'a pas tord, un jour, de grandes joies viendront combler ces maigres souvenirs d'enfances. Il aura plusieurs doux souvenirs. L'enfance plaît tant parce qu'elle est une époque d'insouciance, ni plus ni moins. Parce qu'on ne se préoccupe de rien alors. Malheureusement on s'en souvient trop peu.

«- Malheureusement les souvenirs de l'insouciance enfantine sont bien trop éphémères. Mais vous avez raison. En vieillissant vous vivrez d'autres «plus beau moment de votre vie» c'est un fait. La naissance de ma fille, est par exemple, ce qui m'est arrivé de mieux. Mais avant cette naissance, le plus beaux jours de ma vie était... tout à fait banal. Un doux souvenir d'adolescence, qui m'avait semblé merveilleux et indépassable, alors... La vie est évolutive. Fort heureusement. Ainsi on peut toujours désirer mieux, avoir un but. Sans cela, on s'ennuierait.»

Il a sans foute raison aussi quand il dit qu'aucun enfant ne grandira sans tracas. Elle en a eut elle aussi, elle le sait bien, elle sait bien que tout n'est pas si facile, que les choses ne marchent pas comme ça. Que malheureusement ce serait trop beau et que la vie est faites d'aléas, d'imprévus. Ce n'est pas un long fleuve tranquille, loin de là. Parfois il dérive et parfois on se noie. C'est aussi simple que ça. Les enfants ne sont pas épargnés. Ils ont des tracas à leur niveau, qui sont pour eux aussi importants que ceux des adultes et que ces mêmes adultes pourtant ne prenne pas toujours en considération.

«- Effectivement...»

Il y a plus de risques quand un mage noir décide de décimer des populations, forcément. Elle ne peut pas préserver son enfant de tout, pas même de ça et elle voudrait pourtant. En comparaison, d'autres tourments semblent si petit. Le temps de guerre ajoute des tourments aux tourments, c'est indéniable. Plus de boulot de la part des parents pour préserver leur progéniture de tout ça, s'ils le peuvent.

«- Ce qui est assez abominable quand on y pense car personne ne devrait dire oui en se sentant obligé de le faire. Mais je pense que c'est autre chose, quand l'enfant est conçu. Toutefois, j'essaierai autant que possible d'aider ma fille à se construire sans père. Sans non plus orienter son jugement sur lui. Elle se fera, en temps et heure, sa propre opinion sur son géniteur...»

Elle est désolée. Désolée d'avoir parlé de ses parents alors que l'homme les a perdu. La demoiselle ne s'attendait pas à ça et pourtant, pourtant c'est la guère, beaucoup de monde a perdu des proches, beaucoup de monde en perd encore. C'est le lot commun des paix où la paix s'est éteinte. Cela ne la fait pas moins culpabiliser d'en avoir parlé au contraire. Même si l'homme lui dit de ne pas s'en faire. Et il avoue qu'il ne se souvient pas d'eux, ce qui est pour lui le plus terrible. La jeune femme veut bien le croire. Et son minois se décompose face à ces aveux supplémentaires. Elle comprend bien que cela puisse le blesser, en fin de compte. Elle comprend bien que ça puisse le déstabiliser. Ne pas avoir se souvenirs de ceux qui nous ont donnés la vie. Ne pas avoir de quoi se rattacher à eux. La jeune femme ne sait pas comment on peut vivre avec cela et elle le plaint, vraiment.

«- Je suis désolé.»

Encore. Oui. Désolée. Désolée elle l'est certainement et ce malaise grandit en elle au fur et à mesure des aveux du sorcier. D'autant plus qu'ils ne cessent pas pour autant de parler des souvenirs de l'enfance, qui s'envolent et que l'on ne conserve pas. Ils parlent des plus beaux jours de la vie. Parce que ça évolue en continue. Un souvenir particulièrement heureux en relaye un autre à une place moins importante. Des plus beaux jours d'une vie, on en  a plusieurs. Tout dépend des gens. Le mariage. La naissance de ses enfants. Une promotion particulièrement belle. Quand on est enfant, le plus beau jour de notre vie est naturellement bien enfantin, bien désuet. En grandissant, il prend forcément plus de poids. Plus de force.

«- Naturellement. On vivre toujours mieux et c'est une perspective qui permet de garder le goût à l'existence, tout du moins tant que l'on a encore un peu de moral, car certains malheureusement n'ont même plus cette perspective, mais c'est un autre débat je pense. La vie est faite de petits bonheurs après tout et de grandes joies, qui parsèment le chemin.»

On ne changera pas totalement le monde. Il a fort raison. Et c'est déjà bien beau si on le change un peu, au fond. Mais peut-on réellement faire cela ? Telle est la question. Tout le monde n'est pas apte à bouleverser l'ordre naturel des choses. Tout le monde n'est pas apte à changer le monde, même juste un petit peu. Mais il est certain qu'ils ne pourront pas revenir sur des années et des années de cet encrage dans les consciences. Que l'évolution prend du temps.

Elle acquiesce d'un mouvement de tête quand le jeune homme parle du fait que les hommes disent peut-être oui pour un bébé parfois par peur de perdre la maman. Et à l'arrivée du bébé en général, les choses changent et le bouleversement entraîne la séparation du couple dans la plupart des cas. Triste réalité. Parce qu'ils n'étaient pas prêts pour tout ça. La question des enfants à l'âge qu'elle a est délicate. Parce que les garçons ne sont souvent pas assez matures à ce moment là pour les enfants. Ni pour être père, ni pour draguer une femme qui a un bébé. Cela, la jeune femme l'a déjà bien vu.

«- Je suis d'accord. Un enfant a besoin d'être entouré pour s'épanouir. C'est ce qui compte d'avantage que les liens du sang, même si c'est peut-être quelque chose qui ne semble pas évident à tout le monde...»