Lullaby/ Un connard non mais tu mérite mieux !

Bee était à la bibliothèque comme souvent, en train de travailler, fidèle à elle-même alors que les ASPICs ne manqueraient pas de tomber à la fin de l'année et elle devait être absolument prête pour ces derniers. Elle ne s'attendait pas à ce que son après-midi de travail soit perturbée par nul autre que son frère qui n'était visiblement pas d'humeur. Alors que ce dernier franchissait la porte de la salle, et qu'elle ne l'avait pas encore aperçu, la jeune femme finissait soigneusement son devoir de potion pour le professeur Slughorn. Du travail en plus que l'homme évaluait sur son temps libre pour permettre à ses meilleurs élèves d'avoir des retours sur leur pratique.

Bee sursaute comme son frère demande si elle a vraiment fait ça et la rouquine cligne des yeux en redressant la tête vers ce dernier sans comprendre de quoi il peut bien vouloir parler, jusqu'à ce qu'il vienne compléter ses propos en semblant s'énerver du choix que la jeune femme avait fait quelques temps plus tôt. Enfin, choix, était un grand mot. A la suite d'un cours de défense contre les forces du mal, devant l'épouvantard de Severus, elle avait cru, encore, voir sa mère et avait voulu s'oublietter, pour ne plus songer à l'amour qu'elle éprouvait pour lui, contraignant ce dernier à la poursuivre, la retrouver et avouer, finalement, qu'il en était tombé amoureux.

«- Je l'ai réellement fait oui. Tu as dis toi même que ce n'était finalement pas le connard mangemort que tu imaginais et qu'il était de notre côté depuis tout ce temps... Il me semble ? Il était un espion pour nous, il risquait sa vie dans la suspicions générale...» fait remarquer la demoiselle en haussant un sourcil, avant de soupirer, posant sa plume. «Ecoute Harry je... Je sais que tu ne l'aime pas mais... Pendant les deux ans que j'ai passé avec ce professeur je n'ai pas eut à m'en plaindre, c'est un homme brillant, solitaire et... Je sais que ce n'est pas simple à accepter pour toi mais... je... enfin je... je l'aime tu sais ? Et c'est... pas nouveau.»

Hermione le savait, elle le savait depuis leur arrivée ici, depuis bien avant même et avait annoncé à Bee le décès de leur professeur, lui promettant qu'ils allaient changer ça.

«- Je n'excuse pas tout ce qu'il t'a fait ce n'est pas la question, seulement... ici il n'est pas encore cet homme, pour commencer. Ensuite... père est, ne crois-tu pas, largement responsable de ce que Severus est sensé devenir ?»

Les mots du sorcier sont rudes, à l'encontre de sa sœur jumelle, alors que ce dernier semble avoir du mal à digérer les sentiments de Lullaby pour un de leurs anciens professeurs. Certes elle n'avait pas connu les même tourments qu'Harry avec cet homme et c'était peut-être ce qui la rendait plus ouverte d'esprit à son égard, plus indulgente. Mais le discours du rouge et or ne manque pas de blesser la rouquine alors que son frère est loin de la soutenir. Au contraire, il lui jette la pierre en lui rappelant de douloureuses informations quand à l'amour que Severus avait nourrit pour Lily et qui font douter la jolie Bee des sentiments de son compagnon à son égard, craignant qu'il ne l'aime que comme un miroir. Alors que l'homme l'accuse de ne pas réfléchir alors qu'elle devrait être la plus intelligente des deux, mais se laisse aveugler par son cœur et son cul, Bee baisse la tête en rougissant alors qu'elle ne sait plus où se mettre désormais.

«- Non je... l'intelligence passe aussi par l'ouverture d'esprit et il n'est ni complètement tout noir, ni l'homme que tu as connu !» tente de se défendre la sorcière. «On n'a peut-être pas grandit ensemble mais... Tu sais bien que je ne suis pas comme ça !» plaide la jeune femme, choquée par l'idée qu'elle puisse penser avec ses fesses, alors même qu'elle est encore innocente pour l'heure. «Je devais faire quoi alors ? Je devais simplement l'aimer et souffrir ? Souffrir de savoir ce qui doit lui arriver, souffrir de le voir seul et abandonné !?» interroge enfin Lullaby comme son frère se montre plus ou moins moqueur à l'égard des sentiments qu'elle nourrit pour leur futur professeur de potions.

La jeune femme est perdue même si bien sûr elle comprend que son frère puisse ne pas être heureux de cette nouvelle, elle ne s'était pour autant pas attendu à ça. La demoiselle a du mal à encaisser le coup, du mal à encaisser la violence des mots de son frère, elle en a presque le souffle coupé. Lullaby n'avait jamais pensé qu'Harry pouvait se montrer aussi rancunier, aussi entêté, aussi fermé d'esprit, à condamner un homme qui n'a pas encore commis le mal, quand il le pardonne chez ceux qu'il aime.

«- Il n'y a pas que ça et tu ne le connais pas !» répond la sorcière vivement. «Je dois faire valider mon petit ami par toi c'est ça l'idée ? Tu as ton mot à dire sur mes sentiments, sur mes fréquentation ? Je ne pense pas qu'à moi ! Je te signale que je te soutiens, je te soutiens dans tout ce que tu fais, c'est mon rôle de sœur ! Et ton rôle devrait être de me soutenir aussi ! Tu sais quoi ? Maman serait déçue, vraiment déçue, si elle pouvait te voir ! Si elle entendait comment tu me parle, comment tu me traites ! Même papa n'en dirais pas autant et pourtant Merlin sait que lui non plus ne l'aime pas !» Bee a les larmes aux yeux en posant son regard sur lui. «Oui, elle serait vraiment déçue ! Et tu crois que tu ne pense pas qu'à toi, à ne pas vouloir que je sois avec lui, parce que tu ne l'aime pas ? Tu trouves que c'est juste ? Pendant qu'il est avec moi, il est au moins enfin un peu heureux ! Même si je dois partir un jour, il l'aura été, il aura été accepté, et aimé ! Le laisser seul dans son coin, détesté de tous c'est mieux peut-être ? Mione me l'a dis, Sirius vous a avoué que papa a détesté Severus dès qu'il l'a vu. Le délie de fasciés c'est vraiment moche ! Et peut-être même qu'il évitera certaines erreurs parce qu'il est avec moi ! Parce que si tu t'étais un peu plus renseigné tu saurais que normalement il est devenu mangemort après l'attaque de Pré-au-lard en 77. Mais il m'a sauvé cette nuit là. Et il n'a pas fait marquer son bras !» Bee renifle. «Il est hors de question que je fasse un choix. Je l'aime. Et que tu le veuilles ou non, tu seras toujours mon frère ! Je continuerai à te voir comme tel et te soutenir quoi que tu en dises.»

Le moins que l'on puisse dire c'est que les propos d'Harry ne manquent pas de blesser la demoiselle alors qu'il se moque de son ouverture d'esprit en la trouvant stupide, la comparant à une cruche. Bee n'est pas aussi impulsive que leur père, simplement. C'est son érudition, semblable à celle de Lily et son ouverture d'esprit, un cadeau de sa mère aussi, qui lui ont ainsi valus de ne pas aller à Gryffondor mais plutôt à Serdaigle et cela, son frère ne semble pas le comprendre. Leur mère voyait ce qu'il y avait de bon chez les autres et ce principalement quand ces autres ne savaient pas eux-mêmes ce qu'ils pouvaient avoir de bon en eux. Elle préfère ne rien dire en réponse à son frère, considérant que le plus intelligent des deux est toujours celui qui ne nourrie pas la dispute et cherche, au contraire, à la faire cesser.

«- Pardon d'être tombée amoureuse de lui, pardon d'avoir trouvé qu'il me manquait cet été où tu m'a gentiment laissé de côté pendant que tu partais accomplir ton devoir sans même le donner de tes nouvelles ! Pardon de l'avoir trouvé intéressant dans ce qu'il me disait et pardon, aussi, qu'il m'ait protégé des Carrow et que cela m'ait convaincu de son bon fond, me laissant alors l'apprécier d'avantage. Je ne t'ai rien caché du tout, c'est tout récent tout simplement ! Et non en effet je ne savais pas comment te le dire, ce qui ne voulait pas dire que je n'allais pas le faire !» annonce la rousse.

Bee jette un regard ternit à son frère comme ce dernier parle de leur retour et de la souffrance qu'elle ressentira alors, de celle que l'homme connaîtra également. Évidemment Bee sait tout cela, elle a déjà pensé au problème qui est le sien, au fait qu'elle aura mal s'ils ne parviennent pas à changer le destin du sorcier, si ce dernier lui en veut, d'autant plus qu'il lui en tiendras probablement rigueur en effet quand il comprendra vraiment qui est sa partenaire. Et dans un même temps elle songe que lutter contre ses sentiments aurait été trop dur. Elle l'aimait trop pour pouvoir évoluer dans une telle proximité avec lui, sans sombrer. Être intelligent est une chose, être amoureux en est une autre et le cœur a ses raisons que la raison ignore, tout simplement. Des raisons qui sont parfois incompréhensibles, qui manquent de clarté mais qui sont telles qu'on ne peut, alors, passer au travers.

«- Je suis sensé faire quoi, alors ? T'as pas répondu !»

Bee est triste, touchée, impactée, blessée. Les mots de son frère sont violents pour elle et la demoiselle se sent perdue sans savoir ce qu'elle aurait dût faire. Mais elle aime tant Severus. La jeune femme n'aurait pas put se résigner à ne pas tenter la chose. Et puis tout était un concours de circonstances mais elle éviterait de dire à Harry comment Severus et elle-même en étaient arrivés là, de peur qu'il ne s'agace d'avantage. D'autant que le fait qu'elle évoque leurs parents le rend déjà furieux.

«- Tu sais que j'ai raison ! Tu sais que c'est ce que Lupin m'as dit, et je sais qu'il te l'a dit aussi parce qu'il me l'a raconté. Maman est ouverte d'esprit, maman aurait comprit, elle !»

Cette fois Bee pleure franchement alors que tout ceci devient beaucoup trop dur, beaucoup trop lourd pour elle et la jeune femme se sent seule, vraiment seule, abandonnée. Cela d'autant plus qu'Harry se montre froid avec elle, distant, en prétendant qu'elle est égoïste, qu'il n'en veut pas pour sœur et les Williamson lui manquent cruellement, alors. La jeune femme est touchée d'être vue comme une égoïste alors qu'elle a l'habitude au contraire de faire passer les autres avant elle-même. Rassemblant ses affaires, Bee sent qu'elle ne pourra plus travailler maintenant.

«- Tu crois que je le sais pas ? Que j'ai pas conscience de tout ça ? Tu crois que c'est facile à vivre ? J'te le dis de suite, être avec lui est douloureux. Et ne pas l'être l'est aussi. Sauf que l'un des deux fait un peu moins de mal. Mais je sais parfaitement ce que je risque. Je sais aussi ce que je risque à ne pas essayer. Tu n'imagines même pas à quel point je peux l'aimer. A quel point je redoute que nous ne changions pas son destin. Tu crois que tout se contrôle aussi simplement ?»

Lullaby n'avait pas vraiment digérer, c'est vrai, que son frère soit parti sans un mot dans une quête folle. Il aurait put ne jamais en revenir et elle n'aurait pas put le voir avant cela, elle n'aurait pas put lui parler. Elle aurait aimé qu'il se soucis d'elle suffisamment pour lui laisser au moins une occasion de se parler, de se dire au revoir, de le soutenir, au cas où. Parfois cette amertume ressortait, sans qu'elle n'y puisse rien et c'était le cas aujourd'hui parce qu'elle était troublée. Elle ne peut retenir son propos concernant le sentiment d'abandon qu'elle avait eut et évidemment Harry ne le prend pas très bien, ne manquant pas de retourner le plaidoyer de sa sœur contre l'amoureux de cette dernière.

«- J'ai rien demandé pour l'être, ce n'était seulement pas MA prophétie.» fait remarquer la jeune femme. «Je te dis pas que c'était facile, mais j'aurais peut-être voulu te voir avant que tu t'en ailles, au cas où. T'es parti sans rien me dire, comme un voleur, sans penser une seconde à mon inquiétude ou au fait que j'aurais pût vouloir te parler avant, au cas où...» confie la jeune femme alors qu'ils n'ont jamais vraiment eut l'occasion de parler du départ d'Harry à la chasse aux horcruxes. A son retour, la bataille avait éclaté, puis le voyage dans le temps... «Ce n'est pas lui qui les y a mis, tu le sais très bien, c'est Voldemort.» répond fermement la jeune femme. «Et parce qu'il a écouté la mission que Dumbledore lui avait confié. Alors oui, on peut remonter jusqu'à son entrée dans les mangemorts en oubliant totalement le poids de ses regrets mais qui n'a pas fait d'erreurs de jeunesse ? Tout n'est pas arrivé par sa faute non plus, sans dire qu'il soit tout blanc ! Mais n'oublie pas l'impact de Pettigrew sur tout ça, non plus.»

Les mots d'Harry ne manquent pas de l'inquiéter, de la blesser, alors que l'homme soulève toutes ses craintes, en quelques mots. Que Severus soit pire qu'autre fois, qu'il se sente abandonné, qu'il ne vive peut-être plus... Tout ça sont des inquiétudes perpétuelles de la demoiselle et dans un même temps, il se peut que quand ils rentrent, la vie de l'homme n'ait que peu changé. Et qu'il soit mort. Bee n'a pas oublié l'annonce d'Hermione Granger, qui lui avait brisé le sœur. Et c'est peut-être sa seule chance d'être avec lui. Elle ne sait pas combien de temps. Toute cette situation est dans le fond diablement compliquée.

Bee évoque leurs parents, leur mère, dont on disait – dont Remus disait – qu'elle était ouverte d'esprit, qu'elle voyait chez les gens ce qu'il y avait de bien en eux. Bee l'évoque d'autant plus que cela fait cinq mois qu'ils côtoient leurs parents, cinq mois qu'elle observe son père et sa mère, qu'elle les fréquente en douce, sans qu'ils ne se doutent de rien. Cinq mois qu'elle affûte les connaissances qu'elle a sur ses parents. Mais elle ne répond pas à la colère d'Harry, préférant rebondir sur autre chose, sur le fait que Severus va souffrir, qu'elle souffrira dans quelques temps, quand elle sera rentré et que, si elle voulait, elle aurait pût contrôler tout ça. Qu'il suffisait de ne pas avoir peur de souffrir.

«- Je le fais parce que je l'aime. Tu t'en fiche peut-être mais c'est la réalité. Je l'aime. Il n'est pas un jour, pas une heure, où je ne pense pas à lui. Et ça fait presque mal de l'aimer autant. C'est pas par vagues, c'est constant, c'est tout l'temps. Je le fais parce que je peux mourir demain, parce que rien ne dit qu'on va survivre à ce voyage. Parce qu'on ne peut pas s'empêcher de vivre et qu'on ne peut pas exister en redoutant toujours l'avenir. C'est pas une vie. J'ai envie de vivre. J'ai envie d'exister. Je voudrais que toi aussi, tu vive. Pas seulement pour accomplir ta prophétie. Que tu sois heureux quoi, t'as le droit de l'être. On en a tous le droit. Oui ça peut s'arrêter demain, dans trois mois, dans un an. Oui j'aurais mal mais... en soit ça ne diffère pas vraiment d'une histoire classique. Perdre la personne, c'est toujours le risque. Est-ce qu'on doit s'empêcher de vivre pour autant ?»

La conversation entre les deux enfants Potter était pour le moins houleuse, malgré le fait qu'ils se trouvent tout deux dans la bibliothèque de Poudlard, un lieu normalement dédié au calme et au travail, dans lequel ils n'avaient pas le droit de déranger les autres étudiants, ce qui commençait de ce fait à leur valoir quelques regards noirs, réprobateurs, de la part d'autres étudiants installés ici pour travailler à leurs examens approchant plus rapidement qu'il n'y paraissait. C'était pour cela que Lullaby était ici, elle aussi, où Harry était venue la trouver, l'air passablement énervé d'avoir apprit la relation entre sa sœur et leur futur professeur de potions. Ils en étaient donc à se disputer sur la vie de l'un et de l'autre comme l'un reprochait à l'autre d'avoir eut une vie tranquille, pendant que l'autre reprochait à ce dernier d'être parti sans rien lui dire, en la laissant mariner dans sa peur, dans son inquiétude, de ne jamais le revoir.

"- Je n'ai pas dis que tu l'avais demandée mais arrête de m'en vouloir parce que je suis celle qui a eut la vie la plus "facile" à ton goût. J'avais un frère dont je connaissais l''existence et à qui je ne pouvais pas parler, que je ne pouvais pas connaître, ce n'était pas si facile que ça. Même si effectivement ma vie a été moins pourrie. Je ne sais pas pourquoi Dumbledore a voulu te confier aux Dursley, pourquoi il ne t'a pas confié à des Aurors, mais j'imagine qu'il avait de bonnes raisons de le faire..."

Même si la demoiselle ignorait lesquelles, c'était une discussion qu'Harry avait put avoir, lui, avec Dumbledore avant que dernier ne disparaisse. En écoutant le plaidoyer d'Harry, la jeune femme se sent un peu mal de lui avoir reproché son départ mystérieux, muet. Mais elle s'était tant inquiété et n'avait jamais put le lui dire...

"- J'aurais préféré le savoir oui. Si tu devais y rester... je n'aurais jamais put te parler "une dernière fois" et peut-être que j'aurais eut une foule de regrets !"

Le plus dur aurait été de perdre son frère sans l'avoir réellement connue, sinon une année, une année perturbée qui leur avait offert peu d'occasion de réellement se découvrir. Une année éphémère au cours de laquelle ils n'avaient, surtout, pas réellement put profiter l'un de l'autre et il aurait put mourir en mission, en laissant chez sa sœur ce vide, ce manque, cette impression de n'avoir jamais profité de lui, de sa présence.

"- Il l'a tué à sa demande, il serait mort de sa main de toute façon, à cause de ce sortilège, tu le sais très bien ! Il a seulement fait ce que Dumbledore a attendu de lui, ce que Dumbledore lui a demandé !"

Lulalby ne connait pas toute l'histoire, ça n'aide pas forcément à défendre son amoureux, alors elle se bat avec le peu qu'elle sait, pour prendre la défense de l'homme qu'elle aime plus que tout. Elle ne sait pas tout ce que Dumbledore a caché à son frère, jouant finalement avec ce dernier comme on joue aux échecs, sans jamais lui dévoiler toujours tout ses plans, le laissant dans un brouillard aveuglant. Elle ne savait pas tout de ce que l'homme avait caché, donc et de la colère d'Harry à l'encontre de ce dernier.

"- Mais Severus n'a pas fait ce choix aujourd'hui, il ne le fera peut-être jamais ! Il ne touche pas à la magie noire. Peut-être qu'il n'y touchera jamais..." annonce la demoiselle. "Tu ne peux pas le condamner pour quelque chose qu'il n'a finalement pas fait... même si tu garde ce souvenir de lui, notre venue a changé ça, ce n'est plus tout à fait le même homme."

L'amour est une drôle de chose, qui n'obéit à aucune règle, aucune logique. Le coeur a ses raisons que même la raison ignore, après tout. Par amour, les gens deviennent fous, font de mauvais choix, se laissent aveugler. L'homme le plus intelligent de la terre n'est-il pas soudainement niais, face à la femme qui lui plaît ? L'amour a ce pouvoir sur les gens de leur faire abandonner la raison. Rien dans l'histoire de Severus et Lullaby n'était raisonnable. La jeune femme n'aurait pas dût succomber. Mais elle l'avait fait, elle l'avait fait parce que c'était plus fort qu'elle. Parce que l'humain aussi intelligent soit-il est faible. Harry ne l'entend pas de cette oreille, accusant sa sœur d'égoïsme.

"- Bien sûr que je l'aime !"

Evidemment. Son cœur, ses yeux, l'expression de son visage, tout confirme ses dires. Bee aime Severus, c'est une évidence. Suffisamment pour vouloir le sauver de ses ténèbres, mission dans laquelle sa propre mère avait échouée, en le jugeant. Elle voulait prendre sa noirceur et effacer tout cela, lui épargner les mauvais choix. Elle était prête à tout pour cela, pour éviter qu'il ne reprenne une mauvaise route. Elle était prête à bien plus que cela. Pour lui.

"- Tu ne peux pas t'empêcher de vivre pour autant, ce n'est pas une vie ! Le monde ne peut pas espérer t'utiliser, se servir de toi comme d'un bouclier, en oubliant que tu es un homme, un être humain, une personne avec du cœur, avec des rêves... Ce n'est pas juste ! Evidemment que tu as le droit de vivre ta vie, de mener ta barque, d'être heureux et de ne pas uniquement réfléchir, continuellement, à sauver le monde !"

Le regard de l'étudiante se pose sur son frère, comme ce dernier répond lui en vouloir pour avoir eut une vie plus aisée que la sienne. Malheureusement la jolie rousse n'y peut rien. Elle pousse un soupir. Si elle avait put choisir, elle aurait souhaité que sa relation avec son frère ne soit pas aussi conflictuelle. Malheureusement cela ne semblait pas être pour tout de suite. Elle avait toujours supposé que quand ils se retrouveraient, enfin, ce serait une évidence, entre eux. Elle avait peut-être idéalisé son frère, ou en tout cas la relations qu'ils auraient, le temps que le destin les laisserait passer ensemble. Finalement ils s'étaient retrouvés pour mieux se quitter par la suite et le retour de Bee dans la vie d'Harry n'avait pas été aussi facile que la demoiselle s'était prit à l'espérer toutes ces années. Son frère lui en voulait.

«- Tu ne peux pas dire ça...» souffle Bee en baissant la tête.

Entendre son frère dire qu'il aurait mieux valu qu'il meure bébé est tout sauf agréable. Lullaby grimace de ces propos même si elle peut comprendre que la vie de ce dernier n'a pas été idyllique, ni agréable, ni même facile. Elle espérait, pourtant, qu'il avait eut quelques moments de rares bonheur, tout du moins depuis son arrivée à Poudlard, et notamment auprès de ses amis, pour contrebalancer ces sombres pensées et ces douloureuses années. Mais elle n'ose pas poser la question, réalisant seulement comme il est difficile, frustrant, de ne pas connaître son propre frère.

«- Non.» admet la demoiselle.

Mais si elle avait eut une dernière occasion de lui parler, elle lui aurait dit qu'elle l'aime. Elle lui aurait dit qu'elle avait confiance en lui. Toutes ces choses qu'elle aurait eut besoin de lui dire, finalement, pour être sûre qu'il l'ait sût avant de disparaître. Ce n'était pas une situation évidente. Pour Bee le départ d'Harry avait été une source profonde d’inquiétudes et elle avait redouté de n'avoir jamais une occasion de lui parler, s'il ne revenait pas. Finalement, même quand il était revenu, elle n'avait pas eut l'occasion de lui dire, alors qu'il cherchait le diadème de Rowena, avant que les choses ne dégénèrent à l'école et qu'ils ne se retrouvent ici, à fréquenter leurs parents.

La jeune femme essaie de défendre ses positions, son point de vue, mais plus que cela, elle essaie de défendre Severus aux yeux de son frère. Cependant l'avis d'Harry sur ce dernier reste très tranché et Bee a bien du mal à lui faire entendre raison. Il était aussi têtu que James Potter en fin de compte et ce n'était pas peu de le dire. Bee pousse un soupir comme son frère démonte encore ses arguments.

«- Il serait mort le mois d'après ! Crois-tu vraiment qu'il se serait réveillé à ce moment là pour t'en apprendre plus ?» demande la demoiselle en levant un sourcil. «Effectivement, on fait tous ce qu'il nous a demandé. Toi, moi, Severus... On ne sait rien de ce qu'il avait en tête. Rien n'était jamais clair. Pendant quinze ans je n'ai pas compris pourquoi je ne devais pas t'approcher et je n'ai jamais eut mon explication. En revanche, il a sût me faire revenir dans ta vie, quand il a eut besoin que quelqu'un rappelle notre mère à Slughorn...»

Bee avait été utilisée, elle aussi, par Dumbledore, selon les bons vouloirs de cet homme. Quand il avait souhaité que Slughorn confie l'un de ses souvenirs à Harry, le vieil homme avait fait revenir la jeune femme en Angleterre, de sorte qu'elle soit dans les couloirs de l'école comme un fantôme de Lily pour faire parler le professeur de potions. Ce dernier était parti à la retraite justement après la mort des Potter, dévoilant largement le coup que lui avait donné la mort de l'une des membres de son club. Et le vieil homme s'en était servit.

«- Et puis il y avait la baguette. Il ne fallait pas que Voldemort en devienne le possesseur parce que c'est sa magie qui aurait détruit Dumbledore !» fait remarquer la jeune femme.

Bee pousse un nouveau soupir alors que son frère s'entête à reprocher à Severus un homme qu'il n'est plus, qu'il ne sera peut-être jamais. Il lui reproche d'anciennes erreurs que ce voyage dans le temps a effacé, peut-être annulées pour toujours.

«- Tu sais au fond de toi qu'il n'est plus cet homme. Il ne l'est plus, ne le deviendra peut-être jamais, parce que nous sommes ici, justement. Tu ne peux pas lui tenir rigueur de quelque chose qui.. au final ne se sera pas passé. Déteste autant que tu veux celui qu'il a été et apprend à connaître ce nouveau lui ?»

La pensée des deux jumeaux était visiblement très éloignée l'une de l'autre, alors que Bee songe que son frère a le droit de vivre, le droit de goûter au bonheur. L'entendre dire qu'il n'est pas un homme mais l'élu lui fait mal au cœur. Elle voudrait qu'il puisse penser différemment, qu'il n'ait pas tout ce poids sur ces épaules. Comme Lily, Bee dispose d'une certaine empathie, d'une capacité à laisser parler son cœur plus que sa tête. Par moment, c'était quelque chose de nécessaire, à en croire Dumbledore. Plusieurs fois il avait rappelé à la Potter que ce pouvoir en plus qu'ils avaient, celui de l'amour, serait la perte de Voldemort. Elle ne voyait toujours pas comment. Mais supposait qu'elle le verrait le moment venu.

«- Ne dis pas ça Harry ! Tu ne peux pas ne pas être un être humain !» souffle la rouquine. «Ils ne peuvent pas attendre de toi que tu les sauves en oubliant de vivre !»

Il lui était douloureux de supposer que la situation de son frère puisse être à ce point désespéré. Il était hors de question qu'elle le laisse sombrer et s'oublier.

Pour Lullaby, il est difficile d'entendre son frère dire que Dumbledore aurait mieux fait de le laisser mourir cette nuit là que de le confier aux Dursley. Elle est sa sœur, entendre qu'il aurait préféré mourir est difficile. Très difficile. Elle ne comprend pas pourquoi son frère a eut à subir cela. Pourquoi il n'a pas put tout simplement grandir avec d'autres parents, qui l'auraient aimés, comme les Williamson l'avaient fait pour la jeune femme. Elle avait put s'épanouir, grandir en toute insouciance, en toute dignité. Elle avait eut de la chance, beaucoup de chance. Elle le savait. Et savoir que son frère ne l'avait pas eut, lui, était plus que désagréable. Mais la sœur n'y était pour rien, elle n'était qu'une enfant elle aussi. Il lui en voulait pour une chose qu'elle n'avait pas décidé elle-même. Et cela faisait mal. Moins, cependant, que de l'entendre parler de mourir. La jeune femme secoue négativement la tête. Non, elle n'apprécie pas ces mots. Elle ne se fait pas à ce propos, elle ne peut pas l'accepter. Mais elle ne sait pas si elle doit vraiment revenir là-dessus. Ou simplement se taire alors qu'elle n'a pas eut la même vie que lui et qu'il pourrait lui faire remarquer que son avis, de fait, est caduque. Et qu'il s'en fiche, tout simplement.

«- Je sais bien que je ne sais pas tout sur ta vie, que je ne suis pas la meilleure des sœurs, pas la plus parfaite. Je sais bien que tu aurais aimé une autre sœur, ou même pas de sœur du tout, j'ai bien compris que je suis un poids, une erreur et qui plus est, une imbécile. Mais quand même... J'aurais voulu savoir. Juste pour pas me demander tout les matins si tu étais toujours bien en vie...» fait-elle remarquer. «C'était difficile, vraiment difficile. Mais je comprends que tu n'ai pas pu en parler... Je dis juste que ce n'est pas évident à vivre. Peu importe si je dois m'y faire, ça reste quelque chose de difficile...» fait observer la demoiselle.

Mais ok, elle n'a pas le choix, alors elle prendra sur elle, elle essaiera, tout du moins. Parce qu'elle n'a pas d'autre choix dans le fond, que le sorcier n'a pas choisit d'être l'élu, qu'elle même n'a pas choisit qu'il le soit, pas choisit de ne pas l'être elle-même, pas choisit que tout ça leur arrive et que finalement, ils ne sont que deux innocents, dont la vie a été bousillée, déchirée, abattue, par d'autres.

«- L'aurait-il réellement fait ? Penses-tu qu'il t'aurait réellement indiqué beaucoup d'autres informations ? Cet homme est un mystère, je ne le comprends pas...» répond la sorcière d'un air pensif.

La jeune femme ne répond rien, quand Harry souligne le fait que Dumbledore aurait mieux fait de ne jamais réunir le frère et la sœur, qu'il aurait mieux fait de laisser Lullaby grandir sans savoir qu'elle était une Potter, sans savoir qu'elle avait un frère. Mais il aurait alors fallut lui faire oublier les Potter, les effacer totalement de sa vie, ne jamais les mentionner devant elle, ne jamais les raviver, les transformer en ombres de son passés. Elle ne dit rien quand Harry dit que ce n'était pas une bonne idée de les réunir, qu'elle aurait mieux fait de continuer à mener sa petite vie en France. Oui, peut-être que cela aurait été plus facile mais peut-être également que le sorcier avait d'autres bonnes raisons d'avoir ramené Lullaby en Angleterre.

La jeune femme soupire, alors que le sorcier ne veut rien entendre, restant obtus au sujet de son petit ami, la menaçant qu'elle ne puisse avoir l'un et l'autre. Elle soupire comme il l'accuse, encore, d'être une égoïste et de ne penser qu'à elle, quand il juge un homme qui n'a pas encore commis les erreurs qu'il lui reproche. Et il ose dire que c'est elle, qui est stupide. Sans se remettre en question évidemment. La jeune femme s'en agace. Pour elle, c'est un défaut flagrant. Bien sûr que ce voyage dans le temps change quelque chose, puisque Severus n'aura pas commis les erreurs qu'Harry lui reproche. Ou peut-être pas, en tout cas. Peut-être que la donne a changé, peut-être que le sorcier ne sera jamais la pourriture qu'Harry l'accuse d'avoir été. Mais elle ne dit plus rien, puisque de toute évidence elle n'a pas le droit à la parole et que l'homme reste borné sur ses positions. Inutile de discuter dans le vent, encore. Grand bien lui fasse, s'il pense avoir raison, s'il pense ne pas avoir besoin de se remettre en question. Qu'il peut être semblable à James, alors !

«- Tu n'es pas que ça. Ne laisse pas les autres diriger ta vie comme ça. Tu peu parfaitement faire les deux, tu as droit d'espérer un avenir et de vivre, normalement, ta vie. On est ce que l'on décide d'être, si on ne laisse pas les autres s'en mêler... Soit ce que tu veux être. Tu as une mission à accomplir, oui, envers le monde sorcier. Mais tu en as une envers nos parents, aussi. Envers le sacrifice de maman. Elle a donné sa vie pour que nous puissions vivre les nôtres... Tu ne peux pas considérer que tu n'es qu'une machine à gagner pour le monde sorcier. Tu es aussi un fils.»