You're just a pawn in my game, and you'll probably lose everything w/ Mathéo

Maintenant que les mangemorts étaient au pouvoir, tout était en train de changer, c’était une véritable révolution au sein de la société sorcière et du gouvernement. Silvius était véritablement content de ce changement. En même temps, comment aurait-il pu en être autrement. Il avait quitté Poudlard, et avait réussi à montrer en grade au sein du Ministère de la Magie. Il était désormais l’un des grands responsable du Département de la Justice Magique, une belle nomination pour prendre le contrôle des interrogatoires qu’allaient subir les sorciers pour se justifier de leur sang mais aussi de leurs allégeances. Car maintenant, plus personne n’auraient le choix. Il fallait soutenir les mangemorts ou alors en payer le prix ultime. Callaghan allait pouvoir exprimer son côté sadique dans toute sa splendeur et il s’en délectait déjà avant même d’avoir commencé quoi que ce soit. Il était arrivé tôt ce matin au Ministère pour prendre quartier dans son nouveau bureau. Voldemort l’avait bien récompensé. Son bureau était deux fois plus grand que le précédent, pour le ravir. Il installa donc ses babioles pour s’approprier l’endroit. Il avait même eu le droit à un petit assistant. C’était l’un des fils de mangemorts un peu stupide mais soumis, ce qui lui conviendrait donc parfaitement pour répondre à la moindre de ses petites exigences.

L’homme quitta donc son bureau pour se rendre dans l’une des salles d’interrogatoires. Son assistant lui refila une pile de dossier. C’était tous les sorciers qu’il était censé recevoir dans la journée. Une bonne liste. Si certains pourraient être expédié assez rapidement, il serait surement contraint de rester plus longtemps sur d’autre. Il savait déjà qu’aucun des élèves de Poudlard ne figurait sur sa liste, étant donné que le vieillard avait bloqué les accès au château, empêchant quiconque de sortir ou d’entrer. Dommage, il y avait une multitude de sang-pur dans cette école de malheur et il aurait fait jackpot en y allant faire un tour. Mais même lui n’était pas assez fou pour y retourner et se retrouver face à l’un des plus grands sorciers de tous les temps. Callaghan attrapa donc le premier dossier et le posa face à lui, faisant signe en même temps au stagiaire-esclave d’aller lui chercher la personne.

Collins. Nom familier. Et pas pour n’importe quelle raison. Il connaissait un Collins, partisan du Lord tout comme lui. Tout d’un coup cet interrogatoire prenait réellement un côté beaucoup plus intéressant et intriguant. Il ne savait pas encore si les deux hommes étaient liés mais il comptait bien le découvrir, et si c’était le cas, il allait pouvoir s’en servir grandement à son avantage.

Il rappela son stagiaire en hurlant son nom, ou du moins le petit surnom qu’il lui avait trouvé, n’ayant pas pris la peine de retenir le prénom du gamin : « Incapable ». Il revint en courant, apeuré, ayant peur d’avoir fait une erreur quelconque.

– Check dans les archives le lien de parenté entre ce gosse et Collins, je veux l’acte de naissance dans dix minutes, c’est clair ? Et envoie-le-moi maintenant.

Rugit l’homme, toujours aussi aimable apparemment. Mais au moins le stagiaire a le mérite d’écouter au doigt et à l’œil. Il sort en courant, comme s’il avait réellement peur que quelque chose lui arrive s’il ne répondait pas à toutes les exigences de Callaghan. L’instant d’après, le gamin entre dans la pièce, visiblement un peu apeuré de ce qui allait lui arriver. En même temps c’était compréhensible vu les récents évènements. Il eut d’ailleurs un regard de surprise lorsqu’il vit son ancien professeur de botanique devant lui. Et oui il ne s’attendait surement pas à une telle révélation. Dans tous les cas, il semble figé, attendant qu’on lui dise quoi faire. Callaghan eut un petit rictus au coin des lèvres. Il lui fit signe de la main pour qu’il s’assoit sur l’une des chaises en face de lui. Il ne peut ignorer la raison officielle pour laquelle il est là.

– Mathéo Collins, ancien Serpentard, récemment entré à l’école de sport de Londres. Né d’une mère moldu, père inconnu. Ennuyant pour prouver ton statut de sang, mon garçon, tu ne crois pas ?

Annonça l’homme d’une voix froide. Oui tout était fait pour intimider le garçon. Son père n’était sans doute pas inconnu, il lui suffisait simplement que cet idiot de stagiaire trouve l’acte de naissance et lui rapporte. Ensuite si ses doutes se trouvaient être exacte, le jeu allait devenir beaucoup plus intéressant que prévu. D’ailleurs, cet idiot arriva en trombe dans la pièce l’instant d’après, lui donnant le document tant convoité. Il attrapa le bout de papier, et le regarda un instant, avant de relever le regard vers le jeune homme, un sourire sadique au coin des lèvres.

– Grâce à cet idiot, tu viens de devenir beaucoup plus intéressant mon garçon. Et chanceux puisque je connais ton père.

Tout était étrange pour Mathéo et il avait encore du mal à comprendre ce qui se passait. Il y a quelques jours, il y avait eu une terrible bataille à l’université, ainsi qu’à Pré-Au-Lard. Les mangemorts avaient pris le contrôle du monde sorcier. L’ancien Serpentard avait évité de sortir dans les rues ces derniers temps, ne sachant pas réellement ce qu’il risquait pour le moment. Il était loin d’avoir le courage des Gryffondor, et n’avait pas l’intention de se jeter tête baissé dans la gueule du loup. Il avait essayé de contacter Ayla sans succès. Elle ne répondait pas à ses hiboux, mais il n’était même pas sûr qu’elle puisse les recevoir. Il avait peur pour elle bien sûr, mais d’un côté ce qui le rassurait était le fait qu’elle était une Sang-Pur, ajouté à cela, elle était sous la protection de Dumbledore au château. Il n’y avait sans doute pas d’endroits plus sûrs au monde que Poudlard. Si elle n’était pas en sécurité là-bas alors personne ne l’était. Alors qu’il écrivait un énième parchemin en espérant qu’il arrive à destination, le jeune homme avait reçu un hibou du Ministère de la Magie. Evidemment il l’avait immédiatement ouvert pour découvrir un rendez-vous pour un interrogatoire avec pour motif : Vérification du statut de sang. Mathéo avait eut peur en recevant cette lettre. S’il n’y allait pas, cela pourrait être considérer comme une traîtrise envers le gouvernement actuel et était possible de certains répercussions allant d’une simple amende à un séjour à Azkaban. Plus il avançait dans sa lecture, plus le jeune homme était terrorisé. Mais une chose était sûr, il allait y aller, il n’avait clairement pas le choix.

Le matin de son rendez-vous, il s’était levé tôt pour être sûr de ne pas arriver en retard. Il avait pris soin de s’habiller et de se coiffer pour être présentable. On lui avait souvent dit que la première impression était déterminante. Mais malheureusement pour l’ancien Serpentard, il était le genre de garçon à ne pas être forcément être très bon en première impression. Arrivé au Ministère, il se rendit à l’accueil où on lui prit sa baguette. Apparemment on lui rendrait à la fin de l’interrogatoire. Ensuite on lui donna un numéro, et une grande femme le conduisit jusqu’à une pièce qui ressemblait à une salle d’attente dans le département de la Justice Magique. Mathéo était un peu perdu, ayant peur d’assister à son propre procès. Normalement il n’avait rien à craindre. Même si sa mère était une moldu, son père était un sorcier, ce qui faisait de lui un sang-mêlé.

Attendre dans cette pièce avec d’autres personnes eux aussi convoqués pour les mêmes raisons le rendait très anxieux. Plus il attendait, plus il stressait et avait peur de ce qui allait se passer. Heureusement quelqu’un vint mettre fin à son calvaire, en appelant son numéro. On lui demanda de le suivre jusqu’à l’une des salles d’interrogatoire. C’était donc la dedans qu’il allait se faire interroger. Il pénétra dans cette pièce et posa son regard sur l’homme qui était déjà présent. Et là, il ouvrit de grands yeux ronds, reconnaissant son ancien professeur de botanique. Il eut un frisson, faisant le calcul, et comprenant qu’il faisait parti de la cause des mangemorts. Bien sûr, il était quelqu’un de détestable, mais Mathéo n’avait jamais pensé qu’il faisait parti du groupuscule. Le fait que ce soit lui qui l’interroge aujourd’hui le stressait encore plus. On lui fit signe de s’assoir et le jeune homme s’exécuta sans un mot, sans poser de question. Il écouta le professeur Callaghan dresser son portrait.

– Mon père est un sorcier. Il nous a simplement quitté ma mère et moi, il y a des années.

Mathéo était clairement intimidé par cet homme, mais il ne voulait pas qu’il y ait des doutes sur son sang. Il n’était pas un né-moldu, son père était sorcier, c’était un fait. Mais l’homme avait raison. Son père avait disparu depuis des années, et Mathéo ne l’avait jamais réellement retrouvé ni même vu depuis. Alors que le silence s’installait dans la pièce, quelqu’un vint à nouveau dans la pièce pour tendre un bout de papier à Callaghan. Une fois qu’il l’eut parcourut un peu, il s’adressa de nouveau à lui, lui annonçant une nouvelle qui le prit de court. Il connaissait son père. Après des mois et des mois de recherches infructueuses, quelqu’un l’avait retrouvé. Quelqu’un le connaissait.

– Vous le connaissez ? Vous savez où-il est ? Où je peux le trouver ? Ca fait des mois que j’essaie de retrouver sa trace. C’est énorme.

*Du calme Mathéo. N'oublie pas qui tu as en face de toi.*

Le gosse commençait doucement mais surement à flipper lorsque Callaghan avait commencé à remettre en doute son sang et ses origines. Et oui il n’était surement pas complètement con et devait se rendre compte que s’il ne pouvait pas prouver un lien avec un sorcier, il risquait le même sort réservé au né-moldu. Un petit sourire mauvais apparut sur le visage de Silvius. Il aimait torturer les gens psychologiquement. C’était un peu son petit plaisir chaque jour de sa vie. Ca et les filles de joies dans l’allées des embrumes bien sûr. Mais comme il ne pouvait pas aller voir Jessica tous les jours, et surtout en journée, il lui fallait bien trouver d’autres activités en dehors. Callaghan se souvenait bien de ce gosse d’ailleurs. Pendant son premier cours, il s’était endormi sur sa table, et il avait passé le reste de l’heure à faire cours debout. Pas une lumière certes, encore plus en vue du cursus qu’il avait choisi. Néanmoins, il pourrait être utile au nouveau responsable du département de la Justice Magique. Même s’il avait un grand nombre de personnes à voir aujourd’hui, le sorcier voulait prendre son temps avec celui-ci. D’ailleurs, il ne répondit même pas à sa défense sur son père. Oui il les avait quitté sa mère et lui depuis des années, il avait bien entendu. Callaghan n’était pas réellement proche de Collins, et ne savait donc pas qu’il avait pu fréquenter une moldu par le passé. Si c’était le cas, c’était bel et bien un hypocrite dans le groupuscule des mangemorts, ou alors simplement une erreur de jeunesse. Erreur de jeunesse qui avait pris maintenant l’allure d’un gamin de dix-sept ans et qui se trouvait juste sous son nez.

Finalement le stagiaire revint vite avec le fameux papier qui intéressait tant Callaghan. Très bien, il allait enfin pouvoir vérifier ses doutes sur l’identité de ce jeune garçon. Il parcourut le papier rapidement et trouva l’information qui l’intéressait. JACKPOT. Evidemment un sourire s’afficha au coin de ses lèvres, content de sa trouvaille. Il annonça donc au gosse qu’il avait de la chance, puisqu’il connaissait lui-même son père. La réaction du jeune était à prévoir, et était délicieuse pour Callaghan. Une réaction tellement désespéré qui allait drôlement lui servir. Visiblement ce gosse avait réellement envie de retrouver son père. Et quand on est à ce point désespéré, on est facilement manipulable.

– Je le connais, et si je ne sais pas où il est en ce moment-même, il ne me sera pas top compliqué de le retrouver avec mes contacts.

Annonça-t-il de sa voix froide habituelle. Il menait doucement cette conversation dans la direction qu’il voulait. Il avait désormais un grand avantage sur le gosse. Il allait pouvoir l’utiliser à des fins douteuses et manipulables. Ayant enseigné à Poudlard pendant quelques mois pendant que le garçon était lui-même à l’école, il avait tout de même des renseignements qui pourraient lui être utile sur lui. Mathéo n’avait surement pas encore conscience de ce qui était en train de se passer, mais un piège était doucement mais surement en train de se refermer pour lui, et quand il en prendrait réellement conscience, il sera sans doute bien trop tard.

Silvius prenait son temps, et feuilleta une nouvelle fois le dossier de Mathéo Collins, pour vérifier qu’il n’y avait pas d’autres informations à savoir qui aurait pu lui être utile par la suite. Il n’avait ni frère ni sœur, et ne semblait pas avoir de fréquent contacts avec sa mère moldu. Ancien Serpentard, il avait surement des prédispositions à finir pour leur camp. Bon dossier, et prometteur, selon le vieil homme. A voir s’il arrivait à le manipuler comme il le voulait.

– Je pourrais te dire où il se trouve ou même le faire venir. Mais vois-tu, il me faudrait un peu de collaboration de ta part.

Annonça-t-il d’une voix mesuré. Tout était dans le tact et la douceur. Son but n’étant pas d’effrayer le jeune garçon en étant trop direct avec lui. Bien sûr, il allait se méfier et se mettre sur ses gardes, c’était prévisible, mais tant que Callaghan réussissait son coup, il n’en avait que faire. Il avait quelque chose pour motiver le garçon. Il avait la carotte, et il était persuadé que Mathéo Collins n’avait qu’une seule envie : la croquer.

Quelqu’un connaissait son père, enfin. Mathéo essayait de retrouver la trace de celui qui l’avait élevé les cinq premières années de sa vie depuis des mois et des mois sans jamais dégoter la moindre information. Il en avait passé du temps à la bibliothèque, à envoyer des hiboux au ministère de la magie. Et c’était maintenant, au moment où il s’y attendait le moins qu’on lui redonnait un espoir de retrouver celui qui l’avait abandonné plus d’une dizaine d’années auparavant. C’était inouï, impensé. C’était un sentiment d’excitation et de joie qui avait parcouru le corps du jeune homme en premier. Bien sûr, tout n’était pas beau et rose. Cet homme l’avait laissé, abandonné et ne lui avait plus jamais donné de nouvelles. Il n’avait même pas essayé de le retrouver ou de reprendre contact avec lui. Mais Mathéo avait trop longtemps pensé que c’était peine perdu de le chercher. Callaghan venait de lui redonner un espoir de le rencontrer et de parler avec lui. Et le sentiment de joie avait pris le pas sur la rancune et l’amertume qu’il avait aussi à son égard. Pour l’instant ce n’était que du positif, il ne fallait penser qu’à cela. La raison principale de sa convocation au Ministère était devenue secondaire. Le jeune homme, tellement excité, commença à poser beaucoup de questions à son ancien professeur de botanique. Mathéo n’était pas un garçon stupide, et pourtant face à une nouvelle comme celle-ci, il n’avait même pas pris le temps de réfléchir ou de se méfier, affichant avec clairvoyance son envie inconcevable de rencontrer son père.

En plus de le connaître, Callaghan avait les moyens de le retrouver facilement. C’était réellement une aubaine. Cela voulait dire qu’il allait pouvoir rencontrer son père dans un futur proche. Immédiatement il pensa à Ayla. Il aurait tellement voulu partager cette nouvelle maintenant avec elle. Mais il ne pouvait pas. Et oui, c’était en train de lui revenir. Le climat politique actuel était compliqué, encore plus avec l’arrivée des mangemorts au pouvoir. Mathéo ne devait pas oublier qui il avait en face de lui. Si cet homme avait été choisi pour mener les interrogatoires, c’était parce qu’il faisait parti de ce groupuscule. Et si son père était lui aussi l’un d’entre eux ? Qu’est-ce que cela changeait ? Est-ce que ça devenait dangereux pour Mathéo de le rencontrer ? Surement, et malheureusement il ne pensait que trop peu à cela. Ses doutes n’étaient pas assez présent balayé par l’espoir.

– Vous avez des informations à son sujet ? Vous savez ce qu’il fait ? Son travail ? S’il a une autre famille ?

Il posait beaucoup de questions. Trop de questions, révélant un peu trop l’intérêt qu’il portait à cet homme. Il ne se rendait pas compte que Callaghan n’était pas un gentil, et que chaque information ou sentiment qu’il décelait, il en prenait note pour pouvoir mieux s’en servir dans le futur. Il observait son ancien professeur, essayant de se contrôler mais poussé par l’envie de poser des questions encore et encore. Après tout, il n’avait encore jamais rencontré quelqu’un (excepté sa mère) qui connaissait le père Collins. Et cela créé en lui tellement de questionnements qui ne demandaient qu’à sortir.

Finalement avant que Mathéo n’ait eu l’envie de craquer à nouveau, Callaghan reprit la parole pour lui annoncer quelque chose. Apparemment il pourrait lui dire où il se trouvait et même le faire venir ici aujourd’hui. Mais il avait besoin d’une contrepartie. Ou comme il l’avait appelé lui-même : une collaboration. Mathéo leva un sourcil, se demandant clairement ce que le vieil homme entendait par-là. Par les temps qui courraient, ce genre de proposition était plutôt étrange, et surement pas dans le sens du « bon » chemin. Mais était-ce réellement la seule solution pour rencontrer son père et avoir des informations à son sujet. Rendre un service à Callaghan … Cela dépendait de ce que c’était aussi. Mathéo devait rester sur ses gardes. Il devait se méfier de cet homme qui arrivait comme une fleur et lui proposait d’exaucer un souhait qu’il avait souhaitait pendant des mois et des mois. Peut-être qu’il était maintenant sur le point de marcher sur un chemin glissant …

– Qu’est-ce que vous entendez par petite collaboration ? Qu’attendez-vous de moi en échange ?

Demanda le jeune homme en essayant de ne pas trop se mouiller avant d’avoir toutes les informations en main.

Ce jeune garçon était bien trop insouciant, et surtout imprudent avec toutes ses questions. En se montrant aussi intéressé sur le sujet, il donnait de la matière au vieillard pour le manipuler dans un futur proche. Callaghan avait de la chance ce matin. En plus du plaisir que lui prodiguait ce genre d’interrogatoire pour le compte du Lord et pour la cause du groupuscule auquel il appartenait, il allait pouvoir se distraire avec un nouveau jeu. Mathéo Collins allait devenir son pion, cela devenait de plus en plus clair dans sa tête désormais. Il avait quelque chose, des informations en sa possession pour attirer le jeune adulte dans ses filets. Le Serpentard sortait très récemment de l’école de Poudlard, et en soit il n’était encore qu’un gamin, facilement manipulable quand on savait comment agir et comment parler. Callaghan afficha un petit sourire en entendant les interrogations du garçon. Evidemment qu’il avait des informations sur la personne. Après tout, il était le genre à analyser et à s’informer sur les gens qui l’entouraient et surtout sur ceux qui partageaient les mêmes idéaux que lui. Il avait d’ailleurs aperçut le père du gosse quelques jours auparavant pendant la réunion exceptionnelle qui s’était déroulé après les évènements à l’université, Pré-Au-Lard et au Ministère. Bien qu’il n’avait pas eu l’occasion de lui parler personnellement, il avait remarqué sa présence au debrief.

Ce qu’il faisait ? Il était impliqué dans la cause des mangemorts et servait le seigneur des ténèbres tout comme lui. Outre cette activité qui prenait déjà beaucoup de temps, le père Collins travaillait au Ministère de la Magie, à un poste plutôt important si sa mémoire était bonne. Mais il était incapable de se souvenir dans quel département il exerçait. Ca lui reviendrait surement plus tard, mais pour le moment ce n’était pas une information capitale. Pour ce qui était d’une famille, Callaghan doutait qu’il en avait une. Pour la seule et bonne raison que Collins était du genre cavalier seul. C’était surement d’ailleurs pour cela qu’il s’était tiré en laissant femme et enfant derrière lui près d’une décennie auparavant.

– J’ai mes informations oui. C’est quelqu’un de spécial, peu facilement impressionnable, si tu veux mon avis.

Annonça-t-il de sa voix rauque. Evidemment chacun de ses mots étaient pesés et murement réfléchi. Il faisait bien attention à ne donner que trop peu d’informations au gosse pour éveiller de la frustration et de l’impatience. Son désir de connaître à tout prix son père allait le perdre, et était en train de le mener sur un terrain dangereux. Même s’il « connaissait » Callaghan pour l’avoir eu en tant que professeur pendant ses études à Poudlard, Mathéo n’avait pas conscience à quel point l’homme était doué dans l’art de la manipulation. Il l’emmenait doucement mais surement sur le chemin qu’il voulait pour pouvoir encore mieux se jouer de lui et l’utiliser à des fins personnelles. L’intérêt qu’il portait à Collins était toutefois intéressant. Cet homme l’avait quand même abandonné sans laisser de traces des années auparavant. Et pour le moment, Callaghan ne saisissait pas la moindre trace d’amertume, simplement de l’envie et de l’espoir.

Callaghan fit comprendre au jeune homme qu’il pouvait l’aider dans sa quête de retrouver son père. Evidemment un service n’était jamais gratuit. Et s’il voulait que Callaghan lui file un coup de main, il allait devoir lui en filer un en échange. L’homme aperçut tout de suite le changement d’était d’esprit du mioche en face de lui. Sur la défensive, il cherchait à connaître les intentions de son ancien professeur de botanique. De peur de se mouiller, ou ne voulant pas se retrouver trop vite sur une pente glissante, il demander de plus amples explications sur cette collaboration. Que voulait-il en échange ? Callaghan croisa ses bras, et s’installa un peu plus confortablement sur sa chaise, posant en même temps son regard sur le garçon.

– Etant donné les activités de ton père en dehors de ses heures de travail, et la complexité de la relation qui vous unie, je pense qu’il serait dans ton intérêt de lui prouver ta valeur si tu veux avoir une chance de le rencontrer et lui démontrer l’intérêt qu’il devrait te porter.

Commença le mangemort, essayant de faire comprendre subtilement au garçon la cause soutenue par son paternel. Espérons qu’il soit plus attentif aux détails qu’il ne l’était en cours de botanique, sinon il ne risquait pas de se faire comprendre.

– Une déclaration d’allégeance pourrait être un bon début, qu’en penses-tu ?

Il arrive un moment dans la vie où nous ne sommes plus sûr de rien, où l’ennemi ressemble à un ami et vice-versa. Le monde s’était transformé, retraçant totalement les lignes de la confiance. Mathéo n’en avait encore surement pas conscience, mais il ne pouvait pas s’imaginer le danger dans lequel il était en train de se mettre lui-même. Dans un Ministère de la magie, désormais totalement corrompu, il n’y avait pas la place pour des faiblesses. Et pourtant l’ancien Serpentard venait d’en dévoiler une grosse à son interlocuteur. Il lui avait montré et donné sur un plateau d’argent quelque chose avec quoi il pouvait l’atteindre et l’affaiblir. Sur le point de devenir une marionnette pour une bataille dans lequel il ne s’était même pas impliqué, il était totalement aveugle sur les intentions de Callaghan. Il n’y avait définitivement qu’une seule chose dans sa tête à ce moment précis : l’espoir de retrouver et rencontrer son père. Oublié tous les ressentiments pour se concentrer sur une envie soudaine.

Dans cette pièce froide et peu accueillante, Mathéo était assis sur cette chaise en face de son ancien professeur de botanique, lui ouvrant ses envies et ses espoirs sans une once de méfiance. Lui avait les informations, il connaissait le père Collins et pouvait même l’emmener jusqu’à lui. Jamais il n’avait été aussi près de retrouver celui qui l’avait brièvement élevé dans les premières années de sa vie. Le jeune homme n’avait pas conscience et surtout ne voyait pas le danger que cela pouvait impliquer pour lui. Il fonçait simplement tête baissé sans réfléchir un instant, pensant simplement à ce qu’il pourrait avoir à la fin. Callaghan lui jetait quelques informations, sans jamais en dire assez à son goût. Il avait des informations, d’accord, mais lesquels ? Quelqu’un de spécial et de peu impressionnable, mais qu’est-ce que cela voulait-il dire ? Mathéo devenait impatient, avide de réponse, il voulait que l’homme continue de parler.

– J’ai besoin d’en savoir plus, croyez moi.

Annonça-t-il simplement, avec une légère touche d’impatience dans la voix. A quoi jouait-il ? Pourquoi rester mystérieux sur cet homme alors qu’il voyait très bien que le jeune homme voulait avoir plus d’informations. Mathéo avait besoin de savoir. Ce n’était même plus une envie, cette curiosité le ronger chaque minute un peu plus. Et Callaghan se délectait surement de voir une telle réaction à ses propos. Mais il lui donna finalement quelque chose. Il lui fit comprendre qu’il pouvait l’aider dans sa quête de retrouver son père. Mais dans ce cas-là, il allait avoir besoin de son aide. Il voulait que Mathéo lui rende un service. Etrangement, ce fut un détail qui le réveilla un peu et qui le ramena sur ses gardes. Il commençait à se méfier d’avantage de cette situation. Etait-il en train de jouer avec un jeu avec lui ? Etait-ce la finalité de cette discussion ? Callaghan voulait que le jeune homme mène une sorte de mission pour lui ?

Sans vraiment le dire, Callaghan sous-entend que le père Collins faisait parti de ce groupuscule en faveur du plus puissant mage noir de tous les temps. Ce fut un premier coup à encaisser pour l’ancien serpentard. Il essayait tout de même de garder la face, et ne voulait pas que Callaghan voit qu’il était atteint par cette déclaration. Le visage fermé, il ne disait rien, se contentait d’écouter la suite des paroles de l’homme en face de lui. Apparemment il serait dans son intérêt de lui prouver sa valeur pour attirer son attention sur lui. Toujours sur la défensive, Mathéo avait du mal à réaliser les prochaines paroles de Callaghan. Une déclaration d’allégeance ? Alors c’était ça finalement ? Il voulait qu’il fasse parti des mangemorts. Sa mission était simplement de grossir le clan, et il voyait en Mathéo une bonne opportunité à saisir.

– Et si je refuse ?

Demanda-t-il. Il avait la sale impression que Callaghan ne lui laissait pas le choix.

Callaghan prenait beaucoup de plaisir depuis que les mangemorts avaient gagné leurs batailles, et qu’ils étaient au pouvoir. Il avait réussi à avoir un job beaucoup plus prestigieux, et surtout bien mieux payé. Alors que les différents interrogatoires étaient sa principale mission ces derniers jours, il recevait maintenant un jeune adulte du nom de Mathéo Collins. Gamin très intéressant. Pas pour son intelligence ou son charme, mais plutôt pour son arbre généalogique. Avoir trouvé qu’il était le fils légitime de l’un de ses collègues était une mine d’or. Parce qu’il allait pouvoir s’amuser à sa guise avec le gosse, mais aussi avec son collègue. Et vu la tête du gamin désespéré à l’idée de pouvoir retrouver l’homme qui l’avait conçu, il avait de bonnes chances d’arriver à ses fins avec celui-ci. Callaghan souriant, tandis qu’il se frottait les mains de réjouissance. Oh oui, il aimait tellement avoir le pouvoir et être capable de mener son jeu en manipulant, rusant, et en faisant tout ordre de plans. Quel bonheur sadique.

Et tandis qu’il observait le jeune homme devenir de plus en plus impatient avec lui, il exultait intérieurement. Les idées fusaient dans son esprit. Si bien qu’il ne savait pas encore à quelle sauce il allait manger le jeune homme. Il était très pointilleux, minutieux, et faisait attention de ne jamais en dire trop, mais toujours pas assez pour continuer d’attirer et de faire gonfler la curiosité de son ancien élève.

– J’ai besoin d’avoir quelques garanties avant de donner des informations personnelles de l’un de mes collègues.

Oui le jeune garçon n’allait pas avoir tout ce qu’il voulait servi sur un plateau d’argent, il devait en avoir conscience. Mais Callaghan ne facilitait réellement pas les choses. Il l’amenait doucement mais surement vers la pensée qu’il n’avait d’autre choix que de se soumettre à ses volontés s’il voulait avoir la chance de connaître son père. Pauvre jeune homme, il aurait mieux fait de rester dans son lit ce matin et ne pas se rendre à ce rendez-vous. Plus les minutes passaient, plus le piège était en train de se refermer doucement mais surement sur lui.

Callaghan fit comprendre au garçon qu’un serment d’allégeance était un pas qui pourrait l’aider à aller dans le bon sens avec son père. Evidemment c’était une grosse information, et le gosse se referma quelque peu. Pour une fois il ne lui répondit pas immédiatement, il prenait le temps de réfléchir avant de répondre. Dans un contexte politique comme celui-ci, ce n’était pas facile de prendre une telle décision. Mais ajouter des membres à la cause était quelque chose de bien vu par le Lord, et Callaghan voulait montrer sa valeur par la force de sa persuasion aussi. Il regardait le gamin dans les yeux, soutenant son regard, sans jamais baisser les yeux. Et il répondit finalement. Il lui demanda ce qu’il se passerait s’il refusait. Un petit sourire sadique apparut sur le visage de l’ancien professeur de botanique, comme s’il avait considéré ce genre de réponse dans sa tête. Il n’était peut-être pas si stupide que ça.

– Les conséquences d’un refus peuvent varier de la simple impossibilité à rentrer en contact avec ton père jusqu’à un accident impromptu pour une personne de ton entourage. Vois-tu, il serait réellement dans ton intérêt d’accepter ma proposition.

Répondit-il lentement de sa voix dur et froide.

– Je te laisse une semaine pour y réfléchir.