Mathéo ▬ Le principe de la colle-thérapie.

Le principe de la colle-thérapie

Cet élève la rendrait probablement folle, un jour. Quoi que sa dernière bêtise lui avait fait esquisser un léger sourire. Il avait du culot, Anna-Sophia ne pouvait pas lui enlever ça. Quoi que la frontière entre culot et stupidité était mince, et que la professeure ne savait plus trop si elle devait être amusée ou blasée par les idioties de ce Serpentard. Il y avait un peu des deux, finalement. Mais peu importait, lorsqu'elle l'avait vu danser en plein milieu de son cours, en plein milieu même d'une phrase qu'elle était en train de dire, la jeune femme avait lâché un soupire aussi long que son bras et s'était dirigée vers lui pour le faire asseoir à l'aide d'un ridicule petit sort, avant de lâcher « Et nous avons un nouveau gagnant ! Une retenue, Mr Collins, félicitation ! » avec toute l'ironie du monde dans la voix.

Bien entendu, ça en avait fait rire quelques uns dans la classe, et Anna-Sophia s'était contentée de lever les yeux au ciel en reprenant son cours. Elle n'était pas de ces profs qui faisaient des esclandres. Elle n'était pas non plus de ces profs qui arrêtaient leurs cours juste parce qu'il y avait un élément perturbateur. Elle essayait de remettre les choses en place, tranquillement, avant de reprendre. Voilà le genre de professeur qu'était Anna-Sophia de Woodcroft. Elle ne retirait pas de points, elle n'en faisait pas plus que nécessaire en terme de discipline. Et si quelqu'un continuait de se croire tout permis dans son cours, elle l'excluait, purement et simplement. Elle avait bien conscience que certains élèves en profitaient. Et elle plaignait ces élèves-là, sincèrement. Leur manque de sérieux leur jouerait des tours dans leur vie future...

Le jour de la retenue était arrivé. Un jour comme un autre, si ce n'était qu'elle finirait plus tard que les autres jours. Ce n'était finalement pas si régulier que ça, elle ne s'en plaignait pas. Peut-être deux fois par semaine, parfois plus lors des beaux jours, lorsque les étudiants pensaient que le soleil était une excuse suffisante pour pouvoir faire les pitres en classe. Elle regarda l'heure, réarrangea son bureau, sortit quelques copies pour la forme. Elle n'avait, en réalité, même pas décidé de ce qu'elle ferait faire au jeune Collins. Elle improviserait. Les occupations n'étaient pas ce qui manquaient.

Elle attendit l'arrivée de son élève, et se releva lorsqu'il passa la porte de sa salle de classe pour lui sourire et le saluer. « Installez-vous, Mr Collins, je vous en prie. Juste là, oui. Bien en face de moi. Là. Parfait. » Elle retourna s'asseoir à son tour, sans défaire son sourire de son visage. « Mes cours vous intéressent tellement que vous en voulez des particuliers, j'imagine. Je suis touchée, Mr Collins, mais vous n'avez pas besoin de danser... » un petit rire lui échappa, avant qu'elle ne se reprenne ; « … Je disais de danser en pleine classe, pour ça. Vous n'avez tout de même plus 12 ans, vous êtes censé être un peu plus mature que ça... Enfin, normalement. On s'attend à ce que des jeunes hommes de septième année soient en mesure de rester assis sur une chaise pendant une heure. Vous n'êtes pas d'accord ? Du thé ? »

Anna-Sophia se servit une tasse, tranquillement, en jetant un coup d’œil au tas de copies qu'elle avait à corriger, en soupirant, avant de reporter son regard sur Mathéo. « Je ne vais pas vous faire copier des lignes ou je ne sais quoi. Je ne sais pas trop ce que font mes collègues en terme de punition, pour ma part je trouve que de prendre une heure de l'emploi du temps personnel d'un élève est déjà une punition assez sévère en soi. Je préfère discuter. C'est la première fois que je vous ai en retenue. J'en serai presque émue, vous êtes tellement de fois passer à ça de vous retrouver en tête à tête avec moi ! J'ai attendu ce jour impatiemment. » Elle ponctua sa phrase d'un petit rire très sincère, sans moquerie aucune, seulement amusée par la situation. « Pardon, je deviens cynique quand je suis fatiguée. Donc, je disais que je préférais discuter. De quoi voulez-vous discuter, Mr Collins ? Allez-y, je suis toute à vous pendant une heure, sans arrière-pensées aucune, ne jouez pas sur le sens des mots. » Et puis, un rire mal retenu plus tard, elle se retrouva incapable de ne pas ajouter « … à moins que vous ne vouliez me faire rêver avec une nouvelle danse... » avant d'éclater de rire, sans réussir à se retenir, cette fois. La fatigue, cette grande ennemie...

“Il se passe quoi là au juste ?”

Anna-Sophia & Mathéo

C’était un soir de semaine, les cours étaient enfin terminés. Ça avait été une longue journée, du moins pour Mathéo qui n’avait eu qu’une seule envie : retourner dans son dortoir et s’affaler sur son lit pour se reposer. Mais ce soir, le Serpentard n’aurait pas cette chance. Du moins pas encore car il devait se rendre en retenue. Oui encore. Seule nouveauté, la retenue n’avait pas été imposé par le professeur McGonagall pour une fois mais par son professeur d’étude de Moldu. Lui qui avait réussi à échapper à l’exploit de ne pas se faire coller par ce membre du corps enseignant, avait tout gâché le jour même. En même temps, c’était un idiot fini, qui méritait surement de se retrouver privé de sa soirée.

Remontons un peu le temps pour comprendre. Mathéo et l’un de ses potes de dortoir Evan, s’étaient donc rendu en cours d’Etude de Moldu, un peu trop excité. Ils avaient eu une heure de libre avant, et en avait bien profiter pour s’énerver comme deux grands gamins. Ce qu’ils étaient de toute évidence. Bref, le jeu qu’ils avaient trouvé pour s’amuser était de se lancer des paris. Ils avaient donc fait ça pendant une heure. Des paris stupides. Et quand il était temps d’aller en cours, c’était au tour de Mathéo d’exécuter son pari. Ainsi Evan l’avait mis au défi de danser en salle de cours quand le professeur avait le dos tourné. Ainsi le Serpentard qui n’était pas du genre à refuser un défi, quel qu’il soit s’en était donné à cœur joie. Il avait essayé de se cacher un peu, pour que la prof ne le voit pas. Mais elle n’était pas complétement stupide. Elle était en train de parler, et avait été alarmé par les pouffement de ses camarades. Ainsi elle lui avait donné une retenue, en le félicitant ironiquement. Mathéo était donc retourné s’assoir, un pari et une retenue gagné en même temps.

Le jeune homme avait été calme le reste de la journée pour ne pas s’en prendre une de plus. Il avait quand même besoin d’un peu de temps pour faire ses devoirs ce soir. Puis il ne savait pas vraiment à quelle sauce il allait être mangé. Il avait l’habitude des retenues de la directrice des Rouges et Ors qui aimait bien être sévère et semblait prendre plaisir à le fatiguer. Est-ce que cette prof ci était du même genre. Encore plus sadique ? Ou au contraire beaucoup plus gentille ? Il le saurait bien assez vite. La journée passa à la lenteur d’un escargot et quand la sonnerie annonçant la dernière heure de cours retentit, Mathéo fut pendant un court instant soulagé.

Et très vite, ce fut l’heure d’aller en retenue. Rebecca lui souhaita bonne chance et les deux amis se quittèrent. Mathéo rejoint donc la salle de classe. Il passa la porte de la classe. Son professeur avec un grand sourire lui demanda de s’installer en lui montrant son emplacement.

*Genre, elle est trop contente que tu sois là ? C’est quoi le délire ?*

Elle continua en lui formulant l’hypothèse que Mathéo aimait tellement ses cours qu’il en voulait des supplémentaires, et que c’était sans doute l’une des raisons de sa présence ici. Elle en était touchée, mais rajouta qu’il n’avait pas besoin de danser. Le Serpentard avait la sale impression qu’elle était tout simplement en train de se foutre de sa gueule. Bon passons, cela faisait à peine cinq minutes qu’il était entré dans sa classe, il n’allait pas l’ouvrir. Il ne tenait pas vraiment à passer un mauvais quart d’heure. Elle rigolait. Mathéo la fixait un sourire jaune sur le visage. Il ne savait pas vraiment comment il avait le droit de réagir avec cette prof. Et ensuite elle commença un petit discours comme quoi il n’avait plus douze ans, qu’il devait être un peu plus mature que ça, qu’il aurait dû l’être capable de rester une heure assis sur sa chaise sans bouger. Puis elle lui proposa du thé.

*Attend quoi ? Elle est sérieusement en train de proposer du thé ? Tu veux des petits gâteaux aussi petit bébé ?*

Mathéo acquiesça, n’étant pas sûr que sa proposition ne soit en réalité qu’un test, auquel il ne fallait absolument pas dire non. Tout était étrange. Elle lui parlait genre normalement, ou du moins, elle n’était pas en train de lui hurler dessus comme lui avait l’habitude. Et comble de l’histoire elle lui proposait même du thé, comme s’ils se faisaient simplement une petite réunion chez le psy ou je-ne-sais-quoi.

Elle lui annonça en suite qu’elle n’allait pas lui faire copier des lignes. Merci mon dieu, car le jeune homme avait horreur de ça. Et puis elle commença à dire que prendre une heure sur son emploi du temps était déjà une punition suffisante. Si seulement elle pouvait aller dire ça à Mcgo, ça ferait plaisir au Serpentard. Mais si elle n’avait pas l’intention de lui donner des lignes ou de lui demander de faire le boulot d’un elfe de maison, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire pendant une heure entière. Elle lui annonça qu’elle préférait discuter. Elle rajouta que c’était la première fois qu’elle l’avait en retenue, qu’il était souvent passé à pas grand-chose mais que ce jour était enfin arrivé, qu’elle attendait ce jour avec impatience.

*OH LA du calme, il se passe quoi là ?*

Elle eut un petit rire, puis s’excusa de devenir cynique quand elle était fatiguée. Elle lui demanda donc de quoi il voulait discuter. Elle était tout à lui pendant une heure. Puis elle rajouta « à moins que vous ne vouliez me refaire une danse » juste avant d’éclater de rire à nouveau. Ok, cette entrevue était la plus étrange qu’il n’avait jamais eu jusqu’à maintenant.

– C’est un gag ?

Demanda le jeune homme. C’était les premiers mots qu’il prononçait depuis son arrivée. Vraiment il se posait la question. Sa punition c’était de discuter avec elle ? Non ça ne pouvait pas être aussi simple, elle devait avoir un plan machiavélique caché derrière tout ça. Toutes les retenues qu’il avait eu avant, et il y en avait eu des tas, il les avait passé à faire des lignes et récurer les moindres coins de l’école de sorcellerie Poudlard. Et aujourd’hui, il allait parler ?

– Sérieusement vous voulez que je fasse le ménage de la salle ?

Le jeune homme ne comprenait vraiment pas, et dans sa tête c’était quasiment impossible qu’elle soit sérieuse et ne veule seulement que l’entendre parler pendant une heure. Elle devait vouloir vraiment le punir, pour qu’il n’ait plus jamais envie de recommencer à perturber sa classe. Il n’y avait que de l’incompréhension qu’on pouvait lire sur le visage de Mathéo à ce moment-là.

– Franchement j’ai absolument rien à dire, vous avez qu’à noter sur votre carnet que je suis un cas désespéré qui ne respecte pas l’autorité et bla bla bla et me donner un truc à faire.

*Alors toi t’es vraiment très coopératif comme garçon. Pour une fois qu’une prof ne veut pas te tuer à la tâche…*

C’était peut-être ça qui était perturbant, le fait qu’un membre du corps enseignant veule vraiment discuter avec lui, savoir ce qu’il a à dire, et ne pas juste le punir sans prendre le temps d’échanger quelques mots.

Le principe de la colle-thérapie

Il acquiesça simplement lorsqu'Anna-Sophia lui proposa du thé, et la jeune femme lui en servit une tasse en même temps qu'à elle-même. Ce n'était naturellement pas un test, en aucune façon, simplement de la politesse. Une politesse qui montrait que le professeur d'étude des moldus ne se considérait pas comme particulièrement supérieure à ses élèves. Elle avait, certes, un rôle disciplinaire au sein de cette école. Mais également une mission pédagogique. Et c'était davantage pour la pédagogie que pour la discipline qu'elle avait décidé de devenir professeure. Ainsi, elle lui fit une petite morale, sur ce qu'impliquait le fait d'avoir dix-sept ans. La majorité sorcière, ne l'oublions pas. Et ce qui venait avec une majorité étaient naturellement les responsabilités. La maturité, également. Du moins, c'était ce que l'on pouvait se permettre d'attendre d'un jeune homme en fin d'adolescence.

Quant à la suite, son élève lui fit l'effet d'une carpe que l'on venait tout juste de sortir de l'eau et qui s'étouffait au contact de l'air. Il était paumé, et Anna-Sophia n'avait aucun mal à le voir. S'il s'attendait ici à être pris pour un imbécile ou, au choix, pour un elfe de maison, c'est qu'il n'écoutait pas les bruits de couloir la concernant. Elle essaya de calmer son rire, tout en se repassant la petite danse de son élève en boucle dans son esprit, avant de rire encore un peu à sa question. « Non, Monsieur, ce n'est pas un gag. » Elle dû se faire violence pour ne pas laisser son hilarité prendre le dessus, et elle but une gorgée de son thé pour se calmer un mininum. Il allait finir par croire qu'elle se fichait de lui. Rectification ; vu l'expression de son visage, il devait déjà se dire qu'elle se fichait de lui.

Mais Mathéo semblait bien décidé à la faire partir en fou rire. Entre son air complètement perdu, et les mots qui sortaient de sa bouche, Anna-Sophia avait un mal de chien à ne pas exploser de rire à nouveau. Il lui demanda s'il voulait qu'il nettoie la salle, et la jeune femme secoua la tête. « Ce ne sera pas nécessaire, non. C'est très gentil à vous de proposer. » sa voix avait une petite pointe d'amusement qu'elle ne pouvait pas cacher. Mais l'amusement retomba comme un soufflé loupé à la suite des mots de son élève. Qu'elle note qu'il était un cas désespéré ? Elle fronça très légèrement les sourcils, avant de planter un regard un peu plus sérieux sur lui. « Je ne pense pas que vous soyez un cas désespéré. » articula-t-elle particulièrement clairement.

« Vous êtes un élève perturbateur, certes. Vous avez très visiblement un soucis avec l'autorité également, certes. Mais de là à vous coller une étiquette de cas désespéré ? Si vous êtes habitué à ce qu'on le fasse, cette heure risque de vous sembler surréaliste, je n'ai pas pour habitude de rabaisser mes élèves. » Elle soupira très légèrement, avant de détacher ses cheveux pour se masser la tête en fermant un peu les yeux. Quelques secondes de répit. Elle devait bien avouer qu'elle rêvait d'une longue douche bien chaude, et de ses ridicules chaussons confortables. Mais son attention se reporta très vite sur le jeune homme assis en face d'elle. « Et puis, on a tous des choses à dire. Ce qui nous manque le plus souvent, ce sont des personnes pour écouter. Enfin, mettons les choses au clair entre nous. Je ne suis pas votre mère, et ce n'est pas à moi de faire votre éducation. Mes collègues trouvent peut-être particulièrement judicieux de vous faire récurer Poudlard, moi je trouve que c'est de la pure connerie. Ce n'est pas comme si faire ça allait vous empêcher de refaire une bêtise qui vous reconduira directement en heure de colle, pour recommencer exactement la même chose, et ainsi de suite. Ça n'a aucun sens. Vous voulez de la discipline, allez donc voir le professeur McGonagall, je suis certaine qu'elle sera ravie de vous faire astiquer le moindre trophée de la salle des trophées. Pour ma part, ça ne m'intéresse pas. »

Elle poussa un nouveau soupire, avant qu'un sourire n'illumine son visage. « Je sais. Posez-moi des questions, et si j'y répond j'aurais le droit de vous en poser une. J'ai le droit à tout moment de refuser de répondre, vous également, et dans ce cas nous perdrons le droit pour un tour de poser une question. Une sorte de jeu. Je n'ai très honnêtement pas envie de fourrer mon nez dans le tas de copies que vous voyez là, et je ne pense pas que vous mourriez d'envie non plus de nettoyer ma salle ou de vous lancer dans une longue dissertation sur « Pourquoi je dois me montrer exemplaire en cours » que je ne lirai même pas. Maintenant, on peut faire ça, aussi, si vous préférez. Savourez ce moment, je doute que vous ayez souvent l'opportunité de choisir votre punition. »

“Il se passe quoi là au juste ?”

Anna-Sophia & Mathéo

Pour Mathéo, cela semblait tout à fait impossible que son professeur ne veuille pas lui donner une vraie punition. Certes être obligé d’être en retenue l’embêtait déjà beaucoup, mais en temps normal ce n’était pas en soit la seule punition. Mathéo était un grand habitué des heures de retenue. Il en avait tout le temps ou presque. A son arrivée à Poudlard, il n’avait pas tenu une semaine avant de se faire mettre sa première colle. C’était d’ailleurs par le professeur McGonnagall. Ah cette fameuse directrice des Gryffondor lui en faisait voir de toutes les couleurs depuis maintenant sept ans. Sans relâche derrière son dos, à sévir au moindre écart de comportement, au moindre petit pas de travers. Elle avait les yeux partout, surtout en ce qui concernait les bêtises ou même éventuelle bêtise de notre cher petit Serpentard.

Ce professeur avait l’air très différent. Même complètement l’opposé de ce que Mathéo avait l’habitude. En général, on n’était pas du tout tendre avec lui quand il était en retenue, justement car il les accumulait. Il avait l’habitude qu’on lui crie dessus, et qu’on lui fasse faire des tâches longues et ennuyeuse. Mais parler ? Non ça il n’avait pas l’habitude du tout. Les professeurs en avaient généralement rien à foutre de ce que les élèves pensaient et avaient à dire. Le Serpentard pensa tout d’abord à une blague. Après tout, c’était l’explication la plus plausible au fait qu’elle soit si « gentille » (oui parce qu’elle continuait quand même à se foutre bien et correctement de sa gueule pour sa danse qui était magnifique soit dit en passant.) C’est pourquoi il lui demanda si elle était sûre de ne pas vouloir que Mathéo fasse le ménage ou autre chose. Il préférait travailler maintenant que se rendre compte plus tard que tout ceci n’était qu’une blague.

*Tu proposes toi-même de faire l’elfe de maison ? Mais qu’est ce qui t’arrive au juste ?*

Mais une seconde fois, elle refusa. Elle me remercia et déclina sa proposition de faire le ménage. C’est vrai que la salle n’en avait pas forcément besoin puisqu’elle était déjà propre. Finalement le jeune homme ne sachant plus sur quel pied danser, lui annonça qu’elle n’avait qu’à marquer sur a fiche qu’il était un cas désespéré et tout le blabla administratif. Son professeur répondit sérieusement qu’elle ne pensait pas qu’il était un cas désespéré. Elle admit qu’il était un élève perturbateur et qu’il avait visiblement un souci avec l’autorité. Mais elle trouvait visiblement que dire de lui qu’il était un cas désespéré était quand même un peu exagéré. Elle lui annonça également que si Mathéo avait l’habitude qu’on lui dise ça, il allait passer une heure assez surréaliste, car elle n’avait pas l’habitude de rabaisser ses élèves.

La prof soupira légèrement. Mathéo n’ouvrit pas la bouche et resta silencieux. A vrai dire, il était encore sous le choc de ce qui se passait. Cette retenue semblait à dix mille lieux de toute celle qu’il avait eu auparavant. Il ne savait pas ce qui était bon de dire. A vrai dire Mathéo s’en fichait un peu si elle voulait le rabaisser ou quoi, il avait suffisamment été collé pour pouvoir dire qu’il avait l’habitude, ce n’était plus vraiment le genre de choses qui le touchait au final. Puis il avait survécu à trois mois de colles avec Mcgo donc il était plutôt bon et fier de lui pour ça. A côté maintenant, les retenues paraissaient toutes plus ou moins douces. Mais celle-là était simplement surprenante. C’était comme-ci la prof qu’il avait en face de lui ne cherchait pas trop à le punir mais à essayer de s’intéresser à lui.

*T’as pas l’habitude hein, gamin ?*

Le jeune homme lui avait dit qu’il n’avait rien à dire. Mais son professeur, bien évidemment le reprit, pour elle, tout le monde avait des choses à dire et ce qui manquait la plupart du temps était quelqu’un pour écouter. Elle voulut mettre les choses en clair en précisant qu’elle n’était pas sa mère. En effet, elle n’avait rien à voir avec la sienne tant par le physique que par la manière dont elle s’adressait à lui. Ce n’était pas à elle de faire son éducation. De toute façon, Mathéo n’était plus un gamin désormais, il avait dix-sept ans et était même considéré comme un adulte dans le monde magique. Cette prof n’avait vraiment pas la même vision des punitions que les autres professeurs. Pour elle, devoir récurer les moindres couloirs de Poudlard, était vraiment idiot et inutile. Elle ne voulait pas imposer de discipline stricte avec des punitions tout aussi stricte.

– Ca fait plus de six jours que Mcgo m’a pas collé, c’est un record. Hors de question d’aller la voir et de lui rappeler que j’existe.

Lança le jeune homme avec un sourire, en espérant que sa familiarité en parlant de la Directrice des Rouges et Ors ne serait pas mal pris. C’est vrai que bizarrement McGo semblait l’avoir oublié. En général il ne passait pas quelques jours sans qu’elle lui mette une retenue pour telle ou telle raison. Mais aujourd’hui, ça faisait exactement et très précisément six jours qu’il n’avait rien vu. Un record depuis le début de l’année. Mathéo en parlait avec désinvolture parce que finalement les retenues avec la prof de métamorphose était devenue une habitude, d’ailleurs le jeune homme pourrait presque faire un créneau dans son emploi du temps que pour ça, tellement ça revient très souvent. Il avait parié avec quelques camarades sur la prochaine fois qu’elle le collerait. Mathéo avait dit qu’il tiendrait 8 jours. Il devait donc se cacher encore de cette femme deux jours pour être sûr d’empocher l’argent.

Son professeur avait eu une idée. Le Serpentard pouvait lui poser des questions, et si elle répondait, elle avait le droit d’en poser une à son tour. Elle avait le droit à tout moment de refuser et lui aussi, mais ils perdraient l’avantage de poser une question. Ils allaient donc en quelques sorte jouer pendant cette retenue. Et bien dis donc, si Mathéo avait pu imaginer une seule seconde qu’il se passerait ça à sa retenue … Elle lui avoua qu’elle n’avait pas envie de corriger ses copies, et supposa que Mathéo n’avait pas forcément envie de faire une dissertation sur un sujet particulier. Elle lui conseilla de saisir l’opportunité, car il n’aurait sans doute pas l’occasion très souvent de choisir lui-même sa propre punition.

*Elle a pas tort en même temps.*

– Merci.

Lança le jeune homme dans un souffle. Il ne l’avait pas dit fort, ce n’était pas non plus une habitude d’avoir ce mot dans la bouche pour le Serpentard. Bien au contraire. Il avait donc le droit de poser une question à son professeur, n’importe laquelle. C’était une chouette opportunité quand même.

– Qu’est-ce que vous pensez de la montée en puissance de Vous-savez-qui ?

Demanda le jeune homme. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais c’était la première question qui lui était venu en tête.