Aurora / Le temps d'une visite

Aurora acquiesce d'un mouvement de la tête mais elle ne comprend pas, elle ne peut pas comprendre, après tout, ce n'est pas possible, parce qu'elle n'a pas vécut ça. Pas vraiment. Elle a perdu des proches en devenant une maman, c'est vrai. Quelques amis se sont éloignés d'elle alors, parce qu'elle n'avait plus sa liberté d'avant pour sortir et s'amuser, mais ce n'est rien de comparable car la sorcière n'a pas eut à tourner le dos à sa famille. Personne pour souhaiter qu'elle paye une quelconque trahison. Personne ne souhaite que l'ancienne bleu et bronze paye quoi que ce soit. Ses parents l'aiment toujours, l'aident à s'occuper de son enfant... Elle en peut qu'imaginer ce qu'est le choix de ce garçon, ce que cela implique. Il lui semble courageux, d'avoir tourné le dos à tout ça. Mais il n'avait peut-être pas vraiment le choix.

«- J'imagine que je ne peux pas vraiment savoir, que je ne peux que supposer, qu'imaginer... mais que tout ce que je pourrais imaginer en essayant de me mettre à votre place, ne sera pas à la hauteur de la réalité, malheureusement... »

Et tant mieux, dans le fond. Pour elle, en tout cas. C'est au moins la preuve que dans sa vie elle a reçut un équilibre, qu'elle n'a pas eut à subir les choix, les idéaux, de ses géniteurs. Alors pour elle, cet homme a du courage et ce d'autant plus que le courage peut prendre, de toute façon, plusieurs forme. Qu'il n'y a pas qu'une seule sorte de courage, une sorte universelle, loin de là. Il en existe plusieurs. Il a ut une forme de courage. D'autres auraient préférés, sûrement, ne pas perdre leurs parents, ne pas être seuls... et choisir donc de les suivre, de ne pas se rebeller.

«- Effectivement. Mais je pense que les choses commencent à changer malgré tout et c'est sur cela que l'on doit se fixer. Voir qu'il y a une évolution. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas grandiose. Mais les mentalités évoluent. Je le crois, en tout cas. Mais c'est un travail commun, un travail de tout les jours, pour la faire avancer.»

Il n'aime pas les adultes. Ne leur fait pas confiance. Et ça lui semble terrible. C'est le témoignage de ce que des adultes ont fait de lui. Et ça, elle peut le comprendre, elle peut comprendre à quel point ces mots sont effrayant. Même si ça ne le changera pas, comme il le dit. Et il n'est pas question de cela, dans le fond. Cela appartient à son identité, après tout, c'est ce qui compose son essence. Mais aujourd'hui, l'adulte c'est lui. Une affirmation qu'il réfute cependant.

«- Je dois avouer que c'est une façon de penser assez juste, selon moi.»

On est adulte quand on est responsable. Non ? Quand on est de plein pieds dans ce monde-là. Et elle ? A quelle catégorie appartient-elle avec cela ? Probablement à celle des adultes. Elle est mère, à présent. Les responsabilités, ça la touche de plein fouet.

On ne peut pas comprendre si on ne le vit pas, la demoiselle veut bien le croire. Parce qu'elle vit la même chose avec sa maternité. Les gens disent comprendre ses problèmes, mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas possible qu'ils comprennent, quand ils n'ont eux-même pas d'enfants, ou quand ils les ont eut après leurs études, comme c'est le cas normalement, dans la suite logique des choses. Ils ne comprennent pas non plus ce que c'est que d'élever un enfant toute seule, à moins d'être eux-même des parents célibataires. Et de son âge, il n'y en a pas tant que ça même si quelques ventres à l'université commencent à s'arrondir. Faut croire que la guerre donne des envies de pouponner. La demoiselle pour sa part ne croit pas qu'elle pourrait faire un enfant dans de telles conditions, avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Elle en élève déjà une, avec la peur que l'avenir joue conte elle. Mais il y aura toujours quelque chose, pour inquiéter le cœur d'une mère après tout.

«- Je n'en doute pas... Les gens ont toujours tendance à dire qu'ils comprennent, même quand ils ne peuvent pas, parce qu'ils ne savent pas vraiment ce que c'est, ils ne savent pas vraiment ce que ça implique... Alors je ne comprends pas non, mais je ne doute pas que ce soit aussi désagréable et difficile à vivre que vous le dite, si vous ne le souhaiteriez pas même à un ennemi...»

Mais l'humain est une drôle de créature en fin de compte, qui croit toujours tout savoir, toujours tout comprendre, quand il ne sait en fin de compte pas grand chose. C'est le propre de l'homme. Se croire supérieur également, comme ils en parlent justement en évoquant la question des créatures magiques que les sorciers asservissent, notamment les gobelins de Gringotts avec lesquels le jeune homme travaille si bien qu'il n'a pas d'ennuis pour que l'administration se presse de répondre à ses demandes, de peur de froisser les gobelins dont la réputation n'est pas des plus tendre après les révoltes de ces derniers bien que l'affaire soit aujourd'hui ancienne.

«- Oh non, en effet je doute que nous puissions vivre assez vieux pour voir cela effectivement. Mais je ne sais guère comment nous pourrions faire pour accélérer le processus. Le plus important est probablement que cela ne soit pas trop rapide à se faire, mais que cela soit durable, en tout cas. Je le pense, tout du moins.» remarque la demoiselle.

Car rien ne sert de se hâter si les mentalités ne changent qu'en surface, si ça ne dure pas. C'est un travail en profondeur qui doit être réalisé, ni plus ni moins et qui prendra donc des années. Ils sont bien trop peu de choses pour changer la donne d'un claquement de doigts.

«- C'est tout à votre honneur que de ne pas juger les autres. Malheureusement, bien peut de monde s'applique à faire de même. L'être humain se permet bien trop souvent d'émettre un avis sur tout et sur tout le monde, principalement quand leur avis n'a pas été demandé.» remarque la jeune mère. «En revanche être capable de se juger, si cela est fait avec bienveillance, permet de s'améliorer.»

L'abus, en revanche, reste mauvais. Comme tout abus.

Il n'a pas tord, le jeune homme. Quand les autres disent qu'ils comprennent, ils ne comprennent pas vraiment et ils le savent, eux-mêmes. Ils le savent mais ils le disent parce que c'est la compassion qui se manifeste dans ces mots, tout simplement. Une compassion dont on ne veut pas toujours, dans un même temps. Il dit ne pas vouloir, dans un même temps, que les gens comprennent. S'ils en étaient capable, ça voudrait dire qu'ils ont vécut ou vivent quelque chose de similaire et souhaiter qu'ils comprennent, alors, ferait de lui un monstre. La demoiselle voit ce qu'il veut dire. Elle est d'accord, dans son cas, souhaiter que d'autres connaissent cela, ce serait monstrueux. Dans le sien, elle ne souhaite à personne d'être abandonné par le père, ou la mère, de son enfant. Mais avoir un enfant jeune, si les deux parents s'aiment, si tout se passe bien, alors il n'y a pas de raison de ne pas le souhaiter à qui que ce soit... mais encore faut-il, évidemment, que ça se passe bien. Là est tout l'enjeu de la chose.

«- Oui je comprend ce que vous voulez dire. Il ne serait certainement pas très gentil de souhaiter qu'ils soient en mesure de réellement comprendre votre position en effet. Et que leur compréhension relève en réalité de la seule compassion que notre situation peut leur inspirer. Quand bien-même on peut ne pas avoir envie de voir les autres compatir, de les voir nous prendre en pitié.»

Il voudrait changer le monde, Caleb. Et la demoiselle est bien d'accord avec lui car le monde, les moldus comme les sorciers, ne peuvent pas continuer ainsi. Le monde doit changer c'est un fait. Mais ce n'est pas un drame si eux-mêmes ne voient pas le résultat final de tout ça. Elle préfère voir les choses évoluer petit à petit pour être durables, que de voir le résultat final d'un monde changé trop rapidement, en surface seulement, si bien que ça ne tiendra pas. C'est ce qu'elle souligne, de fait.

«- Oui, exactement. Il faut aussi apprendre à nos enfants à entretenir et aller plus loin que ce que nous auront entreprit. Il faudra probablement des décennies, voire des siècles, comme pour la question des droits des femmes, mais le principal reste que les choses, un jour, puisse aboutir. J'espère transmettre à ma fille la conscience de l'importance qu'il y a à mettre en place ces changements.» explique l'ancienne bleu et bronze.

Il pense à beaucoup de choses, Caleb et il a une idée de la vie et de la sienne, surtout, bien à lui. Parce qu'il pense qu'il sera adulte le jour où il sera responsable, pas avant. C'est une façon de voir les choses, que son interlocutrice peut comprendre. Il a des idées bien arrêtées, quand il critique l'art que l'homme a de se comparer perpétuellement aux autres, de se copier, de créer finalement une normalité factice. C'est un moyen de se rassurer, que de créer ce moule et s'y conforter.

«- Oui on a toujours tendance à regarder les autres et faire comme eux, je crois que d'une certaine façon, assez stupidement, se conforter à un moule a quelque chose de rassurant. On se sent comme les autres, sur la bonne voix, en quelques sorte. Je ne dis pas que c'est la chose à faire, mais je pense que c'est pour cette raison que le monde avance ainsi.» remarque la jeune femme.