Hadysso ♠ We need to talk

L'air passablement grave en cette mi-janvier, la sorcière quitte son bureau pour rejoindre celui de son époux. Elle a passé un long moment à sa table, à réfléchir, penser... Ce qui lui arrive lui fait peur, elle a peur de ce que pourrait devenir son mari après cette annonce, parce qu'elle a peur de ce qu'il peut faire maintenant qu'il a obtenu d'elle ce qu'il voulait. Poussant un soupir, elle entre dans le bureau de ce dernier sans s'annoncer, sans frapper et elle le dévisage, alors qu'il regarde ses copies, qu'il les corrige. Qu'il fait le sale boulot que McGonagall a bien voulu lui laisser. La sorcière soupire et vient finalement s'assoir près de son mai, à même le bureau. Elle repense à cette nuit où c'est arrivé, où la douceur de son mari lui a fait oublier sa potion. Elle le dévisage, ne sait comment lui parler. Il a cet air si déstabilisant et dangereux...

Comme il la questionne, son épouse le regarde plus franchement, posant son regard dans celui de son époux. Ce regard si bleu qui, elle le sait, fait vaciller les autres femmes. Ces femmes qui risqueraient cher si elles osaient tenter quelque chose de déplacer avec le sorcier. Calypso a beau ne pas se sentir amoureuse et ne pas raffoler de la violence de son époux, il n'en reste pas moins que c'est le sien et qu'aucune femme, ni aucun homme d'ailleurs, n'a intérêt à chercher le moyen de le détourner d'elle. Leur relation est compliqué et elle-même ne saurait pas le définir mais puisqu'il aime à lui rappeler qu'elle lui appartient, la sorcière lui renvoie l'ascenseur, tout simplement.

"- Je suis enceinte." finit-elle par avouer le cœur battant en se demandant alors ce qui peut bien se passer dans la tête de son mari désormais, ce qu'il projette pour elle sitôt que l'enfant sera né. "C'est arrivé ce soir-là où vous n'avez pas cherché à me contraindre à vous faire un enfant."

La sorcière se mord la lèvre. Bon, son mari a donc remarqué qu'elle contrecarrait ses plans pour avoir une descendance et il n'en a rien dit avant ce jour ? La sorcière trouve cela bien curieux. Elle se serait attendu à ce qu'il la réprimande dès qu'il aurait remarqué le stratagème. Mais soit, elle ne va pas se plaindre parce qu'elle n'a pas été corrigée, à vrai dire.

Écoutant son mari, la sorcière a l'impression de s'étrangler. Qu'elle l'élève selon leurs pensées, alors qu'elle-même ne sait plu où elle en est ? Qu'elle commence à douter de la supériorité des sang-pur face aux autres, aux sang-mêlés ? Dire ce genre de choses à son enfant sans être elle-même intimement convaincue de la véracité de ses propos ? Cela lui semble compliqué. Très compliqué. La sorcière le dévisage en sentant une certaine colère monter en elle.

"- C'est un enfant, pas une machine de guerre. Je tiens à lui offrir l'enfance normale qu'il mérite, je tiens à ce qu'il grandisse en s'amusant et découvrant le monde à son rythme. J’élèverai mon enfant comme on élève normalement un enfant et je le laisserait faire ses propres choix. Tout les sang-purs sont-ils donc à ce points sans cœur pour ne pas désirer d'abord le bonheur de leur descendance ?" dit-elle sans attendre de vrai réponse, comme elle sort en claquant la porte derrière elle.

Un point pour Hadès. Dans son agacement Calypso n'a pas pensé aux autres mangemorts ni à ce qu'ils pourraient faire à leur enfant s'il n'est pas "comme il faut". Elle se souvient que leur collègue, Destiny Rosier, qui travaille comme professeur de sortilège est par ailleurs recherchée par sa famille probablement pour se faire tuer, comme Calypso croit savoir que la blonde s'est révoltée contre ce système. Et tout cela lui fait encore plus peur. Quand on défend une cause qui est juste, il semble à la sorcière que l'on a pas besoin de tuer. D'imposer sa vision des choses par la violence. Elle ne sait pas trop, se sent un peu perdue.

"- Je... je n'y avais pas pensé... Mais cette idéologie..."

La sorcière semble torturée en ne sachant pas trop quoi dire et puis elle explique à son mari sa position quand à l'avis de recherche sur l'enseignante en sortilège, sur ce qu'elle ne pense pas être digne d'une cause quand celle-ci est juste, explique qu'elle ne comprend pas pourquoi une idée si elle est bonne doit être instaurée par la violence. Et puis...

"- Cette idéologie me semble tellement caduque ! J'y pense de plus en plus. Mais Londubat qui est un sang-pur n'a pas de très grandes capacités. Alors que Mademoiselle Evans, qui est une née-moldue est un de mes meilleurs éléments. Monsieur Blavis, Miss Williamson, Monsieur Rogue... Ce sont tous des sang-mêlés et meilleurs que bien de mes élèves pur. Vous m'aviez dit que les sang-pur méritaient davantage leur magie que les autres. Mais je ne sais plus !"

Pourquoi lui fait-elle part de ses doutes ? Pourquoi parler de la sorte à un homme qu'elle a vu tuer de sang-froid des êtres vivants sans manifester de regrets ? Pourquoi croire qu'elle peut lui parler impunément de ce qu'elle croit ? Peut-être parce qu'elle a bien remarqué qu'il était un peu plus agréable avec elle ces derniers temps, que malgré ses menaces, il n'a jamais vraiment blessé sa compagne. Ou en tout cas il ne l'a pas tué. Alors elle parle. Elle parle parce que dans le fond elle n'a personne à qui le dire, personne à qui se confier quand tombe la nuit. personne d'autre que lui.

Elle hoche de la tête. Elle ne le dirait jamais à qui que ce soit, elle n'est pas folle non plus, elle n'ira pas tenir un tel discours devant, par exemple, Lucius Malefoy ou Bellatrix Lestrange bien entendu. Soupirant, elle se détourne finalement de lui.

"- Dois-je savoir autre chose ?"