Perturbant réveil * Hadysso

Le noir total, sa tête lui fait mal et elle entend comme un bourdonnement. Essayant d'ouvrir les paupières, la brune est aveuglée par la vive lumière au-dessus de sa tête, si bien qu'elle referme aussitôt les yeux, portant une main à son crâne. La sorcière est allongée elle ne sait où. Sa tête lui semble vide. Que s'est-il passé ? La jeune femme ne saurait le dire. Elle se souvient d'être une sorcière, de formules magiques, de son âge aussi, de trucs très généraux. Mais sa vie plus intime s'est fait la mâle semble-t-il et la jeune femme ne parvient pas à la ramener. Elle cligne un peu des paupières, cherche à s'habituer à la lumière, grimace… Si elle pouvait voir ce qui l'entoure, la sorcière saurait peut-être retrouver quelques souvenirs. Mais sa mémoire reste désespérément muette. Remarquant du mouvement à sa droite, la jeune femme tourne la tête, plisse les yeux pour essayer de distinguer quelque chose, la lumière lui donnant encore mal à la tête. On dirait un homme, de dos. Un homme, parce que la jeune femme lui voit de larges épaules et une coupe courte. Mais elle ne distingue pas grand-chose de plus.

Essayant de se redresser, la brune remarque enfin qu'elle est installée au centre d'un lit moelleux, enveloppé de couvertures. Mais elle ne sait pas où elle est. Ni qui est cet homme qui ne semble toujours pas avoir remarqué qu'elle est réveillée. Calypso se demande comment elle-même s'appelle, qui elle est. Ce n'est pas facile, d'avoir le cerveau vide, la mémoire fuyante. La sorcière ne comprend rien au fait de se souvenir sans mal de détails et rien d'important. Furieuse contre elle-même, la jeune femme cherche sa baguette. Mais le bout de bois magique n'est pas dans sa poche et la jeune femme remarque d'ailleurs qu'elle porte une robe. Bien. Une robe noire. Oui, ça ne lui apprend pas grand-chose. Sinon que cet homme en noir ne lui a rien fait de trop intime, visiblement.

La gorge sèche, Calypso voudrait boire et cherche un verre, mais il n'y a rien, pas même sur la table de nuit. Elle en conclu que ce n'est pas chez elle, il lui semble en effet se souvenir qu'il y a toujours un verre non-loin de son oreiller. Bon, puisqu'elle ne sait pas se souvenir par elle-même, peut-être que ce type qui regarde toujours pas la fenêtre pourra l'aider ? La sorcière grimace de nouveau alors que sa tête lui fait mal. Et puis elle reporte son regard sur cet homme. Qui est-il ? D'où vient-il ? Et pourquoi reste-t-il auprès de sa personne, tandis qu'elle dort ? La jeune femme l'observe encore sans rien dire. Il est imposant, elle s'en rend un peu plus compte maintenant. Enfin, elle se décide à parler et s’éclaircit la voix dans un raclement de gorge, pour qu'il se retourne. Plusieurs questions se bousculent mais seulement deux parviennent à franchir le seuil de ses lèvres.

«- Où suis-je ? Qui suis-je ?»

Dans le lit, la sorcière ne comprend guère la situation. Un bourdonnement emplie sa tête et une envie de pleurer d'empare d'elle. La jeune femme se sent si vide, si inutile. Que lui est-il donc arrivé ? Qui est cet homme ? La brune ne souvient de détails, de fragment de vie. Mais tout ce qui est vital ou important, elle n'en a plus de traces. Qui est-elle et d'où vient-elle ? Qui sont ses parents, quel est son nom, qu'elle est sa nature ? Et qui est cet homme à la fenêtre fier, droit, le regard perdu sur l'extérieur ? La sorcière se sent perdue. Elle sait être une sorcière mais rien de plus. Elle se souvient tout à coup de sortilèges lancés, mais elle ignore le contexte de cette bataille et quel y était son rôle. Elle ignore si c'était un cours, un duel amical ou une guerre. Elle se sent perdue, simplement. Et ce bourdonnement dans sa tête... Calypso la prend entre ses mains, comme si ça allait calmer la douleur. Oublier toute une vie c'est douloureux. Surtout, le cerveau n'est pas d'accord de se sentir vidé, violenté, on dirait.

L'homme fume, la brune sent la désagréable odeur de la cigarette jusqu'ici, infiltrant ses narines. Bon sang, elle ne connait pas ce truc mais elle sait déjà qu'elle déteste. Lui, il est plutôt élégant à vrai dire. Mais de le voir mieux ne la renseigne pas sur son identité, ni sur ce qu'elle fait ici. Son regard suffisant a quelque chose d'intimidante et sa posture donne une idée de danger. Calypso dans sa robe noire se sent petite et faible face à lui. Comme une proie face à un prédateur. Il est si froid, quand il la regarde, sans émotions. La jeune femme frissonne en croisant son regard, perturbée par ce manque d'éclat, perturbée par son attitude. Qui est-il ? Pourquoi est-il là ? Pourquoi elle-même est ici ?

"- Chez moi ? Je... Je met toujours un verre sur ma table de nuit et je n'en vois pas... Je ne peut pas être chez moi. Je ne me souviens pas de cette chambre. Je... je ne me souviens de rien." balbutie la sorcière perdue. Ses souvenirs sont flous ? C'est le moins que l'on puisse dire. "J'ai voulu tuer moi ? Mais pourquoi... ?" questionne la sorcière surprise, ne comprenant rien à cette discussion. Pourquoi voudrait-elle tuer ? L'ordre du phénix ça lui dit vaguement quelque chose, comme un lointain écho. Mais rien de précis. "Vous... vous êtes mon mari." répète la sorcière. "Depuis ce matin ? Et j'ai voulu tuer quelqu'un dans... dans la même journée ? Je... je ne comprend rien de ce que vous me racontez et j'ai... tellement mal à la tête..." grince la jeune femme, une larme roulant le long de sa joue.

Tenue Mangemorte:

Il soupire et roule des yeux, sans aucune patience visiblement. Elle a vraiment épousé quelqu'un comme ça ? La sorcière est surprise, quelque part mais ne répond rien. Le flot de choses qu'elle apprend occupé bien trop l'intégralité de son attention pour que la sorcière puisse prendre le temps de s'inquiéter de détails. On les as attaqué pour leur mariage et elle veut voir les êtres purs dominer le monde sorcier. Ah. Ce que sont les impurs, ça elle s'en souvient. Vaguement. Mais pas vraiment comme des êtres abject ? Elle a peut-être oublié tout bêtement.

Il lui montre un tatouage à son bras, très laid. Et la rousse vérifie son propre bras de peur de trouver le même motif. Heureusement non. La voilà soulagée mais un détail la chiffonne. Elle est sienne ? Ah oui mais elle ne se souvient pas vraiment de lui alors au goût de la brune ça ne compte pas.

"- Rectification pour le moment je suis une femme et je suis potentiellement votre. Mais je ne me souviens pas du tout de vous aussi j'attendrai de me rappeler notre histoire pour me dire être à vous. Et encore nous ne serions que liés je ne suis pas une propriété, pas un territoire."

Comme il lui donne une robe à  enfiler la jeune femme observe la curieuse et austère tenue. Ce doit être une blague ?  Elle est presque certaine de n'avoir jamais porté ce genre d'accoutrement par le passé c'est bien trop laid. Alors elle le dévisage et si elle note qu'il est bien fait de sa personne elle ne s'en émoi guère.

"- C'est une plaisanterie ? C'est bien trop sombre pour que j'ai porté une telle tenue un jour ! Et puis quoi encore, je me suis marié en noir corbeau ?" demande la demoiselle sans aucune méchanceté mais arborant un air perdu.

La baguette pointée sur elle, Calypso déglutit. Evidemment elle n'a pas la sienne et elle est encore bien trop faible pour se défendre en usant de magie sans baguette. Là face à lui, la sorcière a peur, c'est vrai. Mais elle ne reconnait absolument pas cette robe. Elle n'a pas envie de porter quelque chose d'aussi sombre il ne lui semble pas que cela soit dans ses habitudes. Elle ne dit rien pourtant, se contenter de regarder la baguette puis le vêtement, puis de nouveau la baguette. Baguette qui fait exploser une lampe. Et il dit des mots qu'aucune femme ne voudrait jamais entendre : parler d'un mariage sans amour. Elle a beau chercher dans sa tête il ne lui reste rien que quelques souvenirs impersonnels ou elle n'entend pas son nom. Il ne lui reste que des détails, des moments futiles et des cours. Pourtant elle se rappelle d'une question, posée par une voix de femme, une conversation avec celle qui est probablement sa mère mais seuls les mots reviennent à sa mémoire, sans l'image. Et sa génitrice demande ce qu'elle espère pour son avenir, avant que l'enfant ne parle d'un homme charmant "comme papa, qui me respectera". Ah bon. La petite Calypso s'est bien trompé de voie et se demande ce qui a put arriver, en quinze années, pour qu'elle soit apparemment si différente de ce qu'elle a été.

Elle ne dit rien et comme il s'habille elle fait de même avant de lui emboiter le pas pour quitter les lieux. Arrivant dans une ruelle, apprenant ce qu'elle va devoir faire ce soir, Calypso se sent effrayée. Elle va... torturer ? Vraiment ? la sorcière se sent mal à l'aise, cela ne lui semble pas naturel, pas bien. mais elle se souvient de cette lampe explosée et du fait qu'il ne l'aime pas. Elle se remémore son air excité en parlant de torture et de meurtre. Ce n'est pas bien compliqué en fin de compte. C'est sa vie ou celle de l'innocent. Mais comme ils avancent dans la rue et qu'elle aperçoit une adolescente son cœur se serre. Alors elle pousse un petit cri, comme si elle s'était fait mal et prétend avoir foulé sa cheville, se sentant encore un peu faible. L'adolescente a le temps de filer, c'est bien. C'est un vieillard qui se pointe alors dans cette ruelle sombre. C'est mieux, il a déjà bien vécut. Ainsi raisonne Calypso en frissonnant avant de le pointer du doigt.

"- Lui. C'est lui que je veux..."

En fait non, elle ne veux pas. Mais c'est lui ou c'est elle, ou ce sera les deux. C'est beau comme le choix est vite fait... quand on ne l'a pas.

La douleur, la violence, Calypso n'aime pas ça. Enfin elle ne croit pas. Alors torturer quelqu'un ou le tuer ce n'est absolument pas dans son intention. Voyant une jeune fille elle préfère détourner l'attention de son prétendu mari sur un petit vieux. Il a moins à perdre qu'une adolescente comme elle a la vie devant elle et un tas de choses à découvrir encore. La sorcière n'a peut-être plus de mémoire mais elle a encore des valeurs. Enfin plus ou moins. Elle ne sait plus mais il lui semble. La sorcière grimace un peu quand même en voyant l'homme si déterminé à faire le mal et, de plus en plus, elle se demande comment elle a pu se marier avec lui.

Voyant l'homme avancer vers elle, la brune ne se méfie pas tout d'abord mais elle finit par comprendre les intentions de ce dernier, vieillard qui tient mal sur ses jambes et elle prend peur. Elle a un pas de recul mais l'instinct l'emporte sur la raison, sur les valeurs et la baguette de la sorcière se lève. Un sort, un seul pour se débarrasser de lui. Mais elle remarque l'absence de son mari.

Elle change alors d'idée. Un autre sort, vite. Un éclair de lumière rouge jaillit et paralyse l'homme, ce dernier tombe alors au sol aux pieds de la brune. Son coeur bat plus vite et elle panique. D'un coup elle l'attrape et  transplane par réflexe dans un parc de Londres, loin de ce quartier et la peur envahie tout son être. Son mari est fou. Et elle est aussi folle que lui si elle l'a vraiment épousé. Elle pose le vieux sur un banc et se detourne de lui.

Dans la nuit noire la jeune femme marche sans savoir où elle va, seulement éclairée par les lampadaires moldus. Et puis elle retourne au quartier. Elle a son mensonge en tête. Quand Hades arrive, la sorcière déclare avoir gagné et donné le corps aux lions du zoo, qu'elle se sent fatiguée et veut rentrer. Un petit malaise non-feint donne du crédit à son histoire qu'elle donne sans faillir alors que ce sang sur lui la dégoûte, mais elle ne cherche pas à en apprendre d'avantage. Le tableau fait suffisamment peur comme cela.