Event n°12 * You know how the story ends

 Jaylin restait silencieuse. Dans sa chambre s’était devenus un vrai bordel. Elle aurait aimé que tout le monde s’en ailles, qu’ils arrêtent de crier et elle sentait que maintenant tout allait être bien compliqué pour leur faire oublier ce qu’ils ne devaient pas savoir. Elle n’avait jamais vu Télia aussi en colère, mais d’un autre côté est-ce qu’on pouvait le lui reprocher ? Et de l’autre elle voyait Tibus et Caleb relativement calme aussi perdu l’un que l’autre. Quand elle voyait Serena, quand elle entendait les mots que prononçaient Télia elle ne pouvait qu’imaginer la souffrance que l’ancienne gryffondor pouvait ressentir. Entendre des paroles aussi dures de la part de sa mère faisait mal. Mais Télia n’était la mère de personne pour le moment, elle se sentait berner presque trahis par la blonde qui lui faisait face. L’ancienne serdaigle était bien plus au courant de ce qu’il se passait avec cette histoire de lettre que les deux autres venus bien plus tard. Mais Jaylin avait comprit que Caleb n’en avait pas reçu et elle aurait préféré que Tibus ne lui donne rien, ne lui dise rien et vienne seule. Elle ne voulait pas affronter tout ça, elle ne voulait pas avoir cette discussion car elle savait ce qu’il allait advenir, elle savait que trop bien ce qu’il se passait. La tristesse emportait petit à petit l’ancienne serdaigle qui se retenait pour que les larmes ne coulent pas encore. Elle aurait aimé que ses parents soient là pour lui dire quoi faire, que sa mère la prenne dans ses bras aussi et lui dise que tout allait bien se passer. Mais elle savait aussi ce que Madame Faucett lui aurait dit. Jaylin était capable d’arranger les choses et tout rentrerait dans l’ordre. Mais pour cela fallait-il en venir à là ? Fallait-il atteindre cette solution. Elle écouta ce que disait Télia à Serena et ce que cette dernière répondait quand la blonde sortit la pièce claquant la porte par la même occasion. Jaylin sentit le regarde de Caleb sur elle avant même qu’il n’ait prononcé le moindre mot et quand la question tomba, la jeune femme sentit son cœur faire un bond. Elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas avoir cette discussion, ni maintenant ni jamais. Jaylin avait la sensation que son cœur allait sortir de sa poitrine tellement il battait et elle laissa le silence s’installer après la dispute qui venait d’éclater. Elle se redressa, souffla un bon coup et ferma les yeux quelques minutes. Survivre à la rune, survivre à la douleur. Il devait savoir. Pouvait-elle encore faire croire à une blague après tout ça ? C’était peu probable. Et elle rouvrit les yeux, les planta dans le regard marron de Caleb. Jaylin aurait aimé fuir de sa chambre à ce moment-là, car elle pouvait anticiper la suite. D’une voix tremblante, mais presque sûre d’elle, elle commença alors : « Tu l’as sans doute comprit Caleb. Comme vous l’avez tous comprit. » Son regard ne quittait pas Caleb, non pas qu’elle ne voulait pas voir Télia ou Tibus, mais à cet instant elle s’en voulait de ne pas lui avoir dit la vérité. De s’être attaché autant à lui. Elle soupira. « Nous ne venons pas de cette époque, nous venons d’une époque où la guerre fait rage, où nous perdons des êtres chers. Ce voyage dans le temps n’est pas de notre fait et je ressors tes paroles, Cab mais non une personne qui joue avec le temps ne mérite pas la mort, même si c’est une idiotie complète. Vous avez reçu des lettres vous informant de tout ça alors que vous ne devriez rien savoir. » La rune la brûla violemment, la douleur devenant de plus en plus intense à chaque mot prononcé et machinalement elle posa sa main dessus comme pour tenter de contrôler la souffrance. N’était-ce pas que justice après tout ce qu’il s’était passé ? Mais sentit la douleur ne l’aidait pas à garder une voix calme. « Il n’était pas questions de mensonges, ni même de jouer avec vous comme vous le pensez, de nous servir de vous comme vous le pensez si bien. Nous n’avions pas le choix. Ou si on avait le choix de ne pas se mélanger à vous. Et maintenant que vous savez que va-t-il vous arriver hein ? Quelle question allez-vous nous demander sur l’avenir ? Que Tib et Télia finissent ensemble ? hé bien oui, pas qu’une simple histoire de cul. Que Caleb est bien le parrain ? Oui aussi … » reprit-elle alors que la douleur se faisait encore plus vive au point qu’elle sentait sa tête tourné comme si son corps entier la brûlait pour lui dire d’arrêter. Mais Jaylin se fit violence, encore plus. Tenir le coup, effacer leur mémoire, les convaincre de le faire. Son regard restait sur le visage du brun. « Croyez-moi je sais ce que vous pensez, je sais ce que vous ressentez. Vous allez me détester … Tu vas me détester Caleb, je le sais. Et nous aurons beau nous excusez, ça ne servira à rien. » Sa voix était tremblante, mélangé à la souffrance de son cœur et celle de la rune, elle était clairement sur le point de pleurer. Elle n’en pouvait plus. « On ne joue pas avec le passé. C’est un fait. » Les larmes commencèrent lentement à couleur sur ses joues, mais elle serra les dents pour contrôler la brûlure qui la saisissait. Elle allait vriller, s’effondrer inconsciente et tant que Serena ne serait pas revenue, elle devait tenir bon. Mais qui irait la retrouver ? Télia, certainement pas, Caleb, non plus … peut-être Tibus. « Je dois vous faire oublier … tout oublier quitte à effacer nos existences de votre mémoire. Mon existence pour toi Caleb. » Jaylin ne tenait plus la douleur et dû s’asseoir sur son lit pour ne pas s’effondrer. Partir, oublier, ne plus être dans leur vie … était-ce ça la solution ? Qu’est-ce que sa mère aurait dit ? « Quand tu aimes quelqu’un il y a des sacrifices que tu dois être capable de faire. » Oui elle devrait le faire, elle n’avait pas le choix. Jamais il n’accepterait.

Naturellement, comme les deux filles pouvaient s'y attendre, leur père n'est pas très ouvert à la discussion, pas très enclin à laisser ses filles lui effacer la mémoire. Pourtant, il faudrait bien que les deux filles le fassent, parce que si comme leur père le faisait remarquer, elles n'étaient pas encore folles, rien n'empêchait qu'elles le deviennent prochainement. Alayna est la plus prompte à réagir, soulignant ce fait et sa jumelle hoche la tête. Oui, en effet, à force d'avoir mal à leur runes, elles pouvaient devenir folles en effet. Et même sans la runes, le simple fait de court-circuiter à ce point l'espace temps pouvait avoir des répercussions. Il n'y a rien de normal à ce que deux personnes fréquentent la version bébé d'elle même.

«- Nous ne sommes pas folles pour l'instant. Et je dis bien pour l'instant. Rien ne te garantie que nous ne le deviendrons pas quand nous nous auto-croiserons. Comment crois-tu que deux réalités puissent survivre dans le même espace temps ? Que deux personnes puissent se fréquenter elle-même enfants ? Je ne suis pas la plus raisonnable des deux, je laisse ce soin à Alayna d'ordinaire, mais pense bien à cela. Effectivement, on ne connaît rien de ce que le temps nous réserve. De ce que cela implique de jouer avec celui-ci.»

Le discours de son père, pro-mangemort, révulse la sorcière autant qu'il révulse sa sœur. Toutes deux ont vu cette nuit là. Le sang, la douleur, les larmes, la tristesse. Est-ce que tout ceci en valait la peine ? Pourquoi l'homme à tête de serpent aurait-il raison plus qu'un autre ? Alors qu'Alayna s'oppose fermement à aider le seigneur des ténèbres dans sa quête de victoire, Lyanna hoche la tête vivement, soutenant sa sœur.

«- Il ne peut de toute façon pas gagner.» affirme la jeune femme bien qu'elle ne puisse en être certaine.

Et pourtant, elle était on ne peut plus proche de la réalité. La prophétie indiquait que le seigneur des ténèbres devait marquer son opposant comme son égal, stipulant ainsi qu'il devait donc mourir ce soir du 31 octobre 1981, en liant pour toujours Harry Potter à son destin. Partant de là, il ne pouvait donc pas gagner dans quelques mois, puisqu'il serait détruit, affaiblie et que les mangemorts seraient en cavale.

Leurs parents devaient les écouter. Il n'y avait pas d'autres solution. Et alors qu'Alayna fait remarquer que les parents ne sont peut-être plus en vie dans leur réalité, Lyanna ne peut que grimacer. D'autant plus que le discours résigné de sa mère fait froid dans le dos, alors qu'elle annonce platement qu'elle va mourir.

«- Ou nous allons mourir. Nous sommes partis à un moment X. Quand nous y reviendrons, peut-être que vos choix feront de nous des cibles. Peut-être que si nous n'étions pas parti, nous serions mortes quelques minutes plus tard... Qui sait ?»

Cela supposait que la bataille aurait finit par reprendre, quand Voldemort se serait rendu compte qu'Harry Potter n'était pas mort comme il le pensait en revenant, victorieux, à Poudlard. Mais Lyanna n'a pas le temps d'en dire plus que sa sœur finit par s'effondrer sous le coup de la douleur et leur mère demande qu'elle soit emmenée chez eux par leur père. Lyanna a un geste pour empêcher ce dernier d'approcher de sa sœur, se dressant entre elle et son père.

«- Personne ne va nulle part !» annonce la jeune femme résignée en jetant un regard inquiet à sa sœur.

Le discours de sa mère ne manque pas de perturber Lyanna, alors qu'elle songe que tout serait beaucoup plus facile si ses parents savaient, si elle avait l'occasion de tout leur raconter. Mais la runes pouvait les détruire si elles parlaient trop franchement à leurs parents pour leur épargner certaines erreurs et elle ne pouvait pas être certaine que les choses n'empirent pas si elles ne faisaient pas tout rentrer dans l'ordre de nouveau.

«- Je sais que ce serais plus facile, certainement.» annonce la jeune femme en essayant d'être pour une fois, plus réfléchie qu'impétueuse, alors qu'Alayna n'est plus en mesure de le faire. C'est sa peur, qui guide la jumelle. «Mais ce n'est pas possible. Et si la rune capte que nous n'avons pas fait ce qu'il fallait !? Si la rune devenait plus efficace, plus redoutable, plus douloureuse encore ? Nous devons le faire, parce que nous ne pourrons jamais vous empêcher de commettre certaines choses sans êtres trop directes, trop explicites...»

Lyanna se penche au-dessus de sa sœur, observant son bras.

«- Ok... Tu ne va peut-être pas apprécier mais... enervatum !» lance la demoiselle pour réveiller sa sœur et permettre que celle-ci soit de nouveau consciente. Le sortilège fonctionnant, Lyanna surveille le réveil de sa sœur en jetant quelques coups d’œil à ses parents. «Allez la belle au bois dormant ! J'ai b'soin toi moi ! J'fais fonctionner que la moitié d'mon cerveau, tu sais bien !» lance-t-elle comme un appel à l'aide à sa jumelle.