L'année avait commencé maintenant et comme Lucrétia attendait des nouvelles de la part des responsables au sujet de sa convention de stage il n'en restait pas moins que la demoiselle devait prendre son stage en enseignement au sérieux pour le moment. Aujourd'hui elle devait donc voir le professeur Jones pour sa première leçon en tête à tête au sujet de la préparation des cours, en amont, de sorte qu'elle puise parfaitement préparer le sien pour le mois prochain. De bonne heure en ce samedi matin, Lucrétia avait donc quitté la Ruby House pour se rendre à l'université, non sans avoir accordé un soin tout particulier à sa tenue. Rejoignant ainsi la salle de classe du professeur Jones, elle remarque rapidement que ce dernier n'est pas encore là et s'installe en supposant qu'il ne devrait pas tarder.
La demoiselle installe ses affaires, quand une dame entre dans la salle en semblant chercher, elle aussi, le professeur Jones. Lucrétia s'avance en lui adressant un sourire pour la renseigner, si elle le peut, se demandant qui peut être cette femme. Et l'inconnue la regarde de bas en haut, puis de haut en bas, la jaugeant comme un insecte avant même que l'aspirante chercheuse n'ait eut l'occasion de la saluer. La jeune sang-pur n'apprécie pas vraiment l'attitude de la jeune femme face à elle et cette dernière ne semble toutefois pas s'en préoccuper.
«- Le professeur Jones ?» «- Il ne devrait plus tarder.» «- Vous travaillez avec lui ?» «- Oui je...»
La demoiselle n'a pas le temps de préciser qu'elle est l'étudiante du professeur Jones que la femme la jauge encore en tendant des feuilles que Lucrétia prend non sans une certaine hésitation. Elle jette un œil à l'en-tête comme la femme demande à ce qu'elle remette ça au professeur Jones avant de tourner les talons.
«- Mais mais attendez je ne peux pas...»
Lucrétia n'a pas le temps de finir de protester que la femme claque la porte derrière elle, laissant la demoiselle seule en tête à tête avec sa liasse de paperasse dont elle ne sait que faire alors qu'elle ne se voit pas donner au professeur les papiers d'un divorce qui ne la concerne pas.
Tight like a rope, try to not reach for memories. Lover, lover, what have we done ? We made our heart leap, then it gave up. Lover, lover, let me in. You came in the door like thunder, then hit the floor like thunder. Laying me down you wonder. You came towards like thunder.
Samedi matin, et il était temps de quitter son appartement pour se rendre à la faculté. Timothy appréciait finalement bien son nouveau travail. Malgré des débuts hésitants en cours, n’ayant pas d’expérience dans la matière, il arrivait peu à peu à trouver ses marques, et espérait que rapidement tout se passerait pour le mieux. Aujourd’hui, il devait commencer par voir avec l’une de ses élèves, ou plutôt stagiaire, un projet de cours, avant de s’adonner complètement à ses recherches pour le reste de sa journée. L’homme n’était ni en avance, ni en retard. Ce nouvel appartement dans lequel il avait récemment emménagé se trouvait à quelques pas de l’université, ce qui était très pratique puisqu’il devait désormais s’y rendre presque tous les jours. Evidemment, il avait eu du mal, émotionnellement parlant, à quitter sa maison. Mais c’était une décision naturelle en conséquence des problèmes avec sa femme. Malgré les semaines qui passaient, celle-ci n’avait visiblement pas l’intention de revenir sur sa décision. Bien que cela ne soit pas facile à accepter, Timothy n’avait maintenant plus d’autre choix que d’avancer. Elle avait fauté, et prit une décision. Il ne pouvait pas la forcer à revenir dessus, mais il devait avant tout penser à lui maintenant. Ils n’avaient pas encore eu une discussion à propos de l’avenir. Il s’était pris un appartement sans en parler à Astrid. Mais il devait tout de même trouver un moment pour lui parler. En dix ans, ils avaient partagé énormément de choses, notamment du matériel. Mais cette discussion ne serait pas des plus plaisantes. C’était peut-être pour cela que Timothy essayait de la repousser le plus possible. En attendant, il chassa sa femme de son esprit. Il était grand temps de se rendre à l’université. Il traversa le grand parc puis se rendit au département de la recherche et du professorat. C’était dans sa salle de classe qu’il allait retrouver Miss Croupton pour faire un point sur sa première mission en tant que stagiaire. Il pénétra dans la classe. La jeune femme était visiblement de celles qui aiment arriver à l’heure. Ce n’était évidemment pas pour déplaire à son professeur qui voyait en la ponctualité une grande qualité. « Bonjour Miss Croupton, j’espère ne pas vous avoir fait trop attendre. J’ai quelques nouvelles concernant votre stage. » Dit-il avec un sourire, tandis qu’il pose ses affaires sur son bureau.
Il sort un calepin et un crayon. Il en aura besoin pour prendre quelques notes par rapport à la préparation de la jeune femme. Après tout, les dirigeants du département demandent aux professeurs de faire un rapport sur les stagiaires. Surement pour surveiller leur implication, mais également pour nourrir leur dossier. Mais le plus important était d’entendre les projets de la demoiselle pour son futur cours. Cela la stressait un peu, il l’avait bien remarqué lors de leur première entrevue. Et Timothy voulait la mettre à l’aise. Après tout, elle performerait beaucoup mieux si elle était totalement en confiance, et il était là pour lui donner cette petite dose de confiance qu’elle avait besoin. Mais alors qu’il allait lui demander de lui faire un petit rapport sur ses recherches, il remarqua qu’elle faisait une drôle de tête. « Tout va bien, Miss ? » Demanda-t-il, un peu inquiet pour son élève.
La demoiselle est complètement sous le choc, surprise par ce qui vient de ce passer, par ce manque de correction manifesté par cette femme, qui lui remet un document aussi important sans même la connaître. Lucrétia est totalement sur les fesses. Complètement déboussolée par cette attitude qu'elle ne comprend pas. Comment cette femme peut-elle agir ainsi, avec un tel détachement ? La brunette a l'impression tout à coup d'être devant une pièce de théâtre. Ce comportement est exagéré et ne peut que servir une intrigue tordu, qu'elle ne comprend pas, qu'elle ne peut pas comprendre dans l'immédiat. N'est-ce pas ? La demoiselle entend à peine son professeur lorsque ce dernier arriver, totalement perdue dans ses pensées, l'air préoccupé. Quand elle réalise la présence de l'homme, elle sursaute presque et lui adresse un sourire comme ce dernier lui parle, assurant avoir des nouvelles pour son stage mais, si elle tente de se montrer intéressée par ses dires, son visage pour sa part garde un air on ne peut plus soucieux vis à vis duquel son professeur est prompt à s'inquiéter, en cherchant à savoir si son étudiante va bien.
Que dire, que faire, comment peut-elle lui donner ce document elle-même ? Elle n'est que son étudiante après tout, la situation est délicate pour elle. Et elle aurait mieux aimé ne pas être le genre d'étudiante qui vous tend les papiers du divorce, de la part de votre femme. Pour lui elle aurait préféré lui envoyer un petit regard appuyé et une proposition innocente qui ne l'était pas tant que ça. La jeune femme déglutit en relevant le visage vers lui et essaie de dissiper l'expression qui a prit place sur son visage, afin d'adresser un large sourire à son professeur, un sourire de façade, qui ne parvient pas à dissimuler tout à fait les émotions de son visage. Et finalement, elle tend ce dossier à son professeur, la mine renfrognée, gênée, mais consciente qu'elle ne peut faire autrement, qu'elle n'a pas le choix.
«- Votre... Votre épouse vient tout juste de partir elle... elle était là il y a cinq minutes. Je lui ai dis que vous alliez arriver rapidement, mais elle n'a pas attendu, elle m'a seulement donné ça en me demandant de vous le remettre... annonce la demoiselle en se mordant la lèvre inférieure. «Je suis désolé...» poursuit la brunette bien qu'elle n'ait rien à se reprocher là-dedans.
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Si le professeur de sortilèges n’avait pas réellement prêté attention à la mine de son étudiante lorsqu’il était entré dans la salle de classe, maintenant qu’il avait posé ses affaires sur la table, il s’était concentré sur elle. La demoiselle ne semblait pas aller très bien, et évidemment il était soucieux. Que pouvait-il donc bien se passer ? Elle lui offre tout de même un sourire. Sourire étrange qui sonne faux. Comme si elle voulait simplement garder la face, face à lui. Alors il lui demanda si tout allait bien. Si elle avait des problèmes personnels, ce n’était pas forcément son souci, mais si elle avait envie de se confier à lui, il pourrait être une oreille pour les écouter. Après tout, il était mieux qu’elle se libère de tout cela, pour être plus concentré sur son travail et sur sa présentation pour son cours de sortilège. Elle ne répond pas tout de suite, alors Tim lui donne du temps tout en l’interrogeant du regard. Il ne comprend pas. Mais finalement la bouche de son étudiante s’ouvre pour laisser passer quelques confidences. Elle lui raconte donc que sa femme est passée à la faculté, et qu’elle l’a vu. Cela pouvait être considéré comme étrange en soit, puisqu’Astrid n’était encore jamais venu ici. Pourquoi se déplacerait-elle à la faculté pour lui parler, alors qu’il serait beaucoup plus simple de lui demander de passer à la maison ? Elle n’avait pas attendu, et avait simplement remis des papiers à son étudiante.
Papiers qu’elle lui donna. Timothy ne pouvait être plus surpris. Il ne comprenait réellement pas ce qui avait pu se passé dans la tête d’Astrid pour ne pas avoir la correction de l’attendre. Après tout, ça aurait été le minimum, plutôt que d’étaler leur linge sale auprès de quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas. Il entendit la jeune femme s’excuser alors qu’il tend la main pour récupérer les papiers que Miss Croupton a encore dans ses mains. Il voulait garder son calme. Mais c’était compliqué. Sa femme venait de lui faire parvenir les papiers du divorce … et elle n’avait pas la correction de les lui donner en mains propres. Non elle préférait les donner à une étudiante. Il ne savait pas quoi penser. Il ne savait pas comment réagir. Il sentait simplement le démon monter en lui. Il ne pouvait cependant pas perdre son calme devant l’une de ses élèves, il s’en rendait bien compte. Mais mon dieu que c’était dur. Un faible rire sarcastique sortit de sa bouche, tandis que ses yeux parcouraient le papier. Elle ne pouvait pas être sérieuse, n’est-ce pas ? « Quel culot. Je n’arrive pas a y croire. » Ce fut quelques mots qui s’échappèrent de sa bouche, avant même qu’il ne puisse les retenir.
La jeune femme était toujours devant lui, et visiblement se sentait assez mal par rapport à cette situation. Evidemment ce n’était pas de sa faute. Et Timothy aurait préféré qu’elle ne soit pas impliquée malgré elle dans cette situation grotesque. « Je suis désolé Lucrétia. Elle n’aurait jamais du vous mettre dans une situation aussi délicate. Je … Excusez moi. » Pour le coup, il en perdait même ses mots, toujours sous le choc de recevoir ces papiers sans réellement s’y attendre, et surtout dans une situation comme celle-ci …
Pour être tout à fait honnête avec elle-même, en ce moment, Lucrétia ne se sentait pas au mieux et une certaine appréhension provoquait un rythme cardiaque légèrement accéléré. La demoiselle ne sait tellement pas comment se comporter face à une telle situation, comment annoncer ça à son professeur, comment lui donner les papiers qu'elle a encore entre les mains. Entre ces mains qui tremblent légèrement de cette charge qui lui a été confiée et dont elle ne voulait pas, naturellement. La jolie ancienne poufsouffle n'a pas les mots, ne sait pas comment elle peut bien se débrouiller dans une telle situation. Et puis finalement elle trouve un peu de courage, suffisamment pour se jeter à l'eau, alors et donner les documents du divorce à son professeur tout en racontant que l'épouse de ce dernier était passé un peu plus tôt et avait laissé cela pour lui.
L'homme souligne le fait que son épouse, future ex-épouse en réalité, ne manque pas de culot pour décider de gérer leur divorce de la sorte et la brunette admet que on enseignant a raison comme elle n'avait pas à avoir accès à ce genre de document, et qu'elle n'aurait pas dût avoir, normalement, à annoncer elle-même quelque chose comme ça à son professeur. Elle n'aurait jamais cru cela possible. Mais oui, voilà qu'elle vient de donner les papiers d'un divorce qui ne la concerne pas, à son propre professeur. L'histoire a de quoi surprendre et accabler, dans un même temps. La jolie brune ne comprend pas ce qui peut bien se passer entre les deux pour que l'épouse de l'homme ne lui donne même pas les papiers en main propre. De ce que l'homme lui en a dit, cela ne méritait pas un tel comportement de la part de son épouse. La brunette ne comprend pas. Il a oublié sa femme, en effet, pour la recherche. Mais de là à se comporter comme cela, à ne pas le voir directement pour régler cela avec lui et laisser une inconnue avoir accès à leur dossier...
«- Je suis vraiment désolé.» s'excuse encore l'étudiante comme son enseignant et maître de stage est en train de s'étonner du culot de son épouse, s'agaçant contre cette dernière.
Lucrétia ne sait pas quoi faire, ne sait pas quoi dire, ne sait pas où se mettre et elle le fixe sans savoir ce qu'elle peut faire pour le soulager un peu dans cette situation alors qu'elle suppose que ce ne doit pas être des plus faciles à gérer pour lui et ce même si en soit il n'apprend rien en voyant ces papiers, il lui avait déjà parlé du divorce. Mais la manière de faire, effectivement, laisse à désirer. Pourtant il assure à la demoiselle que ce n'est pas de sa faute, qu'elle n'aurait jamais dût être mise dans une telle situation. L'homme semble perdu mais il prend sur lui pour rassurer quelque peu l'étudiante.
Ils devaient travailler, mais la demoiselle le laisse digérer la nouvelle, comprenant bien que la situation doit être délicate et qu'il ne doit plus vraiment avoir d'attention à lui accorder pour tout cela, pour le moment. La brunette voudrait détourner son attention, lui changer les idées, sans savoir comment s'y prendre cependant alors qu'il reste sin professeur. Pourtant, finalement, deux gobelets de cafés arrivent depuis la cafétéria et d'un mouvement de baguettes ils se posent sur le bureau, où Lucrétia s'en empare, pour en tendre un à l'homme.
«- Café ?» propose-t-elle en s'installant face à lui avant d'ajouter. «Si vous voulez parler... vous pouvez. Sachez le.»