Chacun doit affronter sa destiné. Certains s'en sortent mieux que d'autres.

Je m'appelle Destiny Victoria Rosier, je suis née en Septembre 1954 au sein d'une famille de sang pur et ceci est mon histoire.

Mes parents m'ont appelés Destiny, parce que personne n'échappe à son destin. Ils voulaient un garçon, une sorcière ayant le don de double vu leur a dit que je serai une fille. Ils ont cru que non, jusqu'à ma naissance et puis... l'évidence. Victoria, en second prénom, pour que je n'oublie jamais de quelle famille je viens, quel est mon sang. Et pour que je me souvienne, chaque jour, que je n'ai pas le droit à l'erreur. Première née de la famille, j'ai eu un petit frère, en 1959. Père et mère commençaient à croire que le nom de Rosier s'éteindrait à mon mariage. Particularité, je n'ai pas été fiancé comme c'est souvent l'usage : père préférait me garder de côté pour "ses affaires futures, inutile de se presser". Longtemps j'ai su que je serai une monnaie d'échange pour ma famille. C'est ce que nous sommes, souvent, nous les filles. Ce que ma mère a été, avant moi.

Mes pouvoirs magiques se sont développés relativement tôt. J'avais quatre ans quand mes cheveux blonds sont devenus roux sous la colère, puis bleu. Maman a dit un mot que je n'ai pas compris, sur le coup. "Métamorphomagie". Mais mes dons magiques, ceux que je partage avec les autres sorciers ne se sont manifestés que vers l'âge de dix ans. A tel point que père craignait que je ne lui fasse l'affront d'être une cracmol. J'ai trouvé un autre moyen de lui faire honte : le choixpeau m'a envoyé à Serdaigle et non pas à Serpentard, comme mon père l'aurait voulu.

Inlassablement, la sorcière aux cheveux blonds relit les lignes qu'elle a écrite il y a des années, tourne les pages de ce cahier qu'elle a elle-même noircit, se remémore ses souvenirs. Les amis qu'elle a eut, ceux qui ne donnent plus de nouvelles, ceux qui ont changés. Un pâle sourire prend place sur ses lèvres. Quelques pages se tournent. Elle poursuit sa lecture. Et se remémore encore.


"- Tu as été quoi !?" demande son ami en la dévisageant.

Destiny n'a pas très fière allure, malgré sa robe impeccable, du haut de ses dix-sept ans. Le regard perdu, n'osant même plus regarder Tristan, qu'elle connait depuis leur entrée à Poudlard, la blonde aux corps couvert de quelques hématomes se laisse tomber dans un fauteuil, hébétée, alors que ses vacances ne se sont pas vraiment bien déroulés.

"- Tu m'as très bien entendu Tristan. J'ai dis à mon père que le sang-pur, impur et tout ça c'était seulement des conneries, que je refusais d'épouser un... ils appellent ça mangemort. Des types qui ont prévus d'établir la suprématie des sangs-purs. Il ne l'a pas bien prit et m'a puni... à leur manière. Doloris et.. Tu imagine la suite." raconte la jeune femme amèrement. "La seule obligations qu'ils avaient c'était... de me laisser pure. Pour leur marchandage."
"- Tu sais ce que tu va faire ?"
"- Voir Dumbledore. Je n'ai pas d'autres solutions. Je ne veux pas retourner là-bas. Je m'en suis sortie en admettant qu'ils avaient raisons, que j'avais eut un moment d'égarement... Je n'aurai pas deux fois leur clémence, je pense..."

Une larme roule sur le visage de la sorcière, vieillit de quelques années. Elle avait bien parlé à Dumbledore ce jour là, obtenu la protection de l'ordre et rejoint ce dernier en 1978. Un toit, également, pour ne pas retourner au manoir Rosier. Elle avait eut sa deuxième chance d'une vie meilleure. Cachée par le sorcier, elle intègre même Poudlard en septembre 1977 pour devenir professeur. Mais dans une vie le destin s'amuse. La roue tourne, tourne souvent.



"- J'accepte la Mission, Dumbledore." répond la sorcière sûre d'elle, alors que son coéquipier vient de dire la même chose.

Devenue rousse, le nez plus fin, les formes plus minces, la jeune femme sort du bureau en compagnie de son partenaire et ayant atteint Pré-au-Lard, tout deux transplanent pour remplir leur engagement. Seulement, les choses ne se déroulent pas toujours aussi bien qu'on le voudrait.

"- Expelliarmus ! Destiny !"

La sorcière sursaute à l'appel de ce nom, reconnaissant cette voix. Lentement elle se retourne. Et dire qu'elle a fait usage de son don de métamorphomagie. Cela ne suffit pas à tromper tout le monde, de toute évidence. Même si elle ne sait pas comment c'est possible.

"- Evan..." souffle la sorcière en apercevant le visage de son frère.
"- Et oui grande sœur ! Bien joué ! Alors, on fait le chien-chien pour Dumbledore ? On joue à la putain des Gryffondor ? On croit que l'on peu passer outre le sang ? Que l'on peut se rebeller contre sa famille ? Regarde toi donc... Toute seule au milieu de cette rue. Sans baguette..."

La rouquine tente d'envoyer un coup à son frère, qui bloque son poignet, la fusillant du regard.

"- Pas de bêtise, soeurette. Ce serait dommage d'abîmer un si beau visage. Un corps pareil. Si tu savais combien quelques mangemorts me paieraient pour... te passer dessus... Je devrais les laisser faire non ? C'est ça que tu veux ? Être un jouet pour mes confrères ?" susurre-t-il la voix douce, trop douce, démesurément douce.
"- Non."
"- Oh... Naturellement, on préfère les... bâtards et les traitres à leur sang ? Les nés-moldus, m'as-t-on dit..."

Prise d'un élan de courage, la sorcière arrache son bras de l'emprise de son frère et lui crache au visage, fuyant aussi vite que possible hors de cette rue, de cette impasse, alors qu'Evan rapidement est à ses trousses, baguette en main. Et elle n'a plus la sienne, puisque c'est le sorcier qui l'a. Acculée dans une ruelle de nouveau, elle sent son cœur vriller ses tympans.

"- Finit de jouer... Tout compte fait non, je ne te donnerai à personne. Tu pourrai nous faire encore honte... Père préférerai sûrement te savoir morte que devenue fille de joie... Un dernier mot peut-être ?"

La sorcière cesse toute métamorphomagie. A quoi bon ? Mesurant ses chances, elle les sait assez minces, malgré tout son courage. Autant mourir comme on nait. La blonde se prépare psychologiquement, ne ferme pas les yeux. Ce serait lâche et elle ne l'est pas. Elle regarde la mort en face. Une dernière preuve de courage, ou de son esprit têtu. Il y a tant de choses qu'elle aurait voulu connaître et ce ne sera jamais possible. Une larme unique roule sur sa joue.

"- J'ai toujours su que ce serait un Rosier qui me tuerait. Je ne savais simplement pas si ce serait mon père ou mon frère..." souffle la sorcière.

Un rictus se dessine sur les lèvres d'Evan. Une formule sur ses lèvres. Un éclat de lumière verte puis plus rien. Le corps de la blonde s'effondre sur le sol.