Ayla ▬ Destiny has two ways of crushing us... By refusing our wishes... And by fulfilling them.

“Destiny has two ways of crushing us... By refusing our wishes... And by fulfilling them.”

Ayla & Mathéo

Mathéo avait bien senti que ses paroles avaient légèrement refroidi la jeune femme. Il ne voulait pas être méchant ou la prendre de haut, ou quoi que ce soit. Mais elle ne comprenait pas ce que c’était de vivre avec une famille comme la sienne. Si la technique du gentil petit garçon calme qui ne s’énerve jamais marchait, il n’en serait pas rendu là aujourd’hui. Il lui avait dit qu’elle ne pouvait pas comprendre peut-être un peu trop violemment. Elle s’était reculé et avait baissé la tête, comme si elle était effrayée par lui, comme si elle avait peur. C’était justement ce genre de trucs qu’il ne voulait pas. Il ne désirait pas lui faire peur, simplement par quelques mots plus hauts que d’autres. Il n’allait pas être violent contre elle, du moins jamais de la même manière qu’avec sa famille. Pour des réactions aussi vives, il avait fallu des années et des années de mauvais moments, de mots blessants, de paroles déplacées, d’humiliations. Ayla ne le connaissait sans doute pas assez pour comprendre chacune de ses réactions, ce qui était normal, après tout, il ne se connaissait pas depuis des années non plus. Il s’était peut-être senti piégé et coincé par la Serdaigle qui lui disait qu’il fallait absolument changer son comportement, qu’on ne pouvait pas être violent comme ça. Mais il ne voulait pas être comme ça, ce n’était pas totalement un choix qu’il avait fait. Il avait simplement essayer de survivre du mieux qu’il pouvait dans cette famille, et bizarrement la violence marche beaucoup plus efficacement que la gentillesse et la patience, voilà tout.

*Oui mais ne t’énerves pas contre elle, elle peut ni savoir ni comprendre ce qui se passe chez toi, mon grand.*

Non elle ne pouvait pas comprendre, parce qu’elle avait une bonne famille, avec deux parents aimant qui l’acceptait pour ce qu’elle était. Elle avait été une famille où l’amour et la joie de se retrouver primait sur tout. Et même sans les connaître, Mathéo pouvait deviner que ses parents étaient fier d’elle et lui portait un amour sans limite. Alors oui, à cause de ça, de sa fantastique vie familiale, elle ne pouvait pas comprendre ce que c’était de vivre dans une famille déchirée, de vivre avec des gens qui ne vous acceptent pas tel que vous êtes, de vivre avec des gens qui cherchent une faiblesse pour pouvoir mieux l’utiliser ensuite. Manipulation, trahison, humiliation. Voilà ce qui pouvait décrire sa famille ces seize dernières années. Ayla était fantastique, et Mathéo l’aimait beaucoup, mais il savait qu’elle ne comprendrait surement jamais ce qu’il vivait. Elle le voyait avec un œil neuf, un œil objectif, et avait envie de donner des conseils pour arranger les choses. Mais même si Mathéo lui racontait ce qu’il s’était passé, ce n’était que sa version à lui, qui pouvait très bien être déformé par sa colère et sa haine.

La jeune femme lui répondit finalement qu’elle aimerait pouvoir comprendre pour pouvoir mieux lui venir en aide, mais elle se pensait quand même bien inutile aujourd’hui pour lui. Elle lui expliqua qu’elle n’avait pas d’expérience en matière de famille qui se déchire, et les livres qu’elle avait pu lire sur le sujet n’indiquaient pas vraiment comment limiter les dégâts. C’était bien une Serdaigle pour aller se réfugier dans les livres. Mathéo n’était pas vraiment comme ça, quand il avait un problème son premier réflexe n’était pas d’ouvrir un bouquin, ni même son deuxième, ni même son dernier.

– Accepte le fait que tu ne puisses pas forcément m’aider pour ça.

Répondit le jeune homme calmement. Il ne disait pas ça méchamment au contraire. Mais là était la vérité, peu importe le nombre de livres qu’elle lirait, ou le nombre de recherches qu’elle ferait, il lui sera sans doute impossible d’aider le Serpentard. Peut-être n’y a-t-il pas de moyen de lui venir en aide. Il doit simplement trouver une solution tout seul ou continuait comme ça. Il devait se débrouiller tout seul, comme il l’avait toujours fait. Et il allait surement y arriver, il avait simplement besoin d’un peu de temps, pour digérer, pour se reprendre en main, et après ça, tout irait bien mieux. Il avait du temps devant lui de toute façon, avant de penser à régler ou non les problèmes avec sa famille.

Mathéo se questionnait beaucoup sur sa mère depuis qu’il était revenu à Poudlard. L’incompréhension se mêlait parfois avec la colère. C’était dur pour le jeune homme de réussir à faire la part des choses par rapport à ses vacances. Ce dernier après-midi avait été tellement explosif, et avait fini encore une fois par sa fuite. Ce souvenir était douloureux, et réveillait en lui la colère. A cause de ça, il avait un peu de mal à se concentrer et à remettre les pièces du puzzle ensemble. Sa mère avait-elle été totalement fausse envers lui ? Elle avait passé de nombreux moments en sa compagnie pendant les vacances. En général il passait au moins un moment par jour ensemble, que tous les deux, entre trente minutes et deux heures. Alors cette femme avait-elle pu jouer la comédie pendant autant de temps simplement pour mener à bien son plan de destruction ? Le jeune homme avait vraiment envie de croire que ce n’était pas ça, qu’il y avait plus derrière cette manipulation, qu’elle avait apprécié apprendre à connaître son fils.

*Tu n’avais qu’à lui poser la question, au lieu de partir en claquant la porte et sans te retourner.*

La jeune femme lui annonça qu’il n’était ni stupide, ni naïf, que c’était de sa mère qu’ils parlaient et que c’était normal qu’il cherche à voir du positif en elle. Elle pensait qu’elle ne devait pas être un monstre, mais qu’elle était sous une très mauvaise influence. Il avait été naïf, et ça il le savait, il n’aurait pas dû baisser les armes aussi vite, et parler aussi ouvertement.

– J’ai été naïf, et j’aurais pas dû baisser ma garde aussi facilement.

Elle voulait le défendre en lui disant qu’il n’était pas naïf ou stupide. Bon peut-être pas stupide, mais naïf bien sûr qu’il l’avait été. Sa mère lui avait fait croire qu’elle s’intéressait à lui pendant deux semaines, alors qu’elle n’avait jamais montré un si grand intérêt pour lui en dix ans. Donc oui, il avait baissé la garde trop vite.

Mais dans la tête de Mathéo, si sa mère était évidemment coupable, il y en avait un autre qui l’était : Phil. Cette pourriture avait réussi à la mettre dans sa poche, et semblait pouvoir en faire ce qu’il voulait. Rien qu’à voir l’attitude différente que sa mère avant quand elle était avec lui ou seul avec son fils. S’il y avait bien un mec au monde dont Mathéo pouvait dire qu’il le détestait, c’était bien lui. Il était même sûr que sa famille se porterait beaucoup mieux sans lui. Bon peut-être qu’ils vivraient toujours de façon modeste dans un petit appartement à Londres, mais au moins ils seraient peut-être une vraie famille, et pas ça. La jeune femme acquiesa, comme d’accord avec lui, mais elle enchaîna en lui disant que maintenant elle doutait que Mathéo puisse l’évincer. Il avait gagné au moment où sa mère était tomber enceinte. Elle ne supporterait pas d’élever un nouvel enfant seul. Il allait devoir le supporter le reste de sa vie, s’il voulait rester proche de sa mère. Voilà ce qu’elle était en train de lui dire. Au fond de lui, il le savait, mais l’entendre faisait remonter cette colère en lui.

– Il a pas gagné, pas encore.

Répondit le jeune homme. Non une chose était sûr, il ne cesserait jamais de battre pour que cet homme sorte définitivement de sa vie, et s’il pouvait sortir de la vie de sa mère par la même occasion, ce sera parfait. Le pas encore signifiait aussi que le gamin n’était pas encore né, et même si ce n’était pas cool de sous-entendre que le bébé pouvait encore « mourir », c’était très clairement ce que venait de faire Mathéo.

Bref, le jeune homme avait donc annoncé à Ayla qu’il avait parlé d’elle à sa mère. Elle lui avait demandé plus d’explications à propos de ça, mais Mathéo s’était contenté de lui raconter le strict minimum, c’est à dire qu’il l’aimait bien. La jeune femme rebondissa sur ses paroles, en répétant et en lui demandant s’il l’aimait bien. Il ne comprit pas vraiment sur le coup, puisqu’il venait de le dire, donc pourquoi lui reposait-elle la question.

*Non mais t’inquiète pas, ça doit encore être un truc que font les filles.*

– Bah oui. Pourquoi ?

Demanda le jeune homme un peu confus. Il lui avait également dit que sa mère avait eu une réaction plutôt étrange quand il avait prononcé son nom de famille, comme s’il était familier pour elle. La jeune femme lui demanda donc s’il pensait que sa mère la connaissait elle ou ses parents. Ayla portait le nom de sa mère qui était connu dans le monde des sorciers. Elle aurait sans doute mieux compris s’il y avait eu une quelconque relation avec son père, puisque lui aussi était moldu. Mais quand cela s’était passé, et qu’il avait vu la tête de sa mère, il n’avait pas pu résister au fait de lui demander immédiatement ce qu’il n’allait pas avec ce nom de famille. Et bien que très furtivement, elle lui avait donné un semblant d’explications.

– Surement ta mère, elle a rencontré une Abbot à Sainte Mangouste, il y a des années de cela. Je trouve toujours ça étrange que ma mère puisse avoir un lien avec le monde magique.

Mais c’était quand même étrange. Mathéo ne se souvenait pas d’être un jour allé à Sainte-Mangouste, avec sa mère. Est-ce que cela pourrait-il être du temps où son père vivait encore avec elle ? Sa mère ne s’était certainement pas attardé sur la question, et était très vite passé à un autre sujet. Il y avait peut-être un rapport.

– Tu crois que ta mère pourrait se souvenir de ça ?

S’il pouvait réussir à gratter quelques informations grâce à un souvenir, ce serait toujours ça de prix, même s’il ne se faisait pas trop d’espoir. Après tout à Sainte Mangouste, il voit des milliers de malades par an.

“Destiny has two ways of crushing us... By refusing our wishes... And by fulfilling them.”

Ayla & Mathéo

Elle ne pouvait pas l’aider et elle devait l’accepter. Elle n’avait pas à se rendre malheur pour ses histoires, ou mal de ne pas pouvoir trouver de solution. Elle ne pouvait pas, et ce n’était pas du tout son job en plus de ça. Mathéo devait se débrouiller tout seul avec ses problèmes de famille, comme il l’avait toujours fait. Il allait gérer et réussir à passer au-dessus, et à trouver une solution. Il avait juste besoin d’un moment pour reprendre pieds. Toute cette histoire était difficile à vivre pour lui. L’annonce l’avait mis en colère, mais le pire était surement comment tout ça s’était passé. Il était resté seulement deux semaines avec sa famille, et il avait vraiment passé de bons moments avec sa maman, elle s’était intéressé à lui. Ils avaient vraiment eu du temps privilégié ensemble, ce qui n’était pas arrivé depuis des années et des années. Sans parler de Phil, c’était les meilleures vacances qu’il avait passé avec sa mère depuis qu’il était entré à l’école de Sorcellerie Poudlard. Il avait été totalement bouleversé quand il avait compris pourquoi il avait reçu autant de gentillesse en deux semaine. Il n’avait montré que de la colère à ses parents, parce que c’était comme ça qu’il réagissait en premier lieu. Mais au fond de lui, il avait eu l’impression qu’on lui arraché le cœur et qu’on s’amusait à l’écraser sous une chaussure. Cette trahison lui avait fait beaucoup de mal, bien plus qu’il ne pouvait l’avouer à voix haute. Il continuerait à dire à Ayla qu’il n’avait pas besoin d’aide, et qu’il se débrouillerait tout seul, mais ce n’était pas vraiment le cas. Il avait besoin d’une mère, de sa mère.

*Elle s’en rendra compte un jour. Elle ouvrira les yeux, et comprendra.*

La jeune fille s’excusa. Même si au final elle n’avait rien à se reprocher. Non définitivement, elle n’avait pas besoin de présenter des excuses. Des excuses pourquoi d’ailleurs ? D’avoir une famille normale et aimante et de ce fait ne pas pouvoir comprendre et aider son petit ami ? Non c’était idiot, elle n’avait rien à se reprocher, et le Serpentard n’aurait simplement pas dû lui parler comme ça. Au fond de lui, il était surement un peu jaloux d’Ayla, parce qu’avec sa famille, elle avait tout ce que Mathéo avait toujours rêvé. Elle avait une famille qui l’aimait, qui été fier d’elle, qui ne préparait pas de plans ou ne complotait pas contre elle. Le jeune homme aurait dû se montrer plus patient et plus gentil, il était stupide surtout qu’Ayla était vraiment une fille en or, quelqu’un de tout à fait exceptionnel.

Mathéo avait été tellement blessé, qu’il se sentait incroyablement stupide d’avoir été assez naïf pour ne pas se rendre compte de la supercherie. Il avait été idiot de baisser sa garde aussi rapidement et de lui faire confiance comme ça, en un claquement de doigts. Le pire c’est qu’il ne s’était même pas douté un instant qu’il y avait anguille sous roche. Il s’était fait avoir sur toute la ligne, à cause de son irrationnel désir d’affection de la part de sa mère. C’était vraiment pitoyable quand on y pensait. Etre prêt à se coucher et à tout pardonner pour un peu d’attention et d’affection. A croire qu’en un instant, il pouvait oublier une décennie de manipulation et d’humiliation.

*Oui tu as la mémoire courte pour ça, mais ça ne veut pas dire que tu es stupide pour autant, mon grand.*

Ayla ne semblait pas vraiment d’accord avec lui. Elle ne le pensait pas naïf, pour elle il était un adolescent et un humain, elle ne comprenait pas qu’il puisse se blâmer d’avoir fait confiance à sa mère. C’était censé être une façon normale d’agir alors il ne pouvait pas critiquer une telle chose. Il avait eu raison de lui ouvrir une porte, même si elle avait mal agi par la sorte. Ayla se montrait très réconfortante, et un côté de Mathéo avait vraiment envie de prendre ces paroles et de les croire, mais de l’autre côté il se pensait vraiment trop idiot, trop naïf, stupide.

Le jeune homme plongea son regard dans celui de la jeune fille.

– Je me suis jeté à ses pieds parce qu’elle m’a donné un peu d’attention.

Se contenta-t-il de dire. Le ton de sa voix ne laissait pas de doutes. Il se trouvait réellement pathétique. Elle lui avait donné de l’attention, ce qu’elle n’avait jamais vraiment fait. Et il s’était senti existé pour une fois, il avait eu l’impression qu’il n’était plus un envahisseur ou un fauteur de trouble, mais une personne à part entière. En lui donnant de l’attention, elle l’avait fait existé un peu dans cette famille. Alors il s’était jeté à ses pieds. Peu importe ce qu’elle avait fait, elle s’était intéressé à lui. Alors à ce moment-là, c’était comme si son cerveau n’en avait plus rien à foutre du passé.

Ayla lui confirmait que Phil avait gagné, parce qu’il avait réussi à mettre sa mère enceinte. Elle avait déjà élevé un enfant seul, et elle ne recommencerait pas. Ça avait été trop dur pour elle. Mais cette fois-ci le père serait à ses côtés. Mathéo avait dit à voix haute qu’il n’avait pas encore gagné, sous-entendu tant que le gamin n’était pas encore sorti en vie du ventre de sa mère. C’était idiot, et méchant de dire ça. Mais oui l’espace d’un instant, il avait pensé que si ce fœtus ne survivait pas, il pourrait encore sauver sa mère des griffes de son oncle, qu’il pourrait peut-être avoir une chance d’avoir une famille.

La jeune femme le supplia de ne pas parler comme ça, car le sous-entendu dans ses mots était juste affreux. Elle ne voulait pas le voir se transformer en monstre de colère, elle avait assez donné avec les hommes violents et méchant pour le reste de sa vie.

– Je suis désolé, c’est pas ce que je veux. Il est pas né et je l’envie déjà, parce qu’il va avoir tout ce que moi j’ai pas eu.

Et oui au fond de lui, il trouvait ça totalement injuste. Parce qu’il savait que ce bébé ne serait pas élevé comme lui, qu’il allait recevoir de l’amour, qu’il aurait deux parents pour veiller sur lui. Il aurait les mêmes personnes que Mathéo durant son enfance, mais ne serait pas traité de la même façon. Ce gamin n’y était pour rien, et Mathéo ne souhaitait à personne de vivre l’enfance qu’il avait vécu, mais c’était dur à avaler. Et c’était une autre gifle qu’il s’était prise quand il avait appris la nouvelle.

Mathéo venait de raconter à Ayla ce qu’il avait dit à propos d’elle à sa mère, elle avait tiqué sur le fait qu’il avait dit qu’il l’aimait bien. Le Serpentard avait été plutôt confus en réalité, il ne comprenait pas ce qu’il y avait de spécial. Elle lui expliqua que c’était la première fois qu’il utiliser le verbe « aimer », et cela la rendait un peu joyeuse. Apparemment c’était un truc de fille et c’était normal qu’il ne comprenne pas. Il était quand même encore un peu confus, malgré les explications d’Ayla.

– Je ne comprends pas, mais si ça te fait plaisir c’est très bien.

Lança le jeune homme avec un petit sourire. Il continua la discussion. Il avait dit le nom de famille d’Ayla à sa mère, qui avait eu une mimique étrange. Elle lui avait expliqué par la suite qu’elle avait rencontré une Abbot à l’hôpital Sainte Mangouste, sans donner plus de détail et en changeant très vite de sujet. Mathéo n’avait pas pu lui soutirer plus d’informations sur cette fameuse histoire. Ayla confirma que c’était probablement sa mère qu’elle avait croisée car c’était la seule personne de sa famille à y avoir travaillé. Ayla lui annonça que si elle avait croisé sa mère, elle s’en souviendrait. Apparemment elle avait une très bonne mémoire.

– Je pensais que ça pouvait avoir un rapport avec mon père.

C’était l’hypothèse du jeune homme. Que sa mère y soit aller un jour à cause de son père. Il n’en savait pas plus mais c’était plausible. Après tout, si c’était autre chose pourquoi sa mère ne lui avait pas donné plus d’explications ? Et puis c’était un vieux souvenir puisque Mathéo ne se souvenait pas d’avoir jamais mis les pieds là-bas.

– Si elle souvient de n’importe quel détail, dis le moi.

“Destiny has two ways of crushing us... By refusing our wishes... And by fulfilling them.”

Ayla & Mathéo

Même si Mathéo se sentait plus léger d’avoir confié à quelqu’un ce qui s’était vraiment passé pendant ses vacances de noël chez ses parents, il ne se sentait pas mieux pour autant. Le même sentiment de culpabilité et de honte l’envahissait toujours, et il lui faudrait surement du temps avec tout cela s’en aille. Ces vacances avaient été dur émotionnellement parlant, et il se sentait affaibli. Son moral, et son égo en avait pris un coup. Il s’était fait berner correctement, comme un enfant, comme un bébé. Et pour lui qui avait mis des années à se construire une carapace pour résister tant bien que mal aux attaques incessantes de sa famille, la voir voler en éclat pour si peu, était quelque chose de très dur à accepter. Ayla ne pouvait pas l’aider, elle était totalement impuissante face à cette situation. Tout d’abord parce qu’elle avait toujours vécu auprès d’une famille aimante et unie. Mathéo était sûr qu’elle avait toujours pu compté sur eux, et qu’ils n’avaient jamais été considéré comme des ennemis, ou des personnes indigne de confiance par la jeune femme. Elle avait grandi dans un climat familial totalement opposé à celui dans lequel avait vécu Mathéo. Alors pour cela, elle ne pouvait pas comprendre ce qu’il ressentait et pourquoi il réagissait de cette manière et pas d’une autre. Ce n’était pas de sa faute, et d’un côté heureusement, mais cela ne changeait pas le fait qu’elle ne pourrait jamais vraiment comprendre ce qu’il se passait dans la tête d’un gamin à ce point blessé par ce qu’on peut appeler « une famille ».

Mathéo essayait de rester fort, tant bien que mal. Ayla s’inquiétait pour lui, et il voulait la rassurer, lui dire que tout irait bien pour lui, et qu’il s’en sortait toujours. Mais en même temps il essayait de se rassurer lui-même sur la suite. Parce qu’il était perdu et il ne savait pas de quoi serait fait demain. Il ne savait pas s’il reparlerait un jour à sa mère, s’il arriverait à faire un pas en avant et aller au-dessus de cette trahison qu’il juge pour le moment impardonnable. Il avait vraiment l’impression d’avoir reçu un couteau en plein dans le cœur, et bien sûr, la douleur n’était pas physique, mais il avait l’impression de la ressentir dans chacun de ses membres. Depuis qu’il était rentré à Poudlard, il s’était rejoué la scène des centaines de fois, se torturant à chaque fois un peu plus l’esprit. C’était inutile. Ce qui était fait était fait, et maintenant il ne pouvait plus rien y changer, mais c’était plus fort que lui, c’était sa punition à lui pour avoir encore une fois perdu le contrôle en présence de sa famille.

*Tu t’es assez puni, c’est de la torture ce que tu fais. Arrête, lâche prise, et avance mon grand.*

Il n’aurait pas dû se comporter de la sorte. Il n’aurait pas dû être violent. Il s’en voulait tellement : de s’être jeté à ses pieds parce qu’elle lui avait donné un peu attention. C’était tellement pathétique. Elle lui donnait un semblant d’importance et il venait ramper auprès d’elle. On pouvait pas faire plus stupide quand même. Ayla faisait du mieux qu’elle pouvait pour trouver les mots, mais elle n’arriverait surement pas à changer sa perception de lui-même aujourd’hui.

Elle lui annonça qu’elle ne pouvait pas le convaincre qu’il avait eu une réaction normale s’il continuait à se traiter comme un coupable. Elle lui rappela qu’il avait été victime d’une machination, que sa mère lui avait enfin donné la place qu’il méritait dans sa vie, et qu’il avait laissé tomber ses barrières mais il n’avait pas à se méfier d’elle normalement. Elle voulait qu’il arrête de s’en vouloir pour ça. Il pourrait essayer. Plus tard. C’était encore trop tôt pour ça. Evidemment que normalement un enfant ne devrait pas se méfier de sa mère, mais ça ne marchait pas comme ça dans sa famille. Dans sa famille, il fallait se méfier de chaque personne sous peine de se prendre un coup de couteau dans le dos dès qu’on avait le dos tourné.

*Passe à autre chose.*

Il la prit dans ses bras. Parce qu’il en avait envie ou parce qu’il en avait besoin. Peut-être les deux après tout. Il ne pouvait pas continuer à argumenter sur la piètre image qu’il avait de lui, ça n’en valait pas la peine. Ayla ne le voyait pas comme ça, mais lui si. Il savait qu’il allait devoir penser à l’avenir et mettre cette histoire de côté, et il allait y arriver. Il avait juste besoin de temps pour accepter sa défaite et revenir plus fort. Il avait besoin de faire le point avec lui-même sur ce qu’il allait faire ou ne pas faire. Il avait le choix entre décider de clore cette histoire une bonne fois pour toute, et cela voulait dire mettre un terme à tout sorte de relation avec sa famille. Mais pour dire vrai et être totalement sincère, il n’était pas sûr de pouvoir ou vouloir le faire. Cette femme était sa mère. Elle était sa famille. Sa seule famille. Elle était celle qui l’avait mis au monde, qui l’avait élevé malgré tout ce qui s’était passé. Et même si c’était peut-être que du faux pour elle, les moments qu’il avait passé avec elle avait été fantastique pour Mathéo qui avait enfin réussi à s’ouvrir à elle l’espace de quelques semaines.

*Tout n’était peut-être pas totalement faux mon bébé.*

Et maintenant, il n’y avait plus que ça. Elle était enceinte. Enceinte de l’homme que Mathéo détestait le plus sur cette terre : Phil. Ses paroles avaient dépassé sa pensée. Comme Ayla le disait si bien, il ne pouvait pas en vouloir à ce bébé qui n’y était pour rien. Il n’avait pas eu une enfance joyeuse mais la sienne le sera peut-être. La jeune femme lui rappela que c’était un être innocent, et qu’il devait en vouloir aux adultes et non au bébé. Elle avait raison. Et puis Mathéo ne serait surement pas celui qu’il était s’il n’avait pas eu cette enfance-là. Il écoutait Ayla en restant silencieux. Il se calmait peu à peu en sa présence même si tous ces mauvais sentiments étaient encore en lui : la colère, la tristesse, le sentiment d’abandon et de trahison. Ça ne partirait pas en un clin d’œil mais le jeune homme travaillerait dessus. Il n’avait pas non plus envie d’alarmer Ayla de trop.

La conversation était partie sur le fait que sa mère avait eu une réaction étrange quand Mathéo avait prononcé le nom de famille de sa petite amie. En creusant un peu plus, elle avait rencontré sa maman à l’hôpital Sainte Mangouste, et Mathéo avait la franche conviction que cela avait sans doute un rapport avec son père. Ayla lui annonça qu’elle écrirait à sa mère dès ce soir pour en savoir plus au plus vite. Si cela concernait son père, ça pourrait peut-être l’aider à le retrouver.

*Ne le retrouve pas Mathéo, c’est une très mauvaise idée.*

– Merci.

Répondit-il simplement. Il voulait en savoir plus sur cette histoire. Il n’avait jamais rencontré quelqu’un qui avait pu voir ou connaître son père du temps où il était avec sa mère. Alors ceci était peut-être l’occasion d’en savoir plus, de savoir qui était cet homme, et ce qu’il était devenu aujourd’hui. Peut-être que c’était un premier pas pour le retrouver comme disait Ayla. Il verrait peut-être un jour cet homme qui l’avait abandonné une dizaine d’année plus tôt.

– Oublions nos vacances l’espace d’un instant et allons faire un tour.

Annonça le jeune homme avec un sourire, qui se voulait convaincant. Il ne voulait plus parler de ces vacances pour le moment, et voulait simplement se vider l’esprit en passant un petit moment avec Ayla. Alors il lui prit la main et l’entraina avec lui. Ils allaient surement aller se balader dans le château ou dans le parc. Ils disparurent du couloir du sixième étage main dans la main.