Balade nocturne FT. Lullaby [SUJET TERMINÉ]

Il était déjà tard ce soir-là lorsque je fus réveillé en sursaut, alors que je m'étais endormi sur mes copies.Je fus réveillé par la lueur de la lune, brillante en cette nuit. Je remarquai alors que je n'avais pas pensé à tirer les rideaux comme je le faisait pourtant tous les soirs, dès que les lueurs du jour laissaient place aux étoiles. Ce que je pouvais me montrer tête en l'air lorsque je m'y mettais. Parfois je me sentais stupide. M'enfin, ce n'était pas grave, ce n'était que des rideaux après tout. Il n'y avait pas mort d'homme. Pendant un court instant, j'hésitai à me mettre au lit pour tenter de dormir, ou à aller refermer ces satanés rideaux avant de retourner à mes copies. Mais en soi j'étais assez reposé et je pouvais tout à fait occuper mon temps autrement qu'en paressant inutilement dans mon lit. Surtout que j'avais encore tout la nuit pour dormir et que pour l'instant je me sentais parfaitement éveillé et en forme.

Je me levai donc avec un soupir et m'approchai de la fenêtre pour observer le temps qu'il faisait. Le ciel était clair et il devait faire froid. Mais je me dis que cela pouvait être bien de faire une petite balade dans le parc ou dans le chateau. Non seulement ça me réveillerai mais en plus ça me permettrais de vérifier que personne n'ayant pas d'autorisation ne se baladait dans les couloirs. ces derniers temps, il me semblait que les élèves avaient la franche envie de se balader n'importe quand dans ce chateau, même durant les heures où ce n'était manifestement pas autorisé.

Évidemment à cette heure-ci les couloirs étaient vides. Les élèves dormaient déjà et si quelqu'un se trouvait éveillé dans le chateau ça ne pouvait être qu'un fantôme. Quoi qu'il en soit, je ne rencontrai personne sur ma route. Du moins durant les premiers mètres dans le couloir. Mais évidemment, cela ne pouvait pas être si beau. il fallait évidemment que quelqu'un se balade dans les couloirs en pleine nuit.

Alors que j'arrivais près d'une salle de classe, j'entendis un grincement sonore  non loin de moi. Aussitôt ma main trouva le chemin de ma baguette qui se trouvait dans une des multiples poches de ma cape et en refermant mes doigts dessus, je prononçai quelques mots d'une voix assurée.

- Qui est là ? montrez-vous !

Je n'étais pas spécialement effrayé, plutôt curieux. En effet, qui donc pouvait se trouver là à cette heure-ci ? Probablement un élève - ou plusieurs - en quête de sensation fortes. Ou simplement des petits imbéciles voulant braver l'heure du couvre-feu.

Lorsque je prononce ces quelques mots, je ne reçois pas de réponse. je ressers ma prise sur ma baguette magique et avance de quelques pas dans le couloir qui semble être redevenu silencieux. Bien, j'ai peut-être rêvé. Peut-être que c'est simplement la fatigue et que je ferais aussi bien de rentrer chez moi et de dormir. Après tout j'ai cours demain et il ne faudrait pas que j'arrive face à mes élèves complètement épuisé. Surtout que j'ai les sixièmes et septièmes années demain, qui sont les années les plus difficiles, je trouve. Enfin, j'aime leur donner cours, aurtant qu'aux petits, si ce n'est plus. Avec eux, il y a plus matière à réflexion qu'avec des enfants de 11 ou 12 ans.

Mais il n'empêche que je ne me sens pas de retourner aussi simplement vers mes appartements. Peut-être que j'ai rêvé mais peut-être pas. A priori je ne suis pas encore fou alors le bruit que j'ai entendu il y a quelques instant doit être réel. Je tends l'oreille. Le revoilà ! Il s'agit d'un son humain. pas une voix, non... plutôt comme un sanglot. Je me fie à mon ouie autant qu'à mon instinct pour me retrouver finalement face à une salle de classe dont la porte semble être mal fermée. ou entrouverte, peut-être. Je soupire silencieusement et pousse la porte.

il fait sombre évidemment. la pièce n'est éclairée que par la lueur de la lune mais je vois une forme sombre à quelques pas de moi. c'est d'une voix douce et basse que je prononce le sort qui amènera la lumière dans la pièce.

- Lumos...

La pièce s'éclaire faiblement et je vois enfin distinctement la forme face à moi. Il s'agit d'une de mes élèves, la jeune Lullaby. Des traces de larmes sont visibles sur ses joues. c'est donc bien elle que j'ai entendu sangloter. Je m'approche doucement. Elle a bien dû remarquer que j'étais là, mais elle reste silencieuse alors je prends la parole.

- Miss... Que faites-vous là ? Avez-vous besoin d'aide ?

Eh bien quoi ? Je ne vais pas la disputer avant de savoir ce qu'il se passe n'est-ce pas ? Ce n'est pas mon genre de réprimander les élèves pour un oui ou pour un non. Bien sûr, elle ne devrait pas être là à cette heure-ci de la nuit mais si elle s'y trouve c'est que quelque chose ne vas pas. Et bien entendu ses larmes sont un autre signe que quelque chose n'est pas bien. Et je veux savoir ce que c'est, pour pour voir l'aider... Je n'aime décidémment pas voir mes élèves mal, surtout lorsque nous sommes en pleine nuit et qu'elle devrait pouvoir se reposer tranquillement dans son dortoir.

La jeune femme met quelques secondes avant de répondre, comme si elle réfléchissait à ce qu'elle peut bien répondre à ma question pourtant simple. Sa réponse m'étonne. Elle pense que je ne peux pas l'aider. Comment est-ce qu'une jeune fille en vient à penser qu'un professeur n'est pas capable de l'aider ? Peut-être qu'effectivement mes compétences sont dépassées par son problème mais si peu de confiance m'ébranle.

Je reste silencieux une seconde alors qu'elle se rapproche de la fenêtre et fait finalement un pas vers elle. Je ne peux de toute façon pas la laisser ainsi alors qu'elle a l'air si malheureuse. je dois bien trouver une manière de l'aider, c'est mon rôle en tant que professeur.

- Je peux au moins vous écouter. Vous avez l'air mal et vous avez sans doute besoin de parler. Et écouter je peux faire. Mes conseils ne seront peut-être d'aucune utilité mais je peux essayer...

La question est donc : voudra-t-elle se confier ? À cet âge, il est vrai qu'on fait peu confiance aux adultes et surtout pas aux professeurs. même si j'essaye depuis que je suis prof ici de faire passer à mes élèves le sentiment que je ne suis pas qu'un simple professeur mais qu'ils peuvent me faire confiance pour d'autres choses. je n'ai cependant pas la prétention de vouloir devenir leur ami. ce n'est ni mon rôle ni mon envie. mais j'aimerais que tous mes élèves puissent se dire que s'ils ont un soucis, ils peuvent venir m'en parler et que je ferai tout mon possible pour les aider, ou du moins les écouter.

j'ai été jeune avant eux et je sais qu'une oreille attentive peut vraiment aider même si les conseils ne suivent pas forcément. juste le fait d'être écouté est parfois salvateur et peu de professeurs (ou d'adultes en général) ont la patience et l'envie d'écouter les soucis des jeunes.

J'en viens à me demander ce qu'elle a comme soucis. Un problème de coeur ? D'amitié ? C'est tout à fait possible à cet âge mais j'ai le sentiment que ce n'est pas ça, ou pas seulement ça. Que c'est bien plus compliqué qu'une amourette qui tourne mal ou qu'une dispute entre amis. Elle a l'air tellement mal et malheureuse que je ne peux m'empêcher de penser que c'est plus grave que cela.

J'espère qu'elle sentira qu'elle peut me faire confiance pour m'en parler un peu. Juste un peu, juste histoire de se livrer, ça aide souvent à prendre un peu de recul par rapport à des situations qui paraissent impossibles tant qu'on les garde cachées eu fond de notre coeur.

Mon élève semble plus âgée qu'elle n'est réellement pour l'instant. ce sentiment vient probablment du fait que les tristesse que je peux lire sur son viage la rend bien plus grave, marquée par la vie comme elle ne devrait probablement pas l'être si jeune. Je ne sais pas ce qu'elle a vécu et si c'est aussi grave que ça en a l'air, mais en tous les cas c'est grave et important pour elle, tout dans son attitude le hurle. Je refuse d'être impuissant face à une telle douleur.

Lorsqu'elle prend la parole c'est d'une voix mi-triste, mi-éteinte. mais je sens comme un relent de colère contre je ne sais qui ou je ne sais quoi. Elle ne mets pas des mots claires sur sa douleur, parle comme par énigme mais tout reflète un immense chagrin. Je ferme les yeux un instant, perturbé par tant de douleur . Mais j'ai promis de l'écouter et de la conseiller, si je le pouvais. Alors c'est d'une vois douce que je réponds.

- Probablement pas avec la force dont vous le ressentez pour l'instant. probablement ni de la même manière ni avec la même intensité. Je n'ai certainement pas vécu les mêmes choses que vous... Mais j'ai déjà ressenti la douleur à tel point que j'aurais voulu mourir sans le pouvoir, sans le vouloir réellement....

Je me tais un instant avant de reprendre, toujours doucement.

- Je ne peux imaginer l'ampleur de ce que vous avez vécu, appris ou vu... Et je peux comprendre que vous ne vouliez pas en parler à un professeur, je ne l'aurais probablement pas voulu non plus à votre âge... Mais... vous avez besoin de parler à quelqu'un, de partager cela avec quelqu'un en qui vous avez confiance... Un ami ou une amie, peut-être ?

Je faillis lui proposer un petit ami (ou une petite amie) mais je ma rappelai soudain qu'elle venait parler d'un amour douloureux. je me retins donc de justesse. mon rôle et mon intention n'était certainement pas de l'enfoncer dans la douleur plus qu'elle ne l'était actuellement, bien au contraire.

Effectivement, au vu de sa réponse, je ne peux pas comprendre ce qu'elle ressent. Et égoistement je ne le veux pas. Mais elle a l'air tellement malheureuse... Cette infinie tristesse alors qu'elle n'a à peine que 17 ans, ça me rend parfaitement malheureux. J'hésite à lui poser une main compatissante sur l'épaule, mais peut-être que ce serait dépasser mes compétences de prof. Je ne sais ni que dire, ni que faire. Finalement je me contente de soupirer.

"Je dois avouer, miss, que je ne sais que dire. Vous avez vécu tellement de tristesse et de malheurs alors que vous êtes encore si jeune... Je n'ai effectivement pas de conseils ni même de mots de réconfort à vous offrir..."

Je me tais un instant avant de reprendre.

"Je n'ai pas de conseils, si ce n'est que si l'homme que vous aimiez vous connaissait bien, malgré votre dispute il a dû sentir que vous l'aimiez, ou au moins que vous l'appréciiez."

Je sais à quel point mes paroles peuvent paraitrent stupides, mais c'est néanmoins réellement ce que je pense. Par contre je suis presque sûr que cela ne lui apportera pas le moindre réconfort. Je n'ai pourtant rien de plus à dire. Je dois cependant lui dire qu'elle n'est pas autorisée à rester ici toute la nuit dans ce local. Je m'en veut pour cela mais c'est aussi mon rôle de professeur.

"Miss... Je suis désolé mais je vais devoir vous demander de retourner à votre dortoir. Je vous propose cependant d'utiliser un sort d'insonorisation sur votre lit, ce qui vous permettra d'être relativement tranquille."

Je lui adresse une grimace désolée. Je m'en veux vraiment de lui demander de partir mais mon statut ne m'autorise pas à la laisser rester ici.

Sa réponse est emplie de désespoir et je suis complètement impuissant face à cela. Et je pense que personne ne peut l'aider, si ce n'est elle-même. je la pense assez forte pour passer au-dessus de sa douleur et continuer sa vie malgré tout, gardant cet amour pour ce garçon comme un trésor précieux. Mais je sais également qu'il lui faudra du temps, beaucoup de temps avant de pouvoir ne fut-ce que penser au bonheur. mais elle est jeune e a encore toute la vie devant elle. Elle aura d'autres occasions d'aimer et de trouver le bonheur, même si je ne doute pas que la douleur restera vive et forte tout au long de sa vie, comme pour chacun ayant perdu un être cher à ses yeux.

Lorsque je lui demande de rejoindre son dortoir, elle hoche la tête. je sens bien qu'elle préférerait grandement rester ici mais je sais qu'elle sait que ce n'est pas possible. C'est une jeune femme intelligente et je la pense tout à fait capable d'utiliser un sort d'insonorisation sur son lit, afin d'avoir la paix et de ne pas déranger ses camarades de chambrées.

"Bien, ne vous perdez pas en chemin..."

manière gentille de lui dire de retourner directement à son dortoir, sans faire un autre arrête par une seconde salle vide. J'espère qu'elle aura assez de bon sens pour le faire. Je soupire puis reprends d'une voix douce.

"Bien entendu, je n'en parlerai à personne. Si un jour vous voulez en parler, même à demi mots, sans nommer rien ni personne, je veux que vous sachiez que je suis là pour vous écouter..."

Évidemment que je n'allais mettre personne au courant. Du moins, tant qu'elle ne se mettait pas en danger. Elle ou d'autres personnes. Mais je ne voulais pas la laisser complètement seule face à sa douleur et ce fut donc pour cette raison que je lui proposai mon écoute, comme mon rôle de professeur me poussait à le faire.

Avant qu'elle ne parte, elle m'adresse un sourire. Triste, certes mais un sourire tout de même. C'est la meilleure réactions que j'ai obtenu d'elle au cours de notre discussion. Peut-être qu'au final cette discussion n'est pas un échec total, ni pour elle, ni pour moi. Je ne doute pas qu'elle soit encore triste mais au moins elle peut encore sourire. Et elle est très jolie souriante. Je réponds en souriant également. alors qu'elle me rassure sur le fait qu'elle ne s'arrêtera pas en chemin vers son dortoir.

- Je vous fait confiance, Miss.

Je ne pense pas qu'elle vienne un jour me parler de ses soucis mais au moins elle a entendu et retenu qu'elle pouvait le faire et que je serais toujours prêt à l'écouter et à tenter de l'aider. parfait, c'était exactement le but de mes paroles. Que le jour où elle ressent le besoin de parler, elle puisse se rappeler que je lui ai promis de le faire.

Elle quitte la classe après m'avoir souhaité bonne nuit et que lui ai répondu de même. Je reste seul dans la classe quelques minutes avant de reprendre ma ronde. Cette fois, je ne croise plus personne et c'est l'esprit troublé par cette jeune femme si triste, que je retourne me coucher. la vie continue, pour elle comme pour moi, mais je me rends compte à présent que cette même vie peut être triste comme la mort, et ce quel que soit l'âge des gens...