C'est le bébé qui crée la maman [ft Narcissa]

Lucy se trouvait dans son petit appartement londonien miteux et se regardait dans le miroir. Vêtue d’une longue et belle robe noire qu’elle avait volée à une de ses victimes, coiffée d’un chignon qu’on pourrait qualifier de sophistiquée, et maquillée de manière séduisante, son reflet était en train de lui sourire. Elle scruta un peu plus son double de verre à la recherche d’une quelconque imperfection, mais elle avait déjà pris le soin de les masquer le plus possible. Les imperfections, quelles qu’elles soient, n’avaient pas leur place chez la cruelle Mangemorte. Mais une petite vérification de temps en temps ne pouvait pas faire de mal. Il valait toujours mieux guérir que prévenir.

Après un énième regard dans la glace, et un autre consacré à l’horloge murale, accrochée juste à côté du miroir, Lucy se détourna de son double de verre et s’en éloigna. Elle récupéra sa cape noire, accrochée au porte-manteau près de la porte et s’en vêtit, en prenant bien soin de masquer son visage sous la capuche. La main sur la poignée de la porte d’entrée, elle jeta un rapide regard sur son appartement afin de vérifier que rien de compromettant traînerait. Elle n’avait aucunement honte de son allégeance pour Voldemort, mais elle préférait qu’aucun objet présent dans cette pièce ne permette de savoir qu’elle logeait ici et ne lui donne un billet simple pour Azkaban. Elle savait qu’elle était plus utile à Voldemort libre que derrière les barreaux. Etant donné la petite taille de son studio et du fait qu’il ne contenait que le stricte minimum, sa vérification fut très brève. Elle appuya sur la poignée et sortit de la pièce, avant de claquer la porte derrière elle.

Lucy, à présent dans une rue du Londres moldu, jeta quelques regards noirs à ces moldus qu’elle détestait et s’engouffra dans une impasse peu fréquentée afin de pouvoir transplaner à l’abri de ces êtres inférieurs à elle car ils étaient dépourvus de magie. Elle pensa au Manoir Malefoy, le lieu où elle devait se rendre, avant de transplaner. Elle sut qu’elle était arrivée quand elle sentit du gravier sous ses pieds. Elle ouvrit les yeux et fit face à l’imposante demeure de la famille Malefoy. Elle s’approcha de la porte et ouvrit la porte afin d’entrer dans le hall d’entrée.

Plusieurs femmes s’y trouvaient et papotaient entre elles. Elles étaient là sûrement pour la même raison qu’elle, elles avaient été invitées pour fêter l’arrivée du nouveau-né de la famille Malefoy et le rencontrer, ainsi que féliciter les parents pour ce merveilleux événement. En effet, cela ne pouvait qu’être une bonne nouvelle, un nouveau-né dans une famille de sang-pur. Au fond, l’ancienne Poufsouffle, se moquait du bébé, comme elle se moquait de tous les bébés. Elle n’avait jamais aimé ces petits êtres braillards, sales, moches. Mais elle allait faire un effort aujourd’hui et garder pour elle ce qu’elle pensait, c’est-à-dire ce qu’elle faisait chaque fois qu’elle était en compagnie de personnes. Et puis, ce petit Drago avait déjà une petite grâce à ses yeux, en effet, étant de sang-pur, il était déjà mieux que la plupart des bébés du monde de cette année. Et puis elle était venue, car en tant que femme Mangemorte, il aurait été mal vu qu’elle ne fasse pas l’effort de venir. Et ne pas venir alors qu’on était invité et sans aucune bonne raison apparente, était mal vu et malpoli. Et puis saluer tout le monde, faire de faux sourires d’hypocrites, se raconter les derniers potins de la semaine et autres badinages, elle savait faire, c’est ce qu’elle faisait, à l’époque, au Ministère de la Magie, quand elle y était encore employée. Il fallait juste se faire bien voir pour obtenir ce qu’on voulait.

Lucy se débarrassa de sa cape avant de commencer à se mêler à la foule. Elle fit quelques signes de tête pour saluer des personnes qui étaient trop loin pour le faire de vive voix, salua les autres de quelques formalités. Elle n’était pas particulièrement proche de ces personnes, ayant pris soin de ne pas s’attacher aux gens, et préférant toujours se servir d’eux sans qu’ils s’en rendent compte, mais elle se comportait avec elles comme si elles étaient plus proches que dans la réalité. La jeune blonde commençait à se frayer un chemin dans la foule et finit par tomber sur Narcissa Malefoy, la toute jeune mère, seule. Peut-être que ses invités lui avaient accordée un peu de répit et un peu de solitude. Lucy connaissait Narcissa, elles avaient un peu parlé, dans le sens qu'elles s'étaient échangées quelques politesse, mais elles n'étaient pas particulièrement proches. Elles n'avaient pas vraiment fait l'effort de se connaître un peu plus. Elle s’approcha de la jeune mère, un sourire aux lèvres, afin de pouvoir la saluer.

« Bonjour Madame Malefoy, salua Lucy, n’osant pas l’appeler par son prénom, ne se jugeant pas assez proche d’elle pour le faire. Elle l’avait déjà croisé, et même parlé, mais pas assez pour elle, pour qu’elle puisse faire partie du cercle des proches de Narcissa. J’espère que vous allez bien. Félicitations pour votre petit Drago, un petit garçon en bonne santé est toujours une bonne nouvelle pour une famille, je suppose. Je vous remercie de m’avoir conviée à cette petite fête. »

Comme toutes les femmes ayant juré fidélité à Voldemort, Lucy avait été invité. Elle reconnut immédiatement les Mangemortes qu’elle côtoyait aux différentes réunions des Mangemorts mais elle reconnut aussi d’autres femmes, des sorcières au sang-pur, qu’elle avait croisées au Ministère ou à des événements, comme des soirées du même genre que celle-là. La jeune femme se doutait qu’elle serait sans doute une des rares personnes avec un sang impur dans la salle, son père biologique qu’elle avait complètement renié était un de ces infâmes moldus. Elle se doutait aussi que peu de personnes dans la salle connaissait le véritable statut de son sang, sa loyauté envers le seigneur avait effacé une partie de la honte de son sang. Sinon, elle était certaine qu’on n’aurait même pas daigné l’inviter à ces soirées qu’elle qualifiait de mondaines où il était très bon d’être vu et d’y faire bonne impression mais qu’elle détestait de tout son être, elle y préférait de loin la solitude de son petit appartement. Elle était aussi venue par politesse, elle ne connaissait que de loin Narcissa, ne lui avait échangé que quelques rares formules de politesse mais elle ne savait pas vraiment ce que la jeune mère pensait réellement à son égard. L’hypocrisie était reine dans ce genre de milieu, on faisait semblant d’être les meilleures amies du monde en face, mais une fois la soirée terminée, bien au chaud dans leur grand manoir, on se crachait dessus, on lançait des poignards dans le dos, on glissait quelques gouttes de poison dans un verre en cristal. L’amitié était utilitaire, les sentiments étaient complètement absents. Ce n’est pas comme si cela dérangeait plus que cela Lucy, elle-même ne ressentait pas d’émotions, ou essayait d’en ressentir le moins possible, et aimait se servir des autres dans sa quête de pouvoir. Cette soirée pourrait toujours lui servir plus tard, on ne sait jamais.

Même si Lucy connaissait très peu Narcissa, elle profita quand même du fait que la jeune mère soit seule pour la saluer, la féliciter, et pourquoi pas discuter un peu. Avoir une discussion avec une personne est toujours utile, pour créer des relations qui peuvent servir par la suite, même si ces relations sont superficielles, pour obtenir des informations, ou même pour créer une véritable amitié, même si Lucy n’y croyait pas trop, mais on ne sait jamais. La Mangemorte salua Narcissa, demanda de ses nouvelles avant de la féliciter pour son petit Drago et de la remercier pour l’invitation à la soirée. Des simples politesses que Narcissa a sûrement dû entendre une centaine de fois, par les nombreuses femmes invitées. La jeune mère, tout aussi polie, lui répondit qu’elle était heureuse de la voir ici et qu’elle n’était pas certaine qu’elle viendrait. Lucy ne savait pas si cette phrase était sincère, l’hypocrisie étant un défaut à maîtriser dans ce genre de milieu, mais elle acquiesça tout de même d’un signe de la tête. Elle avait hésité à venir, c’est vrai, et n’était venue que par devoir, elle ne connaissait pas assez son hôte pour venir avec plaisir à sa fête.  Elle lui expliqua les raisons de son invitation et Lucy dut s’avouer surprise par cette bonne intention. Elle n’avait pas été invitée que par politesse, Narcissa avait eu une véritable pensée en l’invitant. Elle ajouta, en parlant de son enfant, que le sexe lui importait peu, contrairement à son mari qui semblait y tenir à cœur, pour des raisons de lignée, des questions qui n’existaient quasiment que dans les familles de sang-pur. Lucy se disait que Narcissa ne ressemblait pas aux personnes qu’elle avait pu croisées dans ce milieu, elle semblait beaucoup plus humaine. Ce n’était peut-être qu’une impression, mais c’était l’impression qu’elle avait pour le moment devant le caractère et les réponses de Narcissa.

« Je vous remercie pour votre aimable intention. Vous avez raison, une bonne fête ne fait jamais de mal pour se détendre. Je ne pourrais qu’être plus productive pour ma prochaine mission. Je dois vous avouer que j’avais pensé que vous m’aviez invité par politesse, votre invitation me touche encore plus, avoua Lucy, bizarrement sincère, véritablement touchée par l’invitation de Narcissa et sa gentillesse. J’ai l’impression que les hommes accordent plus d’importance à certains détails. La santé est le plus important dans l’histoire, je ne peux être que d’accord avec vous. »

Narcissa, en bonne hôtesse, demanda à Lucy si elle ne manquait de rien avant de l’inviter à voir son bébé. Elle ajouta une petite touche d’humour en complimentant son nouveau fils. La Mangemorte sourit devant le comportement de son interlocutrice. Sa touche d’humour pouvait montrer l’amour qu’elle ressentait pour son fils. Elle semblait vraiment l’aimer comme son enfant, et pas comme un fils qui assurera la survie de sa lignée. Elle aurait été attendrie devant cette scène si elle savait ressentir des émotions, et si elle n’était pas devenue le bloc de glace qu’elle était. Elle ajouta vite fait qu’elle se sentait vide et qu’elle souhaitait vite avoir un nouvel enfant avant de rajouter que son interlocutrice n’aimait peut-être les enfants.

« Je ne manque de rien, merci de vous en soucier et je serais ravie de rencontrer votre fils, je n’ai pas encore eu la chance de le voir. Je suis certaine qu’aucune femme n’osera tenter de le kidnapper, elles auront sûrement trop peur de votre colère maternelle. Ma mère m’a appris une chose, il ne faut jamais toucher à un cheveu de son enfant, ou sinon, il faut être prêt à en subir les conséquences. »

C’était rare que Lucy cite sa mère, elle avait plutôt l’habitude d’en parler le moins possible, de faire comme si elle n’existait pas. Peut-être que c’était le comportement maternel de Narcissa qui montrait une facette d’elle-même qu’elle pensait effacée.

« Je ne suis pas très maternelle. J’aime bien les enfants, mais quand il s’agit des autres. Peut-être qu’un jour mon opinion se changera et que je voudrais devenir mère, mais pas tout de suite, ajouta Lucy, sans vraiment y croire, mais il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirais pas de ton eau », l’avenir pouvait réserver des surprises. »