(fb) We should seriously talk this time w/Télia

Il se souvenait de la première fois qu’il avait vu Télia, alors qu’elle s’avançait vers le choixpeau magique, et que lui était déjà confortablement installé à la table des Poufsouffle. Il se souvenait la première fois qu’il lui avait adressé la parole, dans un des couloirs du cinquième étage alors qu’elle passait avec ses copines, et qu’elle l’avait superbement ignoré. Il se souvenait de leur premier baiser qui avait eu lieu dans le parc près du lac noir, en plein milieu de l’hiver. Il se souvenait de leur première fois, un instant doux et mémorable. Il se souvenait de la première fois qu’il avait su qu’il aimait cette fille, en se plongeant dans son regard profond. Il se souvenait quand elle lui avait annoncé que tout était terminé entre eux, et qu’il avait eu le cœur meurtri, mais trop fier pour ne montrer ne serait ce qu’une émotion. Cela faisait maintenant plus de trois ans qu’il n’avait plus été un couple. Et pourtant, elle était toujours dans sa vie et dans son cœur, quoi qu’il fasse, malgré les nombreuses histoires d’un soir qu’il avait eu, malgré les fêtes mémorables, malgré le désir de l’oublier. Ils s’étaient fait du mal, ils s’étaient déchirés, ils s’étaient engueulés … et pourtant plus de trois ans après, ils se retrouvaient quand même en vacances ensemble, dans la même maison, comme s’il leur était impossible de vivre réellement sans l’autre, de tirer un trait définitif sur cette histoire. Cette matinée avait été mouvementée. A cause de la déclaration de Jaylin sur les agissements du garçon, à cause de sa mauvaise foi et de son énervement, à cause de l’apparent sentiment de lassitude de Télia. Il s’était retrouvé à l’écart, sur une plage, avec son amie Charlotte, à totalement craquer. A subir une horde d’émotions qu’il ne maitrisait plus, qu’il ne pouvait pas refouler. Bien sûr qu’il n’avait jamais oublié cette fille. Comment aurait-il pu ? Alors pourquoi continuer d’agir de la sorte pendant des mois, même des années. Ce désir de se protéger à tout prix, ce désir de ne pas souffrir … Et pourtant, c’était tout de même de la souffrance cette vie sans Télia, sans que la jeune femme soit totalement à lui.

Alors qu’il se trouvait dans le salon, et ayant réuni ses camarades, il commença d’abord par s’excuser de son comportement. Il était allé trop loin, il avait dépassé les bornes en criant et en s’en prenant aux personnes qui comptaient le plus pour lui. Il n’était pas un mauvais garçon au fond, il ne s’énervait pas souvent, et pourtant quand ça partait, il ne semblait plus être capable de se retenir. Et il s’était finalement adressé à son ex-petite-amie, lui demandant de venir avec lui, à l’écart. Il ne savait pas réellement ce qu’il allait lui dire, ni comment, mais il savait qu’il ne pouvait pas repousser cette conversation, au risque de la perdre à tout jamais. Il lui fit signe de la suivre. Se promener sur la plage semblait être une bonne idée, au moins ils seraient tous les deux loin de la villa, loin des problèmes, et loin des petites oreilles qui allaient surement trainer. Ils auraient de l’air, du vent, et l’immensité d’une plage déserte. Il sentait ses pieds marcher dans le sable fin, et le silence s’installa entre eux. C’était à lui de le briser c’était évident. Et pourtant, c’était tellement effrayant, il sentait son cœur battre la chamade, comme s’il s’apprêtait à faire la chose la plus terrifiante qu’il n’ait eut à faire de toute sa vie … peut être était-ce un peu ce qu’il ressentait finalement. « Je suis désolé. Je voulais pas m’emporter tu sais, mes mots ont dépassés mes pensées … » Commença-t-il par dire. Des excuses … c’était surement par là qu’il fallait commencer.

Il passa une main dans sa nuque, un signe de nervosité. Il regardait droit devant lui, essayant intérieurement de se donner le courage de parler, de lui donner plus que des excuses. De lui dire plus que des « désolés » qu’elle avait entendu un million de fois auparavant. Car un simple pardon n’allait pas suffire, pas aujourd’hui, pas après tout ce qui s’était passé entre eux. Et il plongea finalement son regard dans le sien. Un regard intense, tellement d’émotion. Il l’attira vers elle, et posa délicatement ses lèvres sur les siennes, avant de finalement la prendre réellement dans ses bras, et lui glisser à l’oreille. « J’ai besoin de toi … »

Se retrouver seul avec Télia après tout ce qui s’était passé dans la villa était quelque peu étrange pour Tibus. Il s’était passé tellement de choses dans sa tête, dans son cœur. Et puis toutes ces émotions aujourd’hui … Non ce n’avait pas été facile, loin de là. Et pourtant, d’une certaine manière, il avait enfin ouvert ses yeux. Il avait enfin laissé parler son cœur auprès de sa meilleure amie Charlotte. Bien sûr qu’il y tenait à cette fille, et aujourd’hui, plus que jamais, il avait pensé la perdre définitivement. Il ne pouvait plus attendre, il ne pouvait plus continuer de la sorte, et il ne pouvait certainement pas continuer à jouer avec la jeune femme. Il avait joué avec son cœur pendant trop longtemps, en la considérant comme acquise. Mais comme il l’avait comprit aujourd’hui, rien n’était jamais totalement acquis. Il comprenait maintenant qu’il y avait une raison pour laquelle il ne pouvait pas se détacher complètement de Télia. Ce n’était pas faute d’avoir essayer pourtant. Mais il ne pouvait pas la laisser s’en aller, il ne pouvait pas la voir lui passer entre les doigts. Si des années après leur histoire, ils étaient toujours ici, toujours au même point, toujours avec cette drôle de relation entre eux, c’était pour une raison. Dans un sens, Tibus avait toujours connu ses sentiments pour la demoiselle. Il ne voulait simplement pas se l’avouer à lui-même. Car il avait beaucoup souffert quand elle l’avait quitté, même s’il ne l’avait montré à personne. Et pendant des années, malgré cette forte affection qu’il lui portait, il avait absolument voulu mettre des barrières autour de son cœur, pour ne plus ressentir cette douleur qu’il avait ressenti en cinquième année. Borné et têtu, il avait réussi pendant toutes ces années, mais la réalité de ses sentiments lui était revenu en pleine tête comme un tourbillon d’émotions dont il était incapable de gérer. Revenu à la villa, il s’était donc excusé auprès de ses camarades pour son coup de folie avant de demander à son ex-petite-amie si elle voulait bien le suivre et venir parler avec lui en dehors de cette villa. Elle accepta. Ouf, c’était déjà ça, au moins elle était tout de même ouverte à la discussion avec lui.

Sur la plage, le silence s’installa entre eux. Tibus sentait son cœur battre la chamade. Il était stressé, anxieux, et avait évidemment une peur bleue de commencer à parler. Il savait qu’il n’avait pas le choix, mais bon sang que c’était compliqué. Personne n’était là pour lui tenir la main, et pour une fois, il allait devoir être un homme et ne pas fuir devant une conversation sérieuse. Chose bien plus compliqué qu’il n’y parait pour un garçon comme Tib. Il se décida finalement à rompre ce silence après une grande inspiration. Il commença par s’excuser. C’était la moindre des choses. Ses paroles avaient évidemment dépassé ses pensées, et il ne voulait absolument pas la blesser. Il ne s’énervait pas souvent, c’est vrai, mais lorsqu’il le faisait, il devenait vite indomptable. La demoiselle lui répondit calmement. Elle savait comment il était. Elle le connaissait maintenant. Et puis ils n’en étaient certainement pas à leur première dispute. Tibus était perdu. Il n’avait jamais fait cela auparavant. Il avait besoin d’une bonne dose de courage pour parler. Après avoir fui le regard de la demoiselle pendant de longs instants, il plongea enfin ses yeux dans les siens. Il l’attira vers elle pour lui offrir un baiser avant de la prendre dans ses bras et de lui avouer qu’il avait besoin d’elle. Elle avait besoin de lui aussi. Mais ils ne pouvaient pas continuer comme ça. Oui il le savait. Télia avait toujours su que Tibus avait besoin de lui. Mais ces dernières années, ils n’avaient fait que de continuellement se blesser. Et pour l’un comme pour l’autre ce n’était pas bon. Cette relation n’était pas saine. Elle lui conseilla de se libérer, qu’il irait mieux après. Oui surement, mais c’était compliqué. C’était dur pour quelqu’un comme Tibus qui refoulait toutes ses émotions en permanence. C’était dur pour quelqu’un qui ne parlait pas de lui et de ses sentiments à quiconque. Il avait ces barrières autour de son cœur pendant tellement longtemps qu’il semblait être d’une difficulté énorme de les laisser tomber même l’espace d’un court instant. Le jeune homme se détacha lentement de cette étreinte avant de se tourner vers le bleu de l’océan. Tout était tellement calme autour d’eux. Il se pencha pour attraper un caillou sur le sol, et le regard plongé vers la grande étendue d’eau, il commença à parler.

« Tu sais, je comprends pas pourquoi je suis comme ça. Je viens d’une famille unie et aimante. J’ai eu le plus beau modèle d’amour en grandissant … Mes parents se sont rencontré à Poudlard et ne se sont plus jamais quitté. J’devrais avoir foi en tout ça … Mais ça m’fait juste peur. Devoir se montrer entièrement à quelqu’un, laisser tomber les masques, tout ça. » Il ne savait pas vraiment pourquoi il avait commencé par là, mais il avait besoin de se détendre, de parler, et surtout d’ouvrir son cœur à la demoiselle, sans se forcer, sans s’en rendre malade. Alors il laissait échapper les paroles qui lui venaient à l’esprit. Et pour une fois, il ne jouait pas les faux-semblants et s’ouvrait réellement à la demoiselle. « J’t’ai fais beaucoup de mal, j’ai joué avec toi pendant tellement longtemps et je sais que c’est con, et que j’ai aucunes excuses. Et c’est horrible à dire, mais je pensais que tu serais toujours là, malgré tout, malgré mes conneries, malgré mes aventures, malgré tout … Et je me suis rendu compte que non. Que je pouvais définitivement te perdre … Et quand j’ai réalisé ça, j’ai jamais eu aussi mal. » Le regard toujours perdu dans les vagues, le jeune homme avait du mal à retenir ses émotions. Il voulait rester fort encore une fois, comme s’il était terrorisé à l’idée de tout lâcher, à l’idée de paraître vulnérable …

Seul sur cette plage, loin des autres, loin de la villa, loin de tout regard extérieur, leur histoire allait prendre un tournant. Cela avait commencé en cinquième année pour le garçon, cette fois où il avait posé les yeux sur elle et décidé qu’elle serait sa petite amie. Quatre ans plus tard, presque cinq, il y avait toujours quelque chose. Leur histoire officiellement n’avait duré que quelques mois, mais officieusement n’avait jamais complètement cessé d’être. Tibus avait évidemment fait pas mal d’erreurs. Il avait toujours été un grand enfant sur les bords, voulant absolument s’amuser, voulant faire rire la galerie, voulant faire le malin devant ses potes. Et il s’était bien amusé ces dernières années, à collectionner les filles, à vivre sans lendemain, à boire à outrance … mais elle avait toujours été dans une partie de sa tête et son cœur. Ce n’était pas pour rien s’il ne supportait pas qu’un autre mec l’approche, qu’il ne supportait pas l’idée même qu’elle puisse regarder et penser à une autre personne. Il avait souvent expliqué cette possessivité par une histoire débile, comme quoi il n’aimait pas partager ses jouets. Mais c’était bien plus que cela évidemment. Aujourd’hui, cet été, Tib avait cette sale impression qu’il pouvait la perdre à tout moment. Comme s’il atteignait un point de non-retour. Comme si surtout Télia était allé au bout de sa patience avec lui. Et d’ailleurs comment lui en vouloir ? Elle avait déjà supporté tellement de choses. Et c’était donc l’esprit remplie d’appréhension qu’il était en sa compagnie ici. Parce qu’il savait qu’il ne pouvait plus jouer sur différent tableaux. Il savait que s’il voulait ne pas la perdre, il fallait qu’il commence à s’ouvrir …Et ça ce n’était pas l’une des choses les plus faciles pour Tibus. Télia le connaissait assez pour savoir qu’en règle général, et dés qu’il le pouvait, l’ancien poufsouffle fuyait toute forme de conversation sérieuse où il devait dire ce qu’il pensait. Tibus ne savait pas où commencer, comment dire, quoi dire. Télia devait surement être confuse, et être loin de s’imaginer qu’il avait enfin pris un peu de plomb dans la tête. Sans qu’il n’en comprenne réellement les raisons, il avait commencé par sa peur de l’amour. Lui-même ne la comprenait pas totalement pour être honnête. Pourquoi était-il à ce point effrayé ? Il avait tout de même eu le meilleur modèle possible d’un amour pur qui dur. Ses parents avaient tout traversé ensemble et pourtant l’amour qui les liait était toujours fort et magnifique. Mais c’était quelque chose dont il avait peur, que ce soit rationnel ou non, ça ne l’avait surement pas aidé dans son histoire avec Télia.

« Tu te rends compte que tu arrives même à me trouver des excuses pour cette salle habitude que j’ai de courir après les filles. Tu es quand même exceptionnelle Télouche. » Commença le jeune homme avec un petit sourire. Mais ce que la demoiselle lui disait par la suite le touchait. Etre infaillible, on ne pouvait pas l’être en permanence. C’était surement l’une des erreurs que faisait le garçon à ne vouloir jamais montrer la moindre émotion, toujours vouloir garder la tête haute, et supprimer ce côté sensible qui pourrait être en lui. Bien sûr qu’elle avait raison dans un sens, cela ferait sans doute du bien au garçon d’arrêter de se contrôler pour une fois. Mais en même temps, c’était aussi sa personnalité, cela faisait des années qu’il agissait de la sorte. Cela ne serait surement pas facile de changer du tout au tout comme ça. « Je sais que tu as raison mais c’est vrai que j’ai toujours eu du mal à accepter d’être vulnérable. » Et il savait qu’il ne changerait pas aussi facilement, mais qui sait, il allait peut-être évoluer dans le futur.

Tibus avait fait tellement de conneries, avait fait tellement souffrir Télia ces dernières années. Il avait été débile oui. Il avait joué avec le feu encore et encore … parce qu’il était un gamin, mais aussi peut-être qu’à ce moment là il n’était tout simplement pas prêt. Il avait rencontré la demoiselle tôt dans sa vie. Mais ils avaient vingt ans maintenant, ils avaient un peu grandis. Et peut-être que Tibus commençait finalement à comprendre et à s’admettre des choses. Chose qui aurait été impossible deux ans en arrière. Visiblement Télia comprenait qu’il avait besoin de jouer avec le feu pour se rendre compte qu’elle n’était pas acquise. Oui ça pour le coup, il avait bien fini par s’en rendre compte (tout en insultant la villa entière à cause de ça). Mais il ne pouvait pas minimiser la douleur qu’elle avait ressentit quand elle le voyait et savait avec d’autres filles. Tibus pouvait l’imaginer sachant l’état dans lequel il se mettait pour elle, alors qu’elle n’avait même pas fait un dixième de ce que lui avait fait. Tibus continuait de se contenir beaucoup, comme s’il ne pouvait pas lâcher réellement ce qu’il avait sur le cœur. « J’ai envie d’être avec toi Télia … je veux que je ce jeu pervers de continuellement se faire du mal stop. Et … je sais que je ne suis pas parfait. Et je ne le serais surement toujours pas. Je ferais des erreurs, je dirais des trucs débiles, je te donnerais envie de t’arracher les cheveux parfois … mais c’est toi que je veux. »

Aujourd’hui, Tibus faisait un grand pas dans la direction de son ex-petite-amie. Ce séjour en vacance n’avait pas été de tout repos, et cette crise de ce matin avait été comme un électrochoc pour le garçon. Seul, sur la plage, il se rendait tout de même compte de la difficulté qu’il avait à ouvrir son cœur et à parler de ses propres émotions. Cela avait toujours été l’un de ses torts. Il gardait tout pour lui, ne parler jamais de sentiments, et semblait vouloir donner l’illusion qu’il ne ressentait rien. C’était sa façon à lui de se protéger contre l’amour, contre ce sentiment qui l’avait toujours effrayé sans qu’il ne puisse réellement expliquer pourquoi. Après tout, quand on avait une famille comme la sienne, la logique voudrait que l’on ait complètement foi en l’amour. Quel meilleur exemple que d’avoir deux parents ensembles et amoureux après autant d’années, après autant d’épreuves traversés. Mais Tibus n’était pas ses parents, il avait ses propres failles et faiblesses, et se mettre complètement à nu devant quelqu’un était l’un d’entre eux. Sur le chemin, il avait blessé de nombreuses personnes. Mais celle qui avait été le plus touché par ses frasques et son instabilité était sans aucun doute son ex-petite-amie Télia. Il avait toujours été épris d’elle, usant et abusant de mensonges et de ruses pour la garder près d’elle, et pour l’empêcher de totalement passer à autre chose. Il s’était également longtemps menti à lui-même, se voilant la face sur ses véritables sentiments à l’égard de l’ancienne serdaigle. Mais pouvait-il continuer à se mentir à lui et aux autres ? Non. Parce qu’il avait désormais tout à perdre et plus rien à gagner. Aujourd’hui, il avait compris qu’elle ne lui appartenait pas, et qu’elle était libre de continuer sa vie comme elle l’entendait, sans lui dedans si elle le désirait. Cette pensée lui arrachait le cœur. Parce que son monde existait avec la demoiselle dedans. Et sans elle, il serait tout simplement perdu. Il ne pouvait pas imaginer cela. Tibus faisait de son mieux pour articuler des paroles, pour essayer de partager le fond de sa pensée. Et Télia se montrait incroyablement compréhensive. Encore une fois, elle lui trouvait des excuses. Encore une fois, elle voyait le bon côté plutôt que de l’accabler de reproches. Chose dont elle aurait entièrement le droit de faire vu ses agissements ces derniers mois. Mais elle n’était pas comme lui. Et heureusement d’ailleurs … Alors elle lui confia qu’elle avait pris l’habitude de lui trouver des excuses pour ne pas le détester. Son entourage avait été contre lui et pourtant elle avait répondu présente pour continuer à le défendre maintes et maintes fois.

– Tu m’as sans doute cherché trop d’excuses, même quand je ne le méritais pas. Je connais personne qui f’rait un quart de ce que t’as fait pour moi Tel. T’es quelqu’un de bien … même peut-être trop bien pour avoir à faire à un mec comme moi.

Dit-il finalement. La jeune demoiselle était tellement calme. Cela aidait grandement Tibus à ne pas perdre le fil, et à ne pas avoir envie de partir en courant dans l’autre sens même s’il était dans une conversation sérieuse. Le genre de conversation qu’il essayait si souvent d’éviter, qu’il avait fui par le passé. Télia pouvait lire en lui mieux que personne. Elle l’avait cerné, elle le connaissait depuis le temps qu’ils se connaissaient. Elle l’avait vu agir, évoluer, gagner, perdre. Et elle était toujours là. Elle savait mieux que personne qu’il ne voulait montrer aucunes failles et qu’il détestait par-dessus tout d’être vulnérable. Pour lui montrer ses faiblesses, revenait à admettre être quelqu’un de fragile. Et il ne pouvait pas accepter de renvoyer ce genre d’image au monde extérieur. C’était plus fort que lui. Et même avec les personnes dont il était le plus proche, il avait toujours ce blocage qui l’empêchait de se livrer totalement. Ce n’était pas facile d’aller contre sa nature, ni même de changer cette part de lui. Il se doutait qu’il ne pourrait pas devenir quelqu’un d’autre en un claquement de doigt, mais en soit, si l’on regardait ces dernières années, il avait déjà fait du chemin. Comme Télia le disait si bien, c’était quelque chose sur laquelle il fallait travailler : accepter d’avoir des failles, accepter de se donner à quelqu’un.

Tibus continuait de se contenir. Il ne pouvait pas lâcher tout ce qu’il avait sur le cœur comme ça. Parce que ce n’était pas dans ses habitudes, parce que c’était des sentiments et des pensées qui avaient été refoulés pendant des années, parce que c’était aussi donner l’occasion à Télia de lui briser le cœur. Toutes ces choses, toutes ces pensées qui traversaient son esprit. Tibus ouvrit finalement la bouche pour lui dire qu’il avait envie d’être avec elle, il voulait que ce jeu pervers prenne fin. Il savait qu’il n’était pas parfait, et qu’il ne le serait jamais. Il allait sans doute lui faire du mal encore, faire des erreurs … mais c’était elle qu’il voulait, c’était elle la fille qu’il avait choisi. Les quelques secondes qui s’écoulèrent avant que Télia n’ouvre la bouche lui paraissaient une éternité, comme si le monde avait cessé de tourner, comme si son cœur avait arrêté de battre … et finalement la jeune femme lui annonça que c’était ce qu’elle voulait aussi. Elle voulait être avec lui, elle voulait que tout ce jeu cesse.

Et Tibus lui attrapa la main pour l’attirer vers lui. Il attrapa ses lèvres dans un baiser passionné, qui faisait passer un message qu’il n’aurait jamais pu exprimer avec des mots. Ce baiser n’’était presque pas comparable avec ceux qu’ils avaient partagés ces dernières années. Comme si ce baiser ouvrait la porte à une nouvelle page pour leur histoire. Le cœur du garçon battait la chamade sous tous ces effets, toutes ces sensations qu’il partageait avec la jeune femme. Le genre de baiser passionnel qu’il ne voulait pas voir s’arrêter. A cet instant, il avait simplement l’impression d’être seul au monde avec la fille qu’il voulait. L’impression que rien n’avait d’importance, que personne ne pourrait venir interrompre ce moment. Et quand le baiser cessa, il la prit dans ses bras, la serrant fort, comme s’il la retrouvait après des années de séparation. Lui-même ne pouvait pas expliquer ce qui se passer dans sa tête à cet instant. Simplement quelques mots s’échappèrent dans un murmure.

– Ne m’abandonne plus, d’accord ?