Teddy * Un jour on l'appelle maman, elle le reste toute la vie

Il était encore tôt et pourtant Lullaby était déjà dans la cuisine, ce matin là. Depuis la fin de la guerre, il était courant qu'elle se réveille parfois bien trop tôt, sans parvenir à se rendormir. Alors elle abandonnait le lit qu'elle partageait avec Severus, pour aller potionner, lire ou comme ce matin, s'occuper de la cuisine en vue du réveil de son filleul, Teddy, cinq ans, fils de Remus Lupin et Nymphadora Tonks. A la mort de ses parents, Andromeda avait évoqué l'idée d'élever elle-même son petit fils. Bee ne l'avait pour sa part pas entendu de cette oreille et bien que Severus n'avait pas été ravi de cette décision, peu ravie de devoir se comporter en père avec le fils d'un ancien ennemi de collège, elle avait finalement obtenu de pouvoir éduquer l'enfant. Il grandissait donc avec elle, l'appelant maman, quoi qu'elle essayait toujours de lui parler de Remus et de Nymphadora. Plus jeune, il avait pleuré plusieurs fois quand elle avait dit ne pas être sa maman. Elle avait finit par accepter de porter son titre, par le cœur, une mère étant autant la personne qui nous offre la vie que celle qui nous éduque, mais se refusait à ne pas laisser dans son jeune esprit une trace de l'existence de ses parents.

Tout était près sur la table de la cuisine et elle observait par la fenêtre, un chignon maintenant strictement ses cheveux en place. Observant l'extérieur, la demoiselle était pensive, perdue dans ses réflexions, dans ses souvenirs. Les traits tirés, la mine fatiguée, elle se détourne pourtant de ses contemplations et s'installe au salon pour lire un peu, le temps que compagnon et enfant, peu importe lequel, se décide à la rejoindre et occuper son esprit à son tour.

@Isidore A. Hepburn navré du retard j'ai été fatigué et après je suis partie en week-end

Teddy ouvrit les yeux, soudainement, et se redressa rapidement sur son séant. Quelques rayons de soleil filtraient à travers les rideaux de sa chambre et venaient délicatement lui chatouiller le nez.
Le garçon bailla à s’en décrocher la mâchoire et s’étira avec paresse, hésitant à quitter la chaleur bienfaitrice de son édredon. Un sourire ne tarda pas à fleurir sur ses lèvres tandis qu’il regardait sa couverture d’un œil brillant. Vif dès le réveil, à la plus grande déception de son père, Teddy sortit rapidement de son lit et glissa son édredon sur les épaules. Il salua son reflet dans le miroir décoré de photos animées de différents animaux et personnages de livres pour enfants.
Aujourd’hui, ses cheveux naturellement châtain (et ébouriffés) étaient plus sombres et dotés de reflets bleus tandis que ses yeux étaient d’un marron lumineux. Un sourire espiègle qui dévoile deux dents manquantes sur le devant, et deux fossettes discrètes, habillent son visage aux rondeurs enfantines.
Après une grimace à son reflet, il ouvrit la porte de sa chambre et s’élança dans le couloir, sa cape sur les épaules. Il trébucha avant de se rattraper à la balustrade et dévala les escaliers avec une discrétion digne d’un éléphant nain, se chargeant de réveiller toute la maisonnée, au cas où elle dormait encore. Arrivé en bas une délicieuse odeur qui fit grogner son estomac d’envie l’informa que le petit déjeuner avait déjà été préparé.
Inquiet à l’idée que ses parents aient mangé sans lui, le garçon se précipita dans la cuisine et ouvrit la porte à la volée. L’air était ici plus chaud que dans le couloir, et surtout, sentait bon les œufs et le bacon, et… d’autres choses qu’il n’arrivait pas à reconnaitre, mais il s’agissait de quelque chose de bon, forcément.
Profitant des pouvoirs magiques de sa cape, l’enfant se précipita vers la table de la cuisine et grimpa à moitié dessus, s’étalant de tout son long il parvint, en tendant le bras, à attraper une tranche de bacon grillée de ses petits doigts tendrement boudinés.

-Miam !

Il n’avait pas salué sa mère, ne s’était pas lavé les mains, avait presque grimpé sur la table, mais il n’y pensait pas, son estomac lui dictait sa conduite. Et puis il avait eu peur qu’il n’y ait plus rien à manger, une telle frayeur mérite bien une tranchounette de bacon, n’est-ce pas ?

La jeune femme installée dans son canapé ne manque pas d'entendre le bruit que fait le petit Teddy en dévalant les escaliers, équipé de son édredons et usant de la délicatesse d'un éléphant. Si avec ça, Severus n'est pas réveillé dans la foulée, la demoiselle ne comprend pas. Teddy est si rapide que sa marraine n'a pas le temps de marquer sa page, fermer son livre et poser celui-ci pour le rejoindre, que l'enfant est déjà dans la cuisine, une tranche de bacon au bout de ses mains potelées et sales. Lullaby l'observe faire, depuis l'embrassure de la porte où elle vient de s'accouder.

"- Teddy ? Tu n'as rien oublié ?" demande finalement la sorcière en le rejoignant, prenant le bacon entre deux doigts pour le poser dans l'assiette. "On va se laver les mains pour commencer petit loup !" lance la demoiselle en prenant un air fâché. "Sinon tu va au coin et pas de miam miam !" lance-t-elle en le conduisant à la salle de bain.

Lullaby aide l'enfant à nettoyer ses mains et salut le potionniste qui les rejoint, venant déposer un furtif baiser sur ses lèvres avant que l'homme ne parte s'installer dans la cave pour y préparer quelques potions. Restée seule avec Teddy, la demoiselle lui permet de retourner à la cuisine et l'aide à s'installer sur son siège, le servant alors en bacon et autres.

"- On dit quoi Teddy, quand quelqu'un nous donne quelque chose ?" demande la demoiselle en venant ébouriffer la tête brune de son filleul.

Elle s'installe alors et se sert à son tour en souhaitant un bon appétit à Teddy. La demoiselle lui adresse un sourire comme elle remarque la mine de ce dernier devant la nourriture, en songeant qu'il ferait un bon poufsouffle. Elle rit intérieurement.

"- On dirait ton père devant du chocolat !" rit la demoiselle.

Teddy n’eut pas le temps de porter son trophée (encore un peu chaud, et délicieusement croustillant) à sa bouche qu’une voix l’arrête dans son élan. Sa maman, qui, comme toujours, parvient à surgir avant qu’il ne parvienne à effacer toute trace de son méfait. Ou comme dans ce cas, à le stopper avant qu’il ne le commette totalement.

"Teddy ? Tu n'as rien oublié ?"

Le garçon, prit en faut la main dans le sac (ou dans le bacon dans ce cas-ci), baisse les yeux et un air penaud se peint sur son visage tandis que Lullaby lui ôte sa tranche de bacon des doigts.

"On va se laver les mains pour commencer petit loup ! Sinon tu vas au coin et pas de miam miam ! »

-Oui maman.

Trop heureux d’échapper à la punition, le garçon suit sa mère jusqu’à la salle de bain et se lave les mains avec une grande attention, ce qui n’est évidemment pas le cas lorsque personne ne l’observe. Mais peu désireux d’énerver sa mère dès le matin, il lui obéit rapidement et ensemble ils retournent à la cuisine où Severus les attend. Il a, comme tous les matins, un air maussade sur le visage, et le garçon évite de se montrer trop enthousiaste, afin d’éviter de l’énerver, car contrairement à sa mère, il n’hésite pas à le punir. Et ses punitions ne sont vraiment pas amusantes. Le bambin grimace au souvenir de sa dernière punition pour avoir bavé (intentionnellement) dans un de ses bocaux avec des sortes de crapauds dedans.

"On dit quoi Teddy, quand quelqu'un nous donne quelque chose ?"

Le petit Teddy sent ses joues se colorer, et marmonne un « merci maman » assez faible tandis que Lullaby le décoiffe après avoir rempli son assiette.
L’odeur lui chatouille les narines et après un coup d’œil aux adultes présents autour de la table, il entame allègrement son repas après les traditionnels « bons appétits » échangés. L’enfant savoure avec plaisir le repas préparé et ses cheveux prennent doucement une teinte légèrement plus électrique, preuve encore plus évidente de sa joie.

"On dirait ton père devant du chocolat !"

L’éclat de rire qui accompagne ces propos fait sourire Teddy, qui aime bien quand sa mère est heureuse. Il regarde avec curiosité Severus, se demandant s’il l’avait déjà vu manger du chocolat. Devant le regard noir de son père, un détail lui revint à l’esprit. Peut-être Bee parlait-elle de son autre papa, celui qu’il n’avait jamais connu. Probablement, Severus grognait toujours lorsque le sujet s’approchait de ses autres parents. Ceux qui étaient partis. Les morts quoi. Même si maman ne disait jamais les choses ainsi (elle préfère dire de jolies choses), il avait bien compris. Et ils ne lui manquaient pas. Peut-être un peu son autre maman, qui pouvait aussi changer de couleur, ou modifier son corps. Il aurait adorer voir ça, parce que lui, il arrive qu’à changer ces cheveux pour le moment.

-J’aime bien le chocolat aussi.

Sa petite voix timide avait résonné dans la pièce, et le garçon se demandait s’il n’aurait pas dû se taire pour évacuer rapidement le sujet « anciens parents » pour éventuellement voir sourire Severus. Mais tant pis, le sourire sera peut-être pour une prochaine fois.

-Regarde.

Le garçon prit appui sur la table et attrapa le cacao en poudre et saupoudra généreusement sn repas, recouvrant œufs, saucisses, et haricots d’une couche brune. Un air enchanté se peint sur son visage tandis qu’il ouvre grand la bouche pour enfourner sa prochaine cuillerée. Oui, pas de fourchette avec lui, car il lui arrive encore fréquemment de rater sa bouche, et son père en avait marre de le voir griffé sur les joues tous les jours.
Tandis qu’il enfournait son repas au chocolat dans sa bouche, il s’amusa du regard que ses parents lui portaient. Il aimait quand ils le regardaient.
Par contre, les joues remplies de haricots blancs et de morceaux d’oeufs mélangés à du chocolat… C’était pas bon. Du tout. Sauf qu’il sentait deux paires d’yeux l’observer avec attention, et qu’il avait fait le fanfaron dont il avala péniblement sa bouchée, tentant de ne pas paraitre dégouté le moins du monde. Il déglutit péniblement et évita le regard des adultes pour observer son assiette et tout ce qu’il lui restait à manger, et qui ne serait certainement pas très bon…

La demoiselle a un léger sourire en regardant son filleul et son air penaud en ce matin, alors qu'il est conscient d'avoir fait une bêtise et d'avoir échappé de peu à une punition certaine. La jeune femme le conduit donc rapidement à la salle de bain et consciente des malices de celui qui l'appelle maman, la sorcière n'hésite pas à l'accompagner pour être certaine que le bambin se lave correctement les mains. Elle se doute bien que si elle le laissait faire sans surveillance l'enfant aurait tôt fait de mouiller seulement ses doigts et faire croire qu'il s'était effectivement lavé les mains.

La jeune femme le laisse ainsi faire et tout deux regagnent alors la cuisine, la maman faisant le service pour contenter son enfant et lui souhaiter un bon appétit, alors que Severus arbore un œil morne. Bee tente de le faire sourire, une fois qu'elle est installée et qu'elle commence son petit déjeuner. Mais son entreprise est sans grand succès et l'homme reste de marbre aux tentatives de sa douce, dont l'attention est attirée par le petit Teddy qu'elle compare à son père. Severus grogne. Mais Remus était le parrain de Bee et cette dernière ne compte pas taire l'existence de ce dernier, ni même sa mort, pour satisfaire l'homme de sa vie.

Comme l'enfant dit aimer le chocolat, il demande à sa mère de regarder et saupoudre du cacao sur le reste de sa nourriture en essayant de la manger par la suite. La petite bouille prétend alors manger ce repas, sous le regard des deux adultes et Bee sent déjà que ça va mal se terminer. L'enfant mâchouille sa nourriture et semble essayer de cacher son dégoût pour sa mixture. Pourtant il finit sa bouchée et n'ose plus regarder les grands, observant seulement son assiette avec une mine déconfite. Bee soupire et remplie une nouvelle assiette qu'elle lui donne, prenant l'assiette nappée de chocolat pour elle, pour ne pas gâcher. Avec Severus ils ne roulent pas sur l'or et la jeune femme préfère ne pas trop toucher à l'argent qu'elle et Harry ont hérité de leurs parents.

"- La prochaine fois tu réfléchiras avant de mettre du chocolat partout, n'est-ce pas Teddy ?" demande la demoiselle en commençant à manger l'assiette de son fils, sans parvenir à cacher l'air dégouté que lui inspire la vue et le goût de cette préparation. Mais elle ne dit rien, craignant que Severus ne gronde alors le petit. "Mange Teddy... tu veux faire quoi aujourd'hui ?" demande la sorcière en grimaçant comme elle prend une nouvelle bouchée de bacon.

Teddy regardait d’un air dépita son assiette recouverte de chocolat. C’était pas bon, mais il allait devoir finir, c’était une règle de la maison qu’il avait fini par apprendre. Un air triste envahit son visage et il se demanda si son autre papa serait déçu qu’il n’aime pas le chocolat comme lui ? Un pincement au cœur supplémentaire et le garçon se dit que la journée allait être plus compliquée que prévu.
Mais sa mère comprenant sn erreur, vint à son secours, comme le font les superhéros. Tandis qu’elle échangeait les assiettes sous le regard émerveillé de l’enfant, il se dit que sa mère était vraiment la plus géniale de toutes les mamans. Un sourire timide, mais sincère, apparu sur ses lèvres alors que Bee lui faisait la morale.
"La prochaine fois tu réfléchiras avant de mettre du chocolat partout, n'est-ce pas Teddy ? "
Le petit hoche la tête, heureux d’avoir été sauvé et se dit que le chocolat sur son petit déjeuner était probablement la pire des idées, et qu’il ne fallait pas qu’il recommence.
Le petit se mord la joue, hésitant sur la conduite à suivre, alors que sa mère continue.
"Mange Teddy... tu veux faire quoi aujourd'hui ?"
Le petit lève des yeux étonnés vers ceux de sa mère et finalement, prit d’une pulsion, se laissa tomber de sa chaise, se réceptionnant sur ses deux jambes, et se dirigea vers elle. Il l'enlaça alors et la serra très fort contre lui.
-Je t’aime maman..
Il sentit une drôle de boule dans son ventre, mais se refusa à pleurer. Il resta immobile quelques secondes, savourant le parfum discret de sa mère, et la douce chaleur de son corps. Finaleent, il se détacha et répondit à sa question.
-Je sais pas.. On pourrait aller se promener, jouer à cache-cache, inventer une potion qui fasse des bulles…
Le garçon était concentré et fronçait les sourcils. Il voulait passer la journée avec ses parents, et surtout, voir Severus content, et il savait que les potions étaient son passe-temps préféré. Malgré sa maladresse, peut-être qu’ils pourraient créer une potion rigolote, comme celle qui fait de la mousse colorée dans son bain.
Le garçon regarde son père, les yeux brillants d’espoir. Il espère que celui-ci acceptera de passer la journée, ou au moins quelques heures avec lui.

La jeune femme pardonne sa bêtise à l'enfant. Après tout, ce n'est qu'un enfant, un tout petit et au vu de la tête qu'il a fait en goûtant l’œuf au chocolat, maintenant il aura retenu la leçon. Il faut laisser les enfants apprendre de leurs erreurs c'est un fait. Mais Bee ne va pas lui imposer de finir tout son déjeuner au cacao. Comme la plupart des mamans le feraient, la jeune femme vole au secours de son rejeton, en lui donnant de la nourriture saine, prenant pour elle cette immondice au chocolat dont il est le créateur. Elle sait déjà que cela ne va pas être bon et qu'elle va devoir noyer le goût sous un bon bol de thé au fur et à mesure qu'elle va manger mais tant pis, la demoiselle ne peut laisser Teddy et sa bouille triste avaler une telle mixture. La prochaine fois l'enfant fera sûrement plus attention.

Bee le presse contre elle lorsque l'enfant se laisse tomber de sa chaise pour venir passer ses bras autour d'elle et dire qu'il l'aime. Déposant un baiser sur le sommet de son crâne la demoiselle répond qu'elle aussi. Après la guerre, Teddy était devenu son moyen de ne pas sombrer. Elle avait perdu beaucoup. Des amis, des proches, son parrain. La bataille finale avait changé la face de l'Angleterre et si l'entreprise avait été un succès sur le point de vu de la guerre, humainement les choses avaient été moins simples. Harry avait signé l'unique autographe de sa vie, pour le petit Colin Crivey et plusieurs étudiants de Poudlard avaient trouvés la mort. Tous avaient été secoués.

«- Oui on pourrait aller préparer une potion rigolote ! » annonce la demoiselle et elle adresse un regard à Severus qui opine de la tête. Il reste un peu gauche avec l'enfant mais avec le temps la demoiselle trouve tout de même que son cher et tendre se bonifie. «Tu voudrais qu'elle fasse quoi cette potion !? Des bulles de toutes les couleurs, comme tes cheveux !?»

Inutile d'espérer un matin tranquille chez les Rogue, le petit Lupin a décidé de briser cette tranquillité très tôt, très jeune, dès que sa marraine l'a recueilli chez elle, considérant l'âge avancé de la grand-mère du petit garçon. l'enfant avait toujours milles choses à dire, à faire, à mimer, à demander et il ne laissait aucun repos à ses parents, alors qu'il faisait les questions et les réponses tout seul parfois. Sa mère s'en amusait mais ce n'était pas toujours du goût de Severus Rogue qui appréciait la tranquillité, pour sa part. Qu'il n'avait plus que lorsque l'enfant partait passer un jour ou deux chez Harry, de sorte que Bee et Severus, devenus parents trop précipitamment, puissent se retrouver et profiter d'un peu de temps ensemble en tête à tête.

Sa maman le regarde comme il va offrir un câlin à Severus et elle a un sourire léger, en terminant enfin d'avaler l'immonde mixture au chocolat qu'elle a accepté d'échanger avec son enfant pour ne pas condamner ce dernier à se repaître d'un si mauvais repas. Elle note le presque sourire de Severus et sait que le petit garçon n'aura pas grand chose de plus de la part de ce dernier, car l'homme aux cheveux sombres, au regard noir, perçant, n'est pas des plus doués avec les enfants, ni même avec les femmes parfois. Mais Teddy ne s'en formalise pas et le voilà qui raconte son rêve alors que Bee, pour faire passer le goût de la nourriture qu'elle vient de consommer, noît sa langue sous un nouveau bol de thé pour masquer par la menthe le goût mélanger de chocolat et de bacon.

"- Oui tu aurais dût chéri mais ce n'est pas grave tu seras peut-être encore un dragon dans ton rêve de ce soir !" suggère Lullaby en se levant pour débarrasser.

Rêveuse confirmée elle couve son neveu du regard, en se promettant de visiter les songes de son rejeton le soir même. Elle lui offrirait alors le loisir d'être de nouveau un dragon et de vérifier ses hypothèses. Terminant rapidement sa vaisselle d'un coup de baguette, la jeune femme prend finalement la main de Teddy pour le conduire dans l'atelier où Severus les précède. Et avec son partenaire elle installe le matériel en surveillant que Teddy pour le moment ne touche à rien. Puis, décidant que l'exercice peut être pédagogique, elle l'installe sur une chaise pour qu'il puisse observer les ingrédients et retenir les noms, alors que Severus les lui montre tour à tour en expliquant à quoi ils servent.

Lorsque Teddy fit une pause pour reprendre sn souffle, sa mère en profita pour le rassurer, lui avouant qu’il était possible qu’il soit encore un dragon cette nuit. Un sourire fleurit de nouveau sur ses lèvres et le garçon se tut pour les quelques minutes que durèrent le débarassage de table. Il songeait à ce qu’il allait pouvoir faire si il était encore un dragon dans son rêve. Mieux, s’il était un prince dragon, c’était vraiment super ça. Il allait peut-être avoir un château pour lui tout seul. Mais.. Est-ce que les dragons ça vit dans les palais ? Ou ça préfère les maisons ? En tous les cas, ils ont pas de cabanes, parce que si ils éternuent ils peuvent mettre le feu, et ça serait dommage de vivre dans une cabane brûlée. Tiens, il faudrait qu’il demande à Tonton Charlie, lui il doit savoir. C’est un grand fan des dragons, peut-être que son rêve, ça veut dire qu’il va le revoir bientôt ? Parce qu’il était pas là à Noël passé… C’était dommage, parce que Tonton Charlie il raconte toujours de supers histoires !
Finalement, sa mère lui prit la main et le petit garçon revint à la réalité. Il allait aller dans le labo de son père… Un frisson d’excitation le parcourut et il serra un peu plus fort la main de Lullaby. C’était rare qu’il soit autorisé à y aller. D’habitude Severus lui interdit d’y mettre les pieds, soi-disant parce qu’il casse toujours des trucs. Mais c’est pas vrai d’abord.
Se concentrant pour ne rien toucher, le petit Teddy enleva sa cape avant de pénétrer dans le mystique labo et observa avec des yeux curieux tout ce qui l’entourait. C’était comme dans ses souvenirs. Plein de bocaux, quelques chaudrons de toutes les tailles, une lumière filtrée par une étrange fenêtre, des odeurs multiples et…
Teddy se mord les lèvres, résistant à la tentation. Ses mains le démangeaient de toucher tout ce qu’il voyait, mais il savait que ses parents le surveillaient avec attention, alors il était hors de question de se faire expulser du labo avant même qu’ils aient fait leur super-potion.
Assis aussi sagement que possible, le garçon essaye de se calmer, car ses parents semblent lui parler comme à un grand, et il veut pas les décevoir. Ils lui présentent différents.. trucs, en lui disant comment ça s’appelle et à quoi ça sert. Le garçon essaye de tout retenir, mais après les racines de… mandador (enfin, ça y ressemble, vaguement), il a fini par décrocher. Ça faisait trop de choses à retenir d’un coup, et il sentit la tristesse l’envahir. Il n’était pas assez fort pour tout retenir. Il allait décevoir ses parents.

-Je.. j’arrive pas à tout me souvenir…

La tête baissée, déçu de ne pas avoir passé l’épreuve, le petit espérait qu’il pourrait quand même rester pour les voir faire, quitte à pousser sa chance jusqu’à jeter des ingrédients lui-même dans le chaudron fumant.

-Mais.. je peux quand même rester pour vous regarder ?

Si Bee était à ce point prête à ouvrir l'accès au laboratoire au petit Teddy, c'était aussi un peu égoïste. Parce que la demoiselle y mettait trop peu les pieds à son goût. Comme elle s'occupait de l'enfant depuis son emménagement avec Severus et la mort des parents de ce dernier, elle n'avait put s'occuper d'elle ces dernières années. Teddy était un bébé, trop petit pour qu'elle installe son couffin dans un coin de la pièce et l'y laisse le temps de faire une potion. Si ça tournait mal ses petits poumons n'auraient pas résistés. Puis Teddy avait grandit et il avait commencé à toucher à tout, à courir partout, nécessitant alors de la part de sa prétendue maman une vigilance constante et surtout, surtout, qu'elle soit toujours avec lui, de ce fait. Comme elle passait tout son temps à surveiller l'enfant, elle ne pouvait pas passer de temps à potionner et cela lui manquait Quelques fois, quand il était couché, la jeune femme pouvait se permettre d'aller préparer une potion, si elle n'était pas trop fatiguée par sa journée. Elle n'y faisait alors jamais rien de fou, ou de long, car elle ne pouvait pas être certaine de s'occuper, tout les jours, du polynectar ou du veritaserum. Severus montait, lui laissant le laboratoire, surveillant l'enfant, pour que la jeune femme puisse en profiter. Mais potionner avec lui manquait à la sorcière. Quelques fois, quand Harry gardait Teddy, ils pouvaient se le permettre, se retrouver et Bee prenait plaisir à redevenir élève de son cher et tendre, à apprendre de lui.

Dans le laboratoire, essayant de joindre l'utile à l'agréable, la jeune femme propose que Severus montre quelques ingrédient au petit garçon mais rapidement, cela semble trop pour lui et Teddy se plaint, de telle manière que Bee intervient pour que cesse cet exposé. Teddy, penaud, demandant à pouvoir les regarder, la maman se montre rassurante.

"- Ne t'inquiète pas Teddy, tu va même pouvoir participer à la préparation de la potion ! Ce n'est pas grave si tu ne retiens pas tout, c'est normal, tu es encore petit. On ne te demande pas de te souvenir de toutes ces choses d'un coup, ça viendra petit à petit d'accord ?" dit-elle en lui caressant le sommet du crâne tandis que Severus énonce la première étape et porte l'enfant pour qu'il puisse mettre "trois louches d'eau".

Teddy renifle et hoche la tête, rassuré. Sa maman ne s’est pas mise en colère, et elle lui a gentiment expliqué les choses, lui annonçant que c’était normal qu’il ne se souvienne pas de tout. Le garçon sourit, et sa peur disparait petit à petit.
Il regarde Severus lire son livre de potion, leur énonçant ce qu’ils doivent faire. Il a les sourcils légèrement froncés, en signe de concentration. Le petit Teddy se demande si lui aussi fait cette tête-là lorsqu’il lit. Enfin, quand il essaye de lire. Sa mère lui a appris quelques mots, mais toutes ces lettres s’emmêlent dans son esprit et il peine à décrypter les phrases.
Finalement, le sorcier prend Teddy dans ses bras, à son plus grand plaisir, et le porte afin que le garçon puisse verser trois louches d’eaux dans le chaudron. Concentré, Teddy tire la langue et veuille à ne pas renverser une seule goutte à côté. Lorsque la dernière louche se vide dans le récipient en fonte, le gamin relève la tête et sourit à sa mère qui le regarde, fier de lui. Il savoure les dernières secondes qu’il passe au contact de Severus, dans ses bras et ses pieds touchent de nouveau la terre ferme. Il se retourne ensuite et observe le maître des potions, son éternel sourire sur les lèvres, les yeux brillants.

-Et ensuite, y faut faire quoi ?

Severus lui tend une boite remplie de sel et le porte de nouveau pour que le bambin puisse jeter une poignée dans le chaudron. Puis il lui explique comment éplucher un insecte étrange, afin de déparer les ailes du reste du corps, et le prévint de faire vraiment très attention. Pendant que le garçon se concentre pour retirer précautionneusement les ailes de son espèce de mouche, les adultes ont sorti les couteaux et continuent la préparation en expliquant toutefois ce qu’ils font au petit.
De très longues minutes plus tard, Teddy a réussi à avoir quatre ailes intactes, contre beaucoup de cadavres puisqu’il a tendance à trop serrer ses petits doigts et que la membrane transparente ne supporte pas ses caresses maladroites.

-J’ai fini !

Le garçon prend délicatement ses ailes dans le creux de sa paume et les apporte à son père.

La jeune femme ne voulait pas voir son neveu pleurer, si bien qu'elle le rassurait de suite quand elle constatait que son petit regard se remplissait de larmes. Le voir triste lui était insupportable et chaque fois elle avait l'impression de faillir à sa tache. Elle ne pouvait pas faire cela, elle ne pouvait pas faiblir, elle le devait à Remus. Mais apprendre à devenir mère si jeune, de but en blanc, n'avait rien de facile en soit. Elle avait été propulsée à ce rang sans jamais avoir eut l'ambition de devenir mère si jeune. La guerre l'avait marquée, avait changé sa destiné. Lullaby avait toujours imaginé qu'elle finirait ses études, qu'elle se consacrerai à la recherche. Et elle n'avait jamais imaginé qu'elle deviendrai mère pour être honnête parce que les garçons ne voulaient pas d'elle. La jeune fille avait trop la tête dans ses potions pour attirer sur elle l'attention d'un garçon. C'était tout du moins ce qu'elle pensait, ce que les gens lui faisaient croire, avant que sa route ne croise celle d'un potionniste émérite.

«- Ne t'en fais pas poussin, tu apprendra à la longue, papa et maman n'ont pas tout sût du premier coup ! Même si papa aime à rappeler que lui est un génie et patati et patata !» annonce Bee avec un léger rictus, singeant son amoureux pour faire rire l'enfant.

Comme Severus guide l'enfant pour l'eau et le sel, Bee s'occupe d'émincer une racine de mandragore, en surveillant du coin de l'oeil ce qu'ils font, surtout quand son amoureux laisse Teddy s'occuper des ailes. Rapidement, la pauvre bestiole est dépossédée de ses attributs et seules quatre ailes survivent intactes à ce massacre. Mais Bee sourit, en oubliant le gaspillage.

«- C'est très bien mon grand ! Maintenant il faut les mettre dans la potion !» annonce-t-elle comme Severus porte de nouveau le petit. «Une après l'autre surtout ! »

Teddy a fini et tend devant lui sa main où se trouvent les toutes fines ailes d’insectes. Il ne songe pas aux cadavres laissés derrière lui, toutefois il surprend le regard de Severus. Surprise, colère, déception, amusement, acceptation. Sa mère par contre lui sourit et l’invite à jeter son précieux travail dans le chaudron, ce qui fait de la peine au jeune homme. Ça a été particulièrement compliqué et les jeter dans l’eau bouillante, si tôt c’est.. Frustrant. Décevant presque, il aurait aimé en profiter. Même s’il ne voit pas trop ce qu’il pourrait faire avec des ailes de mouches. Un collier pour Lullaby ?
Finalement, Severus le porte et lui conseille de lâcher les ailes dans la préparation, une par une, et c’est ce que fait l’enfance, concentré. Il secoue sa main droite, espérant détacher l’aile qui se colle à son pouce et lorsqu’elle se décolle finalement, elle tourbillonne lentement sous les yeux écarquillés du gamin jusqu’à toucher la surface de la préparation et, sous ses yeux éberlués, une grosse bulle explose soudainement pour dévorer la pauvre aile et.. le liquide prend une teinte légèrement jaune.
Un immense sourire apparait sur son visage tandis qu’il saisit précautionneusement une autre aile et reproduit le même schéma, cette fois-ci en soufflant sur l’aile collée à son pouce afin qu’elle se détache. La potion prend ensuite une couleur un peu verte, puis bleue et la quatrième aile lui donne une teinte bleu nuit, presque violette.
Teddy est reposé sur le sol et ne peut s’empêcher d’exprimer sa joie, d’avoir vu la potion changer de couleur, grâce à son travail.

-Hééééé ! C’est trop trop trop génial ! Vous avez vu ? Ça a changé de couleur ! C’est mes ailes qui ont fait ça ? Hein ? Vous avez vu ? C’est vraiment trop génial les potions ! Moi aussi quand je serais grand j’en ferais plein plein plein ! Comme vous ! Et puis on fera plein de grosses bulles colorées. Et puis des trucs utiles aussi, comme une potion qui permette de voir dans le noir, comme ça plus personne aura peur la nuit, et puis pour les enfants qui ont des problèmes de santé, aussi, on pourra leur faire des potions magiques, comme pour Chantale, tu sais, pour qu’ils soient guéris !

Le petit Teddy était vraiment emballé et semblait incapable de s’arrêter de parler. Pauvres de ses parents… Surtout que parler de la petite Chantale qui souffre de la Dragoncelle, qui ne voit aucun traitement fonctionner n’est pas forcément la meilleure des idées, surtout que sa joie est difficilement compatible avec la gravité de la situation.