Petite fille : trésor des papas

Dans le calme de sa chambre, en cette chaude après-midi de Juin, la petite Lullaby, âgée de bientôt cinq ans, dessine. Dehors, son frère Harry vole sur son balais d'enfant, en poussant de grands cris, si bien que la petite fille a dût demander à Lily de fermer sa fenêtre. Des deux jumeaux, Bee est la plus calme. Sur la feuille de papier, la fillette dessine des oiseaux, une maison, un monde tout en couleur. Et elle rit de son petit rire d'enfant, en imaginant que ses oiseaux sortent de la feuille. Elle a presque l'impression qu'ils volent autour d'elle, qu'elle peut les toucher du bout des doigts. Sur le papier, pour l'enfant aux petits boucles rousses, ils ont l'air vivant, comme des amis près à partir à l'aventure. Lullaby est fière de son dessin. Alors elle l'attrape, froissant la feuille dans le coin au passage et elle dévale les escaliers, sus ses petites jambes.

"- Maman ! T'as vu mon dessin !?" demande l'enfant en arrivant à la cuisine où sa mère prépare une douceur pour le goûter.

Un compliment de Madame Potter et la fillette repars, pour gagner le salon où son père doit être. Il y est comme elle le pensait, en train de lire le journal des sports, les résultats des matchs de quidditch. Malgré ses petites jambes et l'inconfort de sa robe rose, la fillette se hisse sur les gros coussins à côté de son père, lui adressant un fier sourire.

"- Papa ! T'as vu mon dessin ? Il est beau ? Là c'est toi et là, c'est maman. Et le petit bonhomme là c'est Harry sur son balais tu vois ! Et là dans tes bras, bah c'est moi !" annonce-t-elle fièrement, sans quoi son père n'aurait jamais pût reconnaître les personnages représentés.

Le mois de Juin était plus chaud que d’habitude. Harry et James profitaient du beau temps à l’extérieur. Il avait eu la bonne idée de lui offrir un balai pour enfant. Il n’était jamais trop tôt pour faire découvrir sa passion à son fils qui était aussi casse cou que lui. Il avait essayé de convaincre Lullaby de les rejoindre mais il se heurtait au caractère de la petite qui voulait dessiner. Elle ressemblait tellement à Lily parfois. James se souvenait des moments où il se glissait dans le dos de sa femme pour la surprendre alors qu’elle se perdait dans ses pensées et ses dessins. Hors d’haleine à force de courir après le jeune garçon, il rentrait et faisait un tour dans la cuisine pour prendre un verre de limonade. Il tendait la main vers les petits gâteaux mais se faisait immédiatement réprimander par madame Potter. « Les enfants ne remarqueront rien ! » Il tentait de plaider pour sa cause mais c’était peine perdue. Il se contentait donc d’un doux baiser. Voilà maintenant quelques années qu’ils étaient mariés mais son amour ne cessait de grandir pour elle. La magnifique rousse qui l’avait fait tant de fois courir. Son épouse se plaignait qu’il la déconcentrait alors qu’il la prenait sans bras. Un dernier baiser et il disparaissait dans le salon.

Les nouvelles n’étaient pas bonnes. La saison de Quidditch n’était pas la plus brillante. Les accidents semblaient s’enchaîner et le nouvel espoir de l’équipe d’Angleterre était à l’heure actuelle alité après avoir reçu un cognard. L’accident avait été des plus idiots. Sirius et lui avaient passé la soirée à gronder devant la télévision. Ils avaient réellement choisi une bande d’incapable. Il recommençait à pester lorsqu’une petite tête rousse faisait son entrée et se hissait tant bien que mal à ses côtés. Il prenait le dessin dans ses mains. C’était du gribouillis. Sans le vert de l’herbe et le bleu du ciel, il aurait été complètement incapable de savoir le réel sens du dessin. Mais comme tous les papas, il allait s’extasier devant et même l’approcher dans un coin de son bureau ou sur le frigo. Il était tellement fier de ses parents. « Oh ! C’est beau ! » Il attirait Lullaby sur ses genoux alors qu’elle s’essayait à une explication. Il était donc ce grand bonhomme avec un énorme corps. Madame Potter était un peu mieux que lui. « Tu l’as montré à Maman ? Elle n’était pas trop jalouse que tu sois dans mes bras à moi ? » Il serrait sa fille dans ses bras et passait sa main dans ses cheveux. « Alors, où est-ce que l’on va pouvoir l’accrocher ? Ta chambre ? Celle de maman et moi ? Mon bureau ? C’est à toi de prendre la décision. ! » Il ne pouvait s’empêcher d’être fier de sa fille, comme de son fils. Les deux merveilles de son existence.

Bee est fière de son chef d'oeuvre, même s'il n'y a pas de quoi. Et le fait que son père dise que ce dessin est beau lui fait plaisir, même s'il dit toujours ça. Comment croire que son papa ne dit pas la vérité, pour ne pas la blesser ? Du haut de ses cinq ans et malgré son esprit vif, la fillette ne peut quand même pas douter de quelque chose comme ça. Elle se contente d'explique le dessin, les personnages, de montrer ces magnifiques ronds avec ces cinq barres qui font offices de mains. Et elle sourit quand son papa demande si sa maman a vu le travail. Bee lui a montré oui.

"- Oui je lui ai montré. Elle a dit que c'était beau et... j'ai piqué deux gâteaux ! Il en reste un, tu le veux papa ?" demande-t-elle en ouvrant sa petite main pour montrer le fameux biscuit, à moitié réduit en miettes. Les larmes au bords de ses yeux verts, l'enfant regarde son papa d'un air triste. "Oh... a plus gâteau ! Beebee l'a tout cassé..." annonce l'enfant de sa voix fluette.

Une larme roule sur la joue rosie de l'enfant, qui vient cacher son visage contre le buste de son papa. Son gâteau, c'est vraiment pas juste ! Elle s'est donnée du mal pour le prendre dans le dos de Lily. Et voilà qu'il est à moitié en miette ! Un vrai coup dur pour Bee. Un coup dur de petite fille, qui ne sait pas grand chose des vrais coups durs de la vie.

"- On pourrait le mettre dans euh... dans ton bureau ?" propose l'enfant, avant de se souvenir d'un détail. Alors du bout de ses doigts, elle montre une forme sur le dessin. "Lui, le tout en noir.... C'est euh... c'est un ami de maman... mais... je sais plus euh... Se... Ve... euh... Veserus ! C'est Veserus !" annonce fièrement la petite, loin d'avoir remarqué l'inimitié de son père pour l'homme qu'elle a représenté sur le dessin. "Mais... je sais pas... pourquoi je l'ai dessiné." avoue Bee. peut-être parce qu'il est passé voir Lily ce matin.

Dans sa tête d'enfant évidemment, Lullaby ne peut savoir qu'un tel dessin, associé à son prénom, fait écho à une rousse que le couple a connu. Si à cinq ans l'enfant ne ressemble pas vraiment à l'adolescente de dix-huit qu'elle sera plus tard et qui est apparue en 1977 pour changer les choses, pour éviter la guerre et les morts de son époque, si personne ne peut encore soupçonner le lien à faire entre l'adolescente d'hier et l'enfant d'aujourd'hui, de tels propos, par contre, ne peuvent qu'aiguiser la curiosité, semer le trouble... Bee n'en a pas conscience.

Sa fille était fière de son dessin et il ne pouvait gâcher cet enthousiasme. Ce n’était pas du grand art mais c’était l’œuvre de sa fille et ca valait plus cher à ses yeux qu’une peinture d’un grand maître. La petite demoiselle se lançait dans une explication, plus que nécessaire pour son père. James ne pouvait s’empêcher de rire lorsqu’elle ajoutait avoir volé deux gâteaux. Il tentait de se calmer rapidement. « Lullaby qu’est ce qu’on a déjà dit à ce sujet ? On ne se sert pas sans demander la permission. Après maman pense que c’est papa. » Il lui faisait un petit clin d’œil. Mais la pauvre avait réduit son biscuit en miettes. Il la serrait contre lui et essuyait ses larmes. « Ce n’est pas grave. Regarde… » Il prenait un petit morceau et lui tendait. « Je suis certain que c’est encore très bon. » Toujours très gourmand, il en faisait de même. En bon père, James tentait de dévier l’attention de la petite fille en lui demandant à quel endroit ils allaient pouvoir mettre le dessin. Il n’était pas question de ne pas l’exposer. Le choix de la petite se portait sur le bureau. James hochait la tête. C’était une bonne idée. « D’accord. » Lullaby lui tendait à nouveau le dessin et précisait un détail dont il se serrait bien passé. L’espèce de palmier noir, il avait fallu que ce soit Rogue… Il faut dire que c’était assez ressemblant. Cette idée aurait pu faire rire le jeune homme si ce n’était pas le dessin de sa fille. « Vraiment… » Il se promettait d’en parler à Lily. Il était au courant qu’il passait chez lui de temps en temps. Il était d’accord. Sirius était assez souvent là alors il ne pouvait pas faire autrement. « Moi non plus ma chérie moi non plus. » Pourtant par la suite cette information fera son chemin dans l’esprit de James… faisant le lien avec son passé et son futur, mais pour l’instant la seule chose qui l’importait c’est de ne pas avoir cet idiot dans son bureau. « J’ai une idée. » Il obligeait sa fille à s’asseoir sur le canapé et se dirigeait vers le buffet du salon. Avec sa baguette il jetait un petit sort pour ouvrir le tiroir interdit aux enfants. « Ca manque de paillette. Tu ne trouves pas ? » La dernière fois, le canapé et la table basse avaient eu du mal à s’en remettre. Lui permettre de les utiliser à nouveau était un cadeau pour elle et une chance pour lui de cacher cet indésirable. Il se mettait à la hauteur de l’enfant « Mais chut. On ne dit rien à maman. »

Digne héritière de son père, elle ne manque pas non plus de prouver ses talents de chapardeuses. Mais le biscuit dont elle se régale par avance n'a plus si fière allure qu'au moment où il a atterrit entre ses petites mains potelées. Bee est triste mais son père, ce héros, parvient à la faire rire et lui montrer que le biscuit est toujours aussi bon, même s'il n'est plus aussi beau. Son père le mange aussi, l'enfant rit aux éclats. Il doit être bon alors. Et elle ne pense déjà plus au semi-reproche de son papa. C'est toujours lui que maman gronde quand il manque un gâteau.

Bee est contente, contente d'elle-même. Comme tout enfant est fier de son œuvre d'art. C'est de son âge, après tout et comme tout les enfants en bas âge, elle ressent le besoin de raconter son dessin, de l'expliquer. De montrer Harry sur son balais, sa mère qui sourit, son père et elle dans ses bras, avec ses bouclettes rousses et ses grands yeux. Et «Veserus». Veserus qu'elle a dessiné sans savoir pourquoi. Son père ne sait pas non plus, c'est ce qu'il dit, mais l'enfant ne fait pas attention. En revanche, quand son papa dit qu'il a une idée, la fillette lui accorde déjà beaucoup plus d'intérêt.  Comme il l'installe dans le canapé, l'enfant le regarde sortir le tiroir interdit et elle tape des mains, quand il parle de paillettes. Comme toutes les petites filles, Lullaby les adore.

«- C'est moi qui fait !» braille l'enfant alors que son papa dit de ne surtout rien dire à sa maman.

Le voyant à sa hauteur, la petite fille craint qu'il ne touche à son dessin. Hors, elle veut le faire toute seule. Mettant un peu de colle, elle saupoudre des paillettes bleus sur le ciel, des vertes sur l'herbe. Avec application, elle suit les contours des personnages, sa langue sortant depuis le coin droit de sa bouche, signe de sa concentration. Et puis quand Lullaby a finit, elle montre le résultat à son père, encore plus fière d'elle que tout à l'heure. Harry a un peu souffert, il brille un peu de quelques paillettes bleu. James et Lily par contre ne s'en tirent pas mal, la fillette est plutôt fière d'elle.

«- Harry l'était trop petit sur le dessin. Beebee elle a pas pût l'éviter. C'est pas grave si y brille un peu Harry, hein papa ?  Il m'en voudra pas. Heureusement, j'en ai pas mis sur maman et toi. Ni sur Veserus ! Il aurait pas été content, hein papa ?» demande l'enfant en tournant vers son père ses grands yeux verts et dans un mouvement de son bras, elle couvre James de paillettes jaunes soleil. «Oh Pardon Papa ! MON DESSIN» s'inquiète l'enfant, le regardant de nouveau. Il n'a rien. Pas une paillette jaune de trop. «Ouf... on devrait l'accrocher tout de suite hein, avant de l'abîmer ?»

James était passé maître dans l’art de consoler ses enfants. Il était assez doué pour détourner leurs attentions d’enfant vers des choses positives. Il lui montrait que le gâteau était toujours bon. Il était même excellent. Lily était extraordinaire au fourneau. Heureusement que la jeune femme nourrissait la famille. Avec James ce serait catastrophique. La cuisine ce n’était pas son truc. Et puis la petite pouvait profiter de son immunité : il allait se faire disputer par Lily. Elle ne pouvait pas croire que sa petite fille soit à l’origine de ce crime. Les deux Potter s’intéressaient à nouveau à l’œuvre d’art de l’enfant. James était sceptique de l’apparition surprise de Rogue sur le dessin. Il avait l’impression que ses pires cauchemars étaient en train de se réaliser petit à petit. Il fallait qu’il enraille le phénomène avant d’en parler à Lily. Il y avait une chose qu’il pouvait faire : les paillettes.

Les enfants étaient punis de paillette et de certaines peintures depuis que le salon s’était retrouvé dans un état lamentable. Même la magie avait eu du mal à en venir à bout. James avait eu des paillettes roses sur son pantalon pendant un long moment. Il réussissait à attirer l’attention de Lully. Il lui tendait les nécessaires : « D’accord mais fais attention. » Il déposait un baiser sur le haut de son crâne. Il l’observait se concentrer et s’appliquer pour son dessin. James attendait le bon moment pour voir disparaître Servilus du dessin. Il allait trouver un moyen même s’il n’avait pas le droit de toucher pour l’instant. Malheureusement sa fille était plus douée qu’il ne le pensait. Seul Harry succombait sous le poids des paillettes. « Mais non ce n’est pas grave. Tout le monde aime les paillettes ! Donc si tu as envie d’en mettre il faut te faire plaisir ! » Un mouvement malheureux et l’incident recommence. Des paillettes jaunes recouvrent le jeune père. Le dessin lui n’a rien. « Oui. Super. Allons l’accrocher. » Il n’était pas vraiment enthousiaste. Il prenait sa fille dans les bras et la serrais contre lui. Avec un peu de chance le dessin allait se déchirer en route. « En avant pour le bureau. » Ils s’amusaient sur le chemin : James se secouait faisant semblant de faire tomber sa petite.

A l’aide d’un sort, il ouvrait la porte du bureau qui débordait de curiosité dont il avait hérité à la mort de son père. Il laissait rarement ses enfants entrer, de peur qu’ils se blessent… Mais il était convaincu qu’ils allaient rapidement trouver un moyen d’y pénétrer comme lui l’avait fait étant enfant. « Alors où est-ce que tu veux le mettre ? » Il n’avait toujours pas trouvé d’idée pour se débarrasser de cette tête de palmier bien trop encombrant. « C’est dommage que tonton Sirius n’apparaisse pas sur ton dessin. Il aime beaucoup quand tu le dessines quelque part. Ca va peut-être le faire pleurer… » James n’était pas fier de lui. Il manipulait son innocente petite fille. « Et puis il est plus souvent à la maison… » Mais c’était surement pour son bien.

Faire attention ? Oh que oui, la petite fille travaille avec application pour répartir ses paillettes sur la feuille. Elle est plus manuelle qu'Harry, ce n'est pas nouveau. Plus consciencieuse surtout. L'enfant aux boucles rousses malgré son jeune âge a déjà quelques uns des traits communs aux potionnistes. Cette patience du travail, la concentration, l'application. Bien sûr à son âge ça ne marche pas à tout les coups mais elle veux bien faire. La preuve en est aujourd'hui avec son dessin, que son père rêve de voir abîmé sans que l'enfant ne réponde à son désir. En revanche, un mouvement brusque tout à coup envoie des paillettes sur son père et la fillette craint d'en avoir mis sur le dessin. Mais non. Alors elle propose de l'accrocher maintenant pour ne plus prendre de risque. Au fond de ses yeux verts brille une étincelle d'inquiétude. Son dessin, son beau dessin... Pourvu qu'il ne lui arrive rien !

L'enfant se laisse porter par son père qui la secoue un peu, l'effrayant et manquant de la faire tomber mais comme pour narguer le jeune père, le dessin reste désespérément intact et son stratagème prend l'eau. Rien n'égratigne ce qui est, à ses yeux, l'un des pires dessins de sa fille. Et la fillette est toute fière de voir qu'il n'a rien. Elle montre du doigt le mur qui fait face au bureau avec un immense sourire.

«- Comme ça tu pourras le voir tout le temps quand tu es dans le fauteuil !» lance joyeusement l'enfant, sans se rendre compte du supplice qu'elle inflige à son père.

Rusé, le lion essai de manipuler sa fille, sans se douter qu'un aigle se cache derrière ce grand et doux regard vert, cette crinière rousse et ce visage innocent aux joues roses. Jouer avec les sentiments d'une enfant c'est mal. Bee semble culpabiliser quelques minutes mais il n'y a plus de place sur la feuille pour rajouter Sirius, c'est un problème en effet. L'enfant regarde la feuille, le mur, son père. Et puis elle a une idée. En souriant elle regarde son papa.

«- Je vais faire un dessin juste pour tonton Sirius ! Et tatie Chacha avec lui ! Tu accroches celui-là ?» questionne l'enfant en reportant son attention sur son dessin. Comment pourrait-elle, du haut de ses cinq ans, avoir conscience de la signification de ce qu'elle a dessiné ? Comment pourrait-elle avoir conscience de ce que ce dessin peut évoquer à James Potter, lui qui a connu il y a quelques années une certaine Lullaby Williamson, disparue du jour au lendemain, qui sortait justement avec l'homme représenté sur le dessin ?