[Lullaby] Sunday Morning

Lullaby était une enfant heureuse et elle ne manquait de rien, à ses yeux. Elle se contentait de peu et appréciait à leur juste valeur les moindres présents, principalement du chocolat et des livres d'images, que son prétendu papa pouvait lui faire. La petite fille n'était pas bien difficile à contenter et quoi qu'elle ne soit pas au courant de cela, elle n’était pas à plaindre, surtout si on la comparait à son frère. Lui n'avait pas une vie facile. Celle de la fillette n'avait que quelques désagréments. Après tout, elle manquait seulement de stabilité parce qu'ils “promenaient” sans arrêt. Mais curieuse de tout, elle appréciait cette vie et le fait de toujours arriver dans de nouveaux endroits qui lui étaient inconnus.

Ce matin là, tranquillement installée dans son lit simple, placé dans la même chambre que celui de Remus pour économiser quatre sous en prenant un endroit plus petit, la petite fille était d'ailleurs plongée dans un petit livre pour enfant en attendant que son “papa” soit réveillé ou qu ce soit l'heure d'aller le tirer du sommeil. L'enfant le voyant toujours fatigué le matin, elle tachait de ne pas le déranger ce qui n'était pas bien difficile comme elle avait un naturel calme.

Pourtant après de longues minutes de cette lecture, l'enfant posa son livre sur une petite table de chevet comme elle venait de finir de le feuilleter et elle quitta son lit, son doudou en main et encore vêtue de son pyjama, pour gagner le salon. Posant délicatement son doudou sur la table basse, adossé à la pile de livre pédagogique, la fillette approche du loup-garou endormi et elle monte sur le canapé, venant doucement tapoter sa joue.

“- Papa c'est l'heure du petit déjeuner ! Papa ? Papa c'est l'heure du chocolaaaat !” appelle l'enfant pour sortir son paternel de ses songes.

Alors que Remus l'attrape, la petite fille se débat en riant, essayant de lui échapper alors que ce dernier dépose des baisers sur ses joues en la tenant contre lui. Elle rit plus encore comme son prétendu papa la traite de petit crapaud, parce qu'elle parle de manger du chocolat. L'enfant proteste. Elle n'est pas un crapaud, elle est beaucoup plus jolie que ça tout de même !

«- Nan ! Le crapaud c'est pas moi ! Le crapaud il va dans le chaudron !» lance l'enfant de sa voix fluette en tirant la langue. «Pas moi !» reprend la fillette

Finissant par échapper aux bras de son parrain qui lâche sa prise, l'enfant le nargue en tirant la langue quelques secondes, fière d'avoir échappé au « vilain monstre ». Quand le sorcier lui propose de manger des crêpes pour le petit déjeuner, la sorcière adopte un petit air gourmand et se lèche la lèvre inférieure, le regard brillant de convoitise à la simple mention des crêpes qu'elle visualise sans mal.

«- Oh oui ! Des crêpes et du chocolat !» reprend la fillette avec un petit mouvement sur son ventre. «On va se régaler !» lance-t-elle toute heureuse.

Comme l'homme la porte jusqu'à la cuisine, l'enfant propose de l'aider pour préparer les crêpes mais l'homme refuse, la laissant s'installer à table. Bee observe l'homme faire, avant de dévorer son assiette du regard, piquant un quartier de clémentine quand il le dépose sur le chocolat, en riant, comme une innocente. La petite demoiselle mange avec gourmandise, en écoutant son papa.

«- Oh oui ! Natalie est gentille papa ? » demande l'enfant en finissant ses crêpes.

Sitôt nourrit, l'enfant court mettre des habites propres et peigner ses cheveux. Elle revient en se coiffant, la brosse encore dans sa main.

«- Il faut une veste hein papa !? Je met mon bonnet aussi !?»

Bee n'était jamais très à l'aise quand elle montait sur un balais, mais à son âge le transplanage, même accompagné, n'était pas toujours une bonne idée. Cependant l'enfant avait le vertige, si bien qu'elle s'installait toujours à contre-sens, afin de blottir sa tête contre le buste de son père et ne pas voir le paysage en contrebas, sans quoi elle aurait put tomber sous l'effet de la frayeur. Elle détestait voler. Elle détestait le fait de ne pas sentir le sol sous ses pieds. C'était les vapeurs de potions, les livres d'images, qui la faisaient monter en apesanteur, mais certainement pas ces engins dont son père raffolait pourtant. La sorcière, au contraire, partageait la même crainte que sa mère sur ce genre d'appareils et elle espérait pouvoir rapidement subir le transplanage accompagné, pour ne plus avoir à vivre cela. Parfois ils prenaient la poudre de cheminette. Mais les MacDonald n'avaient probablement pas de cheminée.

Quand ils arrivèrent finalement, une jeune femme mince, au teint pâle et au visage triste, dans un manteau noir, les attendait en tenant la main d'une petite fille tout en contraste avec sa maman, dans un joli manteau rouge et or. La fameuse Natalie dont son père lui avait parlé. Bee ne comprenait pas l'air triste de Mary MacDonald, loin de se douter des drames qui jonchaient sa vie, et qu'elle partageait avec Remus. Elle n'y fit, pour une fois, pas vraiment attention, elle qui n'aimait pourtant pas voir les gens tristes. Sa curiosité était toute tournée vers la petite Natalie, qui était un peu plus jeune qu'elle d'une année.

«- Je m'appelle Lullaby. Toi c'est Natalie ? T'as vu ça finit presque pareil ! » fait remarquer la future Serdaigle avec un large sourire pour l'enfant, alors que Mary, en embrassant Remus sur la joue, propose d'aller faire une promenade pour que les filles puissent jouer dans le parc.