Minerva ♥ Vous m'avez fait peur !

J'avais passé cette journée sans cours le nez plongé dans les livres afin de trouver une solution à mes cauchemars. Je devais bientôt commencer les cours de "comment être une bonne serpentarde" avec Drago, mais cela passait, sans aucun doute, par l'arrêt de ces cauchemars nocturnes mais surtout très expressifs. Je risquais à tout moment de révéler des informations secrètes sans m'en rendre compte. J'avais été relativement tranquillement durant la journée, au fond de la bibliothèque, mais 18H sonnant, je commençais réellement à être perturbé par tous les bruits de pas, d'élèves faisant leurs devoirs pour le lendemain et j'avais vraiment envie de trouver la solution à mon problème au plus vite. Je me levais donc, embarquant les trois livres sur lesquels je travaillais, et je les signalais auprès de la bibliothécaire. Je décidais alors de monter au sixième étage, où plusieurs salles vides seraient à ma disponibilité.

J'entrais dans l'une d'entre elle et je m'installais tranquillement sur une table. Sortant un parchemin de ma poche, je notais les différentes trouvailles que j'avais fait jusque là:

"Alors, voyons ... Dans ce livre, il y a une potion contre les rêves. Cela pourrait être utile, mais il y a clairement des conséquences sur la personne qui la prend. Au niveau des sortilèges, je n'ai rien trouvé ... Rien qui ne me fasse risquer l'amnésie. Bon, reste ce livre-là ... Des runes pourraient peut-être me ..."

J'entendis alors des pas derrière moi, et je sursautais en me retournant. Derrière moi se trouvait Minerva McGonagall. C'était amusant de voir qu'elle n'avait pas vraiment changé en vingt ans. Bon, elle avait un tout petit peu moins de rides, mais je l'aurais reconnu sans aucun souci.

"Oh professeur ! Vous m'avez fait peur !"

J'esquissai un léger sourire. J'avais toujours admiré cette femme qui avait un charisme et une pratique de la magie exceptionnels. Je la respectais énormément, et il est vrai que cela en avait fait sourire plus d'un lorsqu'ils avaient vu mon avatar. Il faut dire que manquer mes examens et décevoir cette femme était ma pire peur, et ce même après toutes ces histoires. J'espérais de tout coeur pouvoir décrocher mes ASPIC, un jour ou l'autre. Mais je ne devais pas oublier quelle était ma mission ici.

Alors … Comment transformer une table en crapaud, non … Comment donner à votre visage un meilleur éclat, non … Comment devenir célèbre ? Non mais sérieusement, certains de ces manuels étaient vraiment inutiles et faits d'une façon totalement loufoque ! Par amusement, je regardais l'auteur du livre, m'apprêtant presque à trouver Gilderoy Lockart, mais non. Cela aurait tout de même été hilarant ! C'est à ce moment-là que j'entendis des pas derrière moi et que je me retournais en sursautant mentionnant au Professeur Mc Gonagall qu'elle m'avait fait peur. Bien évidemment, ce n'était pas le fait que ce soit elle, mais simplement le fait que je pensais être seule ici, à cette heure, et dans cette salle de classe. Il était vrai qu'en tant que directrice-adjointe d'Albus Dumbledore, elle se devait de se promener un peu partout, et, je l'avais toujours dit à mon époque, elle était les yeux de Poudlard. Cette femme savait tout, on ne pouvait rien lui cacher.

Elle me demanda alors si je travaillais. J'hésitais quelques secondes. Je pouvais simplement lui dire oui, mais elle me demanderait très certainement sur quoi … Et je ne pouvais pas lui dire la vérité puisque cela était lié au fait que je venais d'une autre époque, et, qu'en plus, j'espionnais chez les serpentards.,Je devais donc rapidement trouver une réponse, mentir tout simplement, même si je détestais cela. Mais je parvenais toujours à mettre un soupçon de vérité dans mes mensonges, et c'était sûrement pour cela qu'ils étaient crédibles et que je m'en sortais.

« Oui, je travaille. Il y a un peu trop de monde dans la bibliothèque, et j'ai besoin de faire des recherches pour devenir médicomage. Je sais qu'il faut écrire un mémoire sur un thème particulier, et je m'intéressais aux traumatismes se répercutant dans les rêves. D'ailleurs, peut-être que vous pourriez m'aider. Vous avez tellement d'expérience en matière de magie !"

Je n'étais pas du tout en train de flatter l'égo de la directrice de Gryffondor. Je me disais simplement: peut-être que le Professeur Mc Gonagall pourrait m'aiguiller et, sans le vouloir, m'aider à mener ma mission à bien.

Cela m'embêtait un peu de mentir au Professeur Mc Gonagall qui nous avait si souvent soutenu, et qui avait su tellement bien réagir durant la bataille de Poudlard. Cette femme était tout simplement exceptionnelle, et j'étais déjà ravie qu'elle sache que nous venions du futur. Elle et Dumbledore étaient si sages qu'ils ne nous avaient pas cuisinés et avaient compris que nous ne pouvions pas leur en dire plus, de peur de totalement changer le passé, et le futur. Nous voulions juste agir sur la guerre, et surtout sur Voldemort. Nous ne devions pas changer les gens … Même si cela semblait sérieusement compromis. En effet, je me rendais bien compte que certains élèves de 1998 côtoyaient un peu trop ceux de 1977. Mais pouvais-je vraiment leur en vouloir ? Non … De toute façon, si nous en étions là, c'était de ma faute. Entièrement. Je m'en voulais terriblement, mais c'était mon cœur qui avait agi.

J'avais donc sorti une excuse au Professeur, mêlant à la fois la vérité et le mensonge. Cette dernière sembla accepter ma réponse, mais fut tout de même étonnée. Elle me conseilla alors de m'adresser plutôt à l'infirmière, qui aurait bien plus d'informations et d'expérience qu'elle. Elle me demanda ensuite pourquoi j'avais choisi ce sujet. J'allais une fois de plus devoir mentir. Cela n'allait pas forcément être facile mais je n'avais pas le choix. Si mes mensonges au départ étaient vraiment visibles, lorsque j'étais en deuxième ou en troisième année, j'avais appris, peut-être grâce à Ron et Harry, à le faire de manière convaincante. Je n'en étais pas fière, mais je n'avais pas le choix, surtout dans la situation actuelle. Je posais donc ma plume et je me tournais sur ma chaise afin de faire face au Professeur. Cela me laissait du coup plus de temps pour réfléchir.

« A vrai dire, ce sujet me tient particulièrement à cœur car … disons qu'avec la guerre, j'ai vu nombre de mes camarades être torturé par leurs cauchemars. Revivre des scènes que l'on a vécues est pour moi la pire chose … Revoir les siens mourir … Enfin, je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire. Vous savez que je n'ai pas le droit de m'étaler plus sur le futur, mais je pense que tout le monde devrait avoir le droit à un sommeil réparateur. Avoir peur de dormir, c'est horrible, non ? Cela ne vous ai jamais arrivé ? »

J'avais finalement été assez sincère, même si je ne parlais pas de moi-même. Peut-être allais-je trop loin en posant cette question à mon ancienne directrice de maison ? Si tel était le cas, je savais qu'elle saurait me le faire comprendre.

Il m’était difficile de mentir aux personnes que j’appréciais. Mais je n’avais pas eu le choix, par plusieurs fois. Le premier gros mensonge fut au sujet de mon statut de sang. Je me demande quand même si Dumbledore est au courant. Mais connaissant mes parents, ils ont réussi à cacher toutes les traces de leur ancienne vie. Peut-être ont-ils même mis en scène leur mort. A vrai dire, je ne sais pas grand-chose ce propos, seulement que je ne dois jamais dire que je suis issue d’une famille de sang-pur. Aujourd’hui, je comprends davantage pourquoi, quand je vois comment le Lord noir a traité la famille Malefoy … Le mensonge que je venais de sortir à Minerva Mc Gonagall n’était rien comparée à cela. Je ne suis pas du tout attirée par la médicomagie, je me vois bien plus à un poste important au sein du ministère de la magie, histoire de faire changer les choses.

Le professeur de métamorphoses parut touché de mes paroles et elle me rappela qu’elle était présente si j’avais besoin de parler. Enfin, me rappeler … A son époque, elle ne m’avait encore jamais dit cela, mais en 1998, je n’hésiterai pas une seconde avant d’aller la voir si j’avais des problèmes importants. Il faut dire que cette femme, d’une sagesse inégalable, représentait la force de Poudlard, surtout après la mort de Dumbledore. Hermione n’avait jamais douté de Minerva. Si les histoires sur Albus l’avaient perturbée, elle sait qu’elle aurait tout nié en bloc si cela avait été au sujet de sa directrice de maison. A ses yeux, l’animagus était tout simplement un modèle. Hermione ignorait tout de la vie privée de Minerva, et il ne lui était même jamais venu à l’idée de se demander si la directrice-ajointe était mariée ou si elle avait des enfants.

« Je le sais bien, Professeur. Vous êtes une personne de confiance et nous vous l’avons démontré en vous expliquant la véritable raison de notre venue ici. Hélas, je ne peux pas venir me confier à vous davantage. Je n’aimerais pas que cela change le futur … Pas sur ce point … Comme vous le savez, les voyages dans le temps sont dangereux, et moins vous en saurez, mieux vous vous porterez. »

Le professeur de métamorphoses me répondit alors qu’elle n’avait aucun problème de sommeil. J’ étais à la fois stupéfaite et envieuse. Comment, au bout de plus de 40 années, la directrice-adjointe ne pouvait-elle pas être hantée par certains évènements de sa vie ?

« Vous avez bien de la chance. J’ai vu des amis ne plus dormir après avoir vu leur famille se faire torturer par le mage noir. Professeur, à votre époque, que savez-vous exactement de Vous-savez-qui ? »

Je n’utilisais pas le nom de Voldemort non par peur, mais parce que je me souvenais de cette histoire comme quoi il avait mis une sorte de repère sur ce mot, pour repérer ses ennemis, ceux qui n’avaient pas peur de parler de lui en prononçant son nom. Cela me coûtait, à moi qui disais qu’avoir peur d’un nom ne faisait qu’accroitre la peur en elle-même. Mais nous devions être prudents, c’était essentiel.

Je n’aimais pas mentir. Vraiment, cela me faisait un mal fou mais je ne mentais pas pour mon bien-être ou pour rendre la réalité plus belle. Non. Je mentais pour ne pas faire souffrir les autres, pour les protéger. Nous devions protéger une partie de notre futur, et c’est pour cela que je ne pouvais pas dire toute la vérité au Professeur Mc Gonagall. J’imaginais déjà les impacts que cela aurait lorsque nous reviendrions en 1998. Un seul geste pouvait tout changer, j’en étais bien consciente. Mais comment faire pour que nous n’ayons que des choses positives à notre retour. Mais avions-nous envie de tout changer ? J’avais gâché les plans d’Harry en pensant qu’il était mort, alors qu’au final, il ne nous restait que le serpent à tuer. J’étais tellement habituée à nous sauver la mise que je n’avais pas pu imaginer que mon meilleure amie avait pu élaborer un plan. Peut-être aurait-il du m’en parler … Mais avec des si, on peut refaire le monde, n’est-ce pas ? Nous étions maintenant ici et je devais réparer mes erreurs. Je voulais retourner à notre époque mais nous n’avions rien trouvé pour le moment nous le permettant. Nous en profitions donc pour accumuler les informations.

Je ne pus m’empêcher de sourire lorsque le professeur de métamorphoses me tendit une tasse de thé. Je n’étais pas une grande fan de cette boisson, mais comme tout bon anglais, j’en buvais tout de même.  Je remerciais donc mon enseignante d’un léger sourire, puis, portant la tasse à mes lèvres, j’écoutais l’animagus. Vraiment, elle avait le cœur sur la main. Elle préférait mettre en danger son futur que me savoir malheureuse. Mais je ne pouvais pas lui faire cela. Elle était bel et bien vivante dans le futur, et je n’avais pas envie de mettre sa vie en péril. Elle nous avait sauvés. Elle avait permis à Harry d’avoir plus de temps pour trouver le diadème de Serdaigle. Minerva Mc Gonagall avait clairement contribué à cette réussite, et nous lui devions beaucoup. Bien sûr, avec du recul, nous savions que Rogue avait joué un rôle énorme dans la destruction des horcruxes, mais nous savions aussi qu’il ne voulait pas que cela se sache, et je préférais respecter cette demande. J’admirais aujourd’hui la loyauté dont il avait fait preuve, surtout envers Lily. Il s’était même sacrifié pour que nous puissions mettre fin à la terreur de Voldemort.

« Professeur Mc Gonagall, je refuse de vous en dire plus pour la simple et bonne raison que vous avez été parfaite avec nous dans votre façon de réagir. Vous êtes sans doute l’une des personnes qui nous ont sauvé la vie. »

Je l’écoute alors m’expliquer ce qu’ils savent de Voldemort à cette époque. Autant dire qu’ils ne savent rien. Cela ne m’étonne pas plus que cela puisque nous avons appris pour les Horcruxes en sixième année. Ma question était peut-être stupide. Oui, savoir qu’il était de sang-mêlé était important, mais les mangemorts étaient bien trop idiots pour se rendre compte qu’ils adulaient une personne qui ne répondait même pas à ses valeurs. J’avais du mal à comprendre cela, mais parait-il que les moldus n’étaient pas mieux. Je décidais alors de poser d’autres questions au Professeur, qui m’aideraient peut-être bien plus que les questions sur Voldemort.

« Et en ce qui concerne les mangemorts ? Vous avez des noms je suppose. Que savez-vous du Professeur Selwyn ? Nous essayons de récolter des informations sur les mangemorts pour affaiblir l’armée de Vous-savez-qui. Comment fait-il pour attirer tant de monde ? Cela fait combien de temps qu’il retourne le cerveau des sorciers ? »

Comment pouvais-je nous sauver ? Là était la véritable question. Personne n’avait de solution, et j’avais réellement cru que Dumbledore et Mc Gonagall aurait quelque chose nous permettant de retrouver notre époque. Mais ce n’était pas le cas, et même si je n’avais aucun doute sur le fait qu’ils continuaient tous les deux de chercher comment nous faire rentrer, j’avais l’impression que nous tournions en rond. J’avais une totale confiance en ces deux grands sorciers mais je devais avouer que je n’étais pas une grande optimiste. Avec un peu de chance, Dumbledore était sur une réelle piste, et il allait nous annoncer une bonne nouvelle d’ici peu.

C’était la première fois que je me sentais aussi proche du professeur Mc Gonagall. Si j’avais toujours admiré cette femme pour sa force de conviction et pour son charisme, jamais nous avions eu l’occasion d’être aussi intimes. Si elle était un modèle pour moi, j’ignorai tout de son passé et de ses pensées. Je savais simplement que nous pouvions lui faire une entière confiance, qu’elle avait rejeté le mal depuis toujours et qu’elle était l’une des personnes en qui Dumbledore faisait le plus confiance, avec Rogue et Hagrid. Et cela signifiait beaucoup pour moi.

Je trempais mes lèvres dans le thé servi par Minerva Mc Gonagall et je sentis le liquide me réchauffer le corps et le moral. Je n’imaginais pas qu’une simple boisson puisse faire autant de bien, et je soupçonnais même l’enseignante d’avoir mis à l’intérieur une petite potion pouvant me remonter le moral. Je ne lui en voulais pas si c’était le cas. Je savais bien qu’elle ne voulait que mon bien. A cet instant, d’ailleurs, je pensais à ma mère. C’était un peu comme si le professeur de métamorphoses se substituait à ma mère. Et j’étais sûre de pouvoir avoir confiance en elle.

J’appris alors que les noms de certains mangemorts étaient connus, et que l’on soupçonnait le professeur Selwyn de faire partie des partisans de Voldemort. J’avais donc eu du flair et je n’étais pas prête de lâcher ce professeur de défense contre les forces du mal. Décidément, ce poste était vraiment maudit.

« Je saurai m’en souvenir Professeur, croyez-moi. Je vous en suis reconnaissante. Concernant le professeur Selwyn, j’ai appris qu’elle était totalement amnésique. Croyez-vous que vous-savez-qui ait pu lui faire oublier son passé pour en faire un véritable pantin ? Ce serait terrible. Et finalement, cela ferait d’elle une victime et non un suspect. Je vois bien ce dont vous parlez mais je ne comprends pas que l’on puisse être aussi faible. Vous-savez-qui n’est que mort et désolation, et ceux qui ne l’ont pas compris sont stupides … Professeur, je vais peut-être vous paraitre indiscrète, mais … Qu’est-ce qui vous a amené à une telle sagesse ? Votre passé ? »