Seth ♠ Deux âmes dans la nuit

Lisa pousse un soupir, appuyée sur le rebord de l'arche de la tour d'astronomie, à contempler un peu plus loin, en contrebas, le village de Pré-au-Lard et la vie qui se dessine dans ses rues, même si d'ici la sorcière ne distingue pas grand chose, il faut bien le dire. Quittant son poste d'observation, la sorcière quitte la tour le cœur gros, se reprochant encore une fois d'être à ce point timide et maladroite dans ce cas précis, de ne pas avoir le courage de parler, d'ouvrir son cœur à celui qu'elle aime et rétablir enfin la vérité, le soustraire à ce qu'il doit croire. Mais que crois-t-il au juste ? La jeune femme ne saurait pas le dire et la voilà qui pousse un soupir. Sa marche la ramène à la tour des serdaigles et après avoir répondu à la question du heurtoir en forme d'aigle, la jeune femme va chercher ses affaires pour travailler.

Il est presque l'heure de dîner et la nuit est tombée en cette journée de janvier. La rouquine s'enveloppe dans un manteau bien chaud pour ne pas prendre froid et elle sort dans les jardins pour prendre l'air, pour réfléchir encore un peu. Au loin certains font une bataille de boule de neige et, l'espace d'un instant, la jeune femme a l'impression d'être revenue dans le Poudlard de l'année 1996 où il n'y avait pas encore de réel problèmes. Où Dumbledore n'était pas mort, où Rogue et les Carrow ne dirigeaient pas l'école, où eux ne faisaient pas les zouaves dans les couloir de la vieille bâtisse en espérant ne pas se faire repérer par les étudiants de 1977. Nouveau soupir, alors qu'elle frissonne un peu et enroule ses bras autour de ses épaules.

Après de longues minutes, la jeune femme fait demi-tour et retourne vers le château. A peine dans le hall, elle remarque un gardien de l'école, Seth il lui semble, qui fait ses au revoir à son frère jumeau. Et là tout à coup, la sorcière ne comprend pas trop ce qui lui passe par la tête alors qu'elle s'approche de l'homme laissé seul par son jumeau.

"- Bonsoir monsieur. Excusez-moi. Vous aller me trouver complètement folle mais... j'ai un problème de... de jumeau. Je pourrai... Vous poser quelques questions ?"

La sorcière se surprend elle même, elle ne sait pas ce qu'il lui prend tout à coup pour aborder ce gardien de la sorte, en vu de lui poser des questions sur les jumeaux et le lien qui les unis, qui les unis aux femmes et tout cela. Comment peut-elle oser vouloir s'aider avec George Weasley en posant des questions à cet homme clairement plus âgé qu'elle et qui n'en a probablement rien à faire de ses petits ennuis ? La jeune femme ne sait pas, en fait, elle ne connait pas ce type et ne sait pas trop à quoi il peut penser quand il lui dit qu'il veut bien l'écouter et qu'il attend sa question. La demoiselle déglutit un peu, elle se sent clairement idiote.

"- On pourrait aller ailleurs ? Je n'ai pas très envie d'être entendue..."

Alors la rousse s'éclipse vers un coin un peu reculé de l'endroit, pour pouvoir parler plus sereinement. Elle dévisage alors le sorcier quand il la rejoint et elle se demande comment expliquer les choses. Comment exposer son cas ? il va la prendre pour une débile et croire, peut-être, qu'elle n'aime pas vraiment George, que quelqu'un qui l'aimerait vraiment se serait rendu compte immédiatement du problème. La demoiselle l'aime pourtant, c'est certain. Elle soupire.

"- Je suis amoureuse d'un garçon. Qui a un jumeau. Ce jumeau est mort et... j'ai été la première à voir le corps. Au début j'ai cru que c'était... que c'était l'homme que j'aime et à cause de l'émotion, de tout ça... Je n'ai pas vu de suite que je me trompais. Le problème c'est que quand je me suis aperçu de mon erreur, celui que j'aime était là et il m'a vu. Alors je ne sais pas trop ce qu'il peut croire ou ressentir dans un tel cas. Que ressentiriez vous à sa place, que pourriez vous croire ? Sachant qu'il ne m'aime pas et que je ne lui ai jamais parlé de mon affection pour lui ?" demande la sorcière curieuse en dévisageant le sorcier.

La rousse se sent dépitée alors qu'elle ne peut pas comprendre ce que George ressent en ce moment, tout du moins ce qu'il pense puisque aux dernières nouvelles il n'est pas amoureux d'elle. Mais la jeune femme du coup se pose pas mal de questions et se demande si leur histoire est possible dans la mesure où il croit peut-être qu'elle était avec Fred. Que son frère lui a fait des cachoteries. La demoiselle ne sait pas, elle ne sait plus bine où elle en est et elle sent que George est de plus en plus froid, distant, sans qu'elle ne sache pourquoi. mais la bleu et bronze ne veut pas le laisser s'éloigner d'elle, elle ne veut pas qu'il se détourne et la laisse tomber. Elle ne veut pas prendre ses distances avec lui, prendre une veste. Elle voudrait avoir le courage de lui parler. Alors elle écoute attentivement ce que lui répond son interlocuteur mais elle a l'impression que cela ne l'aide pas beaucoup. Enfin, en partie quand même.

"-Le problème c'est que je n'ose pas lui parler, lui dire ce que je ressens alors... si je dis que je l'ai confondu avec son frère... que j'ai cru que c'est lui qui était mort... Et puis-est-ce que ce n'est pas problématique ? Est-ce qu'il ne risque pas de prendre mal le fait que je dise l'aimer mais que je  ne sache pas le différencier de son frère ? J'en suis capable, je les ai souvent différenciés, j'y suis souvent arrivé. Mais pas ce jour-là. Alors je me demande s'il ne risque pas de mal le prendre. En plus ça remonte à quelques semaines déjà j'ai... j'ai tellement peur." répond la rousse avant de soupirer sans comprendre pourquoi elle se confie autant sur ces problèmes à cet homme qu'elle ne connait ni d'Eve ni d'Adam alors qu'elle n'a pas parlé de cet amour à ses amis même les plus proches.

La sorcière sent bien qu'elle l'amuse avec ses questions stupides et ses soucis d'adolescente. Pourquoi a-t-il fallut qu'elle lui parle à lui ? Pourquoi pas plutôt à un professeur féminin par exemple ? Peut-être... non, probablement en fait, parce que lui a un frère, comme George, un jumeau et qu'il peut donc comprendre mieux que quiconque ce que George ressent et vie en ce moment, comment il peut appréhender la vie et les évènements. Il est donc très probable que cet homme sache l'aiguiller au mieux dans ses questions. Mais chaque réponse amène une nouvelle interrogation dans l'esprit trop actif de la bleu et bronze, le problème des aiglons.

"- Je m'en doute. C'est pour ça que je me dis... admettons que ses sentiments étaient réciproques, ou pas d'ailleurs. Bref il peut penser que... que j'étais amoureuse de son frère et que, face à sa mort je... je le transfère en lui, non ? Je ne sais pas, je crois que j'aurai peur de cela à sa place mais je ne sais pas ce que l'on peut ressentir. Je me pose peut-être trop de questions mais, non contente de ne pas avoir de jumeau ou de jumelle, je suis fille unique alors... je ne sais pas ce que c'est un lien fraternel. Je n'en ai... aucune idée en fait."

Mais il a sûrement raison de dire que ce n'est pas le moment pour George Weasley de parler d'amour. Ni même d'y penser et ce malgré le fait qu'il a toujours été quelqu'un de drôle et d'enjoué. Il a perdu une moitié de lui-même ce jour-là et Lisa ne l'oubli pas. Elle ne l'oubli pas mais elle sent bien que cette distance entre eux, qui nait depuis quelques semaines, n'est pas directement liée au décès de Fred, qu'il y a autre chose sous la surface.

La sorcière soupire, son affaire avec le jumeau Weasley est loin d'être simple elle le sait. Son histoire de coeur est compliqué, leur relation est mal partie, elle ne sait pas trop ce qu'il pense d'elle et voilà qu'il se fait peut-être de fausses idées à son sujet, la jeune femme ne sait pas trop où ils en sont de fait, où elle en est. Poussant un soupir aux côtés de Seth, la sorcière en bleu et bronze le regard comme il parle, songeant que ses conseils peuvent être précieux, surtout une fois qu'elle aura prit le temps de les comprendre et de les analyser. Parce qu'en digne serdaigle, la sorcière a besoin de poser les choses, de les étudier, avant de les mettre en pratique, évidemment. George la taquinerait sûrement en disant qu'elle manque d'initiative. Mais ça c'est seulement parce qu'il ne l'a pas vu se déhancher en soirée. Ou qu'il ne l'a pas regardé. Mais cette idée mine le moral de la rousse alors elle la chasse bien vite.

"- J'aime son sourire et sa carrure, dessinée par le quidditch. On a ce sport en commun. J'aime ses cheveux roux, et le son de sa voix. J'aime son rire et ses idées loufoques. J'aime cet air triste qu'il a parfois en pensant à son frère et cela m'attriste aussi. J'aime le grain de beauté dans son cou et l'assurance qu'il a quand il parle de son sujet préféré, les blagues. Même si je râle, j'aime être victime de l'une de ses farces parce que... parce que je me dis qu'il ne m'a pas choisis au hasard, qu'il a eut de l'intérêt pour moi, au moins quelques instants." explique Lisa au gardien comme ce dernier lui demande ce qu'elle aime chez George Weasley, quoiqu'il ne sache pas de qui elle parle. Au moins avant sa réponse, car d'un coup Lisa se rend compte qu'elle en a pas mal dit, qu'il pourrait faire le rapprochement avec le rouge et or.

La sorcière pousse un soupir alors que le gardien lui conseille tout simplement de parler à George Weasley et de lui dire tout ce qu'elle vient de dire à un autre que lui. L'ennui c'est que la sorcière ne sait pas si elle en aura le courage. Travailler avec lui chez Zonko pour faire quatre sous, discuter en l'absence de client ou ce genre de choses, ça ne lui pose pas de problème évidemment. Mais pour ce qui est de parler de ses sentiments au sorcier là c'est une autre paire de manche. Lisa ne sait pas de quoi elle a peur. Qu'il ne l'aime pas, peut-être. Un soupir lui échappe, qu'elle ne parvient pas à retenir.

"- Le problème c'est que je n'ai aucun soucis pour parler avec lui de choses et d'autres mais en revanche, dès que je me dis que je vais lui parler de mes sentiments là... ça coince. Je ne suis pas une Gryffondor moi. Juste une Serdaigle. Alors autant je n'ai aucun problème à travailler les runes, les potions, les sortilèges. Autant parler à... c'est compliqué." soupire la rouquine, de nouveau. "Et je suis là à vous ennuyer avec mes problèmes d'adolescente alors que vous avez sûrement beaucoup mieux à faire, je suis tout à fait pathétique." reprend la jeune femme.

Parler à George ne devrait pas être si compliqué que cela et en même temps cela lui semble mission impossible. Elle met ses mains dans ses poches, sent un bonbon et a un petit sourire. Un bonbon au poivre, c'est sûrement lui qui l'a glissé dans la poche de son pantalon. George, évidemment. C'est bête mais ça l'a fait sourire. Elle l'imagine tout fier de lui, de sa bonne blague. Après tout si cela peut lui remonter - un peu - le moral, la rouquine ne va pas faire un cinéma pour si peu. Demain au boulot elle le mangera exprès, pour lui, par amour. Pour qu'il croit avoir réussit.

La sorcière a un petit sourire pour son interlocuteur quand il dit qu'elle ne le dérange pas et que comme il est réputé pour avoir un mauvais caractère, elle ne serait déjà plus en sa compagnie si elle l'embêtait vraiment. Bon, quelque part c'est rassurant de le savoir. La rouquine a un petit rire, léger, aérien, très doux. Et elle regarde le sorcier en souriant, quand elle a terminé de se laisser aller.

"- Genre caractère de cochon ?" demande la sorcière encore un peu amusée, à son interlocuteur. "C'est vrai que... enfin que... que vous n'êtes pas du genre très... enfin vous ne donnez pas vraiment l'air d'être ouvert à la discutions. Sans vouloir vous offenser bien entendu." répond la  bleu et bronze un peu gênée de lui dire cela en ne sachant pas comment il va bien pouvoir prendre cette confidence.  

Faire une sortie avec George pour passer du temps en sa compagnie et le découvrir un peu plus. Cela tente évidemment la jeune femme mais il y a un petit ennuie selon elle, c'est qu'ils passent déjà pas mal de temps ensemble tout les deux dans la mesure où ils ont le même job étudiant chez Zonko. Et donc ils se voient à Poudlard de temps en temps et en dehors, du coup.

"- C'est une bonne idée mais on... on se voit déjà beaucoup pour le boulot. Est-ce que je ne risque pas d'être trop présente à son goût ? Je ne sais pas s'il a remarqué que mes joues rougissent quand je lui parle. Mais peut-être qu'un cadre plus privé pourrait en effet m'aider je... Je veux essayer ça... merci beaucoup monsieur." répond la sorcière avec un petit sourire, de nouveau, pour son interlocuteur. Elle va aller proposer une sortie à George oui, ce doit être une bonne idée.