Astoria ☆ Pour se retrouver

Tout semble un peu brouillon depuis l’arrivée dans cette époque, et il faut dire que le bonheur d’Astoria n’est pas à son plus haut niveau. Tout d’abord, la majorité des élèves de son époque avait l’âge de sa grande sœur, Daphnée, ce qui revenait donc à dire qu’elle n’était pas réellement amie avec tout ce beau monde. C’est sans doute pourquoi elle passait le plus clair de son temps à étudier, ou à traîner dans son lit en attendant que le soir arrive pour qu’elle puisse enfin venir grignoter, voire plus, au buffet toujours aussi splendide du château de sorcellerie. Ensuite, le nom « Greengrass » n’a plus vraiment d’importance  à cette époque puisqu’il doit rester secret : ce qui signifie que les sœurs n’ont aucun revenu. Astoria n’a pas encore l’âge de travailler et elle sait que Daphnée fait du mieux qu’elle peut, et a même trouver un emploi. La cadette a toujours eu de l’admiration pour l’ainée et ce n’est pas prêt de s'arrêter.

Mais voilà plusieurs dizaines de minutes que la brunette tourne en rond dans sa chambre. Vêtue de son uniforme scolaire aux couleurs de sa maison, la demoiselle ne sait pas quoi se mettre sur le dos. Au fond, elle tente de se convaincre qu’elle n’a sans doute pas besoin de se changer, mais l’uniforme est bien trop traditionnel et elle préférait le retirer pour une tenue plus décontractée. Enfin, elle opte pour une robe couleur émeraude et décide de laisser ses cheveux tomber en cascade sur ses épaules. Soupirant une énième fois, elle finit par enfiler des chaussures s’accordant avec sa robe et se regarde une dernière fois dans le miroir. Elle espère de tout son cœur que leur petite virée entre sœurs ne virera pas une fois de plus à la dispute comme c’est le cas fréquemment ces derniers temps. La tendance surprotectrice de Daphnée a tendance à étouffer la plus jeune qui ne cesse de se rebeller. Elle a envie de se battre, de participer comme tous les autres à la bataille. Après tout, elle n’a pas fait tout ce chemin pour rester sagement dans son dortoir en attendant que les corps tombent un à un. Maintenant qu’elle vit à une autre époque, autant être utile n’est-ce-pas ?

Enfin, la jolie brune descend de son dortoir. Elle présente ses excuses à sa sœur, mais ne se justifie pas : elle n’a pas de raison valable pour justifier son retard alors préfère se taire. Astoria adresse un sourire à sa sœur et se racle finalement la gorge histoire de briser la glace et le silence qui s’installe alors que les deux Greengrass quittent la salle commune des Serpentards.

«  Alors, comment ça va depuis ce matin ?» lance la Serpentarde en passant une main dans ses cheveux bruns.

Remarquant le fiancé de sa sœur dans un coin de la salle des Serpentards, Astoria décida de le saluer d’un signe de la main pour ne pas paraître impolie puis reporta son attention sur sa sœur. Les familles de sorciers appartenant à la noblesse organisaient la plupart du temps les mariages pour leur descendance. Depuis qu’elle était toute petite, Astoria savait que le grand Drago Malefoy était promis à sa splendide sœur, Daphné. Quant à elle, elle restait dans la plus grande ignorance : qui serait son fiancé ? Le rencontrerait-elle au sein de Poudlard ? Soudainement, elle demanda à sa sœur.

« Tu sais qui était censé être mon fiancé ? »

Maintenant qu’elle avait accompli ce retour dans le passé, l’identité de cet homme resterait sans doute inconnue jusqu’à… Jusqu’à quand ? Elle n’en savait rien. Retourner en 1977 était une chose, revenir en 1998 était une autre. Elle ne savait même pas si c’était possible.

A l’entente des paroles de sa grande sœur, la jeune femme baissa le regard vers ses chaussures tandis qu’elles s’éloignaient de la Salle Commune des Serpentards. C’est vrai que le changement d’époque avait quelque peu altéré leur relation mais le danger constamment présent n’était pas l’un des facteurs qui allait améliorer la situation. En effet, Daphné avait développé ce caractère on ne peut plus protecteur à son égard, presque étouffant ce qui frustrait la plus jeune qui ne cherchait qu’à acquérir une certaine autonomie et surtout, son indépendance dans les combats. En fait, si jamais sa sœur était blessée lors d’une attaque, Astoria ne s’en remettrait jamais, surtout si elle était obligée de rester dans sa chambre sans avoir la moindre chance de l’aider. Quel genre de sœur ferait-elle si elle n’était même pas capable de bouger son derrière pour aider les autres ? Se reconcentrant néanmoins sur les paroles de Daphné, la jeune femme ne put s’empêcher d’esquisser un sourire, signe de la grande nostalgie qui naissant dans l’esprit de la brunette à la mention de ces souvenirs d’enfance. Posant son regard océan sur son ainée, elle lui adressa un sourire doux avant de prendre la parole, l’air plus ou moins amusé.

« Tu n’écoutais jamais mes récits jusqu’au bout de toute manière, tu t’endormais toujours avant que je ne puisse terminer de raconter ma journée… même si je conçois qu’une journée d’enfant est loin d’être la chose la plus intéressante, ni même palpitante. » concéda la jolie brune avant de poursuivre, « mais il est vrai que cette époque me manque. Cependant, elle remonte à très longtemps… Je ne suis pas sûre qu’on la revive à nouveau, et puis, serais-tu vraiment intéressée dans mes journées à présent ? Je fais tout le temps la même chose, j’étudie. Au moins, ce retour dans le passé aura été bénéfique à mes études » plaisante la jeune femme avec la même douceur qui la caractérise.

Alors qu’elles traversaient le passage secret, Astoria frissonna. Le souvenir de l’étudiant décédé la frappa de plein fouet mais elle se racla la gorge pour chasser de son esprit toute pensée négative susceptible de nuire à sa bonne humeur et à ce moment entre sœurs qui se faisait de plus en plus rare. Une fois arrivée dans le petit village on ne peut plus réputé par les élèves du château, Astoria lança un regard à sa sœur et ponctua son geste d’une réplique.

« C’est vraiment chouette que tu aies organisé cette petite sortie. Ça me fait plaisir. » déclara la jolie Serpentarde en laissant finalement son regard vagabonder sur les alentours.