Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais * Charlie

◈ Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais. ◈

La journée avait été bien occupée avec les divers achats à faire en catastrophe pour les étudiants de 1998 et la soirée avait été intense en émotions, en rencontres. Certaines plus spéciales que d'autres et les jours à venir, Bee le pressentaient, ne seraient pas beaucoup plus reposants. Ils allaient être soumis aux regards, aux questions, il faudrait être fort pour ne rien dire, rien dévoiler. En attendant Bee est fatiguée et elle n'a qu'une envie, c'est de se coucher. Concrètement, la nuit dernière elle n'a pas put dormir. Si bien que la voilà debout depuis une quarantaine d'heure. Depuis le 2 Mai, 6h du matin. Autant dire que, sitôt la tête posée sur l'oreiller, elle va s'endormir.

Arrivant dans le dortoir, Bee avise son lit sur lequel elle a posé ses achats un peu plus tôt. Les attrapant, la jeune femme pose le tout dans la malle au pied du lit, ne prenant que le nécessaire pour ce soir, en se disant que le reste peut attendre demain. Toutefois, avant d'aller monopoliser la salle de bain, la rouquine prend le temps de préparer son sac de cours. Derrière elle, les filles de sa maison ne cessent de jacasser. Certaines qu'elle connaît, d'autre pas. Son mal de tête grandit. Bee se glisse dans la salle de bain et le silence se fait enfin. Quand elle ressort une quinzaine de minutes plus tard, prête à dormir, l'étudiante se sent mieux. Délassée, plus légère. Mais crevée quand même. Dans un élan de courage, la demoiselle décide de préparer sa tenue pour le lendemain. Ouvrant donc de nouveau la malle, la rousse sort tout ses sacs pour trouver son uniforme, lequel reste introuvable, jusqu'au dernier sac. Avisant la pagaille, soupirant, la jeune femme commence à plier ses affaires pour procéder à un peu de rangement. Autant s'en occuper maintenant, la désorganisation ce n'est pas son truc. Et tout en bâillant la demoiselle se demande quand elle aura enfin droit à un peu de repos.

◈ Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais. ◈

La serdaigle rousse sursaute en entendant une voix derrière elle, lui  demander si elle a besoin d'aide. Et à vrai dire, oui, peut-être bien que ce serait utile. Avec son envie d'aller se coucher, la jeune femme a simplement l'impression que la tâche qui l'attend est insurmontable. Mais elle ne veut pas embêter son interlocutrice et se faire mal voir dans le dortoir dès le premier soir. Si seulement Luna était là... Mais la jeune femme est en sixième année, malheureusement pour toutes deux. De fait, la rouquine s'apprête à refuser poliment l'invitation de la bleu et bronze. Mais son regard se pose sur le bazar qu'elle a répandue sur le sol. Se relevant alors, époussetant sa tenue, la demoiselle soupire.

"- Je crois bien oui, merci. Je suis épuisée, je voulais me coucher mais... je voulais aussi préparer mes affaires pour demain sauf que... Forcément, ce dont j'avais besoin était sur le dessous de mes affaires." lance-t-elle avec un air faussement amusé.

Et du coup c'est un désastre, un carnage, de vêtements et produits flambants neufs, étalés sur le sol, que la demoiselle doit donc impérativement ranger avant d'aller se glisser sous la couette pour rejoindre les bras de Morphée. Elle préférerait le faire à la main, de peur qu'avec la fatigue elle se loupe dans ses sorts. Mais l'idée de faire tout de même appel à sa baguette est grande.

"- Après je ne veut pas t'embêter. Je n'ai qu'à replier tout ça et poser le tout dans cette malle, c'est bien cela ? On a pas d'armoire où mettre nos affaires éventuelles ?" demande-t-elle en jouant parfaitement son rôle de fille paumée, qui vient tout juste d'arriver dans ce château que pourtant, elle connait depuis déjà deux ans. "Du moins, je n'ai rien vu de tel..." s'excuse la serdaigle en adressant un sourire à son interlocutrice.

◈ Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais. ◈

Il n'y a pas d'armoire évidemment, la demoiselle le sait mais comme elle doit jouer le jeu de celle qui n'a jamais vu Poudlard, elle fait semblant d'être totalement prise au dépourvue par la nouvelle, comme si elle s'était attendu à ce qu'il y ai le nécessaire. Ok, c'est un peu facile pour elle dans la mesure où par nature, elle a un visage légèrement boudeur. Une petite mine "craquante" disait Madame Williamson. Et tout cas, la proposition de Charlie ne satisfait pas Lullaby mais, malgré la fatigue, cela la fait au moins rire. La Serdaigle de 1977 a le mérite d'être honnête, au moins. Et elle est drôlement sympathique aussi à vouloir aider la nouvelle arrivante d'un coup de baguette magique, même si elle n'y parvient pas.

"- J'avais peur de tout faire brûler en ratant mon sort. Je suis debout depuis un moment et tellement fatigué… Ce n'est pas grave ne t'en fais pas." indique Lullaby avec un sourire comme l'autre demoiselle s'excuse.

Alors que les deux filles commencent à plier les vêtements, assises à même le sol, Bee est amusée de voir Charlie s'extasier sur à peu près toutes les pièces qui passent entre ses mains alors que pour sa part la rouquine n'a l'impression d'avoir acheté que des choses banales, des vêtements classiques. Ce n'est pas comme si elle cherchait à se mettre en valeur, à vrai dire. Se trouvant quelconque, la sorcière ne cherche pas vraiment à changer les choses. Ce n'est pas pour rien qu'on l'a toujours vu "fiancée à son chaudron".

"- Je m'appelle Lullaby Williamson. Je suis ravie de faire ta connaissance Charlie" répond la concernée avec un charmant sourire avant de se re-concentrer sur une robe qu'elle est occupée à plier. Cela fait, elle regarde l'autre étudiante de nouveau. "Tu m'as dis que tu es joueuse de Quidditch c'est bien ça ?" questionne la demoiselle avec un sourire. Même si Bee n'apprécie pas ce sport, elle est curieuse de comprendre ce que son interlocutrice peut ressentir, éprouver, à ce sujet.

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Lullaby, fatiguée par les deux derniers jours qu'elle vient de passer, par le stress de la bataille, par les doloris subis, par la perte d'êtres chers, par tout les affres de la guerre en somme, comprend son erreur aussitôt que sa question a franchit le seuil de ses lèvres. A la tête de Charlie, à son regard soudain très éveillé, Bee comprend que oui, son interlocutrice aime le quidditch. Et elle commence àen parler avec amour. Un amour comparable à celui que la rousse ressent vis-à-vis des potions même si elle n'en parle pas ainsi à ses amis. Parce qu'elle sait que ça ne les intéresse pas du tout. Là, la bleu et bronze a droit à un exposé complet des aventures de la brune sur un balais et de la naissance de son amour pour le sport.

Bee éclate de rire à la fin de ce discours comme enfin Charlie s'enquit de savoir si elle écoute toujours. Ce qui est le cas, par pure politesse plus que pas envie. Et la question qui tue. Est-elle une fana de quidditch aussi ? Avec un père et un frère comme les siens on pourrait le croire mais la demoiselle dessine un sourire désolé sur ses lèvres, consciente qu'elle va détruire un espoir de l'attrapeuse.

"- Non je ne suis pas particulièrement fan de quidditch. J'embête souvent Godric en disant que c'est assez... tendancieux de fantasmer sur un balais." rit la demoiselle. "Moi tu sais, mon dada c'est plutôt les potions." répond la demoiselle avant d'accorder un nouveau sourire à la brune qui lui fait face. "Mais je respecte tout à fait cet amour pour le sport que tu peut avoir et cet amour que les joueurs de quidditch vouent en général à leur jeu." indique la demoiselle.

Seulement, Bee préfère les ténèbres d'un cachot, la chaleur du feu, la texture des ingrédients de ses potions, l'immense sentiment de satisfaction qui peut envahir le cœur de celui qui vient de réussir une recette compliquée. Et l'odeur mentholée de… du professeur. On évitera de le crier sur tout les toits.

◈ Là où loge le souci, le sommeil ne s'abat jamais. ◈

Slughorn et son petit groupe de stars ? Si, malheureusement, Lullaby les connait. En sixième année, pour aider Harry a récupérer le fichu souvenir de leur professeur, la demoiselle a été contrainte par Dumbledore d'assister aux soupers du professeurs. Il lui a même parfois fallut annuler des cours avec Severus Rogue pour pouvoir assister à ces soupers. Autant dire que c'était un déchirement chaque fois. Elle n'était pas encore amoureuse en sixième année, mais qu'importe, tronquer un cours de potion pour une stupide réunion avec le nouveau professeur de potion était insupportable.

"- Je ne l'ai pas encore vu. Enfin, au banquet mais bon, je ne le connais pas." affirme la demoiselle d'un ton assuré malgré la fatigue, mentant à merveille sur ce sujet là.

La demoiselle se crispe en entendant le surnom de Servilus et elle se retient pour ne pas foudroyer la brune du regard. Sans lui, elle serait morte hier. Pas un mec bien... Peut-être pas dans leur présent mais en 1998... Il est celui qui l'a sauvé pendant la bataille, s'en prenant à Dolohov, un partisant du lord et donc l'un de ses soi-disant Alliés. Preuve au cœur de la jeune femme qu'il n'est pas un véritable mangemort. Il est l'homme qui  a fait d'elle la potionniste qu'elle peut se targuer d'être aujourd'hui, même si elle a encore énormément à apprendre.

"- C'est un surnom idiot à donner à Rogue." objecte la demoiselle. "J'étais à sa table au moment du repas, un des serpentard a aussi utilisé ce surnom là. Hors si j'en crois sa présentation, il se nomme Severus. Peut-on savoir ce qui fait de lui un idiot ?" interroge la jeune femme en arborant un air curieux. Oui dans le fond, elle veux vraiment comprendre pourquoi son père le surnomme ainsi. Qu'a-t-il fait, au commencement, pour mériter cela ? C'est ce que la jeune femme souhaite découvrir. "Je ne pense pas que le cheveux gras fasse que quelqu'un soit un idiot Charlie. C'est notamment un fait en potion, nos ingrédients nous... enfin, ça n'est pas forcément très propre. Je dois laver mes cheveux tout les jours depuis que je fais des potions régulièrement. Ce qui les abîme, j'ai les pointes très sèches." fait remarquer la demoiselle d'un ton désinvolte, comme quelqu'un qui ne prendrai pas parti. Alors qu'elle bouillonne de l'intérieur.

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Pourquoi faut-il qu'à peine arrivée en 1977, la rousse soit déjà perturbée par Severus Rogue ? A table, déjà, mais elle ne peut s'en prendre qu'à elle-même puisqu'elle est allée s'asseoir sciemment du côté des Serpentard et que c'est elle qui a discuté avec lui, se confrontant rapidement à la froideur de l'homme par ailleurs, et maintenant ici, dans sa salle commune, au beau milieu de son dortoir, où Charlie lance le sujet Rogue. Alors que Bee n'a fait que parler de potion. Parler de Rogue pour casser du sucre sur son dos, devant la femme qui l'aime. L'attrapeuse ne peut le savoir bien entendue, mais ses réflexions piquent un peu.

«- Oui, sinon je ne demanderai pas.»

Bien sûr que Bee veut savoir. Quand elle était son étudiante, quand il était son professeur, elle savait très bien pourquoi les autres le détestaient. Ce qu'elle veut comprendre maintenant c'est comment il est devenu l'homme qu'elle connaît et surtout, pourquoi il semble être un idiot aux yeux de tous. Un idiot particulièrement doué dans les études au demeurant et capable de réinventer l'art des potions, aux yeux de Bee, ça ne peut pas être un véritable idiot. Il y a forcément quelque chose d'autre. Quelque chose que la sorcière doit comprendre, qu'elle a besoin de s'expliquer.

Quelque chose de général. Tien donc ? La rousse lève un sourcil curieux. Parce qu'il est étrange. Ah, parce qu'être asocial ou renfermé fait de nous un idiot ? Partant de là, la jeune femme comprend pourquoi il a été à ce point agressif dans la grande salle, quand elle a voulu lui parler. Et des comportements stupides. Qui n'en a pas ? Comme si les maraudeurs avaient un comportement foncièrement intelligent. Bee ne répond rien à ce sujet toutefois, n'étant pas censé les connaître. Son esprit occulte l'insulte à sa meilleure amie. D'abord, elle ignore qu'il s'agit de sa mère.

«- Peut-être mais ne pas l'aimer ne donne pas forcément une bonne raison pour l'humilier. Servilius. Je suis pas sûre que j'apprécierai forcément de devenir, je ne sais pas moi, Lullabilius parce que ma tête ne revient pas à quelqu'un. Encore que ce nom-ci serait moins asservit que le sien.» objecte la demoiselle avec un sourire, consciente que s’énerver ne mènerait à rien. De toute façon elle a abandonné depuis longtemps l'idée de faire changer les gens d'avis sur Severus.

Une chauve-souris, ça, elle l'a déjà entendu de son temps. Comme quoi, tout le monde y pense apparemment, sauf elle bien entendu. Bee s'amuserait presque de tout cela, du fait de ne pas avoir été influencé en arrivant à Poudlard par l'avis des autres sur lui, amusée de lui avoir laissé une chance de montrer lui-même qui il était. Un professeur avait dit un jour qu'elle était surprenante, trop mûre et trop ouverte d'esprit. C'était peut-être vrai, la bleu et bronze le comprend maintenant.

Charlie se lève comme une furie et revient, une bouteille de shampoing à la main que Bee regarde sans comprendre. Ah oui, ses pointes sèches c'est vrai. Elle a vraiment parlé de ça ? Il faut croire que oui. Charlie propose à la jeune femme de lui en piquer, c'est gentil et la serdaigle sourit à la brune. C'est vrai que le quidditch ne dois pas aider, niveau cheveux. Lullaby ne comprend pas comment Drago Malefoy, attrapeur à Serpentard, peu les garder si soyeux malgré tout.

«- Non, ça ne me dérange pas. C'est une petite école au sud du pays. Je sais que c'est curieux de ne pas aller à Poudlard mais… mes parents considèrent que les petites écoles ont leur chance aussi. La notre était très bien, moins réputée que la votre évidement mais… Moins d'élèves et donc des enseignants très disponibles, je ne sais pas comment ça marche chez vous ? Nous avions un petit parc, mais pas de lac. Pas de forêt non plus. C'était moins ancien que votre château aussi. Mais c'était beau. Cela dit pour ma part, j'ai faillis faire mes premières années à Beaubaton, j'habitais en France avant de revenir en Angleterre, ma mère avait le mal du pays. D'où mon accent français.» confesse l'étudiante en restant relativement succincte pour ne pas risquer de mettre en péril leur secret.