Ca va trembler dans la villa, papa w/Tel, Cab, Jay & Cha

Tibus en avait marre, et réagirait de manière totalement irrationnelle. Sur le coup, il avait réellement l’impression d’être totalement incompris et d’avoir tout le monde contre lui. Il avait du mal à retenir sa colère, notamment contre la meuf de son pote. Après tout, tout ce qui était en train de se passer maintenant avait commencé parce qu’elle n’était pas capable de fermer sa grande bouche. Sérieux ? Pourquoi les avait-elle espionné, et pourquoi avait-elle décidé de venir partager l’information avant même de leur en parler. Tibus était tellement hors de lui qu’il commençait réellement à s’en prendre à tout le monde. Surtout que même Caleb s’était maintenant retourné contre lui. Et ça, ça l’énervait encore plus. Parce que son pote prenait la défense de Télia qu’il ne pouvait pas saquer en temps normal. Il aurait dû être de son côté, et il aurait dû le défendre. Les potes avant les meufs, c’était une règle d’or. Peu importe ce que lui disait l’ancien serpentard, Tibus était dans un tel état qu’il ne pouvait clairement pas se contrôler. Il devait laisser ressortir sa colère, et comme il n’y avait pas de responsable, il rendait tout le monde responsable. La logique quoi. Tib ne savait pas se contenir, et ne savait pas filtrer ses paroles, surtout quand il était comme ça. Généralement il n’était pas dans les histoires, donc ce genre de chose n’arrivait pas souvent. Mais comme Jaylin l’attaquait clairement, il avait besoin de l’attaquer aussi en retour. Mais voilà que son super pote lui reprochait de se mêler de sa relation.

– Mais c’est une blague, j’hallucine, vous avez tous perdu la tête ou quoi ? C’est pas ta meuf qui s’est mêlé de ma relation en premier peut-être ?

Oui clairement il s’en prenait à Caleb. Mais il fallait arrêter les conneries à un moment. Jamais il ne se serait permis de juger leur relation, si cette idiote ne s’était pas incrustée dans la sienne. Vraiment il était hors de lui et ne pouvait plus se contrôler, et tout semblait être fait pour en rajouter une couche à chaque parole commençait. Tout le monde était sur les nerfs. Et Tibus savait qu’il n’allait pas être capable de redescendre aussi facilement. En plus l’autre était encore en train d’ouvrir sa gueule. Putain qu’est-ce qu’il pouvait la maudire maintenant. Il avait simplement envie de la secouer. Elle avait de la chance d’être une meuf là.

– Parce que mademoiselle la reine mère le décide ? Si tu veux pas qu’on s’attaque à ta petite vie parfaite, t’attaque pas à celle des autres. Je vais descendre d’un ton si je veux. T’es pas ma mère, c’est clair, alors ferme ta gueule une bonne fois pour toute.

Non mais en plus il ne manquait plus qu’elle lui donne des ordres. Tibus pouvait être vraiment très con quand il était énervé, et être un véritable gamin. Il était têtu et visiblement l’ancienne serdaigle l’était aussi. Si personne n’essayait de faire redescendre la pression, ils pouvaient surement allé très loin tous les deux. Parce que Tibus n’avait clairement pas l’intention de lâcher le premier. Pour lui, Jaylin avait tort et était en faute sur toute la ligne. Et surtout elle était réellement de mauvaise foi, quand elle lui reprochait de se mêler de sa relation. Si entre Tibus et Jaylin, le ton continuait de monter graduellement, comme un concours de celui qui crierait le plus fort, s’il y en avait bien une qui restait beaucoup trop calme, c’était Télia. Tibus ne comprenait réellement pas son comportement. Au début, il avait simplement pensé qu’elle voulait faire la belle devant ses copines, en restant très loin de cette histoire, mais plus la conversation avançait, plus il avait l’impression qu’elle ne le faisait pas exprès pour l’énerver, mais qu’elle était simplement en train de passer à autre chose et de laisser tomber avec lui. Le jeune homme était blessé surement, mais au lieu de parler de ses sentiments comme un grand garçon, il décida encore d’agir comme un gamin immature en lui parlant mal et en lui reprochant des trucs qui n’avait ni queue ni tête. Il cherchait à la blesser, il chercher à la piquer pour qu’enfin elle s’énerve et qu’elle lui gueule dessus. Pour qu’elle montre qu’elle en avait quelque chose à faire. Il voulait une réaction de sa part. Une vraie. Mais il n’avait rien, et cela continuait de le faire monter en pression petit à petit. Toujours calme, elle lui expliquait clairement le fond de sa pensée. Des choses qu’il ne voulait pas entendre clairement. Elle le traitait d’égoïste. Tibus savait qu’il devait arrêter. Il savait qu’il devait fermer sa gueule et laissait passer. Mais c’était plus fort que lui. Si personne ne le poussait à prendre l’air, il allait continuer, et surement dire des choses qu’il regretterait. Et cela ne manqua pas quand il répondit à Télia, très énervé.

– Mais évidemment je suis tellement égoïste. J’ai fait tellement de trucs pour toi. J’ai pas sauté une meuf depuis des mois, mais je suis toujours aussi égoïste et qu’un pauvre type. T’façon personne ne se rend compte des efforts que j’fais, on me voit juste comme le grand connard qui pense avec sa bite, c’est ça ? Bah vous me cassez tous les couilles, là. Vraiment.

Vraiment, il n’en pouvait plus. Même les pancakes de Charlotte n’avaient aucun effet. Il était trop hors de lui, trop irrationnel pour penser et pour se stopper maintenant. La journée commençait définitivement mal. Heureusement Charlotte se décida à intervenir, elle lui apporta une bière. Et le garçon but quelques gorgées comme elle le lui avait ordonné. Et la jeune femme lui demanda de venir avec lui dehors avant d’agresser quelqu’un d’autre. Et alors qu’il lançait des regards noirs autour de lui, le jeune homme passa devant Charlotte et sortit dehors. LA jeune femme le suivait. Clairement, ça n’allait pas lui faire de mal de prendre l’air et surtout de s’éloigner de toutes ces tensions. S’il y en avait bien une qui réussirait peut-être à le faire descendre, c’était la jeune femme. Il marcha un peu plus long. Pas très loin de la maison, mais assez que pour les autres ne l’entende pas s’il se décidait à parler à Charlotte.

– Je te jure je suis à deux doigts de balancer mon poing contre un mur.

Annonça le jeune homme à sa meilleure, toujours très énervé par tout ce qui venait de se passer à l’intérieur.

– Ca veut jouer les grands devant moi, mais ils se prennent pour qui tous ? Et l’autre qui fait la meuf, elle se rend pas compte. Je vais ramener deux poufs à la maison ce soir, ils auront de quoi réellement gueuler comme ça ! PUTAIN.

Et il était en boucle le garçon. Il avait vraiment besoin que Charlotte l’aide à se calmer. Parti comme ça, il pouvait continuer longtemps.

Tout était clairement en train de lui casser les couilles. Il n’en pouvait plus, étant totalement hors de lui, criant désormais sur la plupart des gens présents dans cette pièce. D’abord Caleb. Parce qu’il se sentait très frustré et incompris par celui qui était son meilleur ami. Ils avaient tout vécu ensemble. Tout. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés dans le train en première année menant à Poudlard. Ils avaient vécu tellement d’aventures, ils avaient rit, ils avaient pleuré, ils avaient eu des moments inoubliables. Mais là, ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde. A cause de Jaylin, que Tibus tenait pour responsable. C’était elle qui avait déclenché cette troisième guerre mondiale, et c’était encore elle qui était en train de faire les problèmes entre Tibus et son Cabou d’amour. Tib se rendait compte qu’il allait trop loin avec Caleb, mais c’était comme s’il ne pouvait pas s’en empêcher, comme s’il ne pouvait pas se résonner. Il aurait voulu arrêter. Il aurait voulu stopper et arrêter de gueuler sur son pote. Parce qu’il aimait son grand idiot, et parce que s’engueuler avec lui et se déchirer était la dernière chose qu’il voulait. Caleb était plus qu’un pote. Il était son frère, sa famille, son âme-sœur. Il était le mec avec qui il passerait sa vie, il le savait. Il était le mec qu’il voulait à ses côtés pour tout. Parce qu’il y avait un vrai lien entre eux. Et pourtant, ça n’empêchait pas Tibus de faire n’importe quoi avec lui aujourd’hui. Il entendait bien ce qu’il disait. Il savait que ce n’était pas la faute de Tib. S’il voulait une responsable, c’était Jay pas lui. Alors c’est pour ça qu’il ne répondit pas au garçon quand il lui gueula dessus. Non il ne voulait pas aller plus loin avec lui. Mais quand la meuf ouvrit sa grande bouche une nouvelle fois, il vrilla une seconde fois. Il ne pouvait pas. Elle était tellement hypocrite sur le coup, qu’il n’arrivait pas à s’en empêcher. Et il lui ordonna clairement de fermer sa gueule. Caleb intervint à ce moment-là demandant à sa meuf de ne pas répondre, avant de s’en prendre à lui une nouvelle fois. Et il s’énerva tellement qu’il se cassa, menaçant même de partir de la villa. Tibus donna un coup de pied violent dans l’une des chaises près de lui. PUTAIN. Evidemment qu’il ne voulait pas que ça en arrive pas. Mais il était tellement sur les nerfs qu’il ne se contrôlait plus, il ne savait même plus comment se calmer et redescendre en pression. Jaylin suivit Caleb les abandonnant dans la cuisine. Mais il n’avait pas réussi à s’empêchait de faire une énième provocation à Télia. Non clairement, il ne supportait pas le fait qu’elle soit si calme devant lui. Il prenait ça comme une provocation, comme si elle s’amusait à le narguer. Elle lui reprocha des trucs encore et encore. Et Tibus se concentrait et prenait énormément sur lui pour ne pas l’ouvrir une nouvelle fois. Il ne contrôlait plus rien.

– T’as raison, j’ai rien fait pour toi. Je fais ma vie et toi la tienne, comme ça je te casserais plus les couilles, ça va ? Et basta.

Non clairement c’était n’importe quoi. Parce que ce qu’il venait de dire était loin de ses pensées. Au contraire. Il n’avait pas du tout envie que Télia fasse sa vie. Il n’avait pas envie qu’elle l’oublie, qu’elle s’amuse, et qu’elle rencontre quelqu’un d’autre. Il ne supportait pas l’idée qu’elle soit en train de lui filer entre les doigts, et de prendre son envol. Ca le mettait dans un tel état qu’il s’était mis toute la maison à dos pour le coup. Pour arrêter ce carnage, Charlotte était intervenu. Et heureusement, car c’était en train de partir très loin pour le coup. Elle lui donna une bière et lui imposa de venir d ans le jardin avec lui. Alors le garçon sortit en trombe de la cuisine pour se diriger sur la plage. Mais même en prenant l’air, il ne décolérait pas. Il était toujours en train de fulminer, remettant la faute sur tout le monde sauf sur lui. Il était même à deux doigts de balancer son poing dans un mur. Clairement Charlotte ne l’avait sans doute jamais vu dans cet état. Parce que Tibus n’était pas le genre de garçon à s’énerver comme ça à l’extrême. Et heureusement qu’il avait cette qualité en temps normal, car vu ses colères, ce serait clairement le bordel si ça arrivait plus souvent. Charlotte commença à lui parler, essayant de lui ouvrir sur son comportement. Se rendait-il compte que c’était de sa faute tout ce qui s’était passé à l’intérieur.

– Mais t’as vu comme moi que c’est cette boufonne qui se l’ait ouverte, à mettre son nez là où se la regarde clairement pas. Je suis pas fou quand même.

Ouais il avait peut-être besoin d’un peu plus de temps pour se rendre totalement compte. Mais pour lui, Jaylin avait sa part de responsabilité dans tout ce qui s’était passé. Son cerveau ne semblait pas avoir encore compris tout. Oui il avait fait une connerie. Mais cette connerie n’aurait pas été si grave si elle était restée secrète. D’ailleurs il venait même de se prendre une claque sur la tête de la part de Charlotte. Putain c’était vraiment pas sa journée pour le coup. Il aurait vraiment dû rester coucher ce matin. Dans son lit, il aurait sans doute passé un meilleur moment que maintenant. La brise et l’air frais lui faisait quand même du bien. Loin de la villa, il se calmait peu à peu, essayant de se contrôler. C’était dur. Tout était vraiment le bordel dans sa tête. Mais s’il y avait bien une personne qu’il écouterait c’était Charlotte. Et il écouta les paroles que lui disait Charlotte, se calmant au fur et à mesure. Il ne disait rien pour le moment, se contentant d’écouter, comme un gosse à qui on était en train de faire la leçon. Et alors qu’elle voulait lui faire un exercice, il lui lança un drôle de regard, comme si elle était complètement folle. Mais quand elle eut enfin fini de parler, le jeune homme se laissa tomber sur le sable. Comme s’il était à bout de force. Les jambes repliés, la tête dans les mains. Pas un bruit, pas un mot.

C’était comme si un flot d’émotion venait de atterrir en pleine gueule, comme si on venait de lui mettre une grosse claque. Les minutes défilaient sans que Tibus n’ait encore rien dit à Charlotte, toujours dans la même position, seul avec ses pensées. Parce qu’il était achevé. Parce que oui, il était clairement en train de perdre Télia. Parce qu’elle lui avait donné tellement de chance, qu’elle avait été très patiente avec elle. Elle avait tout fait pour lui, elle avait tout donné. Elle avait essayé encore et encore. Tibus avait simplement été fidèle à lui-même. Il avait fait sa vie, il avait couché avec des nanas. Il l’avait simplement pris pour acquise, comme si elle serait toujours là sagement à l’attendre. Comme s’il pouvait tout faire, comme s’il pouvait sauter le monde entier, et qu’elle serait là prête à l’accueillir les bras ouverts quand il l’aurait décidé. Mais c’était pas ça la vie. Les gens n’appartenaient à personne. Et Télia ne lui appartenait pas. Elle aussi était libre. Et aujourd’hui prête à reprendre sa liberté, et se cassé, finissant tout entre eux. Elle n’était pas à lui. Elle n’était pas à lui. Ses mots se répétaient dans son esprit. Il l’avait peut-être perdu aujourd’hui. Ou peut-être depuis longtemps. Mais il ne s’en rendait compte que maintenant. Et c’était dur. Dur de comprendre, dur à avaler, dur d’assimiler. Il était égoïste, et il l’avait toujours été. Il s’était toujours mis en premier, pensant à lui avant de penser aux autres. Et ça même avec Télia. Il l’avait traité comme un objet. Comme si elle n’avait aucune valeur. Il avait joué avec elle. Depuis des années. Il avait pris cette relation comme un jeu, comme une compétition, où il devait absolument gagner. Une compétition où il ne faisait preuve d’aucun scrupule. Ou il pouvait lui envoyer dans la tronche les filles qu’il avait sautées, où il pouvait draguer juste devant elle rien que pour lui montrer qu’il avait totalement le pouvoir sur elle. Mais il ne l’avait pas. Il n’avait absolument aucun pouvoir. Et s’il avait cru tout contrôlé, il ne contrôlait désormais plus rien. A un moment, dans cette compétition qu’il avait lui-même crée, elle lui avait échappé.

Il était dans un tourbillon, incapable de bouger ou de parler, il n’y avait que ses pensées qui l’envahissaient. Des pensées qui étaient en train de le noyer. Il était comme un soldat à terre, à bout de force. Des frissons parcouraient son corps, le mauvais genre de frisson. Il avait réellement merdé. Encore plus qu’il ne l’avait fait auparavant. Il se sentait tellement pitoyable. Il s’était énervé à mort pour finir par chialer sur une plage du sud de l’Angleterre. Wouah, il avait réellement touché le fond pour le coup. Il sentit la main de Charlotte se poser sur son épaule, lui rappelant par la même occasion qu’elle était là, qu’il n’était pas tout seul. Elle était assise près de lui. Il croisa rapidement le regard de la jeune femme. Même en une fraction de seconde, elle avait du voir ses yeux rouges. Mais il détourna le regard, et posa sa tête sur l’épaule de la jeune femme. Cela faisait un bon moment qu’un mot n’avait pas été prononcé. Mais Charlotte le connaissait. Elle savait qu’il n’était déjà pas très loquace sur ses sentiments, mais que pour le coup, c’était dur pour lui. Elle lui donnait le temps de parler quand il l’aurait décidé, sans le brusquer. Le jeune homme passa ses mains sur ses yeux, sans un mot. Il était vulnérable. Il savait qu’il était en train de pleurer comme une gamine, et Charlotte le savait aussi. Mais aucun n’allait faire de commentaires là-dessus. Et ils restèrent encore un bon petit moment comme ça. Il était réellement passé d’une émotion à une autre, d’une extrême à une autre ce matin. Plusieurs fois il ouvrit la bouche sans qu’aucun mot ne veuille en sortir. Alors il se replongea dans son silence encore et encore. Toujours la tête sur l’épaule de sa meilleure amie, comme un petit garçon, finalement, il se décida enfin à ouvrir la bouche. Il s’était surement passé une bonne demi-heure depuis que Charlotte avait dit son dernier mot.

– Elle est en train de m’échapper, hein ? Je … J’ai cru qu’elle serait toujours à moi, peu importe ce qui se passe, peu importe ce que je fasse …

Et sa voix s’évanouit. Parce que c’était dur de s’ouvrir. C’était dur d’aborder ce sujet tabou dans la bouche de Tibus. Il avait toujours été un garçon mystérieux. Dans le sens où il ne parlait pas de ses sentiments. Jamais. Il ne disait pas ce qu’il se ressentait. Et Télia avait toujours été un sujet qu’il avait banni, peu importe la personne en face de lui. Jamais il n’avait assumé qu’elle était autre chose qu’un « jouet ». Peut-être parce que c’était trop dur, parce qu’il n’avait pas envie de s’ouvrir, parce qu’il n’avait pas envie d’avoir mal.

– J’ai peur …

Peur de s’engager, peur de s’ouvrir, peur d’aimer. Parce que la dernière fois qu’il avait donné son cœur à quelqu’un, il avait fini brisé. Parce que la seule fois où il était tombé amoureux d’une fille, c’était Télia. Et que passer au dessus de tout ça avait été la chose la plus dure qu’il avait faite de sa vie.

Si seulement cette meuf ne s’était pas mêlé de ses affaires, rien de tout cela ne serait arrivé dans la villa. Alors oui pour l’instant, Tibus tenait pour seule et unique responsable la copine de son pote. Elle allait vraiment devoir apprendre à se la fermer, si elle voulait que les choses se passent bien entre eux. Mais en y réfléchissant, Tib se rendait compte qu’il n’avait jamais réellement eu une conversation avec cette fille. Ils n’étaient pas potes. Ils ne se connaissaient pratiquement pas, et ne s’étaient jamais retrouvés seul dans la même pièce. Pas étonnant que ça explose entre eux. Parce que comme il n’avait pas encore de connexion avec cette fille, il n’avait vu aucun problème à lui en mettre plein la gueule. Charlotte avait donc emmené Tibus dehors un peu plus loin sur la plage, et c’était certainement la meilleure chose à faire. Si elle l’avait laissé à l’intérieur, les choses auraient pu aller encore plus loin, parce qu’il ne se contrôlait tout simplement plus, et aurait été incapable de se calmer tout seul. Mais dehors, il rageait toujours contre cette fille, s’enlevant toutes responsabilités des épaules. Charlotte allait avoir du boulot avec lui. Mais elle prenait son rôle très au sérieux, et commença à parler au jeune homme. Elle lui donnait des conseils, lui expliquait calmement les choses. Et finalement lui demanda de faire un exercice. Etrangement, tout arriva en Tibus comme une claque en pleine figure. Comme s’il était en train finalement de se rendre compte de ce qui était en train de se passer maintenant. Et c’était très dur émotionnellement parlant de voir tout revenir en lui, tout ce qu’il avait fait, tous les sentiments qu’il avait refoulé depuis tellement longtemps. Il s’était écroulé sur le sable fin, incapable de rester debout plus lentement, aveu de faiblesse de sa part. Il n’avait plus de force, il n’avait plus rien. Et peut-être pour la première fois depuis qu’il s’était séparé de Télia, il avait réellement l’impression de la perdre. Il la voyait s’échapper totalement de lui sans pouvoir la rattraper.

Tibus était coincé dans un tourbillon d’émotion, la tête entre les mains, ne voulant que personne ne le voie dans cet état. Il était en train de lâcher prise, et sentait sa carapace, durement construite, se détruire petit à petit. Il se croyait tellement fort, tellement au dessus de tout. Il se croyait au dessus de l’amour et des sentiments. Mais il avait été rattrapé par le jeu. Et même s’il se plaisait à dire que Télia n’était qu’un objet pour lui, il se rendait compte que ce n’était pas le cas. Car s’il pensait réellement cela, il ne serait pas dans un état pareil en se rendant compte qu’elle était en train de partir. Il ne comprenait pas lui-même pourquoi il était dans un état aussi pitoyable, et n’aimait clairement pas cette sensation. Il aurait voulu simplement disparaître à ce moment là, et ne plus ressentir rien du tout. Car ça faisait mal. Il perdait le contrôle. Ce contrôle qui régissait sa vie, ce contrôle qu’il aimait avoir entre les mains. Car en couchant avec toutes les filles qu’il rencontrait, il avait l’impression d’avoir ce contrôle. Il choisissait qui il se tapait, il s’amusait quand il le voulait. Mais maintenant, sur cette plage, que restait-il de ce contrôle ? A part avoir fait du mal à l’une des personnes les plus importantes de sa vie, à part l’avoir surement fait fuir, que lui restait-il désormais ? Maintenant, il avait besoin de Charlotte plus que jamais. Il avait croisé son regard le temps d’une seconde, et pourtant elle avait eu le temps de voir dans quel état il se trouvait. Elle savait à quel point tout cela était dur. Télia était en train de lui échapper même s’il avait toujours cru qu’elle resterait. Charlotte acquiesça, il avait surement besoin d’entendre la vérité, même si cela faisait mal. Et que faire maintenant ? Il était guidé par la peur. Et la peur s’était emparée de lui. Il avait peur de tout : de souffrir, d’aimer, de s’engager. Même peur de lui-même et de ce qu’il ressentait. Car il n’avait jamais été le type de mec à penser sentiments et relations amoureuses. Plutôt le contraire.

Charlotte laissa le silence s’installer entre eux pendant quelques minutes. Mais quand elle reprit la parole, elle semblait déterminée à lui faire comprendre les choses. Pour elle, c’était normal de ressentir de la peur. Et elle semblait comprendre ce qui se passait dans son cœur. Tibus se contentait de l’écouter, toujours sa tête posé sur son épaule. Il avait besoin de lâcher prise pendant quelques instants, se laissant simplement guider par la voix de sa meilleure amie. Peut-être qu’elle disait les mots qu’il avait besoin d’entendre. Dans tous les cas, elle lui montrait son soutien, et elle tentait plus que jamais d’être de son côté, de le guider pour lui montrer le bon chemin. Elle voulait transformer cette peur en quelque chose de bon, en quelque chose de positif. Bien sûr, il y avait des choses vraies dans ce qu’elle lui disait. Et Tibus savait qu’elle avait essayé plus d’une fois d’aborder le sujet Télia avec lui au cours de ses dernières années. C’était lui qui avait mis les hola, n’étant certainement pas prêt à s’avouer à lui-même ce qu’il ressentait. Mais aujourd’hui, il ne pouvait pas cacher qu’il y avait réellement un lien unique qui les rapprochait sans cesse. Il y avait quelque chose entre eux, que même la détermination de Tib n’avait pu repousser. L’émotion était au rendez-vous dans cette discussion. Et pour une fois, il n’était pas en train de fuir.

– J’ai eu mal la dernière fois, pas seulement à ma fierté, tu sais … Je l’ai pas montré, parce que je voulais pas donner ce plaisir à qui que ce soit, mais passer à autre chose est la chose la plus dure que je n’ai jamais eu à faire.

Il disait cela, et pourtant … Il n’y était pas arrivé, et il devait s’en rendre compte, du moins en partie, aujourd’hui. Car s’il avait réellement réussi à passer à autre chose, il ne serait clairement pas dans cet état.

– Tu te rends compte que tous ses problèmes viennent de moi. Si j’étais pas dans sa vie, peut-être qu’elle serait plus heureuse au fond … Je ne sais pas quoi faire. Je …

Et finalement le garçon se redressa, et plongea sa main dans une poche de son pantalon pour en ressortir son porte monnaie, il le fila à Charlotte en lui montrant du doigt où elle devait regarder. Dans la pochette où se trouvait son passeport, bien caché, se trouvait une petite photo de Télia.

– Je le savais aussi, j’avais juste choisi de l’ignorer.

Les mots de Charlotte résonnaient dans l’esprit de Tibus. Evidemment qu’il avait tout fait pour passer à autre chose après Télia. Sa relation avec la jeune femme pendant sa cinquième année avait réellement été importante pour lui. Il l’aimait réellement. Même si sa façon de l’exprimer n’était pas la meilleure. Et elle lui avait brisé le cœur en mettant fin à leur couple. Il n’avait rien dit, rien fait, et s’était contenté d’encaisser les mots de la jeune femme. Il avait eu mal. Mais qui aurait pu le deviner ? Après tout, il était très fort pour faire semblant, pour mettre en place une carapace ou personne ne pouvait l’atteindre. Il ne voulait pas paraître faible à l’époque. Alors, il avait reprit ses vieilles habitudes, il avait recommencé à coucher avec des filles pour oublier celle-ci. Et franchement, il avait sincèrement cru y arriver pendant quelques temps. Il avait l’impression d’avoir trouver une sorte de stabilité dans sa vie, de faire des choses qui le rendaient cool et heureux. Alors pourquoi se recevait-il tout cela maintenant comme un boomerang en pleine figure ? Assis sur le sable chaud, la tête sur l’épaule de sa meilleure amie, il n’en menait pas large. Comme si tout ce qu’il gardait pour lui depuis des années refaisait surface en même temps. Les mots de Charlotte semblaient enfin recevoir un écho. Il comprenait. Il était clairement en train de perdre Télia. Il avait toujours cru qu’elle était à sa botte, qu’elle ne le lâcherait jamais. Et pourtant, aujourd’hui, elle lui avait prouvé qu’elle était capable d’avancer et de tirer un trait sur lui. Et c’était ce comportement qui semblait lui faire prendre confiance de tout ce qu’il avait à perdre dans cette histoire. Si elle lui échappait maintenant, il ne s’en remettrait sans doute jamais … Ou du moins pas complètement. Passer à autre chose avait été le plus dur pour lui. Même s’il avait essayé de le cacher. A ce moment précis, il s’ouvrait réellement pour la première fois à Charlotte. Télia avait toujours été une sorte de sujet tabou. Mais il était grand temps d’en parler. Surtout en voyant dans quel état ça l’avait mené aujourd’hui. Il écoutait Charlotte attentivement. Il savait qu’elle avait raison au fond de lui. Mais pour Tibus, tout cela était vraiment compliqué et très dur.

Elle lui posait des questions, mais semblait prendre le soin d’y répondre également, comme pour guider son ami dans cette conversation, comme pour lui faire comprendre qu’elle le comprenait, et qu’il n’avait pas à avoir honte, qu’il n’avait pas besoin de faire le fier, pas ici, pas maintenant, et pas avec elle. Pour elle, c’était simple, il ne l’avait jamais oublié. Et elle avait surement raison dans le fond. Après tout, pourquoi aurait-il fait tout ce qu’il avait fait depuis deux ans s’il était passé à autre chose ? Pourquoi aurait-il mit un point d’honneur à éloigner tous les mecs de son ex ? Pourquoi aurait-il continué à la pourchasser au lieu de la laisser enfin tranquille ? Mais Tibus continue de penser. Pourquoi revenir dans la vie de Télia ? Après tout, tous les problèmes de la jeune femme venaient de lui. Ne serait-ce pas mieux pour l’ancienne serdaigle s’il la laissait enfin et définitivement tranquille ?

– Je la détruis autant que je lui fais du bien, tu sais.

Répondit-il dans un murmure, comme si parler de tout cela à voix haute rendait les choses bien trop compliquées et réelles. Mais il ne pouvait pas continuer à nier qu’il ne l’avait pas aimé, ou qu’il l’avait oublié. Bien sûr qu’il savait, bien sûr qu’il avait toujours été au courant du lien peu commun entre eux, et des sentiments qu’il avait à son égard. Il tendit en silence son portefeuille à sa meilleure amie, pour qu’elle puisse se rendre compte d’elle-même. Dedans, à l’abri, et quelque peu caché se trouvait une photo de la serdaigle, preuve de son importance dans la vie de Tibus. Charlotte lui prodigua encore quelques conseils, lui faisant part de son avis personnel sur le sujet. Elle voulait maintenant qu’il aille la retrouver et qu’il lui déclare réellement ses sentiments. Mais évidemment c’était beaucoup plus dur à dire qu’à faire. Surtout connaissant Tibus.

– Non c’est pas simple. J’ai peur, à un point, si tu savais. Affronter les choses n’a jamais été mon point fort. Et puis … je ne sais même pas si je vais y arriver.

Répondit le jeune homme à voix basse, le regard toujours perdu vers l’océan. Mais ils avaient tous les deux déjà passés un peu trop de temps à l’écart sur la plage, et il était surement grand tant de retourner à la villa. Tibus se releva doucement, tout en s’étirant. Ses yeux avaient séchés, ne laissant que des yeux rouges pour preuve de ce qui s’était passé. Il ne voulait pas paraître faible en retournant là-bas évidemment. Une fois debout, il tendit l’une de ses mains à Charlotte pour l’aider à son tour à se relever.

– On y va ?

Si cette question était pour Charlotte, c’était également pour se donner un coup d’entrain et le courage de retourner à la maison. Dans cet endroit où il avait attaqué tout le monde de façon mauvaise quelques heures auparavant. Il savait qu’il avait des excuses à faire pour le coup, maintenant que la pression était redescendue. Les deux amis retournèrent donc à l’intérieur. Ne voyant pas encore Jaylin et Caleb, il se décida à crier pour que tout le monde se réunisse.

– REUNION SALON.

Autant faire ses excuses devant tout le monde n’est-ce pas ? Et puis s’excuser était déjà plus facile que de devoir déclarer des trucs à Télia. D’ailleurs la jeune femme était toujours là, mais pour le moment Tib ne lui avait pas lancé un regard et avait pris soin de ne pas la regarder dans les yeux, comme apeuré par ce qui allait bien pouvoir se passer entre eux maintenant.