Torturer sans se salir les mains - Tristan

Il avait cru que se faire torturer était la pire sensation du monde. Il avait cru que la présence d’Indra finirait par le rendre fou, qu’il avait besoin de lui échapper pour qu’il puisse reprendre ses esprits. Et pourtant, il se rendait compte à quel point il avait eu tort. Parce qu’elle l’avait laissé. Elle l’avait enfermé dans une cage avant de quitter cette pièce sombre. Tristan avait commencé à perdre toute notion de temps. Il était entré dans une spirale infernale. Les pensées avaient commencé à envahir son esprit. De la torture émotionnelle et psychologique qu’il se faisait subir à lui-même en pensait à Destiny et le mal qu’il lui avait fait sur le champ de bataille, le fait qu’il l’avait peut-être tué ou fait subir des dommages physiques et mentaux. Et c’était tellement dur de se retrouver seul, sans savoir combien de temps passaient. Tristan avait l’impression que les minutes duraient des heures. Cette mauvaise impression que cela faisait des mois qu’elle était partie. La seule logique qu’il avait trouvée était qu’il n’était pas encore mort de déshydratation. S’il était encore en vie, cela ne pouvait faire que quelques jours qu’elle l’avait abandonné. Et cette cage avait diminué en taille rapidement. Tristan avait vite compris que c’était à cause de ses pensées. Mais comment pouvait-il s’arrêté totalement de penser ? C’était impossible. Plus le temps passait, plus il avait l’impression de devenir complètement cinglé, comme s’il avait l’impression de perdre tout ce qu’il avait. Et des envies étaient parvenues dans sa tête. Des envies d’en finir une bonne fois pour toute, d’être achevé et que son calvaire s’arrête. Elle aurait dû le tuer sur le champ de bataille directement. Il aurait dû se battre plus, l’empêcher de le prendre vivant. Très vite, la cage était devenu tellement petite, que le jeune homme était désormais assis, replié sur lui-même. Il se balançait d’avant en arrière, tout en chantant cette mélodie de quatre notes. C’était comme un rituel. Il chantait, et se balançait au rythme de la musique. Les mains sur ses oreilles, il semblait essayer de ne rien entendre. Mais entendre quoi ? La pièce était silencieuse, pas un bruit autre que ceux qu’il faisait lui-même. C’était sa façon de ne pas perdre la tête. Et pourtant d’un point de vue extérieur, on aurait pu penser qu’il l’avait déjà perdu. Des heures avaient passés. Et la mélodie se stoppa. Le garçon ouvrit ses grands yeux bleus, et il se leva, attrapa les barreaux pour les secouer de toutes ses forces, pour faire un maximum de bruit. Et il hurla à la mort. Deux mots. C’était le moment qu’elle revienne dans cette pièce et qu’elle vienne le tuer. C’était ce qu’il voulait. Il voulait qu’Indra le tue de sa main, maintenant, avant qu’il n’ait plus aucun contrôle sur lui-même. Et il hurla ces mots encore et encore. De plus en plus fort, dans l’espoir qu’on l’entende. Dans l’espoir qu’il se passe quelque chose. Il ne pouvait plus supporter le fait d’être seul ici.

Et quand il entendit un bruit, le jeune homme sût qu’Indra était là. Comme un réflexe, il se tut. Elle approcha lentement. Elle lui répondit de ne pas être stupide parce qu’elle n’allait pas le tuer maintenant. Il serra son poing comme pour retenir toute cette colère, toute cette détresse, accumulé pendant ces derniers jours. Mais il ne dit rien. D’un coup de baguette, la cage reprit une taille normale. Enfin. Au moins, il aurait à nouveau de la place pour bouger. Il prit une grande inspiration, comme si elle venait de lui donner un avant-goût de liberté. Mais elle l’attrapa bien vite pour le forcer à se lever. Tristan n’opposa aucunes résistances. Il savait qu’il devait économiser ses forces, et que maintenant, cela ne servait à rien de lutter. Il prit place sur une chaise, face à une table où se trouvaient un papier et un crayon. Le jeune professeur ne posa aucune question, il savait qu’il connaîtrait bientôt la réponse de toute façon. Mais quelques minutes plus tard, un elfe apparut avec une assiette rempli de nourritures. Indra lui balança l’assiette. Et même si son esprit savait qu’il aurait dû se montrer plus intelligent, qu’il aurait du faire attention, et ne pas faire confiance à cette femme, son instinct de survie avait repris le dessus. Malnutri depuis des jours, il se précipita sur l’assiette, mangeant ce qu’elle contenait le plus rapidement possible. Comme si la nourriture allait disparaitre s’il ne se dépêchait pas. Comme s’il n’avait pas mangé depuis des jours, comme s’il ne savait pas quand serait son prochain repas. Ce qui était proche de la vérité en quelque sorte. Elle lui rappela qu’il retournerait dans cette cage à chaque fois qu’il tenterait quelque chose. Les mains du jeune professeur tremblait rien qu’à cette idée.

– J’ai compris.

Répondit-il d’une voix neutre. Elle avait toujours sa baguette en mains. Baguette que le jeune homme regardait avec insistance. Mais la voix d’Indra se fit entendre à nouveau. Elle voulait donc qu’il lui donne la liste des membres actifs de l’ordre : noms et prénoms. Tristan déglutit. Il se doutait qu’elle lui demanderait une telle chose à un moment, mais pour le coup il ne savait pas comment s’en sortir. Il ne pouvait pas mentir, mais en même temps, donner la liste allait tous les perdre. Un long moment, le garçon semblait perdu dans ses pensées. Il n’avait pas pris le crayon dans ses mains, se contentant de fixer ce parchemin vierge. La liste des membres défilait dans son esprit. Il pesait le pour et le contre, pensait à ceux qui seraient le moins touchés par une annonce officielle de leur allégeance. Mais c’était compliqué, surtout en connaissant les répercussions, surtout en sachant qu’il ne pourrait pas prévenir son camp de cette fuite avant que les mangemorts ne s’en servent contre eux.

– Kinglsey Shackelbot et Albus Dumbledore.

Il lui avait certes donné deux noms, mais il savait qu’elle n’allait pas aimer cette réponse. Car c’était connu, car les mangemorts avaient sans doute déjà cette information, et qu’elle ne voulait pas du réchauffé mais de nouvelles informations. Le jeune homme la regardait dans ses yeux. Contrairement au début de sa captivité, il n’y avait plus de défi ou de suffisance dans son regard. Il la regardait simplement. Il avait également une idée en tête. Et la regarder lui donnerait peut-être quelques secondes d’avance pour la surprendre. Il n’avait plus rien à perdre après tout, n’est-ce pas. Une nouvelle fois, soutenant son regard, il lui déclara :

– Tue-moi maintenant.

C’était peut-être fou de penser à la mort, on pouvait penser que l’instinct de survie était plus fort que tout. Mais Tristan avait appris quelque chose en étant captif. C’était qu’il y avait pire que la mort. Toujours les yeux plongés dans son regard, il pensa que c’était le moment. S’il ne le faisait pas maintenant, peut-être qu’il n’aurait pas d’autres chances. Il rassembla sa force physique, et sa force mentale pour se persuader, ne sachant clairement pas ce qu’il adviendrait de lui s’il échouait. Et il se précipita sur la baguette de sa ravisseuse (plus dans l’idée d’en finir que de s’enfuir) …

Cette assiette de nourriture qu’elle lui donna ne fit pas long feu. Il faut dire que l’homme ne s’était pas posé de questions. En temps normal, peut-être y aurait-il regardé à deux fois, peut-être se serait-il méfier … Mais il était affamé, malnutri depuis des jours et des jours. Son instinct primitif avait pris le dessus, et il s’était jeté sur le peu d’aliments qu’on lui avait apporté. Plus rien ne comptait réellement à ce moment précis, simplement la nourriture et sa capacité à la mettre dans sa bouche. Il se fichait d’Indra. Il se fichait qu’elle lui lance des regards dédaigneux face à une attitude si animale. Il mangeait comme s’il n’avait pas mangeait depuis des semaines, mangeait comme s’il ne savait pas quand il pourrait à nouveau avoir de la nourriture dans sa bouche (ce qui était finalement le cas en soit). Il finit vite. Un peu trop vite, cela laisse comme un goût d’inachevé dans sa bouche. Il en voudrait plus. S’il pouvait, il demanderait une deuxième assiette. Mais le ventre légèrement rempli, il comprend que ce n’est pas une solution. Ce qu’il venait d’avoir était tout ce qu’il aurait. Et si la mangemorte qui le tenait maintenant captif depuis des jours, peut-être même des semaines, lui avait donné à manger, ce n’était certainement pas pour rien. Si elle ne l’avait pas laissé crever de faim, c’était parce qu’elle considérait qu’il avait toujours une utilité pour elle. Oui il en avait surement une. Après tout, il détenait encore bon nombre d’informations qui pouvaient intéresser le camp adverse. Des informations qui pourraient leur donner une bonne longueur d’avance. Il n’était plus qu’une question de minutes ou de secondes maintenant avant que cette femme ne reprenne la parole et aille droit au but. Cela ne manqua pas. L’instant d’après, elle lui demandait déjà quelque chose. Elle voulait connaître les noms des membres de l’ordre. Tristan avait la sale impression que son cerveau et esprit marchaient au ralenti. Il n’était plus aussi vif d’esprit que quand il était arrivé, que le premier jour de leur confrontation … D’ailleurs combien de temps était-il resté ici ? Combien de temps avait-il passé enfermer dans ce sous-sol sans fenêtres ? Il désirait voir l’extérieur plus que tout au monde. La neige était-elle commencée à tomber ? Mais malgré les espoirs, il avait conscience que ses chances de sortir d’ici vivant s’amenuisait de jours en jours. Plus il restait ici, plus son espérance de vie semblait compromise.

Essayant de réfléchir comme il le pouvait, le jeune homme finit par lui donner ce qu’elle voulait. Il donna à sa régisseuse deux noms. Mais ces deux noms n’avaient que trop peu d’importance, car les mangemorts devaient déjà connaître leur appartenance à l’ordre. Il ne gagnait rien en leur disant cela. Même pas du temps, parce qu’allait-il faire avec quelques secondes ? Il ne trouverait surement pas une idée grandiose pour se protéger de ce nouvel interrogatoire. Elle continuait de jouer à baguette, avant de répéter trois fois son prénom. Elle le traitait de stupide, mais cela ne pouvait pas l’atteindre. Plus maintenant. Au début de son séjour ici, il avait voulu lui montrer à qui elle avait à faire, il voulait lui prouver qu’il pouvait être plus malin qu’elle. Mais la vérité était qu’elle avait des armes que lui ne possédait pas. Et à ce petit jeu, il ne pouvait pas être plus fort. Certainement pas sans baguette et dans cet état. Elle ne voulait pas simplement deux noms, elle les voulait tous. Il voulait qu’il la tue maintenant. Mais peu importe la réponse d’Indra, il ne l’écoutait plus que d’une oreille désormais. En effet, c’était sa baguette qui était dans ses mains qui l’intéressait. Et s’il était assez rapide pour l’attraper ? Sans y réfléchir par deux fois, il se précipite sur celle-ci. Mais la mangemorte réagit aussi vite et fit tomber sa chaise pour le déséquilibrer et l’empêcher de prendre, ce qui aurait pu être son ticket de sortir. Désormais au sol, ses chances d’évasion envolée, Tristan accuse durement le coup. Et soudain, il se reçoit un coup dans les côtes. Une douleur lancinante se fait ressentir, et lui-même a la sale impression qu’elle a cassé l’une de ses côtes dans la manœuvre. Elle crie désormais folle de rage. Et elle continue à lui donner des coups encore et encore. Tristan accuse et accuse sous cette douleur à peine supportable. Et le sort doloris frappa à nouveau, l’envoyant dans un tourbillon de douleurs et d’idées plus noires les unes que les autres. Il n’avait même plus la force de résister. Il était en train de sombrer. Et tandis qu’il hurlait de douleur, il lâcha l’information qu’elle désirait tant.

– Potter, Evans, White, Lupin, Rogue, Wilson.

Un nom entre deux cris. Ce n’était pas les seuls. Il y avait encore bien d’autres membres dans l’ordre. Et pourtant, il espérait que ce nombre conséquent suffirait à la mangemorte. La douleur était insupportable. Des larmes perlaient sur ses joues, mais rien n’y faisait, il avait l’impression de se faire transpercer la peau par des milliers de lames en même temps. Mais le sortilège cessa l’instant d’après. Tristan ne bougea pas, restant sur le sol, recroquevillé sur lui-même, plus mal que jamais. Quel était le pire ? Etre enfermé dans cette cage seul avec sa propre folie, ou se faire torturer jusqu’à la folie par cette folle ? Les deux semblaient être le pire qu’il ne puisse recevoir et vivre. Pourquoi personne ne faisait rien ? Où pouvait donc être son camp ? Qu’on vienne le secourir et vite, ou qu’on le laisse crever aujourd’hui. Lorsqu’il sentit sa tortionnaire s’approcher de lui, Tristan frémit. Elle lui révéla que la seule raison pour laquelle elle ne le tuait pas, c’était parce qu’elle l’avait promis à son père. Cet homme était responsable de sa captivité, et il était le responsable de l’incapacité à mettre fin à sa souffrance … Elle le releva de force, et il se retrouva à nouveau assit devant cette feuille. Il écrit les noms qu’il avait laissé échapper pendant sa torture.

– Mon père est un traître et un lâche, aussi pathétique que les idéaux pour lesquels vous vous battez aujourd’hui. Vous ne vous en sortirez pas comme ça. Un jour, vous allez payer, peu importe le temps que ça prendra.

C’était des murmures. Comme s’il se parlait plus à lui qu’à cette femme. Et pourtant, c’était sans doute les seules pensées qui l’aidait à ne pas totalement plongé dans la folie. Le jeune homme poussa la feuille vers Indra.

– Tous les noms sont dessus. Qu’est-ce qu’il se passe maintenant ?