(avec Hermione) J'ai cru entendre que je vous faisais peur !

Minerva avait des oreilles, et de par sa fonction de directrice adjointe, les professeurs venaient parfois la voir pour se plaindre des dernières bêtises de leurs élèves. Et seul Merlin savait comment ils pouvaient être inventifs dans ce domaine-là… Par contre, quand il s’agissait de rendre vingt centimètres de parchemin en dissertant sur les dangers de la Métamorphose humaine, plus personne n’était présent. Parfois, elle entendait aussi des drôles d’histoires, alors qu’elle corrigeait des copies, confortablement installée dans un siège de la salle des professeurs.

C’est ainsi qu’elle avait entendu cette histoire. Elle n’écoutait que rarement les commérages des professeurs, qui devenaient de plus en plus répétitifs, alors elle s’était installée dans son coin, se séparant du groupe, afin de lire tranquillement son Mensuel de Métamorphose. Cependant, pendant qu’elle lisait, un nom venait d’attirer son attention. Quelqu’un venait de prononcer son prénom. Sans quitter son magazine des yeux, pour faire croire qu’elle lisait toujours, elle écouta la conversation qui se déroulait. Un professeur, elle ignorait qui avec son magazine qui lui cachait la vue, racontait qu’une des élèves, Hermione Bennet, avait pour épouvantard, leur stricte directrice adjointe. C’est vrai que quand elle vous lançait son regard noir, elle pouvait vraiment faire peur, ne put s’empêcher de rajouter un autre enseignant. Un dernier finit par dire qu’il n’était pas vraiment étonné qu’un jour, un élève finisse par avoir peur d’elle.

Minerva finit par se lever, ayant quelques points à éclaircir avec une certaine élève. Les professeurs furent étonnés de la voir parmi eux, mais elle sortit de la salle sans leur adresser un mot, ou même un regard. Elle se dirigea de son pas rapide en direction de son bureau et une fois arrivée, elle sortit un pot d’encre, une plume et un parchemin non utilisé. Elle l’adressa à Hermione Bennet, à qui elle demanda de venir le plus tôt possible dans son bureau. Elle ne donna aucun motif de convocation et finit par envoyer sa lettre.

Maintenant, il ne lui restait qu’une seule chose à faire, attendre la venue d’Hermione, et seul Merlin savait dans combien de temps elle arriverait.

Si l'on ne devait utiliser qu'un seul qualificatif pour définir Hermione, beaucoup utiliserait celui de studieuse ou celui d'intelligente. Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme a été élevé avec l'amour des livres. Peut-être était-ce dû à la bibliothèque de ses parents qui s'avérait déjà grande pour des personnes se faisant passer pour des moldus, ou peut-être était-ce dû à celle, encore plus grande, que les Malfoy mettaient à sa disposition. Combien d'après-midi pour ne pas dire journées avait-elle passé le nez dans un livre ? Qu'il s'agisse de romans moldus, ou d'histoires concernant le monde magique, cela n'avait qu'une piètre importance tant qu'elle lisait et qu'on la laissait tranquille. Cette passion pour les livres ne fit que s'accroître à partir du jour où elle reçut sa lettre pour Poudlard. En effet, elle se mit à lire tous les ouvrages nécessaires durant l'année avant le début des cours et à dévorer les livres de l'immense bibliothèque du collège. Toutes ses lectures l'enrichissaient de manière qu'elle se mit très vite à devenir la première de la classe, à répondre à toutes les questions, à lever la main avant même que le professeur ait fini de prononcer la question. Les autres élèves ainsi que le professeur Rogue ont pris l'habitude de l'appeler "Mlle Je-Sais-Tout". En dépit du fait qu'elle ne le montrait pas, cela l'a blessé. Après tout, quel mal y avait-il à être intelligente et cultivée ? Elle n'en voyait pas.

La réussite. C'était ce qui comptait réellement pour elle. Elle voulait que ses parents soient fiers d'elle, elle voulait leur prouver que le choix qu'ils avaient fais de se faire passer pour des moldus lui permettait d'avoir un avenir sûr et qu'elle choisirait. Ainsi, sa plus grande peur était l'échec. Bon, il y avait bien l'isolation aussi mais ça c'est une toute autre histoire. C'est pourquoi dans un cours de Défense contre les Forces du Mal, alors qu'ils travaillaient sur la manière de vaincre un épouvantard, sa plus grande peur était apparue aux yeux de tous. L'échec était apparue sous la forme d'un de ses professeurs, son professeur préféré pour être précis. Que ce soit en 1998 ou en 1977, Minerva McGonagall restait un exemple pour Hermione. C'est pour cette unique raison que l'épouvantard avait pris, pour représenter l'échec, la forme du professeur de métamorphose. C'était parce que en plus d'avoir peur de l'échec, elle avait encore plus peur de la décevoir.

Le cours de Défense contre les Forces du Mal avait eu lieu en début de journée. Cela n'étonna par conséquent pas du tout la jeune femme lorsqu'elle reçu un hiboux pour la prévenir qu'elle devait se rendre le plus tôt possible dans le bureau de McGonagall. Hermione dit à Harry et Ron qu'elle devait de toute urgence y aller et elle ne perdit pas de temps. Sur le trajet qui la menait au bureau, elle réfléchissait à ce qu'elle pourrait dire. Parce qu'un élément était certain : elle ne pourrait pas dire la vérité. Elle avait beau être courageuse et tout, elle avait tout de même des peurs qu'elle ne voulait pas se voir réaliser. Une fois arrivée devant la porte, elle inspira un grand coup et toqua. Une fois qu'on lui ait permis, elle entra et referma derrière elle la porte.

- Bonjour professeur. Vous vouliez me voir assez rapidement de ce que j'ai pu comprendre ?

Ce que Hermione ignorait, c’est que son élève avait beaucoup de points communs avec sa professeure. Elle n’avait pas eu le même passé et même pas du tout, mais c’est aussi son passé qui la rendit si studieuse. Minerva était la fille d’un révérend et d’une sorcière. Peu de temps après la naissance de leur fille, la mère de cette dernière dut apprendre à son mari la vérité et lui apprendre qu’elle était une sorcière ainsi que sa fille. A ce jour, leur couple s’était un peu brisé, mais pas assez pour empêcher la naissance de deux autres enfants, sorciers bien évidemment. Alors depuis ce jour-là, la jeune fille avait tout fait pour vouloir rendre ses parents fiers, et elle devient donc une très bonne élève à Poudlard, la meilleure diraient même certains de ses professeurs, mais la Gryffondor était trop modeste pour accepter cette idée.

Autre point commun, autre que le fait d’être studieuse, curieuse et intelligente, était la peur de décevoir. Durant toute sa scolarité, Minerva eut peur de décevoir ses parents qu’elle voulait fiers, mais aussi son professeur de Métamorphose, qui n’était autre que le grand Albus Dumbledore. Ce grand sorcier était le professeur préféré de la jeune Gryffondor. C’est même lui qui lui donna son goût pour la Métamorphose, et aussi lui qui lui donna envie d’enseigner, et qui lui donna par conséquent, la chance de pouvoir réaliser son rêve, en lui proposant ce poste de professeure de Métamorphose. Mais le jour où elle a commencé à avoir vraiment peur de décevoir son professeur, et que cela en est même devenu son épouventard, c’est le jour où elle lui demandé de commencer une formation d’Animagus et qu’il accepta. Elle avait peur d’échouer, là où tant de sorciers avaient échoué dans le passé, et donc de faire perdre du temps à son professeur qui n’en avait pas vraiment.

Par la suite, son épouvantard avait, en quelque sorte, changé ou s’était amélioré. Au début, c’était juste un Dumbledore, avec une très claire déception sur le visage, mais au fil et à mesure que leur relation s’est créé, passant d’une très grande amitié, à une confiance absolue, elle avait commencé à avoir peur que son ami souffre, et c’en était devenu son épouvantard. Bien évidemment, personne, même le concerné, n’en savait rien. Elle en perdrait son honneur, aux yeux de la fière Ecossaise.

Bien évidemment, Minerva ignorait la raison qui fit qu’elle était l’épouvantard de son élève, et cela la taraudait quelque peu. Ce n’était pas vraiment simple d’apprendre qu’on était l’épouvantard d’un élève qu’on appréciait.

Ce fut un bruit à la porte qui vint la perturber de ses pensées. Elle invita la personne à entrer et par la même occasion à s’asseoir. C’était Hermione Rubys.

- En effet, Miss Rubys, je vous ai convoqué. Je vous remercie d’être venue le plus rapidement possible. Je me demande si vous savez pourquoi je vous ai demandé de venir aujourd’hui ?

Minerva essayait de mettre en confiance son élève. Les étudiants avaient tendance à ne pas vraiment être rassurés dans son bureau. Mais elle ne comptait pas la réprimander, il n’y avait donc aucune raison d’avoir peur. Et elle voulait éviter que cette discussion tourne à l’interrogatoire. Ce n’était pas non plus le but premier. Juste une discussion entre professeure et élève. Rien de bien méchant. Et la plus vieille sorcière avait besoin de comprendre.

En entrant dans ce bureau, Hermione s'était promise à elle-même de ne pas dire au professeur McGonagall la raison pour laquelle elle était son épouvantard mais elle s'était également promise de faire comme si elle ne comprenait pas la raison de sa présence. Avec un peu de chance, la directrice des Gryffondors serait appelée ailleurs d'urgence et ne pourrait pas finir cette conversation. A cette pensée, la jeune femme eu un pincement au cœur. Le professeur McGonagall qui était face à elle était légèrement différente de celle qu'elle connaissait depuis tant d'années. Elle était un peu plus jeune notamment, ce qui paraissait légitime puisqu'ils venaient du futur. Hermione pensa à toutes ces personnes qu'ils avaient laissé derrière eux, par sa faute et au fait que même s'il vainquait Voldemort, ils seraient peut-être coincés ici pour toujours.

A la demande de son professeur de métamorphose, Mione s'assit sur l'une des deux chaises face au bureau et écouta attentivement la dame avant de lui répondre et ce d'une voix calme et assurée. Confiante.

- Je n'avais pas cours alors je suis venue directement, en effet. Je suis désolée professeur mais non, je ne connais point la raison pour laquelle vous m'avez convoqué. Ai-je fais quelque chose de mal ? Si c'est le cas, j'en suis profondément désolé et j'assumerais les conséquences de mes actes.

La voix de la jeune femme n'avait pas flanché une seule seconde et elle regardait son ainé dans les yeux, en faisant une moue légèrement embêtée pour lui faire comprendre qu'elle espérait ne pas avoir fait quelque chose de mal. Hermione était une personne intelligente, qui ne mentait que lorsque cela était nécessaire. Là, non seulement ça l'était pour elle mais ça l'était également pour beaucoup de personnes puisqu'elle ne savait pas si les personnes qui l'avait prévenu qu'elle était son épouvantard le lui avait décrit parce que même si son professeur de Défense contre les Forces du Mal n'avait apparemment pas remarquer les légères différences entre le professeur de son épouvantard et le professeur en lui-même, Mione ne doutait pas un instant qu'elle, les relèverait. Ainsi, elle ne mentait que pour quelques occasions importantes. Néanmoins, elle ne pu s'empêcher de se dire qu'elle était une très bonne menteuse et avec un peu d'inquiétude, que peut-être elle aurait pu avoir réellement sa place à Serpentard. Eh oui, n'oublions pas qu'en 1977, Hermione Bennet est à Serpentard.

Elle se mordit doucement la lèvre inférieure avant faire mine de réfléchir. Elle n'était pas idiote et ne pouvait pas penser que McGonagall accepterait le fait qu'elle ne sache pas pourquoi elle était ici. La rumeur s'était déjà sûrement répondue dans tout le château que son épouvantard était le professeur de métamorphose. Alors, elle se remit à parler.

- A moins que... Oh peut-être à cause du cours de Défense contre les Forces du Mal ? Si c'est la raison de ma présence ici, je suis vraiment désolée professeur mais je ne peux répondre à la question que vous devez vous posez, ne connaissant moi-même pas la réponse.

Minerva se doutait que son élève n’allait pas lui avouer de but en blanc : « Oui madame, j’avoue vous êtes mon épouvantard. Vous me faîtes peur comme cela n’est pas permis et j’en fais même des cauchemars la nuit. En même temps, vous avez vu comment vous êtes sévère ? Sourire ne vous ferait pas vraiment de mal… » La professeure exagérait un peu. Elle se doutait que son élève ne lui dirait jamais cela. Trop sage… Et heureusement. Certains élèves ne s’étaient pas fait priés par contre pour lui faire cette remarque. Mais cela ne l’atteignait pas… Ou elle montrait que cela ne l’atteignait pas. Mais ce n’était pas l’histoire qui nous importait aujourd’hui.

Hermione répondit à sa professeure qu’elle ignorait la raison de sa venue ici et elle s’excusa du fait qu’elle ait pu faire du mal. Ces vaines excuses faillirent faire sourire Minerva. Faillirent… Elle rester Minerva McGonagall tout de même, stricte professeure de Métamorphose, directrice des Gryffondors et directrice-adjointe de l’Ecole de Sorcellerie Poudlard. Elle n’allait pas elle-même enlever cette réputation qu’elle avait construit avec un grand soin par un simple sourire. Mais elle aurait quelqu’un d’autre que Minerva McGonagall et elle aurait souri devant cette scène. Mais la professeure savait que ses entrevues avaient tendance à créer de la culpabilité chez ses élèves. Pas qu’elle ne le souhaite au contraire. Mais elle ne pouvait s’empêcher de remarquer l’air coupable qui s’affichait sur le visage de chacun des élèves qui venaient dans son bureau.

Cependant, elle ne crut pas un seul instant que Hermione ne sache pas pourquoi elle était convoquée. Le cours ayant eu lieu le matin même, la professeure savait que son élève avait l’intelligence de faire le lien elle-même et surtout seule. La jeune Serpentarde dut savoir que la directrice adjointe ne croirait pas son mensonge car elle se reprit en demandant si cela avait à voir avec le cours de Défenses Contre les forces du Mal et s’excusa à nouveau en disant qu’elle ne pourrait pas répondre à la question que Minerva allait lui poser, ignorant elle-même la réponse.

Si vous ignorez la réponse à cette question, Miss Bennet, sans que je vous l’ai posée, c’est que dans votre inconscient, se cache sûrement la réponse. En effet, je me demande pourquoi je suis votre épouvantard ? Et il y a forcément une réponse à cette question. Un épouvantard prend une certaine forme pour une raison précise. Vous n’avez vraiment aucune idée de cette raison précise ?

Ce que Hermione ignorait, et aussi ce qu’elle ne pouvait sûrement pas comprendre, c’est que Minerva avait besoin de savoir. Apprendre qu’on était l’épouvantard d’une personne qu’on appréciait, n’était pas vraiment l’idée la plus simple à entendre et surtout à accepter. Bon après, peut-être que Albus dumbledore aurait ressenti la même chose en apprenant qu’il était l’épouvantard de son adjointe.

Minerva décida de mettre son élève un peu plus en confiance et de la rassurer du mieux qu’elle pouvait en lui proposant un triton au gingembre qui se trouvait dans une boîte aux motifs écossais qui trônait dans un coin du bureau rangé.

Prenez un biscuit, Miss Bennet.

Elle lui tendit la boîte.

Hermione savait parfaitement que son professeur ne l'était pas pour rien et qu'elle était très intelligente et intuitive. Ainsi, elle ne doutait pas du tout du fait que cette dernière voit clair dans son jeu. Alors, elle était très minutieuse dans ce qu'elle disait afin de ne pas se trahir. Parce qu'il n'y avait qu'une seule chose de pire que de mentir à un professeur qu'on apprécie : que celui-ci ou celle-ci sache que vous ne dites pas la stricte vérité. Mais en même temps, que faire quand la vérité n'est pas belle à être dite ? C'est vrai après tout, à quoi Minerva McGonagall s'attendait-elle ? Hermione n'allait quand même pas lui répondre : "Oui bien sûr madame. Eh bien vous êtes mon épouvantard parce que en fait je suis folle et que, en dépit des guerres qui vont parvenir dans le futur, de la possible mort de mes amis et y compris la mienne au passage, en dépit du fait que le plus terrifiant mage noir puisse gagner et tous nous réduire en esclavage, en dépit de toutes les catastrophes qui peuvent survenir et de tous les morts qu'il va y avoir, eh bien c'est de louper mes examens dont j'ai le plus peur. De quoi je parle ? Oh mais n'essayez pas de comprendre, vous verrez ça dans quelques dizaines d'années..." N'importe quoi. C'était parfaitement ridicule. Bien sûr qu'elle n'allait pas lui répondre ça. Mais le pire était là, c'était vrai. C'était la dégoutante vérité. Elle se répugnait elle-même. Comment pouvait-elle penser à ses examens ou à son échec scolaire au milieu de telles atrocités ?! Alors, et puisque dire la vérité était impossible, elle sourit et lui répondit sur un ton qui montrait qu'elle était perdue dans ses réflexions.

- Je sais qu'un épouvantard prend la forme de notre plus grande peur. J'ai lu beaucoup de choses là dessus à la bibliothèque et puis...

Elle s'était apprêtée à dire qu'ils l'avaient étudié avec le professeur Lupin en troisième année. Non mais quelle idiote ! Hermione se reprit directement.

- Et puis je pensais que mon épouvantard serait de voir Harry et Ron morts. Je ne sais pas ce que je deviendrais sans eux. Non, vraiment, je ne comprend pas pourquoi c'est vous qui m'êtes apparue professeur et je m'en vois navrée. J'aimerais beaucoup vous répondre mais je ne le puis. Surtout que, sans que cela ait une quelconque importance, vous êtes à Poudlard le professeur que j'apprécie le plus, après Dumbledore cela va de soit. Si au moins le professeur m'avait laissé le temps de voir ce que vous me disiez ou ce que vous faisiez, je pourrais peut-être vous donner une réponse mais il me pressait pour que j'utilise le sortilège "riddikulus". Oh que je suis embarrassée...

Hermione avait parlé d'une traite, sans même prendre le temps de respirer ainsi ce fut la première chose qu'elle fit après avoir fini de parler. Elle espérait vraiment que son professeur de métamorphose la croirait mais il y avait très peu de chance. Pourtant, ses arguments étaient bons. Quand son interlocutrice lui tendit la boite de biscuit, Mione faillit refuser. Elle n'en avait pas envie. Mais ce n'était pas le moment de contrarier son professeur, alors elle accepta, en prit un et la remercia avant de le manger.

Il existait un nombre infini d’excuses dans le monde qui auraient pu expliquer pourquoi l’épouvantard de Hermione Bennet soit sa professeure de Métamorphose, qui n’était autre que Minerva McGonagall. Il existait aussi un nombre infini d’excuses, qui en ce moment même, étaient en train de germer dans la tête de la directrice de la maison Gryffondor. L’imagination était une source intarissable d’idées, et rien ne pourrait les arrêter dans le cerveau de la sorcière que l’âge commençait déjà à frapper.

Les excuses qui commençaient à se créer tout doucement dans la tête de Minerva était, entre autres : « Peut-être que je lui fais peur ? » « Peut-être que dans le futur, je suis une femme horrible ? » ou encore « Peut-être que dans ce futur, je suis devenue une Mangemorte ? ». Et encore, elle en passait. Même si la dernière, elle avait du mal à y croire, il y avait une part au fond d’elle qui lui disait qu’après tout, c’était peut-être possible, que son futur lui réserverait de mauvaises surprises au point qu’elle en devienne Mangemort. Elle commençait vraiment à s’inquiéter pour rien. Mais malgré toutes les horreurs qu’elle pouvait penser en ce moment même, son visage n’indiquait aucune autre émotion que la neutralité. Elle restait quand même la maîtresse de ses émotions.

Hermione commença à expliquer qu’un épouvantard prend la forme de la plus grande peur d’une personne. Ce n’était pas vraiment rassurant pour Minerva. « Madame, vous êtes ma plus grande peur !! ». Tout le monde rêverait d’entendre une phrase de ce genre une fois dans sa vie.

Hermione continua de parler en expliquant qu’elle se serait attendu à voir ses meilleurs amis mourir comme épouvantard et qu’elle ne comprenait vraiment pas pourquoi il prenait finalement la forme de sa professeure de Métamorphose. Elle ne comprenait surtout pas, car elle serait sa deuxième professeure préférée après le professeur Dumbledore. Minerva se sentait vraiment flattée d’entendre cela de la bouche d’une de ses élèves, surtout venant d’un Serpentard. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle le montra à son élève.

Pendant qu’elle écoutait son élève, une idée germa tout doucement dans la tête de Minerva. Il semblerait qu’elle était très imaginative ce soir. Après qu’Hermione eut accepté et mangé le triton au gingembre que sa professeure lui avait proposé, la directrice des Gryffondor lui exposa son idée.

Miss Bennet, il y a un moyen de le savoir. Les épouvantards sont assez courants à Poudlard, et il est très facile d’en trouver. Je vous propose donc, qu’un jour, nous fassions l’expérience pour savoir quelle forme prend exactement le vôtre, comme cela nous aurons une réponse on ne plus claire.

Minerva pensa juste tout bas qu’il faudrait qu’elle fasse attention que l’épouvantard ne prenne pas la forme de sa plus grande peur, qui n’est autre que de voir souffrir Albus Dumbledore. Comment s’expliquerait-elle ensuite devant son élève ? « Vous avez peur de moi et moi j’ai peur du directeur. Drôle de coïncidence, vous ne trouvez pas ? Et si nous allions boire une petite tasse de thé, cela ne pourrait pas nous faire de mal ?

Minerva savait déjà où se trouvait un épouvantard. Elle ne savait plus quel professeur lui en avait indiqué la présence dans une salle de classe vide du deuxième étage.

La culpabilité. Voilà un sentiment qui vous ronge de l'intérieur et qui vous condamne à la damnation éternelle parce que si vous éprouvez de la culpabilité c'est que vous avez pêchés. Mais c'est aussi que vous avez assez de conscience morale pour savoir que ce que vous venez de faire est communément admis comme quelque chose de mauvais. Cela ne veut pas pour autant dire que vous êtes une mauvaise personne. Cela signifie simplement que vous vous êtes détournés pendant un quart de seconde du "bon chemin", celui où vous ne faites de mal à personne. A cet instant, Hermione éprouvait de la culpabilité parce qu'elle était en train de mentir à une personne qu'elle avait pourtant en haute estime. D'une certaine manière, elle savait qu'elle ne devait pas en parler mais d'une autre, elle se sentait mal à l'idée que son professeur de métamorphose puisse se dire qu'elle lui faisait peur.

La jeune fille n'était pas sans douter des nombreux scénarios que Minerva McGonagall devait être en train d'imaginer. C'est vrai que cela devait lui faire mal, d'autant plus qu'Hermione savait être une des élèves préférées du professeur, dans le futur du moins. De plus, Mione savait que beaucoup d'élèves n'aurait pas hésité un instant à dire que c'était parce qu'elle était trop sévère. Après tout, nombre d'entre eux avaient peur d'elle. Sauf que Hermione avait honte. Là était le problème : sa dignité refusait de dire à voix haute ceci. Elle s'était déjà sentie mal lorsque l'épouvantard était apparu.

En tout cas une chose était certaine, le professeur McGonagall restait maître de ses émotions contrairement à Hermione qui se mit à paniquer après que la plus âgée ait fini de parler.

- Oh non non non ! Non je ne préfère pas ! Vous savez, les épouvantards font vraiment peur... Et puis...

Hermione hésita un instant avant de soupirer de frustration et un peu d'exaspération. Puis, elle baissa la tête et décida de dire la vérité. Peut-être que la professeur ne la forcerait pas à développer.

- Ecoutez professeur, je... c'est juste que j'ai un peu honte. Ce n'est pas vous mon épouvantard. Enfin si mais je veux dire c'est la représentation de quelque chose qui me fait vraiment peur et il a prit votre forme certainement parce que je pensais à votre cours à ce moment là mais il aurait très bien prendre cette de n'importe quel enseignant de Poudlard...

C'était presque totalement vrai et Hermione espérait réellement que son professeur ne la forcerait pas à en parler plus que ça. C'était déjà assez dur comme ça.

- Je n'ai pas très envie d'en parler professeur. J'espère que vous comprendrez...

La culpabilité est un sentiment que Minerva connaissait que trop bien. C’était un sentiment, qui, sans passer par maints détours ou par quatre chemins, lui pourrissait la vie, et en somme, qui lui pourrissait ses nuits de sommeil. Dans ses rêves, que l’on qualifierait plutôt de cauchemars, car au fond, ils n’étaient pas agréables, car ils lui rappelaient des souvenirs encore douloureux, elle ne passait pas un bon moment. Seul Albus Dumbledore, son meilleur ami, était au courant de cette culpabilité qui vivait dans le cœur de son adjointe, au plus grand malheur de la très, voire trop, fière Ecossaise. Elle n’aimait pas montrer quand cela n’allait pas, même si le vieil homme ne lui cessait de répéter que c’était humain, et que la culpabilité ne servait pas à grand-chose, étant donné que le mal était fait, et qu’avec des si, on pourrait totalement réécrire une histoire. Il finissait toujours par ajouter, que quand la bouteille était tirée, il fallait la boire. Et sur ces bonnes paroles, il lui servait souvent un verre de Whisky Pur Feu, en lui disant, qu’un verre de temps en temps ne pourrait aucunement lui faire de mal.

Mais quand Minerva proposa à la jeune Hermione de tenter l’expérience, la jeune élève se mit à paniquer et elle sortit l’excuse que les épouvantards faisaient vraiment peur. La professeure de Métamorphose n’en croyait pas un mot, mais elle eut un léger pincement au cœur : elle s’en voulait de faire paniquer son élève. La Serpentarde dut se rendre compte qu’elle n’était pas très crédible, et que le mensonge ne passerait pas avec la stricte directrice de la maison aux couleurs rouge et or, car elle se rattrapa et expliqua brièvement la cause de ce Serpentard en particulier. Elle finit ses explications en disant qu’elle ne voulait pas s’attarder dessus et elle demandait donc à la plus très jeune femme qui lui servait de professeure de ne pas inciter sur la question.

Minerva s’en voulait quand même un peu – encore cette foutue culpabilité qui ne lâchait que trop rarement la victime qu’elle s’était choisie – d’avoir forcé son élève à parler. Qu’allait-elle penser d’elle ? Elle ne valait pas mieux que ces abjects Mangemorts. Elle prit une voix plu douce, moins sèche qu’à l’accoutumée.

« Veuillez m’excuser, Miss Bennet, je n’aurais pas d vous forcer à parler. Mais si cela peut vous rassurer, un épouvantard prend souvent une forme d’une peur que nous trouvons ridicule, alors qu’elle ne l’est pas forcément. Et je suis bien placée pour vous le dire. En tout cas, si un jour, le besoin de parler vous vient, et que vous ignorez à quelle oreille vous adresser, je vous apprends peut-être que la porte de mon bureau est toujours ouverte. »

Hermione appréciait énormément le professeur de métamorphose et ce pour de nombreuses raisons. L’une d’elle était la dévotion de la veille femme pour ses élèves. Quoiqu’en disent les élèves de cette époque ou même ceux de la sienne, c’était une femme qui désirait la réussite de ses élèves d’où cette volonté d’excellence, cause du qualificatif de stricte que beaucoup d’élèves lui donnaient. De plus, Mione avait pu voir, elle avait été spectatrice de la force, du courage de cette dernière et surtout, ce qui avait peut-être fait grandir le respect qu’elle éprouvait déjà pour elle, de la confiance qu’elle accordait aux élèves dans les moments de crises. Ils avaient eu besoin de temps pour chercher un Horcruxe dans le château et elle les avait aidé en leur offrant, sans beaucoup plus de questions sur la nature du pourquoi avaient-ils besoin de temps ? Elle avait été là pour eux au moment où ils avaient le plus besoin d’elle et ça, elle ne pourrait jamais l’oublier. Le respect et l’estime que portait Hermione à Minerva McGonagall était selon la première, parfaitement mérités.

Toutefois, dans ce bureau, à ce moment clé de la conversation, Mione ne pouvait que paniquer. Elle ne voulait pas montrer son épouvantard, elle ne voulait pas en parler, elle voulait simplement oublier la double honte, double humiliation qu’elle avait eu : la première étant cet épouvantard que personne ne comprendrait et qualifierait de ridicule et la seconde le fait qu’elle n’est pas réussi la formule censée donner une forme différente, plus amusante, à la créature pour qu’elle arrête de faire peur. Ainsi, finalement, Mione avait opté pour une vérité approximative. Ce n’était pas tout à fait tout à fait vrai mais dans l’ensemble, c’était le cas. Elle ne désirait pas parler de ça et encore moins avoir à l’affronter à nouveau. C’était un monde ça quand même ! Ne pas avoir peur du mage le plus puissant de leur siècle mais être terrifié par un vulgaire épouvantard ! Pathétique.

Minerva eut cependant l’air d’éprouver de la pitié pour son élève, ou bien était-ce de la culpabilité, elle n’était pas vraiment certaine mais en tout cas, celle-ci avait apparemment cédé quant à sa tentative de savoir absolument pourquoi elle était l’épouvantard de son élève, ce qui n’était de premier abord pas gagné. Comme quoi, il vaut mieux toujours dire la vérité ou du moins s’en rapprocher.

- Ce n’est pas grave professeur. Je ne savais pas cela, pas sûr que ça me rassure mais je vous remercie. J’espère cependant que je n’aurais jamais besoin de venir. Je vais y aller, je ne vais pas tarder à avoir cours.

Après acquiescement du professeur, elle se leva et avant de partir, se tourna une dernière fois vers la directrice des Gryffondors tout en lui souriant.

- Vous êtes un professeur que j’estime et que je respecte beaucoup madame, ne vous inquiétez pas quant à mon épouvantard. Merci encore pour vos paroles.

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