«Alors qui a gagné ?» «...» * Sirius

« Alors qui a gagné ? »

Pré-au-lard est un endroit fabuleux, apprécié par les étudiants de Poudlard, qui y passent leur temps libre dés qu’ils en ont l’occasion, et surtout l’autorisation. Ainsi quand on s’évertue à suivre le règlement, on se retrouve rapidement emporté par la foule, incapable de trouver un endroit tranquille pour être seul et réfléchir. Ou juste pour profiter de quelques Bièrraubeurre entre amis au Trois Balais. Pour sa part, Sirius Black adorait venir à Pré-au-Lard, et il se fichait du règlement. Alors, quand il décida de s’y rendre ce jour-là (pour échapper à une Serdaigle particulièrement coriace) il passa par l’un des sept passages qui mènent à l’extérieur de l’école. Celle sous la Sorcière. Mais il ne vous révèlera pas tous ses secrets. Peter est venu avec lui, pour une fois, laissant James courir avec Evans, et Remus jouait à l’étudiant studieux. Les deux maraudeurs se sont rapidement retrouvés au Trois Balais pour discuter de tout et de rien autour de leur boisson fétiche, invitant par la même occasion la belle Rosmerta à les rejoindre – ce qu’elle ne fit pas bien entendu mais leur accorda tout de même de belles œillades amusées.
Finalement au bout de deux heures à perdre leur temps de la sorte, Peter ressent le besoin irrépressible (et profondément stupide) de retourner à l’école pour – je cite ne pas risquer de se faire remarquer. alors qu’il est absent, logique impénétrable reçu avec un haussement d’épaule désinvolte de la part de Sirius. Pour sa part, l’idée de risquer de recroiser cette tarée de Dylis Patil ne l’enchante guère. Ca lui apprendra à coucher avec n’importe qui. C’était l’année dernière, mais elle semble bien décider à venir pour un second tour. CE qu’il refuse, à la stupeur générale des autres Maraudeurs. Mais qu’importe, il ne peut pas. Il n’en avouera pas les raisons – c’est bien trop tôt pour son cœur d’handicapé des sentiments – mais il ne peut pas. Point.

Il se retrouve alors rapidement seul, laissant de quoi payer les boissons sur la table avant de sortir dans la rue de Pré-au-Lard. Il sourit, profitant de cet instant de calme et de silence. Loin de Poudlard et des discussions constantes des élèves. Depuis le début de l’année, Sirius n’a pas pu profiter de beaucoup de temps de … pesanteur comme celui-ci. Pourtant le jeune Black y tient assez pour rechercher de temps en temps la solitude. Pour savourer l’instant présent, sans ressentir cette pression et cette colère constante qui avaient bien failli le perdre deux ans auparavant. Il supportait de mieux en mieux d’être seul avec lui-même, ce qui n’était pas une mauvaise chose en soit. Il était en paix – plus ou moins.
Mais alors qu’il harpentait les rues sans savoir véritablement où se rendre il voit se dessiner une silhouette familière à l’horizon, sortant de l’apothicaire avec les bras chargés de paquets. Sourire aux lèvres, il se dit un instant que si elle n’avait pas eut ses longs cheveux il aurait pu la prendre pour Servilius. Ah ce cher Servilius. mais non il s’agit en réalité de : « Lullaby, quelle belle surprise ! » S’exclame-t-il en arrivant devant elle, un immense sourire (moqueur ca va de soit) barrant son visage. « Merlin je ne t’ai pas vu depuis cette magnifique soirée dans le placard à balai, ravi que tu ai survécu ! » Dit-il en retenant un rire canin, tout en venant poser sa main sur les épaules de la jeune femme pour l’emporter avec lui sur les chemins de Pré-au-Lard. Aucune gêne le cabot, mais c’est pas quelque chose de nouveau. La jeune femme, c’est une nouvelle. C’est une nouvelle qui sait remettre Servilius à sa place en potion, et qui ne le quitte pas du regard. Enfin, pas souvent. Qui le regarde souvent. Qu’importe. En tout cas ce jeu entre les deux a été assez révélateur pour pousser les maraudeurs à faire un pari : que se passerait-il si Lullaby et Servilius se retrouvaient dans un lieu exigu pour plusieurs heures ? Question fortement intéresasnt (n’est-il pas) qu’ils durent mettre en pratique assez rapidement.
Mais depuis ils n’avaient pas eut l’occasion de revoir la belle, et Servilius les évitait assez pour qu’ils ne soient pas au courant de la manière dont se déroula cette soirée. Alors, profitant de la présente (soudaine et heureuse) de la jeune femme, Sirius est bien décidé à avoir le mot de la fin de cette histoire : « Alors, que s’est-il passé là-dedans Bee ? Tu veux qu’on en parle ? » Il ne se départi pas de son sourire, et de sa bonne humeur. De son sarcasme, et de son jeu mi-moqueur mi-séducteur. Ca l’amuse, grandement.

« Alors qui a gagné ? »

« Bonjour Sirius. Pardonne-moi si la surprise comme tu dis me semble moins belle. » Il hausse un sourcil face à son ton peu avenant, mais ne se départie ni de sa bonne humeur, ni de son sourire moqueur. En même temps il s’en fiche un peu de savoir si oui ou non elle est heureuse de le voir. Du reste, ils ne sont pas spécialement proches, et il est là pour une bonne raison. Les maraudeurs n’ont pas eut « la chance » de la revoir depuis le soir où ils ont fait leur pari, et Sirius espère pouvoir prendre aux trois autres quelques mornilles si durement méritées (n’est-ce pas). Alors il doit supporter le caractère bougon de la jeune femme. Qu’importe, ca lui passe au-dessus, et même ca aurait tendance à le faire rire.
Il vient alors la prendre par les épaules, sans se soucier de savoir si ca convient à la jeune femme. Ils commencent à marcher terriblement doucement ; alors qu’il lui demande comment elle va demoiselle séance dans le placard avec Servilius. « C'était une ancienne salle de classe à l'abandon. » « Qu’importe. » Répondit-il d’une voix non-chalante. Après tout ce n’est pas ce qui comptait, dans cette histoire. Il attend, l’observe, espérant avoir de sa bouche quelques petits détails croustillants, ou au moins une idée sur ce qu’ils ont pu faire là-dedans.

« Ce qui s'est passé ? » Il sourit, s’arrête et lui fait face. Il se rend compte alors qu’une veine bat rapidement dans son cou, et il l’observe la tête de côté, les mains dans les poches, un sourire aux lèvres. Elle est mignonne en fait Lullaby, plutôt jolie même. Elle avait un regard brillant, et des cheveux de feu, un corps bien fait, de longues jambes. Clairement le genre de fille qu’il aurait dragué en temps normal… Qu’il aurait dragué tout court ! Pourquoi en temps normal ? Arf. Reprends toi Black ! « Il s'est passé que grâce à vous nous sommes devenus une cible de choix pour Peeves, incapable de nous laisser tranquille. Il s'est passé que cet abruti de fantôme à failli me tuer par hypothermie avant de nous inonder en ne nous laissant pour refuge qu'un bureau. Efface ce sourire fier de ta face Black, il n'y a aucune raison de l'afficher ! » Il sourit, fier, oui, mais surtout amusé. Il ne prend même pas en considération la colère de la jeune femme qui se met à hurler sans s’en rendre compte. Ne pouvant se retenir plus longtemps il se met à rire – aboiement incontrôlable – à s’en tenir les côtes. « Crétin de Peeves ! » Lâche-t-il finalement, en inspirant profondément pour calmer son hilarité. Qui avait duré quelques minutes, mais l’image était encré dans son esprit d’un Servilius trempé et frigorifié. Il devrait penser à s’inspirer de Peeves, vraiment. Il était au moins aussi inspiré que les Maraudeurs quand il s’y mettait. Il finit par se calmer, et lâche un soupire, soudainement terriblement sérieux. Ascenseur émotionnel. « Merlin, du coup je ne sais pas si ca compte… Peeves a tout gâcher… » Dit-il comme s’il réfléchissait sans faire cas de la jeune femme, se parlant à lui-même. Ils devront revoir les conditions du défis, finalement, n’ayant pas prévu que Peeves viendrait y mettre son nez. Il se tourne vers la jeune femme, la regardant droit dans les yeux, sérieux. Très très sérieux. « Si Peeves n’était pas intervenu, est-ce que tu penses que Servilus et toi vous auriez pu vous laissez aller aux délires des sens ou est-ce que vous vous seriez étripés ? » Demande-t-il clairement. Peut être que la jeune femme pourrait l’aider à répondre à cette « petite et innocente » interrogation.

« Alors qui a gagné ? »

Elle le toise sans flancher, et Sirius ne peut s’empêcher de sourire. Elle était plus petite que lui, mais elle irradiait d’une telle colère qu’il aurait pu en reculer de peur – si ca avait été son genre. Au contraire il restait proche d’elle ne se rendant pas vraiment compte des risques qu’il encourait. Si compter qu’il encourait le moindre risque, en outre, car il ne voyait pas ce qu’elle pourrait lui faire en de telles circonstances. Elle lui donnait l’impression d’être du genre à aboyer beaucoup, peut être, mais finalement d’être une fille assez effacée, travailleuse. Un peu comme Lily Evans, ce qui n’était pas vraiment un compliment. Il n’était pas James, et il avait parfois du mal à comprendre son obsession pour la jolie préfète. Outre le fait qu’elle soit jolie, et sans doute intelligente, elle était aussi rabat-joie et moralisatrice. Ce qui n’était pas au gout de Sirius. Lui qui ne supportait pas qu’on lui fasse la morale et qu’on lui dise quoi faire de sa vie… «- Qu'est-ce que vous avez encore mijotés ?» Il sourit, narquois. Il n’allait certainement pas lui donner les détails, ca ne serait pas drôle sinon. Le pari qu’il avait fait avec les autres Maraudeurs étaient inoffensif à ses yeux, comme souvent il ne se rendait pas compte des conséquences dramatiques qu’auraient pu avoir cet acte. Aucun des Maraudeurs n’en avaient eut conscience – sauf Remus peut être mais emporté par l’enthousiasme des trois autres il n’avait eut à cœur de refuser de jouer. Comme toujours. Qu’importe, le fait est qu’aux yeux de Sirius, Severus n’était pas un danger pour la jeune femme. Sans doute parce qu’elle avait cette faculté à le remettre à sa place, et à être meilleure que lui, ce qui était passablement jouissif aux yeux du Sang Pur.

Finalement il répond à sa question par une autre, décidant qu’il était temps à présent de mettre au clair ce petit pari qu’il avait fait. Désireux de le gagner, évidemment. Mais s’amusant également des réactions de la jeune femme. Elle s’arrêta et lui lança un regard si sombre qu’il perdit son sourire pendant un court instant. Elle était rouge, la colère montant à ses joues. «- Si Peeves n'était pas venu, Black, nous ne nous serions pas étripés non. […] Je vous interdis, à toi et tes amis de me jouer de nouveau un coup pareil et je vous interdit plus encore d'oser penser, ne serait ce qu'une fois, que je puisse m'abaisser à ce genre de pratique dans la première pièce disponible de ce château.» Il la regardait faire. Ses cheveux volaient autour de son visage juvénile, alors qu’elle serrait ses bras contre son corps, et serrait les poings comme pour s’empêcher de le frapper. Elle le foudroyait du regard, et ses lèvres étaient pincés, sa voix hystérique, ses narines frémissaient presque. Le rouge était monté jusqu’à ses oreilles, et son corps entier était tendu vers lui dans une posture clairement offensive. Elle aurait pu lui sauter au cou il n’en aurait pas été surpris. Mais elle se retenait, et lui l’écoutait à moitié. «Est-ce que c'est clair ? Plus jamais, je ne veux entendre le moindre Maraudeur émettre une hypothèse pareille. Ni toi, ni les autres. C'est ridicule, absurde. Comme si j'étais le genre de fille à… vous me dégouttez !» « Pourquoi tu es à Serdaigle ? » demanda-t-il en omettant complètement le sujet de la conversation. La question lui vint naturellement, alors qu’il penchait sa tête sur le côté, se disant que finalement elle lui rappelait vraiment quelqu’un : Lily Evans. Aussi casse pied, râleuse, et moralisatrice. « Pas que je remette en doute ton intelligence, mais tu as l’aplomb des Gryffondor ca ne fait aucun doute. » Rajouta-t-il pour ne pas qu’elle se méprenne sur la signification de ce qu’il déclarait. Il était surpris finalement de la découvrir aussi virulente, mais surtout aussi courageuse pour oser lui dire ses quatre vérités. Oser lui interdire quelque chose, à lui, aux Maraudeurs ! et le faire sans vaciller et sans baisser les yeux. Un exploit. Une preuve de courage. Ou de folie. Ou un peu des deux, sans doute.

Mais finalement il revint sur ses déclarations, se concentrant pour se remémorer ce qu’elle disait. Elle était pas une fille facile. Elle ne voulait pas entendre un Maraudeur prétendre qu’elle puisse l’être. Ok, fort bien, mais cela ne lui disait pas ce qu’il s’était passé ave Severus. Rester l’un et l’autre de chaque côté de la pièce… hum… Pourtant ce qui semblait la révulser le plus n’était pas tant avec qui mais où cela aurait pu advenir. Il s’en rendit compte, et se pencha vers elle, moqueur à nouveau. « Quelle relation entretiens-tu avec Rogue, Lullaby ? » la question lui sembla bien plus intéressante – finalement – que de savoir ce qu’il s’était passé dans cette pièce. Sans compter qu’elle ne semblait pas vraiment prête à lui en parler – et il n’avait pas envie qu’elle continue de hurler de la sorte au risque quelqu’un se rende compte que deux élèves de Poudlard étaient en dehors des murs sécurisés du château en toute illégalité.

« Alors qui a gagné ? »

Les pensés de Sirius vont dans tous les sens. Alors qu'il n'était venu que pour avoir le fin mot de cette histoire de pari, il se retrouve à vraiment être intrigué par la jeune femme devant lui. Pourtant elle se montre particulièrement désagréable à son égard, quant bien même il était parfaitement galant (voir même charmant). Mais cela le fait plus rire qu'autre chose au vue de sa taille, de son nez retroussé, et de ses gestes maladroits. Elle lui faisait penser à une petite chouette qui tenterait de prendre son envol, vexé par la manière dont elle avait été reçu à la volière. Ca lui faisait penser qu'il n'avait pas eut de lettre d'Andromeda depuis un moment. (Preuve en est qu'il ne tient pas en place deux minutes). Alors qu'elle s'évertue à lui faire la morale, il s'attarde sur sa manière si exaltée de le prendre de front sans même sourciller. Une véritable petite Gryffondor, dans le fond. Et la question qu'il lui pose, à savoir pourquoi elle n'était pas une rouge et or, semble la stopper dans son élan. Il sourit, ravi de son effet. «  Parce que je suis plus réfléchie que les maraudeurs ? »   Surpris, il ouvre deux grands yeux, et un sourire franc vient barrer son visage. « Touché. » Il laisse pendant une seconde tomber le masque du Sang pur rebelle et jemenfoutiste pour exprimer un véritable ravissement. Mais de courte durée. « Non mais, qu'elle question ! Je ne suis pas dans l'esprit du choixpeau, à ce que je sache si ? A vrai dire, il a longtemps débattu avec lui-même. Cela m'a paru interminable à moi en tout cas. J'ai seulement compris que j'étais "plus intelligente que courageuse" et que mon "aplomb n'équivaut pas ma grande ouverture d'esprit" avant d'entendre résonner le nom de Serdaigle. »   Il reste sceptique face à sa déclaration. Plus intelligente que courageuse, passait encore, cela pouvait bien expliquer qu'elle se retrouvait dans la maison des si brillant bleu et argenté. Mais l'ouverture d'esprit était vraiment une excuse ? Intéressant. Il réfléchit un instant, passant en revu tous les Serdaigles qu'il connaissait. En réalité quand on parlait d'ouverture d'esprit il pensait à tous les étudiants de Poudlard sauf les verts qui se faisaient remarquer par leur regard haineux envers tous les êtres qui n'entraient pas dans leurs normes . Il ne devait pas y penser. Pas aujourd'hui, pas à cet instant.

Mais comment ne pas penser aux Serpentards quand Lullaby s'évertuait à crier aux scandales quand elle se rappelait avoir été enfermée dans une salle avec l'un d'entre eux ? Et l'un des plus abjectes de plus. Severus Rogue avait été une cible de choix pour les Maraudeurs durant des années. Aujourd'hui beaucoup moins, sans doute lasser par ses réactions dérisoires. Ou alors parce que ses mots envers Lily Evans avait tant brisé la jeune fille que la colère contenu par James risquait de lui faire plus de mal qu'une vulgaire face. Sans doute. Ironiquement, Sirius pensa que l'enfermer dans une salle avec une jolie fille n'était pas vraiment... une farce. C'était même plutôt une chance pour Servilus. Une chance unique. HAHA. « Une franche inimitié. Je le bat en potion et comme tu le sais sans doute, il me déteste pour cela. Que veux-tu que je te dise de plus ? Il n'y a rien à dire. »   Il hoche la tête, alors qu'un sourire ravi vient s'installer sur ses lèvres. « Et on adore te voir le ridiculiser de la sorte. » Rajouta-t-il, au nom de tous les Maraudeurs. Ils en avaient parlé, longuement. Après son arrivée, et ses premiers exploits en cours de Potion, elle avait reçu un intérêt particulier de la part des Maraudeurs. Jusqu'à ce qu'ils se décident à l'enfermer dans La cage aux lions face à Severus. « Demande aux étudiants de mon école, ils me disent fiancé à mon chaudron, parce que je n'ai jamais eut d'histoire de cœur, si c'est cela que tu sous-entends. Il y en a qui ont essayé mais je ne suis pas intéressé, ils sont tous trop… ou pas assez… »   Cette fois il grimace sincèrement. Une mini-Rogue en somme, c'était bien sa veine. Il se demandait encore pourquoi Severus n'avait pas profité de la chance que les Maraudeurs lui avaient offert. Ce type était définitivement perdu. « Pas assez biens pour toi ? » demanda-t-il d'un air narquois et clairement moqueur. Elle semblait plutôt ... exigeante la gamine, preuve qu'il devait y avoir chez elle un narcissisme qu'elle tentait de refouler. Ou peut être pas, après tout il ne la connaissait pas assez pour déclarer cela.

Elle sembla alors prendre conscience qu'elle se laissait aller à quelques déclarations bien trop intimes avec lui, et son visage se ferma. Lunatique, peut être, mais surtout particulièrement dure à suivre. « Et puis tu sais Black, jusqu'à preuve du contraire, toi et moi nous ne sommes pas vraiment proches si ? Alors même s'il me prenait la folie de vouloir être avec Rogue, crois moi, tu serais l'un des derniers de cette école à le savoir… » L'image de Rogue aux bras de Lullaby lui sembla soudainement bien saugrenue et impossible, tant et si bien qu'il lâcha un rire canin et reprit sa marche, emportant Lullaby en saisissant son bras. Il lui prit le paquet qu'elle tenait dans un geste qui pourrait passer pour galant, et découvrit qu'il n'était pas des plus légers. Qu'importe, ils devaient revenir chez l'école car il commençait à se faire tard. « Jusqu'à preuve du contraire cela signifie que nous aurions une chance de devenir proches, Lullaby ? Plus de chance de ce te voir devenir folle de Rogue ? Si je suis ton raisonnement. » demanda-t-il, la poussant sans doute dans ses retranchements, s'amusant de la situation. « Mais je me rends compte que c'était lui faire une fleur que de t'enfermer avec lui dans cette classe. J'espère que son impassibilité ne t'a pas trop vexée. Sache que tu es une fille extrêmement jolie. » Rajouta-t-il finalement avec un grand sourire.

« Alors qui a gagné ? »

La jeune femme est assez surprenante, il le concède finalement. Alors qu'il n'est pas du genre à s'intéresse au monde qui ne tourne pas autour des Maraudeurs - et de quelques autres privilégiés - il se surprend à vouloir comprendre comment fonctionne l'esprit (apparemment tordu) de la jolie Lullaby. Elle avait une manière de le regarder et de lui parler qui le faisait sourire. Quand il signifiait qu'elle n'avait pas froid aux yeux c'était peur dire. Peut être parce que au fond elle ne savait pas qui il était. Le jeune homme n'était pas habitué à subir les foudres de qui que ce soit, sauf peut être que Lily Evans, et encore cette dernière s'attaquait plus souvent à James qui passait pour le cerveau de la bande des Maraudeurs. Comme si tout ce qu'ils faisaient était forcément de sa faute. Qu'importe, lorsque Lily Evans venait faire la morale aux quatre garçons, Sirius se contentait en général de la regarder de son air impassible en attendant qu'elle se calme. Remus lui répétait qu'il était profondément prétentieux, preuve que quelque part il restait quelque chose de son éducation. Une remarque qui ne plaisait pas à Sirius, même s'il devait avouer que son meilleur ami avait raison. En tant que Black il n'était pas habitué à recevoir des réprimandes d'autres personnes que ses parents. Et si quand il était enfant les éclats de voix et les coups de sa mère le terrifiaient, arrivé à l'adolescence il n'y avait vu là que la preuve d'un pouvoir qu'il avait sur elle : le pouvoir de faire s'effondrer ses convictions. Il n'était pas le fils prodige qu'elle avait espéré, et il avait su retourné contre elle tout ce qu'elle lui avait apprit : cacher ses émotions, ne pas laisser le monde extérieur l'atteindre, toujours paraitre insensible. Parce que montrer ses sentiments c'était prouver que quelque part on avait une faiblesse.
En tant que Black, que sang pur, que Maraudeur et de surcroit d'excellente élève, Sirius n'était pas habitué à recevoir les réprimandes de quiconque, et encore moins d'en être affecté. Il ne pouvait pas dire qu'il était touché par ce que lui disait Lullaby, mais le fait qu'elle semblait mettre autant de conviction dans ses propos, comme si elle allait le persuadé de quoi que ce soit, le faisait rire. Elle était intrigante. Vraiment. Etrange, mais intrigante. Alors il se mit à discuter avec elle, toujours avec son air non-chalant, passant d'un sujet à l'autre sans pour autant laisser paraître la logique de ses questions. Sans doute parce qu'il n'y en avait aucune. Il en vint même à se demander quel genre de garçon pouvait être fait pour elle. Preuve qu'il s'ennuyait fermement ce jour-là. « Non ce n'est pas cela. Mais je ne recherche pas la même chose que les hommes de mon âge. Je ne souhaite pas devenir un objet de collection, comme la tête de cerf d'un chasseur. Je ne veux pas figurer sur un tableau de chasse. Ce n'est pas le genre de relations dans laquelle je pourrait m'épanouir. Je préfère attendre des années quelqu'un avec qui être heureuse, que de passer par… le lit de nombreux hommes, pour avoir durant quelques heures une illusion de l'amour. » Il fronce les sourcils, se demandant dans quel genre de milieu (ou d'école) elle avait grandit. Les garçons qui l'entouraient étaient-ils tous des coureurs de jupons ? Etaient-ils tous immatures, ne pensant uniquement qu'à une seule et unique chose ? C'était bien pessimiste de penser cela. A Poudlard, le seul à être connu et reconnu pour des frasques de ce genre, c'était lui. Et il était loin d'être le seul garçon de Poudlard. Quant aux filles, la majorité se respectait encore assez pour ne pas écarter les cuisses au premier venu.

Et quel âge avait-elle cette fille ? Il lui semblait soudainement qu'elle avait vu et connu des choses qui l'avaient fait grandir trop vite. Comme si son enfance lui avait été volée. Quelque part, dans ses propos, dans la tonalité posée et profonde de sa voix, c'est une souffrance, une peur, une angoisse qu'il ressentait. La même que lui avait combattu quand il avait quitté le Square Grimmaurd. Quelqu'un qui en avait trop vu. Il se demanda ce qu'une fille de son âge avait bien pu vivre. Mais dans les temps de guerre tout était possible. « Je ne sais pas si c'est un romantisme exacerbé ou un pessimisme affligeant dont tu fais preuve. Tu as quel âge, Lullaby ? » demanda-t-il, les sourcils froncés, les mains revenues dans ses poches, la fixant comme pour essayer de le déterminer par lui-même.

La conversation revint sur Rogue, que Sirius exécrait. Non pas tant parce que James ne pouvait pas le voir en peinture, bien que ce fut la première raison de son animosité (ou plutôt de ses moqueries) envers le garçon, mais surtout parce qu'aujourd'hui quand il le regardait il avait l'impression de voir tout ce qu'il avait fuit en partant de chez lui. « Jusqu'à preuve du contraire… nous aurions une chance d'être amie oui, j'imagine. Si bien sûr je ne suis pas, encore une fois, victime d'un mauvais tour dont vous avez le secret, tes amis et toi. Et ne te méprend pas… Je te garantie que pour lui, ce n'était pas agréable. » Il sourit. Finalement il se disait que faire encore un mauvais tour à la jeune femme ne serait pas aussi marrant que la première fois. Surtout qu'à part sa faculté à mettre Rogue hors de lui elle n'avait pas d'autre intérêt à ses yeux. Sauf peut être... ce mystère qu'elle cachait derrière son regard. Derrière sa démarche. Derrière une sorte de timidité qui lui apparaissait plus comme une carapace. « Aucun garçon normalement constitué pourrait regretter un instant dans une pièce, seul, avec toi. Crois moi. Même Rogue, j'en suis persuadé. » Dit-il sur le ton de la plaisanterie. Ou alors si telle n'était pas le cas, alors c'est que c'était un cas désespéré. Vraiment désespéré. Il appuyait son discours par un regard appréciateur sur sa personne. Elle était jolie, à sa manière.
Finalement il accéléra sa marche : « Je te propose de rentrer sur Poudlard, il commence à se faire tard. Acceptes-tu que je te raccompagne, Lullaby ? » Demanda-t-il avec un ton bien plus amical à présent. Après tout il ne pouvait pas la laisser partir seule de son côté. Il portait toujours son paquet - en outre - et il était décidé à continuer cette charmante conversation en sa compagnie. « Finalement, tu es une fille plutôt gentille, je doute qu'on réitère l'expérience. Je t'en fais même la promesse, et je n'ai qu'une parole. Du reste, je te conseillerai de te méfier de Rogue. » Dit-il finalement, comme s'il avait fait la conclusion de tout ce qu'il avait apprit à son sujet, prenant un ton plus sérieux.

« Alors qui a gagné ? »

Les maraudeurs ne sont pas connus pour faire dans la dentelle. Le groupe de Gryffondor se fait bien remarqué depuis sept années, mais pas forcément en mal. Bien au contraire. S'ils mettent en place des blagues au gout plus ou moins douteux, ils mettent parfois si pied des plans brillants qui leur ont même valu le sourire de quelques professeurs. Il n'y a pas un cours où ils ne sont pas dans les meilleurs de la classe (sauf le cours de Potion que Sirius avait abandonné de toute façon), et bien souvent Sirius et James se battent pour celui du premier. Sans doute parce que, malgré ce que l'on pourrait penser, ils travaillent ensemble, se poussant à toujours faire mieux : il n'y a pas un sort des livres de Sortilèges ou de Métamorphose qu'ils n'ont travaillé durant des heures, jusqu'à arriver à le maitriser et à le connaitre par coeur, s'entrainant durant des heures, parfois oubliant de dormir ou d'aller manger; ils ont appris rapidement à voler sur un balais, mais pas sans décider de faire partie de l'équipe de Quidditch, s'entrainant à être les plus rapides et les plus agiles; quant aux cours plus théorique ils peuvent bien compter sur la mémoire infaillible et le caractère studieux de Remus qui n'a pas d'égale dans ces matières. Les Maraudeurs ne savent pas faire les choses à moitié. Ils se poussent constamment les uns des autres, apprenant rapidement qu'ils n'avaient pas de limite tant qu'ils étaient ensemble. Ils pouvaient tout faire.
Mais ils étaient aussi stupides et des adolescents qui se savaient doués, beaux (omettons Peter et sa rondeur malgré tout adorable), et populaire. Il n'y avait pas un étudiant dans cette école qui ne les connaissent. Il suffisait d'attendre la Fête des Amoureux ou Noël pour voir le nombre de cadeaux, de chocolats et de lettre qui affluaient dans leur Salle Commune. Ils étaient populaires, et ce n'était pas seulement parce qu'ils étaient de petits abrutis prétentieux. Ils faisaient rire Poudlard, vraiment. Ils apportaient un peu de joie dans ces heures sombres et lugubres. Même si de temps en temps une plaisanterie laissait un gout amer; on ne peut pas réussir à tous les coups après tout. Ce fut le cas avec la dernière plaisanterie touchant Severus, bien que Sirius considérait qu'ils n'avaient pas été si mauvais. Si Peeves ne s'en était pas mêlé, cela n'aurait pas fait autant de bruit. Alors quelque part, ce n'était pas de leurs fautes. Malgré tout, cela lui permettait de découvrir un peu plus Lullaby, sa manière de penser, et ses attentes amoureuse : « C'est du romantisme et du pessimisme à la fois je dirai.» C'était triste, vraiment. Penser à l'amour dans un mélange aussi mélancolique. Pour sa part il préférait profiter de chaque instant. Mieux vaut avoir des remords que des regrets. « Du romantisme à la manière des gens de 1700 et des brouettes vas-y moque toi... je n'irai pas jusque là ceci dit. Simplement... Je ne sais pas. Je n'ai jamais eut le feeling avec quelqu'un, j'avais eut envie de vivre quelque chose de ce genre avec une tierce personne. » Il comprend. Il n'est pas stupide, il sait que les filles ne sont pas toutes des jeunes femmes aventureuses et faciles. Il y en avait, et même il n'avait pas forcé qui que ce soit pour sa part à le rejoindre. La majorité de ces jeunes filles avaient une sexualité active depuis quelques mois, ou quelques années. Il n'était pas cet enfoiré qui draguait une fille, la faisait tomber amoureuse de lui, pour lui prendre ce qu'elle avait de plus respectable. Il ne cherchait que l'amusement, elles aussi. En tout bien, tout honneur. « Tu n'es pas la seule à attendre le bon, et le feeling, Bee. C'est tout à ton honneur, et j'espère pour toi que tu le trouveras ce garçon si spécial. » Dit-il avec une bienveillance soudaine. Il commençait vraiment à l'apprécier, ou en tout cas à lui porter un intérêt. Pas un intérêt romantique ou amoureux, loin de là. Plus une forme de respect courtoise. De toute façon, à part les Maraudeurs et Charlie (qu'il nommait sa Maraudeuse) personne n'aviat le droit à l'amitié franche de Sirius Black. Il se fichait en réalité des autres personnes.

Mais cela ne l'empêcha pas de mettre en garde la jeune femme contre Severus. Il ne savait pas exactement ce qu'elle ressentait pour lui. Si cette haine qui semblait les lier ne cachait pas plus. Il ne pouvait pas prétendre avoir l'intuition de Remus sur le sujet. Mais il savait qu'entre la haine viscérale et l'amour passionné il n'y avait qu'un pas. Parfois même moins. Il ne voulait pas ignorer que tout autour de Severus hurlait à la Magie Noire. Il n'avait pas confiance en lui, bien loin de ça. Il avait l'impression de voir dans son regard quelque chose de sombre et de mauvais, qui n'était pas dû uniquement aux blagues qu'il avait subit de la part des Maraudeurs. Surtout que la méchanceté de celles-ci avaient fortement baissé depuis deux ans. Il n'était pas le seul souffre-douleur des Maraudeurs, ceux-ci s'attaquaient à d'autres étudiants. Mais nul n'ignorait le fait que James détestait Severus, et que ce dernier le lui rendait bien. Quand il le pouvait - et qu'il en trouvait le courage - il s'attaquait à James au détour des couloirs. Le conflit entre eux était ancien. Mais ce n'était pas ce qui inquiétait Sirius. Ce qu'il voyait dans le regard de Severus, ce qu'il avait vu depuis des années c'était ce gout pour le mal. Peut être moins ces temps-ci. Quoi que ... Il l'ignorait à présent, autant qu'il le pouvait, laissant James s'amuser seul. Il avait finit par se lasser de Servilus. Mais la jeune femme ne rebondit pas sur ce qu'il disait, et il n'en fut pas vexé. A la place, elle lui parla d'une voix raide et froide. Changement de comportement qui le fit hausser un sourcil interrogatif : « Tu veux passer par quel passage secret ? » Figé. Il s'arrêta au milieu du passage, et se tourna vers elle. Sur le coup, il était sur ses gardes. « Tu en connais beaucoup des passages secrets ? » Demanda-t-il d'une voix dure. Ces nouveaux étaient définitivement étranges, bien trop au courant de ce qu'il se tramait à Poudlard, et connaissant bien trop le château. En outre, comment s'était-elle trouvée ici alors que les visites à Pré-au-Lard n'étaient pas autourisées aujourd'hui ? Et est-ce qu'elle connaissait le passage de la Cabane Hurlante ? Non. Impossible. Mais il devait s'assurer que le Secret de Remus était toujours bien en sécurité. « Comment tu as pu sortir de Poudlard d'ailleurs ? Pour une nouvelle élève tu semble sacrément bien connaitre le château. Tu n'es vraiment jamais venue ici avant ? » Demanda-t-il en la fixant d'un regard plus froid et intrigué. Comme s'il la mettait au défis de lui mentir. Il était bien moins sympathique pour le coup. Si jamais elle connaissait... Trop de choses sur Poudlard, si jamais elle avait déjà connaissance des passages secrets... Les Maraudeurs avaient mis presque deux ans à trouver tous ces passages, et cinq ans à établir leur carte. Et des nouveaux élèves en apprenaient tout autant en deux mois ? Sérieusement ? « Vous semblez bien au courant de ce qu'il se trame à Poudlard, alors que nous ignorons toujours tout de votre école... » Ce n'était pas un reproche, mais une constatation, qui sonnait presque comme la promesse qu'il en apprendrait plus. Rapidement.