Severus ¤ Avril 1998 ¤ A sweet lullaby of end

Qu'est-ce qu'il peut bien lui vouloir ? Le mois d'Avril touche à sa fin, les examens se rapprochent. Dans la salle commune de la maison Serdaigle, Lullaby travaille avec d'autres septièmes années, prépare ses révisions. Elle compte obtenir ses ASPICs en bonne et dû forme. Observant encore le bout de parchemin que le hibou vient de lui porter, la jeune femme le retourne, comme si elle espérait obtenir un indice, qui ne vient pas. Poussant un soupir, la sorcière remarque que ses camarades l'observent, sans comprendre. Mais que peut-elle bien dire ? Inventer que le professeur Flitwick souhaite la voir, peut-être. Elle ne peut pas dire que le parchemin vient de Rogue. Les Serdaigle ont remarqués qu'elle était souvent en retard pour rentrer à la salle commune mais la rouquine ne leur a jamais parlé de ses cours de potions avec le maitre des cachots : elles ne la croiraient tout simplement pas. Et puis maintenant, avec les mangemorts au château, le contexte actuel du monde des sorciers... Lullaby préfère éviter.

Lullaby se lève, range ses affaires en prétendant qu'elle ne sera pas longue, qu'elle avait simplement oublié un rendez-vous avec le professeur de sortilège, en vu de son orientation. Elles semblent la croire. Tout du moins, elles en donnent l'impression. Montant à sa chambre, la jeune femme dépose ses affaires sur son lit, passe rapidement par la salle de bain pour s'assurer d'avoir l'air présentable puis elle quitte rapidement la salle commune, après avoir aidé une cinquième année sur les propriétés de la peau de serpent du cap.

Se pressant, la jeune femme est arrêtée au quatrième étage par les escaliers, qui l'obligent à faire un détour. Alors elle presse l'allure, courant presque dans les couloirs de l'école, sachant qu'il n'est pas bon de faire attendre le directeur. Au second étage toutefois, elle ralentit l'allure comme la silhouette d'Alecto Carrow se dessine plus loin. Lullaby peu voir que la sorcière s'en prend à des troisièmes années et si d'ordinaire, elle tenterait de détourner l'attention de la mangemorte pour leur permettre de filer, elle sait aujourd'hui qu'elle n'a pas le temps de jouer au chevalier. Portant un regard à sa main, la jeune femme observe la cicatrice rouge qu'elle trimballe depuis deux bons mois.

Nouveau détour. Enfin, la jeune femme parvient à la grande statue qui menait autrefois aux appartements de Dumbledore et qui, aujourd'hui, mènent au même bureau, devenu celui de Rogue. Un coup d'œil à l'étage avant de donner le mot de passe et la rouquine remarque comme Poudlard est devenue morne et triste au cours de cette année, carrément austère. Avec amertume, la serdaigle se sent s'élever. Et puis, la porte du bureau lui fait face et Lullaby toque avant d'entrer, une fois qu'elle en a reçut l'invitation.

"- Vous vouliez me voir, Professeur Rogue ?" interroge-t-elle alors en espérant ne pas être en retard, malgré les imprévus qui n'ont cessé de ralentir sa progression dans le château. "C'est à quel sujet ?" questionne-t-elle de nouveau, curieuse de connaître les motifs de sa présence ici.

En entrant dans le bureau du directeur, Lullaby ne sait pas trop à quoi s'attendre. Le message avait l'air urgent, alors la sorcière ne voit pas bien de quoi il peut s'agir. C'est avec un peu d'appréhension donc que la demoiselle entre dans le bureau, interroge le maître des lieux et s'installe dans un fauteuil. L'homme est là, impressionnant au milieu de cette grande pièce. A vrai dire, Lullaby a toujours été impressionnée par Severus et ce depuis le premier soir où, en avançant vers l'estrade pour sa répartition, ses yeux verts avaient croisés ses iris noirs. Il l'avait impressionné quand on lui avait dit qui il était, puis il lui avait donné cette même impression en cours. Et puis plus tard, en cours particuliers. Au début de ces rendez-vous la sorcière était confuse, mal à l'aise, mais tout ça lui était passé. Seule était restée l'admiration qu'elle avait à l'égard de son talent en potion. Elle avait essayé alors d'être la meilleure de sorte qu'il n'ai pas l'impression de perdre son temps et si elle n'excelle pas toujours, la rouquine est tout de même très attentive à tout l'enseignement qu'il lui dispense. Trop attentive peut-être, au point de ne plus voir chez l'homme le sombre professeur, mais au-delà de cet image.

Il ne lui laisse pas vraiment le temps de comprendre ou de se poser trop de questions. À peine la jeune femme est-elle en train de s'asseoir que le directeur lui parle de mettre un terme à leurs cours. Lullaby accuse le coup. Continuer de se voir et de travailler avait été compliqué cette année avec la présence des Carrow dans le château. Mais de là à cesser tout enseignement, à l'approche des examens... Bee ne dit rien dans un premier temps, comme elle ne sait pas trop ce qu'elle pourrait dire. Ses iris verts scrutent le visage du directeur, alors que d'ordinaire elle a tendance à baisser le regard devant lui, de peur qu'il ne comprenne ce qui se passe dans son cœur quand il est prêt d'elle. Il la trouverait probablement ridicule. Ou il penserait à une mauvaise farce, car qui pourrait croire qu'une fille comme elle, si jolie et pleine de vie, de sourire, de joie, aime un homme comme lui ? Et pourtant oui, Lullaby l'a vu au-delà de l'apparence. Pour elle son visage disgracieux et ses cheveux gras n'ont aucune espèce d'importance. Elle aime le fait de pouvoir discuter de sujets recherchés ou de potions avec son professeur, d'autant que ce n'est pas possible avec les jeunes garçons de son âge qui lui semblent tous trop immature pour qu'elle puisse réellement s'y intéresser. Il n'y a pas que ça, il y a aussi leurs rendez-vous qui ne l'ont pas aidés. À force de le côtoyer aussi souvent en tête-à -tête, la Serdaigle a apprit à l'apprécier. Oui et son sale caractère.

"- Puis-je demander pourquoi ?" demande la sorcière. "Slughorn... vous pensez vraiment que je puisse apprendre quelque chose de lui après avoir travaillé avec vous ? Cet homme est juste un drôle. Entre vous est moi nous savons très bien que vous n'êtes pas devenu le potionniste que vous êtes grâce à lui..." argue la jeune femme.

Slughorn. Ce qu'elle peut ne pas l'aimer lui et son air jovial, toujours souriant, trop volubile, comme si tout allait toujours bien. Il était insupportable pour la jeune femme, lui et son culte des héros. Elle ne voulait pas être une photo sur une commode au milieu des autres "illustres" membres du club. La simple idée d'avoir dû en faire parti pour aider Harry à récupérer un souvenir lui est désagréable. Comment travailler avec lui après avoir bossé avec un homme de l'acabit de Rogue? Mais ce n'est pas comme si son appréciation personnelle pouvait avoir le moindre impact sur l'homme qui lui fait face. Ce n'est pas comme s'il pouvait en avoir quelque chose à faire. La sorcière ne songe pas un instant qu'il puisse faire cela non pas pour la contrarier mais dans son propre intérêt, pour la mettre à l'abri de la folie du seigneur des ténèbres.

Pour un coup dur, c'est un coup dur. Lullaby n'ose pas croire à ce qu'elle entend. A mesure que l'homme parle, la jeune femme se décompose. Elle écoute et elle s'applique pourtant. Que peut-il bien lui reprocher ? Il lui a fait quelques reproches quelques fois certes. Mais pas au point de la considérer exactement comme si elle avait le niveau de Neville. Elle est presque certaine de devenir livide, et ce même si elle tente de cacher l'émoi qui s'empare d'elle. Ces traits si durs, son air froid, cassant... La sorcière n'aime pas ce qu'elle voit. Elle n'aime pas cet air qu'il arbore, la méchanceté de ses paroles. Certes il est égal à lui-même, il est Rogue. Le professeur cassant, froid. La chauve-souris des cachots.

"- Si je suis si mauvaise que ça professeur, peut-on savoir pourquoi vous avez attendu presque deux ans avant de me le dire ? Pourquoi avez-vous accepté de nouveau de me donner des cours en début d'année, si je suis si pitoyable que ça ? Pourquoi m'avez-vous laissé m'enfoncer dans mon désir de devenir potionniste si je suis à ce point éloignée du niveau nécessaire ?" s'agace la demoiselle.

Elle a prit le caractère de ses parents, c'est indéniable. Elle est têtue comme son père certes, mais comme Lily aussi, n'en déplaise à son professeur. Lily aussi avait cette habitude de s'interposer contre ce qui lui semblait injuste. Cela avait été la raison de la fin de son amitié avec le mangemort d'ailleurs. Un jour où elle l'avait défendu contre James.

Dans son siège, Lullaby s'est ratatinée. Et lui ne peut pas manquer de voir que malgré ses mots, malgré ses propos, la jolie rousse est ébranlée, perturbée, par ce que l'homme lui a dit. Il ne peut pas manquer de voir que malgré tout, il l'a atteinte par ses paroles, qu'il lui a fait du mal. Elle le montre davantage qu'elle ne le voudrait et sa gorge la brûle. Comment peut-il être à ce point froid, distant, insensible ? Et dire qu'elle l'aime. Comment peut-elle l'aimer ? Ignorant qu'il fait cela dans son intérêt, la demoiselle lui en veux. Elle est loin de se douter, à vrai dire, qu'il cherche seulement à lui épargner de devenir le jouet de Voldemort. Si seulement elle savait ce qui les attends, peut-être qu'elle ne serait pas à ce point en colère contre lui. peut-être qu'elle saisirai au contraire sa dernière chance de lui dire ce qu'elle a sur le cœur. Avant la fin. Avant qu'il meure.

C'était une blague. Le flot de ses paroles était une énorme mascarade et elle n'allait pas tarder à se réveiller, à découvrir la vérité. Il ne voulait plus lui enseigner quoique ce soit parce qu'elle était mauvaise, mais il allait donner des cours à Neville ? Neville ou le garçon le moins doué qui soit pour les potions. Et qui avait choisit un cursus totalement dévoué à la botanique. Et qui était tellement dans le collimateur des Carrow qu'on ne le voyait presque plus en cours. Bee sait pertinemment d'ailleurs qu'il se cache dans la salle sur demande. Neville est son ami et la jeune femme sait que Luna et Ginny aident le jeune homme qui a remonté un club, une armée de Dumbledore, quelque chose dans ce genre là.

"- Je suis trop nulle pour vous intéresser alors vous allez donner des cours à... Neville ? Quel choix judicieux, professeur. Neville ne se pointe même plus en cours, je serai surprise s'il vous honorai de sa présence." le raille la jeune femme, d'une voix où transparait son amertume et surtout une certaine vexation.

Alors qu'il lui tourne le dos, la sorcière darde sur sa silhouette un regard noir. Cet homme est un mystère, une énigme, un problème à lui tout seul. D'ordinaire la demoiselle est contente d'être avec lui. Parce qu'elle fait des potions certes et qu'il lui apprend quelque chose oui. Mais aussi pour le simple fait qu'il soit avec elle, à ses côtés. Pour le simple plaisir de le regarder travailler, de prendre note de ses gestes et de ses astuces. Aujourd'hui toutefois, la rouquine se sent chagrine. Ses excuses ne lui semblent pas bonnes et même si elle sait pertinemment que jamais il ne lui donnera gain de cause, la sorcière est curieuse de comprendre ce qu'il se passe, curieuse de comprendre ce qui ne tourne pas rond. Un pari stupide et perdu d'avance. ce n'est pas comme si quelqu'un pouvait vraiment comprendre Severus Rogue.

Elle voudrait lui lancer une pique, quelque chose, n'importe quoi. Une petite phrase assassine, pour le mettre un peu mal à l'aise ce sombre maître des cachots, ce cœur de pierre. Elle ignore que justement, il s'est tourné pour na pas voir son visage décomposé, son air atterré où l'incompréhension s'est peinte.

"- Je vous souhaite bien du plaisir dans vos cours en tête-à-tête avec vous même. Ce sera très amusant j'imagine." finit-elle par dire. Non mais, quel salaud. Et dire que tout ce temps, il lui a laissé miroiter la possibilité qu'elle soit potionniste, qu'elle en avait la capacité. Et là, à l'aube des ASPICs, à quelques mois seulement des spécialisations, il met tout ses plans en échec, d'une parole. A-t-il seulement conscience de la situation dans laquelle il la met ? Il s'en fiche, probablement.

Alors que la demoiselle, agacée, lui souhaite de passer de bons cours en tête-à-têtes avec lui-même et s'empêche au passage de lancer une pique sur sa solitude habituelle, le professeur se tourne soudain dans sa direction. Comme il lui hurle de sortir, la Serdaigle le voit approcher d'elle si rapidement qu'elle reste clouée sur place, debout au centre de la pièce. Quand il lui attrape l'épaule, brutalement, ce simple contact entre sa main -froide- et sa peau plus chaude manque de faire frissonner la rousse. Ce serait probablement le cas si elle n'était pas à ce point en colère contre lui en cet instant.  A ce point en colère qu'il doit le voir comme ils se regardent dans le blanc des yeux. Bee a bien du mal à vrai dire à soutenir ce regard mais elle met un point d'honneur à ne pas faiblir, à ne pas le laisser gagner. Qu'il assume les conséquences de ses actes un peu, non ? Pourtant, même incroyablement en colère après lui, la rousse n'arrive pas à le haïr.

«- Je n'aurai peut-être pas besoin de contrôler mes émotions si l'un de mes professeurs ne m'avait pas conforté dans un choix de carrière pendant deux ans pour me dire finalement que je suis nulle, que je n'ai pas le niveau, que je suis inintéressante et une perte de temps ! Je n'aurai pas besoin de contrôler mes émotions si l'un de mes professeurs avait fait son travail d'enseignant c'est à dire me guider dans mon choix de carrière. Me dire ça à quelques semaines seulement des études de spécialisation... Jouer avec la vie des autres vous amuse à ce point professeur Rogue ?» cri la demoiselle, se retenant de d'ajouter que pour en arriver là, il doit avoir une existence bien pitoyable. «Auriez-vous l'obligeance de me lâcher maintenant Professeur ? Vous me faîtes mal !» lâche-t-elle d'un ton sec. «Quand au reste, je vous rappelle que violer l'esprit d'une étudiante est immoral, bien que les gens... comme vous, n'en aient rien à faire.» assène-t-elle, espérant -assez méchamment c'est vrai- lui faire par ces quelques mots au moins un peu mal.

Se dégageant de la main de l'homme qui vient d'alléger son emprise sur son épaule, la jeune femme lui adresse un dernier regard noir puis tourne les talons en se dirigeant rapidement vers la porte, transformée en véritable pelote de nerfs. Ouvrant la porte, la jeune femme la referme violemment en sortant, la claquant comme jamais cette porte ne l'a été, assurément.

La sorcière ne comprend pas ce qui se passe. Enfin si, elle comprend. Mais elle ne sait pas vraiment comment ils en sont arrivés là, ni depuis combien de temps ils sont dans ce merdier. Tout s'est enchainé si vite. Bee n'a pas vraiment eu le temps de comprendre ce qui leur tombait dessus. Il n'y a plus trop à réfléchir, d'ailleurs. Le deal désormais est de sauver sa peau. Et si possible, de sauver les innocents aux alentours. Il ne faut pas trop penser à ceux qui tombe, ni à la possibilité de mourir. C'est difficile. Surtout quand on se fait du soucis pour d'autres que soit. Bee est morte de peur, pour Harry surtout. La cible principale pour le maître des ténèbres après tout, c'est lui. Et puis elle s'inquiète pour tout ses amis aussi. Et même pour Rogue. Ok, il a été atroce au cours de leurs dernière entrevue et la serdaigle le lui a bien rendu. Mais maintenant que la perspective de ne plus le revoir se profile à l'horizon, la rouquine aimerait savoir où il est.

Alors qu'une lumière rouge s'élance vers elle, Bee lance un protego pour se mettre à l'abri. Autour d'elle, c'est un vrai capharnaüm au point que parfois certains sorts atteignent des allier, non des ennemis. S'éloignant du hall d'entrée, Lullaby sort dans le parc, butant sur un corps. Préférant ne pas regarder de qui ou de quoi il s'agit, la Serdaigle s'éloigne un peu, son regard parcourant la foule. Pas de trace d'Harry. Pas de trace de Severus non plus. Quand elle repense à ce qu'elle a dit la dernière fois qu'elle l'a vu, la sorcière se sent en colère contre elle-même. Certes, elle ne pouvait pas savoir que ce serait la dernière fois qu'elle le verrait avant une bataille pareille. Mais elle s'en veut quand même.

Soudainement, retournée dans le hall, la jeune femme aperçoit Remus, face à Dolohov. Un éclair de lumière verte, et la sorcière hurle en voyant le corps de son parrain s'écrouler sur le sol. Aussitôt, comme Harry l'avait fait après Bellatrix suite à la mort de Sirius, Lullaby s'élance à la suite de Dolohov, d'un air rageur. C'est près du lac qu'elle tente de lui envoyer un sortilège. Un cuisant échec. La haine se lit dans le regard de la rouquine. Et le mangemort la nargue.

"- Sectumsemp..."
"- Doloris"

Evidemment, l'homme est plus rapide. Plus entrainé peut-être. Ou sa formule est moins longue. Quoiqu'il en soit, la jeune femme s'écroule sous la vive douleur qui la parcourt. Elle ne va quand même pas mourir ici et comme ça ? Peut-être bien, en fait. Les maîtres... Plutôt crever que de se prosterner devant cet espèce de monstre. La jeune femme néanmoins sent son cœur battre la chamade. La perspective de mourir ne l'enchante guère. Pourtant tout à coup la douleur cesse. Bee reprend son souffle, se redresse, voit Rogue qui s'éloigne. Clouée sur place, elle le regarde partir. C'est lui qui l'a sauvé ? Comme quoi, elle avait raison en début d'année, de penser que tout n'était peut-être pas si évident que cela semblait l'être. Bee regarde l'homme s'éloigner, le cœur battant. Jusque là, il va bien. Jusque là.