Will you be my Valentine? (Michael)

  La tête posée contre la vitre d'une des fenêtres de la salle commune des Poufsouffles, Charlie observait la neige tomber. Elle aurait pu être dehors et s'amuser avec d'autres élèves sous la neige, à faire une bataille de boules de neige ou tout simplement se promener et écouter le bruits des flocons tombant sur le sol. Mais elle avait préféré rester au chaud à l'intérieur. Il y avait quelques personnes dans la salle commune, elle devrait faire comme certains et réviser, les ASPICs se rapprochaient dangereusement, mais son esprit était occupé par l'annonce que Dumbledore avait faite quelques jours auparavant.

L'idée de ce bal de Saint Valentin la stressait. Pour l'instant, elle ne savait pas avec qui elle allait y aller. Le seul garçon qu'elle aimerait accompagner ne l'inviterait pas. Elle soupira, elle ne voulait pas savoir qui il inviterait, sans doute une fille qu'elle n'aimait pas avec la chance qu'elle avait. Vraiment, tomber amoureuse de Sirius Black était sûrement la plus grosse erreur de sa vie. Ce n'était pas de sa faute, il fallait le voir aussi... Et si elle avait pu décider, nul doute qu'elle se serait empêcher d'avoir des sentiments pour le jeune homme. Maintenant, il fallait qu'elle vive avec et qu'elle ne haïsse que discrètement la fille qui irait au bal avec lui.

Elle balança ses cheveux par dessus son épaule avant de se détourner de la fenêtre. Regarder la neige se révélait être ennuyant au bout d'un moment. Elle laissa son regard courir sur les personnes présentes. Pas grand monde qu'elle appréciait réellement. Elle se leva et se dirigea vers Michael Summerby. Elle le connaissait depuis sa première année, suivait quasiment les mêmes cours et elle l'aimait bien. La maladresse du garçon la faisait rire et elle aimait se moquer gentiment de lui. Elle tira une chaise en face du jeune homme et s'y laissa tomber.

-Salut ! Tu vas bien ? Qu'est ce que tu fais ?

Elle s'étira et se massa le cou, rester dans la même position trop longtemps n'était pas une bonne idée. Elle posa ensuite ses coudes sur la table et se rapprocha de son ami.

-Tu en penses quoi de ce bal ? demanda-elle.

  Si elle devait décrire l'ambiance qui régnait dans le château en un seul mot, Charlie dirait « effervescence ». De partout des couples se formaient pour aller au bal, les élèves discutaient de leur tenue, des cadeaux qu'ils allaient pouvoir acheter à leur petit copain ou petite copine. Mais à côté de ça, de nombreux élèves semblaient résignés à aller à ce bal seul, à profiter de leurs amis ou carrément à ne pas y aller du tout. C'était la dure condition des célibataires quelques jours avant la saint Valentin.

Agacée par cette agitation constante mais ennuyée de ne rien faire depuis le début de la journée, Charlie avait rejoint Michael dans la salle commune, alors que le jeune homme était en train de faire ses devoirs.

-Mais enfin Michael, tu as choisi de continuer cette matière parce que je suis la voisine de classe la plus géniale de ce château, voire même du monde ! Et tu ne peux pas te passer de moi, dit-elle théâtralement alors qu'il se plaignait des devoirs d'Astronomie.

En réalité, elle même se demandait ce qu'elle faisait encore en Astronomie depuis le temps. A chaque fois qu'il y avait un devoir à rendre, elle se débrouillait pour piquer le parchemins de Remus et recopier sans scrupule, ou alors elle inventait sa carte du ciel. Depuis le temps, elle se demandait comment le prof pouvait ne pas s'en rendre compte et continuer à l'accepter en cours, elle même se serait virée.

-Non en vrai, je sais pas, cette matière est chiante c'est tout ce que je sais, reprit-elle en rigolant.

Se faire larguer peu de temps avant la Saint Valentin, elle connaissait le sentiment, cela lui était arrivé l'année précédente. Le mec n'aurait pas pu se rendre le 15 et pas le 2 février qu'il n'était là que pour rendre jaloux l'autre abruti de Gryffondor.

-Ah les hommes, ce sont tous les mêmes n'est-ce pas ? Ils abusent de nous pauvres petites choses fragiles, ironisa-t-elle. Non ceci dit, c'était vraiment pas sympa, concéda-t-elle plus sérieusement.

Elle ri à l'évocation du mot « mâle ».

-J'ai refusé d'y aller avec un Serdaigle l'autre jour, il a 14 ans... Mais sinon, la seule personne avec qui j'aimerais vraiment y aller ne m'invitera jamais. Je crois être condamnée à y aller seule aussi, déclara-t-elle.

A peine avait-elle fini de parler qu'un éclair de génie passa dans son regard.

-Mais ! Si tu es seul et moi aussi... On a qu'à y aller ensemble ! En tant qu'amis, enfin oui forcément en tant qu'amis... parce que plus c'est pas possible et puis que... oh zut.

Elle se tut, posant ses coudes sur la table et son menton dans ses mains. Elle regarda le jeune homme avec un air innocent.

-S'il te plaît Mika !

  Avec un regard désapprobateur, Charlie regardait les élèves revenir petit à petit dans la salle commune. Tout d'un coup, elle plaignait les pauvres elfes de maison qui allaient devoir nettoyer les salles communes quand les élèves seraient couchés. Elle sourit quand Michael pensa à voix haute, ne pouvant qu'être d'accord avec lui.

-Eh petit, enchaîna-t-elle. Tu devrais faire ça ailleurs, il y a des élèves qui posent leurs fesses à l'endroit que tu es en train de salir, fit-elle remarquer.

Elle leva ensuite la main pour frapper dans celle de son ami. A quoi bon être en septième année si on ne pouvait pas traumatiser rien qu'un petit peu les plus jeunes. Ah, Charlie et la délicatesse... Enfin bon, il fallait bien que quelqu'un les secoue un peu ces pauvres gosses, ils risquaient d'être mous toute leur vie si personne ne le faisait. La belle excuse...

Elle rit alors qu'il faisait remarquer qu'elle était vraiment nulle en Astronomie elle aussi.

-Bien joué ! Tu t'améliores presque, dit-elle avec un sourire insolent. Moi j'ai eu « Désolant », moralité, ne jamais s'embrouiller avec Remus Lupin avant de faire un devoir d'Astronomie, ajouta-t-elle en rigolant pas un poil déçue de note.

Après tout, qui avait besoin d'Astronomie dans sa future formation ? Personne. Ou pas elle du moins. Elle attendit patiemment, enfin, aussi patiente qu'elle pouvait l'être, c'est à dire pas beaucoup, que Michael lui donne sa réponse pour le bal. S'il disait non, elle était vraiment mal, déjà c'était la honte, même si ça, elle s'en fichait royalement. Mais s'il disait non, elle n'aurait qu'à y aller toute seule et prier pour trouver au moins une personne sympa pour danser pendant la soirée.

Elle éclata de rire sans retenue quand le jeune homme s'énerva sur un couple qui s'embrassait sur le canapé. Des premières années, précoces les petits maintenant.

-Dire qu'à onze ans j'étais à peine capable de parler à un mec sans bafouiller... les gosses changent, ou alors je suis vieille avant l'heure, dit-elle en essayant d'arrêter de rire. Cinq galions qu'ils ne seront plus ensemble le soir du bal, ajoute-t-elle en tendant la main devant Michael.

Son camarade devait avoir l'habitude, elle pariait tout le temps pour des trucs débiles, elle aimait le jeu, elle aimait le risque.

-Tu es génial tu sais ! répondit-elle alors qu'il acceptait d'aller au bal avec elle. Les « Déprimés du cœur » ? Nous le sommes à ce point ?

Elle réfléchit quelques secondes.

-En fait, oui, nous le sommes à ce point, concéda-t-elle. C'est fou comme notre vie est triste, continua-t-elle faussement dramatique. Prochaine sortie à Pré-au-Lard, on pourrait y aller ensemble et s'aider à choisir nos tenues, enfin, si tu n'as pas peur d'entrer dans un magasin avec moi, proposa la jeune femme.

Et il y avait de quoi avoir peur. Les gens étaient trop longs pour faire les magasins, et elle, elle ne tenait jamais en place. Il fallait que cela aille vite mais il y avait toujours cinquante millions de personnes devant elle, au moins.

 -Des cours de soutien ? T'es pas bien ! s'exclama Charlie en explosant de rire. On a bien assez de cours comme ça ! Voilà tout s'explique, nous sommes des élèves bien trop intelligents pour cette matière tu as raison. Notre quotient intellectuel est trop haut pour elle !

Elle rit encore en découvrant la copie de son camarade.

-C'est tellement le genre de commentaire qu'elle pourrait écrire sur mes copies aussi. Oh oui partons voir les dragons !

Elle était partie dans un fou rire face à l'imitation de Michael, et s'attira le regard noir de quelques personnes qui désiraient visiblement travailler.

-Oh ça va, dit-elle, vous n'avez qu'à aller à la bibliothèque si vous ne voulez pas de bruit !

Elle perdit son sourire face à la véracité des propos de son ami. Hélas oui, même les sales mioches étaient prêts pour ce foutu bal. Ils étaient pathétiques tous les deux.

-Vingt minutes ! cria-t-elle alors qu'il partait déjà.

Elle n'avait jamais été ponctuelle et ne le serait sans doute jamais. Quinze minutes n'était pas suffisantes pour qu'elle soit prête. A son tour, elle se leva et monta vers son dortoir. Peut-être allaient-ils croiser du monde à Pré-au-Lard, il fallait qu'elle soit présentable. Si jamais, elle se trouvait en face de Sirius, elle ne voulait pas avoir l'air trop moche. Elle se dirigea vers la salle de bain où elle remis rapidement un peu de rouge à lèvres et attacha ses cheveux. De retour dans le dortoir, elle changea de pull pour un plus chaud, enfila son manteau, son écharpe aux couleurs de sa maison, ses gants et son bonnet avant d'attraper son sac et de redescendre dans la salle de commune. Elle rejoignit son ami.

-Je suis là ! s'exclama-t-elle. On y va ? proposa-t-elle en attrapant le bras du garçon. Il faut absolument que tu me conseilles pour une robe ! Tu crois qu'il vaut bien que je prenne un bustier ou une robe avec des manches. Courte ou longue ? A ton avis c'est possible d'aller à ce genre de bal avec une robe courte ? Toutes les filles vont sûrement avoir des grandes robes qui vont traîner par terre...

Elle parlait comme toujours trop et trop fort.

-Enfin on verra bien ! Tu dois acheter quoi toi ?