Aurora ♣ Un jour on l'apelle maman, elle le reste toute la vie.

Elle grimace, dans la maternité de l’hôpital Sainte-Mangouste. Du haut de ses vingt ans, Aurora Beckett s’apprête à donner la vie, comme sa mère avant elle. Sa maman aussi avait tout juste vingt ans pour accoucher. Mais si une chose les différencie toutes les deux, c’est que pour sa part Madame Beckett était marié. Alors qu’Aurora a eut moins de chance. Malgré son sérieux et son habitude de se protéger, elle a eut un raté. Fâcheux, puisque le père l’abandonne à son triste sort. Et la voilà en plein mois de juin 78, à quelques jours de sa rentrée en deuxième année à l’université, en train d’accoucher. Une nouvelle qui a chamboulé l’administration universitaire il y a quelques temps, quand la jeune femme a dut partir en congés sur la fin de l’année scolaire pour ne pas compromettre sa grossesse.

Sa mère est avec elle, puisqu’elle n’a pas de père de l’enfant pour la soutenir. Et c’est elle qui lui donne la main en lui caressant le front, l’encourageant à pousser alors que de l’autre côté de la porte, le père et la sœur cadette d’Aurora attendent de savoir si c’est une fille ou un garçon. Aurora ne le sait pas, elle non plus. Et elle a l’impression de ne pas s’être suffisamment bien préparée à devenir maman. Pourtant, la chambre est prête à la Diamond House. On lui a donné l’une des plus grandes pour accueillir le nécessaire pour un enfant, elle a réussit à installer un joli coin toilette pour le bébé. Tout est matériellement parfait et elle le sait, mais ne peut pas s’empêcher de s’inquiéter. Est-elle prête à devenir maman, tout simplement ?  Elle est si jeune et encore étudiante. Pour une nuit de folie, n’est-ce pas un peu cher payé ?

Ses cheveux blonds se collent sur son front, mais l’enfant cri enfin et rapidement, on le place entre les bras d’Aurora, qui oublie la douleur en même temps que son regard se pose sur ce petit trésor hurlant, tout rouge de colère alors que l’air infiltre ses poumons. C’est une fille a dit le médecin. Aurora est ravie, mais elle aurait tout autant adoré avoir un garçon.

«- Comment s’appelle-t-elle ?» demande l’infirmière pour remplir les papiers.
«- Erica Beckett.» répond la jeune femme en épelant le nom de famille pour qu’il n’y ai pas d’erreurs.
«- Je vais les prévenir dehors. Ton père va descendre au service des déclarations des naissances ne t’inquiète pas. D’accord ?» demande sa mère les larmes aux yeux et Aurora acquiesce, alors qu’on l’emmène vers une chambre où son bébé et elle attendront quelques jours avant de pouvoir sortir.

Quand sa mère revient, Aurora est déjà en train de donner le sein à son enfant, pour la première fois de sa vie et elle sourit. Tant pis si le monde est noir dehors, tant pis si la guerre gronde, si les nés moldus sont mal vus, si des fous furieux gagnent en puissance. En cet instant, elle ne peut plus penser à autre chose qu’à l’air si doux, si détendu, de son enfant.