Carry on my wayward son ¤ Godric Black

Godric Sirius Lucifer Black.

Une identité qui, de bout en bout, n’est pas facile du tout à porter et évidemment, il fallait que ce soit sous ces noms que je sois connu du monde sorcier. Godric, comme le fondateur de la maison de mon père, qui a brisé par cette simple attribution des générations de Serpentard. Sirius, pied de nez de ma mère envers tous ceux accusant son ex, mon père, d’être le meurtrier de ses meilleurs amis. Lucifer, prénom du diable pour beaucoup… mais sa réelle signification était « Porteur de Lumière », car maman affirmait que j’avais été un rayon de soleil dans sa vie… et Black… nom de famille connu pour sa pureté, et ultime signe que quoi qu’il arrive, je pourrais regarder les autres la tête haute, qu’importe ce qu’ils pensaient savoir. Apparemment, le caractère hautain des Black est génétique… autant dire que ça aide parfois.

Enfin, vous voulez sans doute connaître mon existence dans les moindre détails et sachez donc que je suis né le 3 novembre 1981, peu de temps après l’arrestation de mon père, alors l’ambiance était top. Techniquement, je devais arriver trois mois plus tard – en février, avec mon bol je serais arrivé à la saint Valentin – mais entre le stress de maman et tout le reste, il m’a semblé judicieux de faire coucou au monde avec un peu d’avance… les débuts n’ont pas été faciles bien entendu, élever un enfant quand le monde entier vous dit que son ascendance est celle d’un meurtrier, c’est difficile, mais maman a toujours été capable de me protéger de ces choses. Notre existence était simple, nous vivions dans le monde moldu même si notre logement abritait aussi de la sorcellerie, et ainsi je grandissais dans une normalité somme toute relative, comprenant que ma magie ne me rendait pas supérieur aux moldus, mais de toute manière je n’avais pas besoin d’autre chose que mes poings pour leur faire ravaler quelques commentaires désobligeants, comme le fait que papa était absent parce qu’il ne m’aimait pas… le soir, l’institutrice appelait maman pour lui parler, et je boudais souvent sur ma chaise alors qu’elle s’abaissait devant moi en prenant cet air à la fois sérieux et compréhensive :

« Godric…. qu’est-ce que je t’ai t’ai dit sur le fait de te battre à l’école ? »
« C’est lui qui a commencé… il a dit que si papa est jamais là, c’est parce qu’il m’aime pas… c’est ça maman ? Papa me déteste ? »
« Mais non mon grand... » avait répondu la jeune femme, en remettant en ordre les cheveux désordonnés de son rejeton. « Ton papa est très occupé… il est Auror, dans une mission très importante… mais il t’enverra une lettre et un cadeau pour ton anniversaire et Noël. »

Comme toujours en réalité. Même si je n’avais que cinq ans à l’époque, je savais que papa ne m’oubliait jamais pour les moments de l’année où je devais avoir un cadeau, et c’est toujours avec impatience que je voyais le hibou entrer dans notre cuisine pour parfois jeter le paquet dans mon petit-déjeuner, ce qui avait le don de me faire rire, surtout quand cela résultait dans le fait de me prendre dans la trogne mes céréales et la compote… se salir, c’était amusant quand même ! Autant que mon premier accident magique. Nous étions en ville avec maman et une peluche avait attiré mon attention, un renne de noël, avec le nez rouge et tout… bien entendu, elle ne voulait pas céder pour ne pas m’habituer à dire ‘oui’ à tout et n’importe quoi, mais cette peluche quoi ! Elle me narguait, surtout que son nez clignotait et il faisait « pouet » quand on appuyait dessus, si c’était pas beau ! Bon… pas vraiment pouet, plutôt prout en fait… mais mince ! Et mon envie d’avoir cet animal me hantait tellement qu’elle s’était purement envolée dans ma direction, au grand dam de maman qui avait sans doute été fière de la magie, mais moins du fait que son premier usage chez moi soit pour voler quelque chose.

Quand ma lettre pour Poudlard arrivait, maman me disait que pour fêter cela je pouvais demander ce que je voulais et justement… j’avais remarqué un objet dans une boutique moldue et suppliait maman de me l’acheter : un walkman qui lisait des cassettes, et pour l’accompagner les chansons du groupe Kansas – mon préféré étant ‘Leftoverture’ et que je décidais d’emmener à Poudlard avec moi, pour ne pas être totalement dépaysé et perdu sans la musique qui tenait une place importante à la maison. Bon, je voulais un balais au départ, mais maman me fit savoir que les premières années n’avaient pas le droit, et ce coup au cœur – non, je ne suis pas un drama – passait en fait assez vite en découvrant le chemin de Traverse. Qui n’écarquillait pas les mirettes face à un tel spectacle en même temps ? Rien qu’en essayant mon premier uniforme pour l’école, je voulais sauter partout en hurlant de joie, ce qui n’allait qu’en s’empirant boutique après boutique, sauf en achetant les affaires de potion en réalité.

« Je suis vraiment forcé maman… ? Les potions ça craint... »
« Tu ne veux plus être Auror quand tu seras grand… ? » m’avait-elle demandé, passablement moqueuse.
« Si ! Comme papa ! Et je montrerai qu’il est innocent, et tout le monde devra lui demander pardon ! »

La veille, maman m’avait dit la vérité, et si je comprenais qu’elle n’ait rien dit avant… j’en voulais au monde entier à l’époque pour ne pas avoir fait un vrai procès à mon père, l’envoyant directement à Azkaban malgré tout ce que maman avait fait pour tenter de montrer que ce n’était pas possible, qu’il n’aurait jamais trahis les Potter. Leçon numéro 1 à onze ans, le monde est injuste. Pas de bol, maman m’avait alors fait remarquer que si je voulais être Auror, je devais suivre les cours de potions… avec l’ordre de ne pas taper sur les nerfs du professeur, en découvrant cette chauve-souris quelques jours plus tard, j’avais vite compris pourquoi. Mais ne débattons pas sur ce type…

Ma scolarité – en dehors des potions en tout cas – se passait plutôt bien. Bon, je n’étais pas le meilleur et il m’arrivait de rendre mes devoirs avec quelques filets de baves dessus après m’être endormi la tête sur la feuille la veille, mais les notes se maintenaient assez pour ne pas entrer dans la case des cancres, surtout que vu que les Gryffondors se méfiaient un peu du rejeton Black, me voyant comme le fils d’un meurtrier, je n’avais pas intérêt de faire de vagues. Pas trop en tout cas, mais j’avais dans mes gênes autre chose que la noirceur du nom de Black et il m’arrivait parfois de m’allier aux moins stupides de notre maison pour faire quelques farces, juste pour m’amuser et faire rire la galerie. En tout cas, s’il n’y avait pas les tuiles qui semblaient suivre Harry Potter d’année en année, je me serais sans doute mortellement ennuyé au bout d’un moment, heureusement le destin nous trouvait quelque chose de différent chaque année. Un truc qui attaquait les étudiants lors de ma première année, mon père qui se sauvait de prison la seconde – j’espérais qu’il vienne me voir, même pas – et ainsi de suite jusqu’à ma sixième année, où notre école tombait entre les mains des mangemorts.

Ces choses perfides… qui tentèrent encore et encore de nous faire pratiquer des tortures sur les élèves en retenue. Apparemment, ces imbéciles pensaient qu’à cause de mon nom et la noirceur de ce dernier j’allais sans hésiter jeter le doloris ou ce genre de conneries… ah c’est pas des flèches, y’a pas à dire… et comme beaucoup, jusqu’au retour du Survivant parmi nous, je trouvais finalement refuge dans la Salle sur Demande, vu que j’avais refusé de quitter la pays, au contraire de ma mère, née-moldue qui avait sentit le danger arriver et s’était éloignée de chez nous pour sa survie.

La guerre à la fin de l’année avait été un réel choc, même si nous nous y attendions tous plus ou moins. Nous ne sommes jamais prêts à voir des cadavres, voir des camarades et/ou amis mourir sous le coup d’un sort traître, à nous dire que nous ne verrons sans doute pas le matin suivant… puis Harry était mort… enfin… nous l’avons cru un instant avant cette merde rocambolesque qui nous envoyait en 1977. Ce n’était pas tellement plus calme là-bas en fait… nous avons eut une baston à Pré-Au-lard… qui s’est plutôt mal terminé me concernant d’ailleurs. Je disparaissais quelques semaines et n’étais pas terrible à voir à mon retour, d’ailleurs, l’une des blessures restait sur le long terme, dans mon dos, comme si quelque chose la gardait résolument ouverte sans rien pouvoir y faire… et vu comme un Black est têtu, je n’en disais rien à personne. Un peu de fierté que diable !