Carnet de recherche de Léonilda Crabbe.
Alors par où commencer ?
J’ai pointé le bout de mon nez le 14 Avril 1981 dans le manoir familial, pleine d’innocence et loin de me douter dans quelle famille je mettais les pieds.
Vous avez surement déjà entendu parler de mon père, Flavius Crabbe, sang-pur, mangemort et fière de l’être. Au fond je sais qu’il nous aimait, il avait juste un peu de mal à le montrer et il s’emportait facilement. Il ne faut pas lui en vouloir il a été éduqué ainsi. Il tenait un magasin d’apothicaire à Londres.
Il fut marié à ma mère, Barbara Vertforêt, des suites d’un arrangement entre les deux familles. Je doute qu’ils se soient un jour réellement aimés. C’était une femme plutôt laide mais ayant l’avantage d’être issue d’une grande famille française de sang pur et d’être assez soumise pour supporter le mauvais caractère de mon père.
De leur union était déjà né l’an passé un petit garçon dodu répondant au nom de Vincent. Il a pris pas mal de coup à ma place pour me protéger et c’est grâce à lui si on mangeait aussi bien, il s’était vite passionné de cuisine et pouvait passer ses journées à faire des petits plats et des pâtisseries.
Pour finir ce beau tableau de famille il y avait Cerdicus, notre elfe de maison toujours de bons conseils, c’est lui qui nous a vraiment élevé Vincent et moi. En fait je crois que c’est ce qui se rapprochait le plus d’une figure maternelle dans mon entourage.
Les seuls autres enfants que j’ai côtoyé avant Poudlard étaient tous des sangs purs. J’ai toujours eu du mal à m’entendre avec eux, je préfère les gens simples, naturels, qui ne se cachent pas et qui n’essaient pas d’avoir toujours l’air parfait.
Ma mère est décédée lorsque j’avais 9 ans, je ne sais plus trop comment, je me souviens juste qu’elle pleurait souvent et ne mangeait presque plus rien. Je pense qu’elle n’a jamais été très heureuse en Angleterre, la France lui manquait.
Au risque de vous paraître insensible cela ne m’a pas beaucoup chagriné. Elle était botaniste et elle passait plus de temps dans ses serres qu’avec nous. Cependant pour ne pas laisser les serres à l’abandon – papa en avait besoin pour son magasin – j’ai pris le relais. J’ai tout appris avec les vieux carnets que ma mère tenait et heureusement Cerdicus n’était jamais très loin pour me sauver des mains/lianes étrangleuses. C'est ainsi que j’ai découvert que la présence des plantes m’apaisait, et à quel point elles étaient surprenantes, c’est fou toutes les propriétés qu’elles peuvent avoir !
Je suis rentrée à Poudlard en 1992. Sans grande surprise j’ai été envoyée à Serpentard comme tous les membres de la famille Crabbe avant moi.
Cette année là toutes les bases anti-moldus de mon éducation ont commencé à se fragiliser. La chambre des secrets avait été ouverte et un né moldu retrouvé pétrifié. En l’apprenant je m’étais surprise à ressentir un profond sentiment d’injustice. Ce garçon je l’avais déjà un peu côtoyé et il semblait être tout sauf un horrible voleur de magie. Je le trouvais même plutôt mignon à s’émerveiller devant tout et n’importe quoi appartenant au monde magique.
En fait plus je réfléchissais et plus je me rendais compte que je passais de bien meilleurs moments avec les sorciers de sang mêlés ou né-moldus qui eux ne se sentaint pas toujours obligés de rabaisser les autres pour exister. Je ne pouvais pour autant pas renier mes origines, mon père avait déjà du mal avec mes amis sang-mêlés alors des nés-moldus n’en parlons pas !
Cette même année j’ai également découvert le nouveau visage de mon frère. Sous l’influence de Malfoy et de Goyle il s’était transformé en grosse brute épaisse et stupide se contentant d’obéir aux ordres. Portant lorsqu’on était à la maison c’était un garçon vraiment adorable, sensible et drôle (même si c’est vrai qu’il ne le faisait pas toujours exprès).
J’ai donc passé mes quatre premières années à Poudlard en terrain neutre. Si je ne participais pas au lynchage des nés-moldus, je ne les défendais pas non plus et j’évitais d’être vue seule avec l’un d’eux.
Puis en 4ème année, tandis que l’ombre du seigneur des ténèbres s’abattait sur Poudlard cette situation commença à me laisser un gout amer. Celui de la lâcheté ?
Ma première stratégie a été d’essayer de faire changer la mentalité des miens. Je retrouvais souvent Vincent le soir dans la salle commune pour essayer de le convaincre que les moldus n’étaient pas si différents de nous, mais à chaque vacances passées au manoir mes efforts étaient réduits à néant.
Papa était plus excité que jamais, quelque chose se préparait, il s’absentait beaucoup ou recevait tard le soir d’autres mangemorts. Ce n’est qu’après son arrestation, après la bataille au Ministère que j’ai compris : le seigneur des ténèbres était revenu pour de bon.
Cet été là pour que nous ne restions pas seuls au manoir, nos grands parents sont venus s’y installer. Le pire été de ma vie ! Ils n’ont cessé de nous rabâcher leurs doctrines racistes allant jusqu’à faire des prières au seigneur des ténèbres avant chaque repas. Je crois qu’ils ont aussi ensorcelés les voisins un soir, j’ai entendu des bruits bizarres…
A la rentré suivante, j’ai changé de stratégie. Agir du côté des mangemorts était peine perdue, l’influence du seigneur des ténèbres sur eux était bien trop forte. J’ai donc décidé d’agir du coté de Dumbledore. Me rapprocher de son armé n’a pas été simple, mon nom avait bien trop mauvaise réputation. J’étais pourtant prête à boire du Veritaserum pour leur prouver ma bonne foi mais il parait que ce n’est pas dans leur éthique… Pff.
Bref, de toute facçon j’avais encore trop peur du regard de mon père ou de mon frère pour agir en pleine lumière. Mon rôle consistait principalement à essayer de soutirer des informations du côté adverse en usant de mes vieilles relations. Mon principal informateur était mon frère, je pense qu’il ne s’en est jamais rendu compte.
J’avais enfin l’impression d’agir pour la bonne cause mais d’un autre coté j’avais du mal à trouver ma place : je n’étais pas une mangemort mais les membres de l’armée ne me considéraient pas non plus vraiment comme l’une des leur, je restais une pièce rapportait et pas suffisamment digne de confiance pour être mise dans la confidence de leurs plans offensifs.
La grande bataille a éclaté à la fin de ma 6ème année. Je me suis alors retrouvée face à un dilemme : me battre contre mon père et mon frère ou me battre contre les personnes dont je soutenais la cause ? Ne pouvant choisir j’ai d’abord préféré fuir le château comme une lâche. Arrivait à mi-chemin, ma conscience a repris le dessus et j’ai fait demi-tour. Je ne comptais pas me battre, mais je ne pouvais pas abandonner mon frère là-bas, je devais pouvoir le convaincre de fuir avec moi.
J’étais à peine revenue au château lorsque le sort d’Hermione a frappé. J’ai appris la mort de mon frère pendant la bataille dans le chaos général suivant notre arrivée en 1977 et pour justifier ma présence au château j’ai dit que j’étais revenue pour me battre du côté l’AD. Ce n’était qu’un tout petit mensonge qui arrangeait tout le monde. Dans cette nouvelle vie je n’ai plus rien qui me retient du coté des mangemorts. Mon frère est mort et je ne suis attachée à aucun autre membre de cette communauté.
Je ne sais pas s’ils m’ont cru, toujours est-il que libérée du poids de mon nom j’ai enfin pu agir comme je le voulais. Je ne me taisais plus dans les couloirs lorsqu’un né-moldu se faisait malmener et j’ai peu à peu gagner la pleine confiance de l’ordre.
Cette dernière année à Poudlard bien que mouvementée fut l’une des meilleures. J’avais enfin trouvé ma place.
Vint ensuite le choix de mon cursus universitaire. J’ai toujours été bonne élève dans toutes les matières, toutes les portes m’étaient ouvertes. (Je crois que je tenais à redorer le nom des Crabbe malgré les notes catastrophiques de mon frère.) Mon père aurait voulu que je travaille au ministère, il me voyait déjà à la place du ministre. Mais au fond la politique ne m’a jamais intéressée. Mon truc c 'était les plantes. J’ai donc entamé un cursus de recherche pour les étudier et j’ai commencé à écrire un ouvrage sur tous les croisements que j’ai effectué pour créer de nouvelles espèces aux propriétés de plus en plus extraordinaires.