Harry Une petite Bierraubeurre ?

Une sortie à Pré-au-Lard ? J’avais longuement hésité à participer à cela, d’autant plus lorsque Ron nous avait annoncé qu’il avait été mis en retenue par le professeur de sortilèges puisqu’il avait jugé bon de ne pas rendre un devoir. Pourtant, je l’avais prévenu, lorsqu’il m’avait dit que cela n’était pas grave, que de toute façon, nous n’étions pas réellement élèves ici. Il ne comprenait parfois pas que nous devions vraiment faire comme si nous l’étions, et se faire remarquer n’était pas la meilleure des choses. Mais que voulez-vous … Ron n’écoute personne, alors je ne vais pas m’en offusquer. Certains diraient qu’il m’écouterait davantage, puisqu’il m’aime, mais je ne suis pas vraiment convaincue de cela et surtout, je n’ai pas envie de me poser la question. Ron est quelqu’un à qui je tiens et j’aurais fait la même chose s’il avait été à la place d’Harry dans les bras d’Hagrid.

Bref, je m’étais décidée à aller à Pré-au-Lard lorsque j’avais entendu qu’Harry avait l’intention d’y aller. Nous pourrions peut-être parler de notre mission et décider quelques petites choses. Une autre chose me perturbait. Harry était beaucoup plus distant avec moi depuis que nous étions arrivés à cette époque. Nous n’avions pas pris le temps de parler pour la simple et bonne raison qu’en étant dans deux maisons « ennemies », nous devions faire attention de ne pas trop attirer l’attention. Mais cela me manquait terriblement. J’avais du mal à supporter cette distance, surtout qu’en ce moment, je n’étais pas vraiment en forme. J’avais un peu de mal à prendre de la distance avec ce que je nous faisais endurer, et les « cours » avec Drago étaient très prenants. Heureusement, personne, parmi les élèves de 1998, n’avait remarqué que je passais du temps avec Drago. Je ne pouvais pas dévoiler la couverture de mes parents. J’avais menti pendant sept ans, et j’avais bien trop peur que mes amis ne comprennent pas.

Harry était parti en avance et je dus donc le rejoindre directement sur place. J’étais montée avec d’autres élèves de ma maison dans un carrosse à Sombrals. Descendant une fois arrivée sur place, je cherchais Harry des yeux et je le vis avancer au loin sur le chemin.

« Harry ! Attends ! »

Je pressais le pas pour le rejoindre. Une fois arrivée à sa hauteur, j’engageais la conversation.

« Ca va ? Ca fait un moment qu’on n’ a pas pu parler. Tu veux qu’on aille boire une bierraubeurre ? »

J’imaginais bien à quel point cela devait être difficile pour Harry d’être ici. Lui qui n’avait pas connu ses parents se retrouvait dans une époque où ils se tournaient autour. Il devait mourir d’envie de leur dire qui il était, afin qu’il puisse profiter d’eux. Je ne pouvais pas me mettre à sa place. J’avais eu la chance d’être élevée par mes parents, de les voir chaque jour et de les avoir encore dix-huit plus tard. Alors bien sûr, j’étais inquiète pour eux. Je ne savais pas du tout comment ils allaient lorsque j’étais partie de notre époque. Nous n’avions pas entendu leur nom à la radio et j’avais l’espoir qu’ils n’avaient pas péri dans cette guerre qui s’était propagée au monde des moldus. Même en prenant cette identité, ils n’étaient à l’abri de rien. Je me disais que les mangemorts risquaient d’être surpris de voir des moldus se défendre avec une baguette s’ils s’en prenaient à eux.

J’avais rattrapé Harry et je lui proposais d’aller se boire une petite Bierraubeurre. J’avais besoin de passer un peu de temps avec mon meilleur ami. Je me rendais compte qu’on n’avait pas eu l’occasion de parler ensemble, et j’avais aussi dans un sens l’impression qu’il m’évitait, mais je préférais m’enlever cette idée de la tête. Alors plutôt que de me mettre martèle en tête, j’étais ravie qu’il accepte de venir avec moi. Bon, je l’avais trouvé un peu froid sur sa façon de me répondre, mais je ne relevais pas. Il était hors de question que je gâche ce moment avec mes états d’âme. Il avait tout à fait le droit de ne pas être dans son assiette au vue de la situation actuelle. Je n’avais aucun droit de réclamer un Harry se comportant comme « avant ». Même si j’avais fait tout cela avant tout pour lui.

« Super, je suis curieuse de voir comment sont les trois balais à cette époque. »

Nous empruntâmes donc le chemin en direction du bar, et j’en profitais pour demander à Harry comment il allait. La réponse me coupa quelques secondes la respiration. Ce ne fut pas tellement les mots, mais le ton employé. Je ne sus de suite quoi répondre. J’avais envie de lui demander s’il m’en voulait mais je ne voulais pas de la réponse. Je décidai de passer outre son ton et de répondre simplement au retour de sa question.

« Je n’ai pas vraiment le caractère et l’attitude d’un serpentard. Gryffondor me manque … Mais je pense vraiment que je pourrais obtenir des informations dans cette maison. »

Poussant la porte des trois balais, je m’installais à une table, commandant deux bierraubeurres.

« Harry, je veux que tu saches que j’ignorais que tu étais encore en vie … Quand je t’ai vu dans les bras d’Hagrid, lui pleurant et tu-sais-qui criant que tu étais mort, je … je n’ai pas réfléchi. »

J’avais mal … Mon meilleur ami m’en voulait, il n’était pas bien et tout ça, par ma faute. Je regrettais tellement ma décision. Je baissais mon regard sur le carrelage, sentant les larmes monter aux yeux.

Harry avait beau m’en vouloir, je sentais tout de même qu’il s’inquiétait pour moi. J’eus d’ailleurs la confirmation de cette impression lorsque ce dernier me dit que je ne devais pas hésiter à me défendre face à Malefoy. Je ne compris pas de suite qu’il me parlait du nom de famille en règle générale. Drago avait toujours été un de mes ennemis aux yeux de tous, surtout puisque ce dernier n’hésitait pas à m’insulter au vue de mon sang. Bien sûr, tout le monde ignorait que nous cachions un secret, et qu’il était principalement lié à mon sang. Jamais le fils de Lucius et de Narcissa ne me ferait de mal, puisque nous étions amis depuis notre plus jeune enfance. Même si nous jouions la comédie à merveille, je ne pouvais pas m’empêcher d’avoir parfois mal au cœur en lui parlant méchamment, ou en entendant les mots durs qu’il peut avoir envers les nés-moldus.

« Ne t’en fais pas pour Drago, même s’il me méprise toujours par rapport à mon sang, il ne me fait aucun mal. Je t’avoue que j’ai bien plus de mal avec une Parkinson … Je crois que cette fille a vraiment un problème et qu’elle n’a rien compris. »

Cela m’embêtait de mentir à mon meilleur ami, de lui cacher qui j’étais vraiment mais je le faisais pour la vie de mes parents, et aussi pour la mienne. Assise à une table à siroter ma bierraubeurre, je devais en effet avouer que le bar n’avait pas beaucoup changé. Harry me fit alors part du pourquoi il m’en voulait. Il avait envie de sauver ses parents. Oh ça, je le comprenais. Je me disais que ce retour dans le temps pouvait nous aider à éviter des morts inutiles : Dobby, Dumbledore, Rogue, Sirius et pourquoi pas James et Lily. D’ailleurs, Bee semblait convaincue qu’on pourrait sauver ses parents. Je répondis alors à Harry, très calmement :

« Tu sais comme moi qu’on a peut-être déjà changé cela. On ne peut pas savoir si James et Lily ont déjà été sauvés. Ne t’empêche pas de les connaître, comme ils sont actuellement. La seule chose que tu ne peux pas faire, c’est leur dire qui tu es et donner des informations sur le futur. Mais soyons clairs, notre venue aura forcément eu un impact. Qui sait, lorsque nous retournerons à notre époque, nous reverrons peut-être des gens que nous ne nous attendions pas à revoir. Il faut que l’on ait plus d’informations pour tuer définitivement tu-sais-qui. Tu penses avoir découvert quelque chose de ton côté ? »

Par Merlin ! Pourquoi avais-je en effet appelé Drago par son prénom ? J’étais vraiment bien trop fatiguée de tout cela. Mentir à tout le monde me pesait réellement, et j’avais envie de tout envoyer valser. Mais ce n’était pas le moment, ni l’endroit et encore moins l’époque. J’avais assez fichu le bazar avec mon retour dans le temps pour ne pas en plus devoir avouer à mes amis que je leur avais menti durant 7 ans. J’utilisais alors une petite pirouette pour répondre à Harry, tout en gardant un air détaché, cachant totalement mon mensonge. Je n’avais pas le choix :

« T’as vu le nombre de Malefoy qu’il y a maintenant ? Pour éviter les malentendus, je préfère utiliser les prénoms. Qu’est-ce que t’appelles par t’occuper de Parkinson ? Cette garce a voulu t’amener à Tu-sais-qui … Pour moi, on devrait peut-être s’intéresser à ses parents. Ils doivent être des mangemorts, pour qu’elle n’hésite pas un seul instant à te trahir. »

Je pouvais totalement comprendre ce que ressentait Harry mais je devais absolument le rassurer et lui faire voir le bon côté des choses. Parce qu’en soit, il y en avait quand même, d’ailleurs, certains élèves le comprenaient.

« Harry … Tu n’as pas eu la chance de les connaître et là, la vie t’offre l’occasion d’apprendre à savoir qui ils sont réellement ! Leur avouer que tu es leur fils les changera … Alors que si tu te rapproches d’eux en simples amis, tu en apprendras bien plus. Tu les verras se rapprocher … Tu as cette chance ! »

Je demandais alors à Harry s’il avait eu des informations. Ce dernier m’avoua que non. Je sortis de ma poche mon petit journal, et je confiais à Harry ce que je pensais avoir découvert :

« Je comprends, mais nous devons profiter de réunir des informations. Pour l’instant, rien chez les serpentards, mais je me suis intéressée au Professeur Selwyn. Son nom de famille m’a perturbé. Souviens-toi, c’était le nom qu’Ombrage a utilisé pour justifier son sang. J’ai appris que notre professeur souffrait d’amnésie totale … C’est étrange, non ? »

Je soupirai doucement en entendant qu’Harry comptait faire un duel contre Parkinson. Je trouvais certes cela touchant, car il me défendait, mais je savais aussi que c’était une façon pour lui de prendre sa revanche sur le fait qu’elle ait voulu le livrer à Voldemort lorsque nous étions revenus à Poudlard. Je ne connaissais pas vraiment cette fille mais je me doutais qu’elle était issue d’une famille de sang-pur. Cette idiote n’était vraiment pas mise en avant, de par son physique proche d’un pékinois et son cerveau atrophié l’empêchant de réfléchir plus loin que le bout de son nez. Si elle savait réellement la proximité que j’avais avec Drago, elle en serait malade !

« Je te comprends. Cette idiote était prête à te livrer à Tu-sais-qui. Tu crois que ses parents sont des mangemorts ? J’ai pas fait attention à savoir si y’avait un étudiant du nom de Parkinson. Tu en as entendu ? »

Harry était vraiment trop terre à terre. Il ne se rendait pas compte de la chance qu’il avait de pouvoir connaitre ses parents, et il voulait automatiquement se dévoiler à eux. Je sentis une certaine colère monter en moi car le jeune homme ne pensait qu’à lui en ayant ce genre de discours. Comment pouvait-il croire que James et Lily, âgés de 17 ans, pouvaient davantage nous aider que Dumbledore et Mac Gonagall ? Ce fut à mon tour de prendre un ton moins agréable :

« Te rends-tu compte que tout le monde pourrait faire comme toi ? Ne penser qu’à soi et aller chacun voir nos parents ? Puis comment peux-tu penser que tes parents aient plus de capacités que Dumbledore et que le professeur Mc Gonagall réunis ? Réagis Harry ! Tu ne peux pas débarquer en leur disant que tu es leur fils ! Ce serait stupide et totalement irresponsable. »

Le volume de ma voix était un peu plus fort, tellement que deux sorciers se tournèrent vers nous. Je baissais de nouveau le ton, en secouant la tête de gauche à droite.

« Il faut qu’on rentre le plus vite possible. Imagine qu’en apprenant ton arrivée ici, tes parents meurent avant ta naissance ! Et en ce qui concerne Selwyn, je suis presque sûre qu’il y a une histoire dans son amnésie. Souviens-toi de ce que faisait Lokhart … »

Certes, Harry n’était pas proche des serpentards. J’avais peut-être bien plus de chance d’avoir des informations sur les parents Parkinson, mais j’avais été un peu trop obnubilée par le professeur Selwyn et par mes cauchemars pour penser à cela. J’hochais alors la tête :

« C’est sûr … Après rien ne nous dit que ses deux parents étaient à serpentards … Je vais me pencher là-dessus, voir s’il s’agit aussi de mangemorts. »

J’étais bien déterminée à parvenir à tirer profit de ce retour dans le passé. Si chacun pensait à lui, à ses amours ou à ses parents, je voulais simplement sauver notre futur. Si nous parvenions à trouver la plupart des mangemorts, nous pourrions, une fois Voldemort détruit, enfermer à Azkaban tous les partisans du mage noir. Cela éviterait qu’on essaie de le faire revenir, d’une façon ou d’une autre.

J’essayais de faire la morale à Harry. Mais tout comme avec Bee, mes paroles étaient vaines. Les Potter sont bornés, je l’ai enfin compris. Je soupire donc en entendant Harry essayer de défendre son idée. Je remue la tête de gauche à droite et je décide d’y aller avec de l’ironie. Je n’ai pas testé avec Bee mais peut-être cela peut fonctionner.

« C’est vrai, c’est une excellente idée, Harry ! D’ailleurs, nous allons tout révéler à Lily et James. Qui tu es, qui est Bee, comment nous sommes arrivés là et comment Rogue l’a aimée jusqu’à la fin de sa vie, comme il lui a été loyal ! Comme ça, avec de la chance, nous réparerons même un amour brisé … Rogue sera heureux, et vous ne viendrez pas au monde Bee et toi. Comme ça, plus de prophétie, plus de problème et tout le monde sera heureux dans le meilleur des mondes. J’espère que Rogue et Lily auront un fils car il faut qu’on pallie ton absence auprès de Ginny. »

Je ne le lâchais pas du regard, comme pour faire comprendre à Harry l’idiotie de son idée. Puis, revenant sur le sujet du professeur de sortilèges :

« Le professeur Mc Gonagall m’a confirmé qu’ils soupçonnaient les Selwyn … Tu ne trouves pas cela bizarre d’avoir une amnésie de 18 mois, et qu’aucun médicomage n’ait réussi à lui rendre ses souvenirs ? »

J’avais peut-être été trop fort avec Harry mais je me battais pour que nous ne fassions pas trop de bêtises dans le passé. Il ne fallait absolument pas qu’Harry annonce à ses parents la vérité. On ne pouvait pas savoir comment Lily et James allaient réagir. Ne jamais brusquer l’amour ! J’imaginais pour ma part que des inconnus arrivent et m’annoncent qu’ils sont mes enfants que j’ai eus avec Ron, je les prendrais pour des fous et cela me donnerait envie de tout, sauf de me mettre avec le rouquin. Mais Harry n’était pas une femme et il ne pouvait pas s’imaginer comment nous étions compliquées.

« T’es-tu seulement demandé comment Lily allait réagir en apprenant qu’elle a un enfant avec James ? Que dis-je, deux ! T’es conscient que certaines femmes sont capables de se sauver en courant en apprenant cela ? Et tu risquerais de mettre votre naissance en jeu ? Quant à Ginny, tu l’aimes, elle t’aime, il faudrait juste que tu arrêtes de vouloir la surprotéger. Ce n’est plus une gamine. »

Mais ce qui me perturbait en ce moment, c’était la traque des mangemorts. En effet, affaiblir Voldemort en empêchant ses mangemorts de le rejoindre. Et quelque chose me disait que le professeur Selwyn cachait quelque chose. Etait-ce elle ou y avait-il autre chose ? Je l’ignorais … Et Harry me posa une question qui était sensée. Je fis une légère grimace, hésitant :

« Si c’est le cas, nous avons du souci à nous faire. J’ai … une idée mais cela sera risqué et nous devrons enfreindre deux ou trois règles.  Et si nous récupérions le dossier du Professeur Selwyn à Sainte-Mangouste ? On trouverait peut-être des informations. Et si nous n’en trouvons pas, cela signifiera bien qu’il y a anguille sous roche. Qu’en penses-tu ? »