Godric ♣ Can England still laugh?

Elle n'arrivait pas à y croire. A peine évacuée de Pré-au-Lard par les professeurs encore debout à la fin de la bataille, elle avait été ramenée à Poudlard, comme tout les autres. Là, elle avait apprit qu'un conseil se tenait dans le bureau du directeur en ce moment même et qu'ils n'avaient pas le droit de quitter l'école, en attendant. Inquiète, elle se demandait ce que les professeurs allaient décider, maintenant que l'Angleterre venait de tomber aux mains des mangemorts. La demoiselle craignait que plus rien ne soit comme avant désormais. C'est avec une émotion certaine qu'elle avait écouté, à la fin de celle-ci, la liste des étudiants et des commerçants de Pré-au-Lard tombés au cours de la bataille. Avec cette même émotion elle avait apprit que leur professeur de soin aux créatures magiques avait été enlevé. Elle songea, alors, qu'ils ne le reverraient jamais et baissa la tête. L'émotion était lourde. Les élèves, réunis dans la grande salle, n'osaient pas parler, tous plongés dans une certaine torpeur en entendant les nouvelles directives à appliquer. Plus de sortie, cela voulait dire ne plus pouvoir voir Tibus, son père... D'un autre côté elle songeait que repousser ses avances serait maintenant plus facile. Sauf qu'elle avait besoin de rapprocher son père de sa mère et que la prise de pouvoir des mangemorts contrecarrait désormais ses plans.

A la table des gryffondors, la demoiselle croisa le regard de Godric et baissa de nouveau la tête. Lui ne pouvait pas voir son père, Sirius Black, dont une erreur judiciaire l'avait privé pendant des années Et il ne pouvait plus voir Harry et Lullaby Potter, dont la jeune femme le savait proche. Elle ne doutait pas que ce dernier, ayant tendance à se fourrer dans les ennuis, essaierait d'outrepasser les règles établies. Mais elle n'eut pas l'occasion de lui en parler, comme les étudiants furent inviter à se disperser à la fin de l'annonce. Et elle était encore choquée de savoir qu'ils n'auraient pas le droit d'assister aux funérailles de leurs quelques camarades décédés, puisqu'ils ne pouvaient plus quitter l'école, à moins que leurs parents ne fassent une demande pour les avoir chez eux. Avançant sans faire attention, plongée dans ses pensées, elle percute un jeune homme et masse sa tête avant de le regarder.

"- Ah tient, Godric. Je pensais justement à toi."

Il y a quelques minutes, certes. Mais en soit elle ne mentait pas vraiment, ils étaient tout deux dans la merde question papa.

Godric ne comprenait pas ce qu’il se passait. Il n’avait peut-être pas écouté grand-chose en cours en 98, mais il était certain que jamais le monde sorcier n’était tombé à ce point lors de l’adolescence de ses parents… ou si tel était le cas, il était trop jeune à l’époque et n’avait pas saisi l’importance de la chose. Quand ils avaient tous été rameuté au château après l’attaque, Godric avait l’impression d’être un lutin désarticulé, un automate qui suivait le mouvement donné par quelque marionnettiste invisible alors qu’il reprenait en pleine face les souvenirs de l’année scolaire précédente, quand il avait été enlevé lors d’une attaque similaire à celle-ci, et cette fois encore quelqu’un avait disparu. Leur professeur de soin aux créatures magiques. L’un des rare qu’il appréciait réellement ici et intérieurement, il ne pouvait qu’espérer qu’il ne soit pas entre les mains de la même femme que lui l’année passée… il pourrait ne pas le supporter. Même des mois après, lui-même n’avait besoin que de fermer les yeux pour revoir les traits de la tortionnaire, il se souvenait même de son identité, même s’il ne l’avait jamais dit… trop effrayé, et en même temps souhaitant se venger lui-même.
 
Durant le discours dans la grande salle, Godric écoutait tout religieusement et croisait le regard de l’une de ses camarades, Serena, à qui il offrait un petit sourire. C’était comme une impression de déjà-vu pour eux, un écho de la guerre à laquelle ils avaient eu la chance de survivre. Le regard de nouveau rivé sur ses mains, le jeune homme cherchait un moyen de sortir malgré le changement dans les règles. Il ne voulait pas passer toute l’année sans avoir la chance de voir son père et les autres. C’était hors de question, il avait besoin d’eux et Poudlard n’avait pas le droit de l’en empêcher. La guerre n’avait pas le droit non plus… et il était le fils de Sirius Black, alors autant dire qu’ils pouvaient toujours courir pour le faire obéir. Perdu dans ses songes pour revenir à la salle commune où il comptait gribouiller des esquisses de plans pour partir, Godric sursautait en sentant quelqu’un le percuter, sortant sa baguette par instinct avant de reconnaître Serena.
 
« Oh ? Tu pensais à moi, vraiment ? » demandait-il en essayant de prendre son éternel air charmeur. On ne changeait pas les habitudes. « Et qu’est-ce que je t’inspirais comme pensées ? »
 
Mais rapidement, il redevenait sérieux, se saisissant de la main de la demoiselle en douceur :
 
« Tu vas bien ? Tu n’as pas été blessées ? »

"- Ouai, j'étais... enfin je me disais que mon père est à l'université et que le tien y est aussi, ça va être dur de ne pas savoir s'ils vont bien pendant tout ce temps, si nos parents sont ensemble ou pas... Enfin pour toi, parce que moi ma mère est ici.... alors je suis clairement un peu dans la merde à ce niveau là, mais ça ira."

Se confiant à Godric alors qu'ils n'ont jamais été spécialement proche, la demoiselle remarque à quel point parler de tout ça lui fait du bien et elle est touchée de voir l'autre rouge et or s'inquiéter des blessures potentielles qu'elle a reçut, alors qu'il doit être perturbé par le fait que son meilleur ami soit loin. Qu'il n'aura pas de nouvelles des Potter, habitués à se mettre dans la merde. Il y avait eut une attaque à l'université ? Serena ne savait pas. Elle réalisé alors qu'elle n'était pas sûre que son père se porte si bien que ça. Mais comme elle répond à Godric au sujet de ses blessures, la blondinette s'énerve tout d'un coup contre un autre de leurs camarades de classe.

"- Non je vais bien, Leopold n'a pas eut le temps de me faire du mal, mais... il a faillit. Si je croise ce salopard, je te jure que je lui fais la peau ! Ce connard rigolait ! Les mangemorts nous défonçait et ce fils de... il rigolait ! Il disait que c'était normal, ça lui plaisait ! Je suis sûre que ça le faisait bander ce con !" crache rageusement la jeune femme. "Alors si je le croise, lui et ses idées anti-moldu, je lui refais le portrait ! Dumbledore ou pas Dumbledore, je me demande si cet abruti est resté à l'école où s'il est dehors à essayer de se faire bien voir par l'autre face dans le mur !"

Furieuse, Serena manque de frapper le mur avant de réaliser que, même si elle imagine la tête de Leopold à la place de la pierre, elle se fera beaucoup plus mal qu'elle ne lui en fera même imaginairement.

La jeune femme secoue négativement la tête. En effet même si ce n'était pas la joie entre elle et le Tibus étudiant, elle devait bien dire qu'elle serait inquiète pour ce dernier tant qu'elle n'aurait pas de nouvelles et elle espérait que Télia recevrait des lettres de sa part, au moins pour que toutes deux soient rassurés sur la survit de l'homme, même si en soit sa fille n'avait à priori aucune raison, aux yeux des deux autres, de s'inquiéter du sort de Tibus et Caleb. Mais elle s'inquiéterait tout de même. Et pour Charlotte aussi, naturellement. La demoiselle est livide tout d'un coup.

Et la contrariété est de mise alors qu'elle est amenée à parler de Leopold et du comportement de ce dernier au cours de la bataille alors qu'il avait bien faillit doloriser la sorcière, si cette dernière n'avait pas réussit à se défendre et à briser par la suite sa baguette pour qu'il ne puisse plus l'atteindre. Il devait encore être furieux de cela, elle n'en doutait pas et si elle le croisait, elle devrait probablement être la plus rapide pour lui décocher un sortilège ou son point dans la face : elle était prête à user même de techniques moldus les plus primaires contre cet imbécile.

"- Je ne sais pas ce que va faire Dumbledore au sujet de ce genre d'étudiants, parce que... ce sont encore des jeunes et il risque de leur trouver des excuses. Le fait que Leopold ne m'ait finalement pas torturé est encore capable de jouer en la faveur de ce con. Mais c'est juste qu'il a râté son sort et que j'ai pété sa baguette, pas qu'il n'a pas voulu ! Tu te souviens quand l'an dernier James avait exposé Rogue avec la mention mangemort ? Bah Leopold est typiquement le genre de connard qui mériterait d'être révélé au grand jour. J'arrive pas à y croire ! Les... les choses recommencent. Les traitres... sont dans Poudlard... c'est dingue !"

Serena ne s'était pas attendue à ce que Godric la prenne dans ses bras. Ils n'avaient jamais été très proches l'un de l'autre, mais elle devait bien admettre qu'au vu de la situation actuelle, cela ne faisait pas de mal que de se sentir soutenue par une personne, d'autant plus qu'elle était en train de plus ou moins vider son sac, devant cette personne. Il faut dire que les temps sont durs pour tout le monde et qu'un peu de soutient n'est vraiment pas de refus. D'autant plus que les deux rouges et or, bien qu'ils ne soient pas proches, peuvent aisément se comprendre, l'un et l'autre. Ils étaient de la même époque, tout deux séparés de leurs pères par cette guerre et les nouvelles mesures de sécurité de l'école. Ils avaient de quoi se comprendre l'un et l'autre, de quoi se soutenir. Sentir les bras du sorcier autour d'elle comme pour l'aider à avancer permis à Serena de se ressaisir, suffisamment pour offrir un large sourire à son interlocuteur.

«- En quoi Rogue pouvait changer ? Tu dis ça parce que Lullaby est parvenu à le détourner des mangemorts dans cette époque ? »

La jeune femme n'est pas une proche de Harry Potter. Alors elle n'a pas vraiment entendu parler de la véritable allégeance du professeur de potions qui pour elle, est toujours le meurtrier de Dumbledore et un partisant du seigneur des ténèbres. Aussi remet elle évidemment le changement de Rogue sur l'amour, sur Bee, ne pouvant songer que le professeur sombre était plus humain qu'il ne l'avait laissé paraître des années durant.

«- Ce serait une bonne idée... de reformer l'armée de Dumbledore. On devrait peut-être commencer par réunir les anciens membres... et voir... d'intégrer de nouvelles personnes s'ils le veulent... ça pourrait permettre de lutter contre des gens tels que Léopold... Je suppose que ce fils de chienne n'est pas le seul à penser comme un bâtard dans cette école... »

La jeune femme hausse un sourcil comme elle écoute ce que lui dit Godric au sujet de Dumbledore et de Rogue. La blondinette avait toujours pensé que son ancien professeur de potion était un assassin, personne ne lui avait donné la véritable version de l'histoire. Cependant, même si l'ancien directeur de Poudlard avait été condamné, même sans l'intervention de Rogue, ça ne changeait rien au fait que ce dernier était un mangemort. Alors quand Godric dit que Rogue a toujours été de leur côté, la jolie rouge et or lève un sourcil, elle ne s'était pas attendu à ça.

«- Genre... sérieusement ? Il n'a pas été un mangemort ? Il n'a pas tué ces gens au nom de son maître ? Jamais ?» demande la sorcière éberluée. «Moi j'avais entendu dire qu'il l'avait été, puis qu'il était passé dans l'autre camp mais que seul Dumbledore avait confiance en lui... Harry, Ronald et Hermione ne sont pas toujours aussi discrets qu'ils voudraient l'être quand ils parlent à la table des gryffondor...» fait remarquer la jeune femme. «Donc... Rogue n'est pas un connard si je comprend bien ? Ce qui en même temps expliquerait que Lullaby ait put, si facilement apparemment, le détourner des mangemorts... Parce que je crois qu'il s'en est détourné actuellement, non ?» s'informe-t-elle en haussant un sourcil.

Même si cela semble fou à croire et difficile à dire, c'est vrai. La blondinette a toujours eut, sans avoir peur de son professeur de potion, une aversion certaine pour ce dernier, convaincue de son appartenance au maître des ténèbres et au partage des idées de ce dernier. Apprendre que Rogue n'est pas le bâtard qu'elle a toujours cru qu'il était est quelque chose de surprenant, de pas facile pour la demoiselle.

«- Oui si tu veux, mais les hiboux que nous allons envoyer seront surveillés, tu tient vraiment à ce que des gens sachent ce que nous comptons faire ? Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, ça a toujours été une organisation secrète et il vaudrait peut-être mieux qu'elle le reste, que les gens ne sachent pas ce que nous fabriquons, ils pourraient vouloir nous en dissuader. Tu as besoin de l'accord de Potter pour remonter l'AD ?»

La jeune femme lève un sourcil en entendant le plaidoyer de Godric, qui n'apprécie visiblement pas que son interlocutrice traite Leopold de fils de chienne et elle toussote légèrement quand il parle de gratouilles entre les oreilles non sans une certaine excitation, qu'il laisse assez visible et qui fait grimacer la blondinette alors même qu'elle ignore tout des talents d'animage du sorcier.

«- Compte pas sur moi.» répond la demoiselle en levant le sourcil encore plus haut. «Ils aiment les grattouilles surtout quand ils ont des puces ouai !» taquine la jeune femme aux boucles blondes.

Le professeur Rogue, enfin, futur professeur était une énigme. La demoiselle ne le connaissait pas, elle ne savait pas ce qu'il avait vécut dans son enfance, puis dans son adolescence, pour en arriver là. Elle ne savait pas comment il avait semblé antipathique à James Potter dès que ce dernier l'avait vu, comment il était alors devenu la risée de l'école à cause des amraudeurs. Quand Serena était arrivé dans le passé, les inimitié entre les gryffondors et le serpentard étaient sur le point de se terminer même si quelques incidents avaient continuer de survenir, évidemment. De fait elle ignorait comment le professeur froid, sombre, acariâtre avait aimé autrefois, avait subit, aussi, pour forger l'homme détestable qu'il avait été.

«- D'un autre côté quand nous rentrerons il n'aura peut-être jamais été mangemort grâce à Lullaby. Et donc peut-être qu'il sera plus agréable que nous l'avons connu ? Sans imaginer bien entendu qu'il devienne soudainement gentil, chaleureux et impartial dans les maisons, je ne demande pas la lune non plus. » fait remarquer la jeune femme. «Je cherche encore le bien chez Leopold pour ma part. Mais sans dire qu'il y a du bien chez tout le monde, je suppose que si Bee s'en approche c'est que Rogue n'a pas que du mauvais ? Tout du moins j'ose espérer qu'elle n'est pas stupide au point de s'amouracher d'un fêlé sombre et sans cœur...» fait remarquer Serena. D'autant plus que si tel était le cas, Potter serait la première à en souffrir, avec sa sensibilité.

La demoiselle hausse un sourcil quand Godric parle d'un moyen très serdaigle de parvenir à ses fins et elle se demande de quoi il peut bien parler ? Surtout que le connaissant depuis que le sorcier est arrivé à Poudlard, la jeune femme n'est pas habituée à voir Godric agir raisonnablement. Comme elle, il a plutôt tendance à foncer dans le tas et advienne que pourra. Elle a plutôt l'habitude de voir en Godric, même si elle ne le connaît pas très bien personnellement, la représentation parfaite du valeureux Gryffondor qui part à l'assaut avant même d'avoir pensé à prendre son épée, pour caricaturer un peu les choses.

La jeune femme a un petit rire alors que l'homme défend la cause des chiens et pour un peu elle aurait l'impression de voir Granger et sa S.A.L.E à l'époque pour défendre les droits des elfes de maison. La demoiselle semble amiusée.

«- Oh je vois, un fervent défenseur de la SALC ! Navrée je ne voulais absolument pas vexer ces pauvres toutous !»