En cet après-midi d'été, une étrange atmosphère semblait régner dans les rues. Les gens semblaient fébriles, parcourant la rue d'un pas rapide, rentrant dans une boutique, en sortant pour s'engouffrer aussitôt dans une autre. Les échoppes affichaient toutes des offres spéciales et des prix avantageux pour appâter les derniers clients de l'été. Aucun doute, les vacances seraient bientôt terminées. Tout le monde semblait déterminé à profiter du peu de jours qu'il restait pour se consacrer à leurs activités de vacances, et cela créait un remue-ménages précipité qui n'était pas sans amuser Nawel. Comme quoi, que ce soit dans le monde moldu ou sorcier, la perspective de la rentrée semblait provoquer la même effervescence. Malgré cela, la jeune femme n'était pas sûre que faire remarquer cette similitude dans le contexte actuel serait une bonne idée. Cela ne se voyait pas au premier regard, mais la peur était toujours là.
Des événements étranges se passaient dans le pays, il y avait des disparitions, des meurtres, on sentait vaguement que quelque chose était en train de changer. Les moldus n'avaient bien sûr aucune idée de ce que cela pouvait être, mais les sorciers, eux, savaient. Voldemort et ses partisans gagnaient en puissance, et si tout le monde ne se rendait pas encore compte de la gravité de la situation, Nawel savait que cela empirerait dans les années à venir. Elle ne venait pas du futur pour rien, après tout. Mais peut-être que cette fois-ci, les choses seraient différentes. Si les élèves de 1998 parvenaient à détruire les défenses de Voldemort avant qu'il ne commette tous ces meurtres... Oui, peut-être y avait-il une chance d'empêcher toutes ces catastrophes. Il fallait y croire.
Mais pour l'heure, seule Nawel semblait avoir de telles préoccupations en tête. Les moldus, eux, étaient bien trop préoccupés par leurs petites emplettes. Parfois, la blaireaute enviait leur ignorance... Ayant fini ses propres achats, Nawel se joignit au flot de moldus qui marchaient sur le trottoir. La plupart finirent par s'engouffrer dans le métro, mais la jeune femme ne les suivit pas. La perspective d'aller s'enfermer dans une rame bondée, sous terre, à crever de chaud, ne l'enchantait guère. Elle préférait rejoindre une ligne de bus peu fréquentée, où elle était certaine de se trouver une place, peut-être même près d'une fenêtre ouverte, qui sait ? Elle attendit donc patiemment à un arrêt, puis, quand le véhicule arriva, elle monta, sortir quelques pièces de monnaie moldue et acheta un ticket. Elle n'avait aucun problème à comprendre comment l'argent moldu fonctionnait. Il faut dire que sa famille du côté de son père n'avait aucun pouvoir magique, et la jeune femme avait été élevée à cheval entre deux mondes. Et ça lui facilitait drôlement la vie !
Nawel chercha des yeux une place qui lui convenait, et en repéra une au fond du bus, près de la vitre, avec très de personnes autour. Parfait. Elle alla s'asseoir et poussa un soupir de soulagement. Elle avait marché toute la journée et reposer ses pauvres pieds lui ferait un bien fou. Surtout que les pauvres avaient tendance à se prendre beaucoup de trottoirs, étant donné la maladresse légendaire de la jeune femme... Se doutant que le trajet serait un peu long - mais après tout, mieux valait cela que les quelques minutes étouffantes de métro - Nawel fouilla dans son sac et en sortit un exemplaire des "Animaux fantastiques et où les trouver" de Norbert Dragonneau. S'il s'agissait d'un livre sorcier, elle savait qu'elle ne courait aucun risque en le feuilletant ici. Les moldus penseraient sans doute qu'il ne s'agissait que d'un livre de fiction et ne se poseraient aucun question. Si l'on ne faisait pas partie du monde magique, aucune chance que l'on reconnaisse le nom pourtant célèbre de ce grand magizoologiste !
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